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Mis à jour : il y a 1 heure 56 min

Les mineurs demandeurs d’asile : entre défis juridiques et quête d’identité

ven, 19/01/2024 - 12:00
Interrogatoires à répétitions, tests médicaux poussés, criminalisation et remise en question de la véracité de leur histoire, autant de difficultés auxquelles les mineurs étrangers non accompagnés (MENA) vont se heurter lors de leur arrivée en Belgique. Si la route a déjà été sinueuse pour ces jeunes, la demande d’asile va les déposséder du peu d’innocence qu’il leur reste.

Illustrations: Freepik (cc) et Alekseev sur Pinterest (cc)

1,2 milliard d’enfants dans le monde sont menacés par la guerre, la grande pauvreté ou les discriminations de genre selon un rapport de l’ONG Save The Children. Cela signifie qu’un enfant sur deux est privé d’enfance à cause de situations de conflits, du mariage forcé, de la malnutrition, du manque d’accès à l’éducation, etc. Autant de causes qui mettent en péril le respect des droits de l’enfant à l’échelle mondiale. De nombreuses voix se sont fait entendre quant au non-respect de ceux-ci, à l’occasion de la Journée Internationale des droits de l’enfant. En effet, des représentants du monde politique occidental interpellent régulièrement les pays en situation de conflits ou sous-développés sur le respect sans condition des droits de l’enfant comme inscrit dans la Convention des droits de l’enfant adoptée par l’Assemblée des Nations Unies.

Dans l’impossibilité de vivre dans des conditions décentes ou même de survivre, des millions d’enfants prennent le chemin de l’exil. Certains entament le voyage accompagnés de leurs parents ou des derniers membres de leurs familles encore en vie, mais trop souvent, des mineurs prennent la route seuls. Fin 2022, l’UNICEF dénombrait 43,3 millions d’enfants déplacés dans le monde. Souvent, ils quittent le pays pour se protéger dans le pays frontalier le plus proche et le plus accueillant. Cependant, certains vont décider d’aller plus loin chercher des conditions de vie meilleures et une protection qu’ils ne peuvent pas trouver dans leur pays d’origine.

Pour les populations subsahariennes, du Moyen-Orient ainsi qu’eurasiatiques, l’Union européenne représente l’objectif à atteindre. Après avoir traversé déserts et mers et parcouru des milliers de kilomètres, souvent à pied, ils espèrent reconstruire leur vie en Europe en attendant de pouvoir rentrer chez eux. Toutes les histoires sont différentes, mais leurs trajets sont souvent semés des mêmes embûches. La Belgique reçoit plus que jamais des jeunes mineurs non accompagnés, environ 6 400 mineurs signalés en 2022 soit une augmentation de 30 % par rapport à 2021, principalement issus de zones d’instabilité politique comme l’Afghanistan ou la Corne de l’Afrique (Somalie, Éthiopie ou Erythrée).

Promis, je ne suis pas majeur

80 % des mineurs non accompagnés qui arrivent en Belgique sont afghans et 90 % sont des garçons. Leurs trajets se ressemblent, longs, épuisants, organisés par des passeurs grassement payés qui souvent leur mentent, les malmènent ou les maltraitent. Avoir un passeur, c’est endetter sa famille, c’est avoir une dette qu’ils doivent rembourser très vite à leur arrivée en Belgique. Les passeurs, c’est la première angoisse. La première d’une longue liste. Ces jeunes commencent par traverser l’Iran qui, selon Julie Demarez, la co-fondatrice de la Maison Babel, est la partie la plus “facile” du périple. Puis ils arrivent en Turquie où tout se complique. Beaucoup se font arrêter et emprisonner. Quand ces mineurs arrivent en Belgique, ils sont abîmés. Abîmés par le trajet à pied, abîmés par les adultes, abîmés par le déracinement.

5 h du matin, petit château : Ali vient d’Afghanistan, comme quasiment tous les jeunes autour de lui, et va être pris en charge par les services de FEDASIL (l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile) il ne le sait pas encore, mais il va passer plus d’un an à prouver qu’il est mineur. Ali est grand et a déjà de la barbe. Ce qu’il ne peut pas contrôler va déterminer la tournure de ses prochaines années. Pourtant, il n’a que 16 ans, mais seule sa famille en Afghanistan le sait et ici, personne ne va le croire.

