Agrégateur de flux

Daniel Bernard, des tonnes de sciure

Mammouth - mar, 23/07/2024 - 14:08

Photo : Fibowa (CC BY ND)

Daniel a planté une forêt il y a 35 ans. Trois hectares d’épicéas, qu’il entretient minutieusement sur une ancienne prairie pentue de Haute Ardenne. Du haut de ses 87 ans, il s’y emploie par passion, avec la volonté de produire du bois et de transmettre le fruit de son travail à sa descendance. Ce quotidien de propriétaire forestier ne constitue qu’une fibre de plus à sa longue vie dans le bois. L’ancien scieur fait le compte : oui, il pense bien avoir exercé « tous les métiers du bois ». Daniel alterne aujourd’hui entre des journées d’artisanat dans son atelier et des rondes de gestion sur sa parcelle. Infatigable.

Fibowa est un site web de reportages, de portraits, de vulgarisation et d’enquête sur l’avenir des forêts et de la filière bois en Wallonie.

Cette vidéo n’est que l’arbre qui cache la forêt. Pour en découvrir chaque sentier, perdez-vous sur fibowa.be.

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De l’élevage au sanctuaire

Mammouth - mar, 23/07/2024 - 12:56
Quand la cause animale gagne les fermes

Quelque part dans le nord de la Lorraine française, dans la cour intérieure d’une ferme, se trouvent Mia, Caramel ou encore Olga. Tous ces animaux ont un point commun : ils ont été sauvés de l’abattoir et vivent désormais auprès de Marc, ancien éleveur devenu végane. Comme lui, un certain nombre d’agriculteurs renoncent à l’élevage et entament une « transfermation ». Décidant de ne plus engraisser d’animaux pour les vendre au commerce de la viande, une partie d’entre eux continuent de s’en occuper… afin qu’ils puissent vivre.

Années 1980, l’enfance. C’est l’aube et depuis sa chambre, Marc entend du bruit dehors. Son père est déjà au boulot. Depuis toujours, ils habitent à la ferme, et même depuis plusieurs générations : Marc est fils, petit-fils, et petit-petit-fils d’agriculteurs. Il décide de se lever et d’aller voir par la fenêtre – oui, c’est bien le camion qui est arrivé. Un camion imposant, avec d’étroites fentes métalliques de chaque côté. Aussitôt c’est le va-et-vient dans la cour, et l’enfant scrute la bétaillère qui semble engloutir son chargement. Aux oreilles des vaches pendent leurs numéros. Les voilà qui embarquent et peut-être Marc a-t-il des noms en tête en les voyant passer. Ce qui est certain, c’est qu’il ne les reverra plus. Ça le rend triste. D’ailleurs, il trouve ça un peu sinistre, ces vaches dont on s’occupe jusqu’à ce que le camion vienne les chercher et qu’on retrouve, sans le savoir, sous cellophane dans des rayons aseptisés. Mais c’est comme ça, non ? Les vaches, c’est fait pour partir à l’abattoir et être mangées. Marc, avec le temps, se fait à l’idée.

Volte-face

En tant qu’aîné de la famille, Marc le sait : ce sera à lui de reprendre la ferme un jour, comme c’est souvent le cas dans le monde agricole. Il n’a pas vraiment le choix, et c’est en 1996 que cela se produit – heureusement, le père est encore là pour aider le fils avec les animaux.

Toutefois, en 2004 le père de Marc décède. Presque aussitôt, le fils décide « darrêter les vaches ». Il vend ses derniers animaux à un maquignon, c’est-à-dire un marchand, puis décide de louer ses parcs, où la terre n’est pas cultivable, à une dame qui a des chevaux. Il devient dès lors exclusivement céréalier et sur ses 280 hectares de terres, cultive orge, tournesol, féveroles et pois. Peu à peu, la réflexion sur ce que les hommes font aux animaux peut revenir à son esprit, et Marc finira par devenir végane[1] en 2014. À une époque, pourtant, il lui est arrivé de penser, ils sont fous ces gens-là, comment ils font ? Aujourd’hui il a 52 ans et, s’il ne se revendique pas antispéciste, son épouse Monique est quant à elle convaincue qu’il l’est bel et bien – « Mais si ! Mais si ! », insiste-t-elle.

Le spécisme, si on le définit simplement, est la discrimination basée sur le critère de l’espèce, terme créé par le psychologue britannique Richard D. Ryder en 1970, sur le modèle du racisme, du sexisme ou du classisme. Plus précisément, c’est un système oppressif basé sur le postulat de la supériorité des êtres humains par rapport aux autres animaux, qui peuvent par conséquent être dominés et exploités à des fins humaines.