 8 h du matin : on annonce à Ali qu’il va être transféré dans un Centre d’Orientation et d’Observation (COO). Il a de la chance, une place vient de se libérer. Parfois, les jeunes peuvent attendre plusieurs semaines au petit château.

9 h : on lui donne un thé chaud. Il n’en a pas bu depuis 1 an. La boisson chaude au citron le fait pleurer. La dernière fois qu’il a bu du thé, c’était celui préparé par sa mère.

10 h : il prend le bus avec d’autres enfants qui ont l’air encore plus tristes que lui et arrive au COO. Le centre est immense, bruyant et si plein qu’on dirait qu’il va exploser. Il y a beaucoup d’Afghans et ça le rassure, mais les groupes sont déjà faits, certains sont là depuis 4 mois. Il va falloir s’intégrer pour avoir les bonnes places au dortoir, pour ne pas se faire embêter, pour partager des repas, pour ne pas se sentir trop seul, pour ne pas sombrer.

Un mois plus tard : on lui a trouvé une tutrice. Elle s’appelle Inès, elle est jeune et gentille avec lui, ça lui fait du bien. Elle lui a dit qu’elle allait l’aider pour tout. Pour lui expliquer les entretiens dans les moindres détails, pour signer tous les papiers, pour le rassurer. Elle a presque les mêmes yeux que sa grande sœur, ça le rassure. Grâce à elle, il va pouvoir commencer les entretiens.

Trois mois plus tard : on accorde enfin un rendez-vous à Ali. C’est une interview, et tous les jeunes qui sont au centre lui ont dit que s’il la « ratait », c’était foutu pour lui, que ça dépendait sur qui il tombait. Ce sont les officiers de protection du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) qui font passer les entretiens. On lui a expliqué que ces officiers vont vérifier la crédibilité et la véracité de ce qu’il raconte, sa famille, son trajet, son histoire, et que ça va durer des heures. Ce sont eux qui vont reconnaître sa qualité de réfugié ou bien la refuser, alors il ne faut pas rater. Ne pas se tromper, ne pas oublier un détail, ne pas confondre, ne pas paniquer, fouiller dans ses souvenirs. Combien mesurait sa mère ? Il ne sait pas, ses parents sont paysans et personne ne se mesure chez lui. Comment s’appellent les villages à côté de chez lui ? Il ne sait pas, il n’appelle jamais les villages par leurs vrais noms. Décris-nous la gare routière à Bucarest ? Il ne sait plus, il a voyagé pendant un an. Les agents lui ont posé des questions pendant des heures pour s’assurer qu’il ne mentait pas.

Un mois plus tard : il doit faire des tests médicaux maintenant. Sa tutrice l’avait prévenu que ce serait long, mais il ne s’attendait pas à ça. Elle lui a dit que c’était pour déterminer avec la plus grande précision son âge. C’est un test osseux, il va passer des radios du corps et de la mâchoire et on va mesurer tous les os pour déterminer s’il est bien mineur. Inès lui dit que ce n’est pas juste, que les recherches ont été effectuées sur des blancs dans les années 30. Son avocate, elle aussi, a l’air irritée. Les deux femmes lui disent de bien expliquer qu’il aide ses parents tous les jours dans les montagnes depuis qu’il est petit, qu’il passe ses journées dehors, qu’il n’a pas toujours mangé à sa faim. Il ne sait pas pourquoi il doit dire ça, mais il fait comme on lui dit. Mais ça fait beaucoup de choses à dire, beaucoup de choses à retenir et c’est de plus en plus dur. De toute façon, il n’a pas le choix, son avocate lui a dit que l’âge sera déterminé à deux ans près et que l’administration prendra en considération le nombre le plus élevé. Il a 16 ans, mais si le test dit autre chose, alors il est majeur et s’il est majeur, c’est fini pour lui.

Six mois plus tard : Ali est régularisé, on l’a cru, il est bien mineur. Ça a été tellement long, il s’est senti tellement seul. Maintenant, il a trois mois pour demander un regroupement familial. Ça fait deux ans qu’il n’a pas vu sa famille et tout le monde compte sur lui, ça, il ne l’a jamais oublié. C’est « des années d’économie » pour ses parents ce voyage, il entend encore son père lui dire. Il ne veut pas les décevoir. Ce regroupement, c’est lui qui va devoir le financer, avec ou sans contrat, avec ou sans formation, qu’importe, il doit trouver cet argent. Mais le plus dur est fait, il ne vit plus dans ces centres immenses où il doit tout partager avec des dizaines voire des centaines de jeunes, il a enfin son espace. Il a été placé dans une initiative locale d’accueil (ILA) où il bénéficie enfin d’indépendance et de liberté tout en profitant du soutien des services sociaux. Mais bientôt, il devra quitter le centre d’accueil dans lequel il vit. Bientôt, il n’aura plus Inès pour l’aider. Bientôt, il sera livré à lui-même. Bientôt, il sera majeur.

Un régime d’asile européen qui patine

Ces parcours chaotiques s’enracinent dans une politique migratoire qui, jusqu’à présent, n’a pas fait ses preuves. En septembre 2020, quelques jours après l’incendie du plus grand camp de réfugiés d’Europe à Moria, sur l’île grecque de Lesbos, Ursula von der Leyen, la Présidente de la Commission européenne avait annoncé vouloir “abolir le règlement de Dublin”, qui détermine que le premier pays où des réfugiés arrivent, doit traiter les procédures relatives à la demande d’asile. La Commission entendait réformer un système considéré comme inefficace et qui polarise au sein de l’Union européenne, surtout depuis l’année 2015, le climax de la crise de l’accueil. Dès lors, la machine européenne s’est mise en route. Des réformes ont été entamées pour mieux faire face aux défis migratoires que ces femmes, ces hommes et ces enfants traversent aussi sur la route de l’exil.

Les députés européens ont pris la parole lors d’une session plénière au Parlement de Strasbourg le 20 novembre dernier, pour rappeler l’importance de renforcer le bien-être et la protection des enfants en Europe. Des ambitions qui ont été actées en 2021 dans le cadre de la garantie pour l’enfance qui invite tous les États membres à adopter des leviers d’action plus efficaces, notamment pour briser le cercle de la violence et de la pauvreté. Avec le regain du conflit au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, Saskia Bricmont (Verts/Ale) n’a pas manqué de rappeler que “les enfants n’ont ni à faire la guerre, ni à la subir”. À l’image de ces paroles, plusieurs eurodéputés se sont exprimés pour dénoncer les conditions précaires des enfants qui vivent la guerre, qui sont contraints de quitter leur pays, parfois sans leur famille.

En 2020, l’Agence européenne de garde-frontière et de garde-côtes Frontex recensait environ 125 000 franchissements irréguliers, dont 15 000 enfants au total. Un nombre qui est la conséquence directe de conflits armés qui ne cessent d’émerger aux quatre coins du globe, de l’Afghanistan à la Somalie et au cœur de l’Europe de l’Est, en Ukraine.

Déjà trois ans que l’épais dossier du “Pacte sur la migration et l’asile” est en cours de révision sur la table européenne. Toujours en discussion, le Pacte propose des réformes qui se veulent significatives pour remédier aux lacunes de la politique d’asile. Les deux gros objectifs : le renforcement des contrôles aux frontières pour dissuader les volontaires et la facilitation des accords de réadmission dans le pays d’origine. Plus globalement, l’UE a la volonté de garantir un “mécanisme de solidarité” en cas de pression migratoire et des règles plus homogènes pour l’ensemble des États membres. L’objectif est de faire en sorte que tous les demandeurs d’asile soient traités de la même manière partout en Europe. D’une part en leur donnant accès à des droits et d’autre part, en établissant des critères communs aux pays membres pour identifier les personnes prioritaires à la protection internationale.

Pour les ONG et associations qui luttent pour la protection des MENA, certains points de révision du Pacte bafouent des droits fondamentaux. Ils dénoncent la criminalisation des mineurs, essentiellement au travers du projet de réforme Eurodac, une base de données européenne regroupant les empreintes digitales, des images faciales et autres informations personnelles des demandeurs d’asile. Le champ d’application serait étendu aux personnes migrantes n’ayant pas demandé l’asile, et ce, dès l’âge de 6 ans.