Dans la maison où habitent Marc, Monique et leurs trois chiens, il y a des muffins 100% végétal sur le plan de travail, dans la cuisine. Les terres sont dans les environs et la ferme à une centaine de mètres, plus bas dans la même rue. Après que Marc a renoncé à l’élevage, d’autres animaux y ont vécu, dont quelques dindes qui ont valu à l’agriculteur un procès, et des amendes atteignant plus de 8 000€ de dommages et intérêts pour ce que la Justice a qualifié de « vol en réunion ». C’est en 2017 que Marc, accompagné de militants du collectif 269 Animal Libération, s’est introduit dans un abattoir pour en sortir cette quinzaine de dindes dont aucune n’est encore en vie aujourd’hui. D’autres animaux leur ont succédé, comme les vaches Mia et Ceyti. Elles aussi, en tant qu’animaux dits de rente, étaient vouées à l’abattoir mais ont survécu grâce à une action similaire de libération. Désormais, vaches et bœufs attendent les beaux jours dans la petite cour de la ferme, avant de pouvoir de nouveau gambader dans l’herbe.

À côté de leur enclos, passé une vieille porte en bois, on se retrouve dans une grange au plafond haut : si on redresse la tête, on aperçoit un crochet au bout d’une épaisse chaîne en métal. « Tu vois le crochet ? Ils étaient pendus là. » Autrefois, on tuait tous les ans un bœuf à la ferme. Marc le voit encore. Il y avait de la viande à chaque repas. Son père faisait venir un boucher belge – la ferme est tout près de la frontière – et entre eux, ils se partageaient les morceaux fraîchement découpés.

À cette époque, dans la cuisine, ça sent l’ail et la viande déjà tôt le matin, la mère de Marc est toujours occupée de cuisiner, et on mange de tout. Odeurs de sang, de gras. « Les hommes doivent être forts, il faut quils mangent de la viande – sinon, tu ne seras pas fort ! Ça, combien de fois je lai entendu… », s’exclame Marc. Il est obligé d’en manger, question de principes, de tradition. Alors pour ne pas être trop dégoûté, il la veut cuite, très cuite, grillée, « pour ne plus que cela ressemble à de la viande. »

C’est la succession de deux événements qui le porte au véganisme. D’abord, il y a l’été 2014 : Marc se rend à la mer du Nord, côté belge, avec son chien Cooper – « Coco pour les intimes ». Il fait chaud et l’ex-éleveur décide d’aller se baigner, mais soudain, c’est la panique : pensant que son maître se noie, le labrador, qui a pourtant très peur de l’eau, s’y jette. « Il était venu ‘me sauver’. Ça m’a bouleversé. Je dis toujours que c’est à ce moment-là que j’ai eu un déclic, c’était vachement touchant. C’est lui qui m’a fait ouvrir les yeux sur la conscience des animaux. » Marc devient végétarien. A peu près à la même époque se tiennent des manifestations contre l’abattage rituel en Belgique. Marc se rend à l’une d’elles, organisée par l’association Gaia, et, en regardant les pancartes, nouveau déclic: parmi ceux qui réclament l’interdiction de l’abattage rituel, c’est-à-dire sans étourdissement préalable des animaux, il y a également des gens qui demandent la fin de l’abattage, tout court. Marc quitte Bruxelles différent. Trois mois plus tard, l’ex-éleveur est végane.

Au-delà du goût

Certes, rares sont les gens qui, comme lui, passent en quelque sorte d’un côté à l’autre. Mais le phénomène prend de l’ampleur ces dernières années. Les anglo-saxons appellent cela la transfarmation – « transfermation », pourrait-on dire en français, ou comment la ferme se réinvente pour passer des productions animales à végétales. Ces transitions catalysent des enjeux divers : cause animale, économie, environnement, santé publique… Outre-Atlantique, de tels projets se développent depuis plusieurs années déjà et des associations comme Mercy For Animals travaillent à faciliter ces changements de cap. L’Europe est plus à la traîne, et notamment la France : la faute, sans doute, à un imaginaire encore très carniste[2].

Cela fait presque dix ans maintenant que Marc est végane, ce qu’il considère comme un acte politique, et si, au début, il était plutôt du genre à militer sur tous les fronts pour que les choses changent, aux côtés de ses collègues agriculteurs, il préfère la discrétion. « J’ai peut-être peur des représailles, parce que c’est délicat. » D’ailleurs, si son père était encore en vie, Marc pense qu’il aurait honte de lui.