Bien que le Pacte ait franchi plusieurs étapes d’approbation, des défis subsistent. Comme de coutume, entre le vote des textes et leur application, la route est encore longue. Les États membres peinent à se prononcer de manière unanime, mais devront pourtant trouver un terrain d ‘entente pour garantir une mise en œuvre réussie du Pacte. Cela dit, le succès de ce dernier ne doit pas uniquement dépendre de leur bon vouloir, il doit aussi résulter d’un élan d’humanité de la part de tous les acteurs du processus d’accueil des migrants. Dans les circonstances de l’exil, les mineurs sont traités comme des criminels. Ils devraient pourtant avoir le droit de jouir de leur statut d’enfant et de la protection par les adultes qui en découle.

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La colonisation de Mars

jeu, 18/01/2024 - 10:00
Habiter sur la planète rouge : entre rêve et réalité ?

Crédit photo : BolliviaInteligente sur Unsplash

Alors que l’urgence climatique est au cœur des conversations, certains envisagent une vie future sur Mars. La planète rouge suscite les convoitises depuis des années et est sujette à un vif intérêt. À l’heure actuelle, la possibilité de la coloniser soulève de nombreux défis. Entre la pression atmosphérique, les températures extrêmes et la question de l’eau, s’installer sur Mars s’annonce plus complexe que prévu…

Crédit photo : NASA (Unsplash)

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L’Europe est-elle en « échec scolaire » ?

mer, 17/01/2024 - 12:00
Les 27 prennent quelques remarques disciplinaires pour leurs systèmes scolaires. Mais l’Europe peut-elle vraiment améliorer l’éducation des jeunes européen·nes ? Comment cette réalité est-elle perçue dans nos écoles bruxelloises ? 

Si on connait bien les programmes Erasmus, permettant aux étudiant·es européen·nes de partir étudier dans tous les coins de l’Europe, on peut s’interroger sur la présence des drapeaux bleus étoilés accrochés à nos écoles. En matière d’enseignement, l’Union européenne n’a que peu, ou pas de compétence, celle-ci étant gardée au niveau national ou régional. À l’occasion de la journée des droits de l’enfant, les quelques courageux·ses député·es présent·es dans l’hémicycle de Strasbourg souhaitaient toutefois rappeler l’importance d’une meilleure inclusion et d’une réduction des inégalités dans nos systèmes éducatifs.

Car à en croire le dernier rapport PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves), sorti début décembre 2023, les 27 sont loin de montrer l’exemple. Celui-ci révèle en effet « qu’un·e jeune sur quatre âgé·e de 15 ans est peu performant·e en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences, en moyenne dans les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).” Des pays européens traditionnellement performants et réputés pour leur stabilité, comme les Pays-Bas, la Finlande ou l’Islande, ont vu leur score chuter de manière drastique. La Belgique est elle aussi concernée : depuis le rapport 2018, on compte 5% d’élèves considéré·es « faibles » en plus, c’est autant d’élèves considéré·es « fort·es » qui ont diminué dans le même temps.

Ce chiffre est loin de choquer Serge Milinkovitch, directeur de l’École fondamentale de Messidor à Uccle. Car même si l’UE tente de promouvoir ses systèmes éducatifs, son Fond Social (FSE) ne suffit pas à combler les échecs de cette compétence qu’elle ne maîtrise pas. C’est non seulement un manque de moyens financiers dont il est question mais surtout d’un manque de moyens humains.

Les écoles ne disposent pas des bras nécessaires pour offrir à tous·tes un enseignement de qualité : pénurie des professeur·es, surcharge des classes, infrastructures insuffisantes… Ces lacunes influencent directement la qualité de l’enseignement fourni, et les personnes présentent au premier rang : les élèves.

Celles et ceux-ci peuvent éprouver des difficultés d’apprentissage dans différentes matières et les causes en sont multiples. L’enfant peut présenter un trouble psychologique ou comportemental : un handicap, un trouble « Dys », c’est-à-dire un trouble spécifique durable lié à un dysfonctionnement cognitif du cerveau, tels que la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, un trouble de l’attention, un trouble mnésique…

Le milieu culturel dans lequel il a évolué et sa situation socio-économique sont également à prendre en compte. Le rapport PISA souligne en effet que “dans les pays de l’OCDE, les élèves issus de milieux défavorisés ont, en moyenne, sept fois plus de chances de ne pas maîtriser les bases des mathématiques que les élèves issus de milieux favorisés”. In fine, les résultats sont moins bons, l’accès aux études supérieures est compliqué, et le futur professionnel, donc économique, est plus limité. À cet avenir tracé par les critères d’un système scolaire valorisant une certaine « intelligence », s’ajoute des failles matérielles qui ne font qu’augmenter les difficultés chez l’enfant. 

Le corps professoral est fatigué et démuni. Les enseignant·es tentent au mieux d’offrir une éducation suffisante et qualitative à leurs élèves, mais cela reste parfois compliqué. Pour Manon Leloux, professeure de primaire aux Écoles Libres de Saint-Roch à Bruxelles, et Pauline Mersh, logopède, la réalité et les possibles ne sont pas les mêmes selon la commune et l’école dans lesquelles on exerce.

Certain·es se demandent alors si notre système scolaire n’entretient pas une forme de conformisme et d’élitisme reléguant toujours les mêmes au fond de la classe ? L’enseignement général est promu à la grande défaveur des filières dites « techniques » ou « manuelles », mais pour quels résultats en fin d’année ? Les particularités et l’individualité de chaque élève ne sont que rarement prises en compte, et ce, pas toujours par manque de volonté, mais surtout par manque de moyens de toutes parts.

Quand la cloche sonnera la fin de la leçon, on ne retiendra qu’un pourcentage ou une cote sur 10 sur chaque copie. Mais derrière celle-ci, existe un·e élève qui peut être victime de troubles du langage et de l’apprentissage comme la dyslexie, la dysorthographie ou la dyscalculie. Cet·te enfant peut aussi être la cible du harcèlement et du rejet des autres entraînant un manque de confiance en ses capacités. Tant de facteurs extérieurs qui font varier la côte finale sur les copies. 

Les parents ramènent aussi à domicile leur lot de devoirs. La charge que la société impose aux parents quant à la réussite de leurs enfants est une démonstration claire des inégalités socio-économiques. Elisabeth Heniqui est maman d’un enfant de seize ans et avec son mari, il et elle ont tenté rendez-vous après rendez-vous d’aider leur fils dans son parcours scolaire.

« En général, dans les systèmes d’éducation dans lesquels on observe une tendance au renforcement de la participation des parents dans l’apprentissage des élèves entre 2018 et 2022, le niveau en mathématiques s’est davantage stabilisé ou a progressé. »

Rapport PISA 2022

Si leur fils est aujourd’hui déscolarisé, signe d’un refus de communiquer de la part des institutions éducatives et d’un traumatisme de “l’échec scolaire” pour l’élève, Elisabeth souligne l’inégalité flagrante pour les parents : “Il faut un quart-temps pour s’investir dans la scolarité de son enfant. Pour une femme seule, qui doit travailler, et qui a plusieurs enfants, c’est impossible.”

Les parents ne sont pas professeur·es, les professeur·es ne sont pas parents, les logopèdes ne sont pas psychologues et les psychologues ne sont pas assez nombreux·ses. À qui revient donc le devoir d’assurer l’éducation de nos enfants si elle n’incombe pas à tous·tes ?

· Le service d’action en milieu ouvert (AMO), une aide sociale, juridique et éducative pour tous les jeunes âgé·es de 0 à 22 ans : https://amobxl.be

· L’association d’« Aide à la réussite scolaire », une école des devoirs qui fournit un soutien scolaire et un suivi quotidien des leçons que l’élève doit apprendre.

· L’ASBL “enseignons.be”, une association offrant un appui scolaire toute l’année et des cours en mathématiques, en langues et en cours de sciences : https://soutien-scolaire.enseignons.be/

Toutes ces possibilités peuvent être des moyens d’accompagner au mieux les élèves afin de, peut être, transformer l’éducation de nos états européens en des systèmes performants, inclusifs et encourageants.

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Jeu, set et match : l’avènement du Padel

mar, 16/01/2024 - 16:00
En quelques années, le Padel est devenu un sport incontournable en Belgique.

Photo : Océane Vermeiren, Uma Kaiser et Lilian Lefebvre

Connaissez-vous le Padel ? Ce sport, tout droit venu d’Espagne où il est très populaire, est de plus en plus pratiqué chez nous. Plus qu’une tendance, il s’est imposé dans le paysage sportif belge.

Aujourd’hui, de nombreux clubs ouvrent leurs portes et le nombre de pratiquants ne cesse d’augmenter. Mais pourquoi ce sport plait-il tant aux Belges ?

Un reportage réalisé par Uma Kaiser, Océane Vermeiren et Lilian Lefebvre

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Culture du viol : déconstruisons nos mythes

ven, 12/01/2024 - 09:00
Plusieurs mythes et histoires ancestrales minimisent ou normalisent des violences sexuelles. Ces récits ont laissé une trace dans notre culture et influencent la manière dont nous percevons la sexualité et l’érotisme.

Image : John William Waterhouse, Apollo and Daphne, peinture, 142.8×11.4cm, (collection privée), 1908

Le 8 mars 2022, la Commission européenne proposait un projet de loi visant à lutter contre les violences faites aux femmes. Plusieurs sujets y étaient abordés tels que les mariages forcés, les mutilations génitales féminines, le harcèlement sexuel ou la stérilisation forcée. Un consensus a été trouvé pour tous les sujets, sauf un : la définition du viol.

Selon la Commission, tout rapport sexuel non consenti est un viol. Cependant, tout le monde n’adhère pas à cette définition. En espérant trouver un accord, un second vote a été organisé le 14 novembre 2023. Mais la France, la Tchéquie, la Hongrie et la Pologne ont à nouveau voté contre cette partie du projet de loi. Comment se fait-il qu’on ait tellement de mal à définir le viol, ou du moins à se mettre d’accord sur une définition précise ?

La culture du viol n’y est pas étrangère. Nos sociétés sont encore animées par des comportements et des attitudes qui minimisent, normalisent, voire encouragent le viol. Cette culture du viol n’a rien de neuf. Elle est même représentée dans l’histoire de l’art et incarnée dans de nombreux mythes et histoires fondatrices de la culture occidentale. Remontons l’histoire pour y trouver des représentations originelles des relations sexuelles.

Antonio Correggio, Léda et le Cygne, huile sur toile, 156.2×195.3cm, Berlin, (Gemäldegalerie, Staatliche Museen), 1532

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Miroir, mon beau miroir

jeu, 11/01/2024 - 16:00
À l’heure où le culte de l’image de soi s’épanche sur les réseaux sociaux, de plus en plus de jeunes souffrent de troubles dysmorphophobiques. Ils et elles peinent à se regarder dans un miroir. Uma témoigne.

Crédits : Maystra

Sortir de sa douche. Essuyer la buée sur le miroir. Regarder son reflet. Voir un corps qui ne nous appartient pas. C’est le quotidien d’une personne dysmorphophobique.

La dysmorphophobie est un trouble du comportement entraînant des pensées obsessionnelles liées à son image. Ce phénomène est de plus en plus présent depuis l’avènement des réseaux sociaux et le culte de l’image de soi qui en découle. En Belgique, près de deux personnes sur cent sont touchées. Uma, 20 ans, est l’une d’entre elles.

Après une perte de poids conséquente, elle pensait enfin pouvoir accepter et aimer son corps. Pourtant, ses complexes l’accompagnent toujours au quotidien et se regarder dans le miroir est toujours une épreuve.

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« Je ne prendrai pas le premier verre »

jeu, 11/01/2024 - 10:25
Le soir tombe sur la capitale. Tout le monde rentre chez soi après le travail, sort avec des amis, sa famille ou bien se prépare pour aller boire un verre. Tout le monde ? Non. Une partie de la population qualifiée d’”alcoolique” se réunit lors de réunions anonymes pour parler d’un problème qui a bouleversé leur vie.

Zoé Istasse

Marcel (nom d’emprunt) arrive devant une façade faite de pierres anciennes. Il a 77 ans. Une fois la porte ouverte, le pensionné prend les escaliers et se dirige vers une salle, louée par le mouvement dont il est membre, les Alcooliques Anonymes (AA).

Chaque jeudi, il est là bien avant le début de la réunion. Il est alcoolique et n’a pas peur de le dire. Depuis ses 41 ans, il assiste aux réunions des Alcooliques Anonymes. Aujourd’hui, c’est lui qui l’organise. Au fond de la pièce, il ouvre une grande armoire et en sort de la décoration spécifique aux AA. Des panneaux, des prospectus, des cadres, des prières et des livres. Tout ce décorum arbore un même message, celui de l’espoir, message qu’il distillera aux quatre coins de la pièce.

Marcel ouvre la porte du local dans lequel ont lieu les réunions des AA

Depuis 2008, c’est dans cette salle qu’ont lieu les réunions. Ici, ils ne dérangent personne et gardent un anonymat total. Le prix est raisonnable et c’est tant mieux. Hormis le chapeau dédié à la collecte, aucune contribution n’est demandée aux membres. « C’est un local très mal entretenu avec du simple vitrage, mais on ne le paie pas cher. C’est pratique pour les réunions et puis, ça nous permet de rester anonymes et de nous y sentir bien », résume Marcel.

C’est du café infect, mais c’est un sérum de vérité.

Le local est simple. Il n’y a qu’une grande table, une dizaine de chaises et quelques armoires sur les côtés. Marcel installe la documentation, mais aussi et surtout, un percolateur avec du café. « C’est nécessaire d’avoir un percolateur qui fonctionne correctement et de pouvoir offrir du déca en poudre. C’est du café infect, mais c’est un sérum de vérité. » Il n’est pas toujours facile de témoigner ou de partager ses soucis avec l’alcool, mais c’est toujours plus simple et convivial autour d’un café.

Juste avant 20 heures, les participants entrent dans la salle. Ce ne sont que des hommes. Ils sont quatre en tout. Trois plus âgés et un plus jeune. Marcel se met en bout de table, car c’est la place du modérateur, celui qui organise la réunion. Il commence par se présenter. « Je m’appelle Marcel et je suis alcoolique ». Chacune des personnes présentes fait de même. Pendant deux heures environ, les quatre hommes partagent des expériences difficiles, des peurs, des doutes et surtout des messages de courage. La seule règle à respecter est que tout ce qui se passe pendant la réunion doit y rester. Lors d’un moment de partage, le plus jeune membre, Luca (nom d’emprunt) a partagé une peur qui l’a envahie. « J’étais tout seul pour manger dans ce bar. Il n’y avait pas de pression, pas de problème apparent… Mais je me sentais mal. J’avais envie de partir le plus vite possible. J’ai vraiment senti le danger de prendre ce premier verre ».

Ceux que vous voyez ici, ce que vous entendez ici, quand vous partez, laissez-les ici.

Pour les uns, l’alcoolisme est une honte, une “bestiole” qui ne veut pas vous lâcher ; pour les autres, il est le stigmate d’un passé lointain, un vieux souvenir. Mais pour tous, il est la raison de leur présence. La seule condition requise pour assister aux réunions est le désir d’arrêter de boire. Cependant, cela n’a pas toujours été une évidence pour tous les membres.

Luca a attendu ses 27 ans, une chute écrasante dans sa vie et plusieurs cures de désintoxication pour s’y rendre. C’est sa tante, alcoolique comme lui, mais sobre depuis treize ans, qui lui a parlé des AA. Au début, il ne se sentait pas à sa place. Il ne voulait pas ressembler à ces gens qu’il voyait en réunion. Il avait des stéréotypes vis-à-vis des alcooliques. Il a d’abord eu l’impression d’être avec des personnes qui manquent d’éducation et qu’il n’était pas comme elles. Cependant, il y est retourné. S’il a replongé entre temps, cela fait environ trois ans que Luca continue d’assister aux réunions des AA, une fois par jour, avec la perspective d’aborder les prochaines vingt-quatre heures. Un défi à la fois.

La force d’un groupe

À force de se rendre à des réunions comme celles organisées par Marcel, Luca a le sentiment de faire partie d’une communauté. Il rencontre des gens qui ont des problèmes similaires aux siens. Il se voit et se revoit à travers les témoignages des membres du mouvement. « J’ai un sentiment d’appartenance au mouvement, au mode de vie qui m’est proposé. » Après le partage de sa peur, chaque membre a d’ailleurs pris le temps de le remercier. L’atmosphère est rassurante et sans jugement. C’est la bienveillance qui règne et qui permet aux personnes présentes de tisser des liens.

Marcel accrochant une affiche de la réunion dans le hall d’entrée

Tisser des liens oui, mais pas forcément des liens d’amitié en dehors des réunions. Pour Luca, c’est l’appartenance au mouvement qui est la plus forte, la plus importante. « J’ai l’impression de ressentir une amitié spirituelle avec les gens que je rencontre en réunion. J’apprécie parler de mes expériences avec des gens qui comprennent ce que je vis au quotidien. » Il parvient à s’identifier aux autres et à se rappeler d’où il vient.

Pour Marcel, contrairement à Luca, voit les Alcooliques Anonymes comme une deuxième famille. Pour lui, l’alcoolique a souvent des problèmes avec sa famille. « Il y a des gens avec qui je ne me suis pas spécialement bien conduit. Encore aujourd’hui, j’essaie de les éviter. » Lorsqu’un nouveau membre se joint à une réunion, il arrive souvent que les autres lui laissent leurs numéros de téléphone pour se soutenir en cas de besoin. Par ce biais, des relations se créent et certaines se poursuivent en dehors des réunions. C’est pendant ces rencontres que des objets sont offerts. Ils servent à faciliter la compréhension du mouvement, mais surtout à inciter les membres à demander de l’aide quand surgit la tentation de prendre le premier verre.

Douze étapes

Au sein du mouvement des Alcooliques Anonymes, chaque groupe est libre d’organiser la réunion comme il le veut. Cependant, il existe douze étapes et douze traditions communes à tous les membres. « Nous avons poursuivi notre inventaire personnel et promptement admis nos torts dès que nous nous en sommes aperçus », récite Marcel, en débutant la liste de ces étapes. Pour lui, ce sont des étapes importantes à suivre tous les jours pour s’assurer un bon mode de vie à l’écart de l’alcool.

Ma manière de penser et de vivre n’était pas la bonne

Luca est animé par la volonté de changer de vie. « Cela fait 10 ans que j’essaie de sortir de cette dépendance. Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir pu construire une vie de famille ou de ne pas habiter là où je le désire. » Cependant, il explique avoir eu un déclic. Arrêter de boire, mais surtout, s’acclimater à un nouveau mode de vie. « Ma manière de penser et de vivre n’était pas la bonne. J’ai souvent recommencé à boire à cause de l’anxiété. » Aujourd’hui, il assiste au minimum à une réunion par jour et cherche à modifier entièrement sa façon de vivre et de voir les choses.

Les cures de désintoxication lui ont permis de se sevrer physiquement, mais pas toujours mentalement. Lorsqu’il est sorti, il s’est mis à assister régulièrement aux réunions. « Pour changer de mode de vie et vivre seul dans le monde avec ses anxiétés, il n’y a que les AA que j’ai vus comme une solution ».

À la fin de la réunion, les membres récitent une prière à Dieu ou à une instance supérieure qu’ils se représentent chacun différemment, et rentrent chez eux, animés par la volonté de tenir jusqu’à demain. Ils ont en tête une unique devise : « Quoi qu’il arrive aujourd’hui, je ne prendrai pas le premier verre« .

Le local dédié aux AA sans décoration Partie du local avec un percolateur et des gobelets en carton apportés par les AA Pièce offerte aux membres des AA

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7 minutes pour comprendre les élections européennes

mer, 10/01/2024 - 08:00
Les élections européennes ont lieu en juin 2024. Tout citoyen dès 16 ans peut y participer. Mais les enjeux de ces élections ne sont pas toujours lisibles pour les jeunes.

Crédits photos : iStock.com/ Rawf8 et Unsplash (CC)

Le 9 juin 2024, les citoyens belges devront se rendre aux urnes et voter pour les élections européennes. Des élections pas comme les autres, puisque dorénavant les jeunes peuvent voter dès leurs 16 ans (et pas 18 ans comme pour les éléctions fédérales et régionales en Belgique).

Pourtant, pour les jeunes, les enjeux de ces élections ne sont pas toujours évidents à comprendre. Alors à travers ce podcast, on va essayer d’y voir un peu plus clair, en 7 minutes chrono.

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Quand le sang manque

mar, 09/01/2024 - 11:05
La Croix-Rouge de Belgique se trouve en pénurie de dons de sang de groupe négatif, et en particulier de O négatif.

Photo : Lou-Ann Ancion (CCBY NC SA)

La situation est inhabituelle et inquiétante en cette période de fin d’année selon la Croix-Rouge de Belgique. En effet, le sang O négatif est le groupe du donneur universel et est principalement utilisé en cas d’urgence. Depuis quelques années, la Croix-Rouge a vu baisser le nombre de donneurs et donneuses de sang de 15%. Mammouth Media est allé dans un des centres de dons pour comprendre cette diminution. 

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