C’est que dans le monde agricole, qui plus est dans le secteur de l’élevage, il y a un fort aspect identitaire. Remettre en question le métier, équivaudrait à « insulter des personnes sur des générations », comme le dit Silvère Dumazel. Lui aussi vient d’une famille d’éleveurs, et pourtant il a co-créé en novembre 2022 TransiTerra, un organisme qui entend accompagner les agriculteurs vers des productions végétales en France. À l’automne 2023, c’est le collectif pluridisciplinaire Terres en Transition qui est lancé, regroupant pour l’instant TransiTerra et l’association suisse Co&xister, avec pour ambition d’apporter « un soutien moral, logistique et financier »[3] aux éleveurs souhaitant cesser leur activité.

Virginia Markus est la fondatrice de Co&xister, sanctuaire pour animaux en Suisse. Elle entend pratiquer sur le terrain la coexistence inter-espèces, mais également accompagner les éleveurs « repentis ». La jeune femme, d’abord activiste notoire, connaît bien les enjeux culturels de pareilles transitions : « Aucun éleveur ne m’approchait à l’époque parce que j’étais considérée comme la militante confrontante avec laquelle ce n’est pas possible de dialoguer, raconte-t-elle, ou parce que j’étais perçue comme une bobo citadine qui ne connaît rien aux animaux de rente. La méfiance des agriculteurs était légitime, mais depuis que je suis installée au sanctuaire, je suis devenue une paysanne dans mon quotidien. Les éleveurs me croisent sur le terrain, s’arrêtent pour parler avec moi. J’ai appris à parler leur langue et à comprendre leur réalité. »

La Confédération helvétique connaît en Europe un nombre record de transitions et/ou de reconversions d’éleveurs. Virginia Markus et son homologue germanophone, Sarah Heiligtag, à la tête de Hof Narr[4], ont recensé au moins 140 cas rien qu’en Suisse, et tout particulièrement côté alémanique. Là aussi, la francophonie est en retard. Dans tous les cas, de la dizaine d’accompagnements qu’a déjà effectués l’antispéciste suisse, les constats côté ex-éleveurs sont les mêmes : meilleure conscience, plus de temps libre, augmentation des marges financières… Et sans cesse reviennent les mêmes mots : « Pourquoi on ne l’a pas fait avant ? »

Environnement et économie

Samedi 2 mars 2024, place de la République à Metz. Monique, l’épouse de Marc, y gère une antenne de l’association animaliste One Voice et organise une action de sensibilisation à la protection du loup, l’ennemi public n°1 aux yeux d’une partie des éleveurs français. Quelques manifestants se retrouvent, installent une tonnelle, des tables où le vent a l’air de feuilleter les prospectus qui y sont déposés. Les militants commencent à discuter avec les passants, ou tiennent des pancartes à l’intersection des rues bien remplies du centre, cet après-midi-là – c’est la fête foraine à quelques mètres, bruits de manèges et foule incessante. Marc devait venir, mais il n’est pas là : il faut profiter du ciel serein pour s’occuper des champs.

Le métier d’agriculteur ne connaît pas de répit, ou si peu. Ce qui a permis à Marc de s’en sortir lorsqu’il a perdu son père au début des années 2000, c’est de n’avoir plus que quelques animaux et de tirer la majeure partie de ses revenus de la culture des terres. « Il faut que chaque mètre carré de terre soit rentable pour une ferme, explique-t-il. Tous les terrains doivent rapporter, sinon on ne peut pas vivre. »

L’argent est probablement la plus grosse pression qui pèse sur les agriculteurs : sans aides de l’État, il est parfois simplement impossible de s’en sortir. Comme l’explique Silvère Dumazel, la tendance est à la capitalisation. Depuis les années 1960 et la politique agricole commune (PAC) en Europe, les agriculteurs doivent investir de plus en plus d’argent pour générer des revenus et la nécessité de rembourser leurs emprunts les lient, pieds et poings. L’agriculture de firme en profite. « Les grosses entreprises, déclare le co-fondateur de TransiTerra, vont pouvoir acheter beaucoup plus facilement les exploitations agricoles pour s’agrandir, parce que ce sont les seules qui ont les moyens. »

Pour Philippe Grégoire, éleveur laitier et président du Samu Social National Agricole, les coopératives aussi « sont tombées dans la financiarisation ». Si, à l’origine, leur vocation était d’aider les agriculteurs, elles ont aujourd’hui grossi à tel point que, d’après l’éleveur indépendant, les agriculteurs sont désormais sous leur emprise. Car, dès lors qu’ils doivent transformer « la marchandise » – lait, canards, poulets, lapins, cochons… –, ce sont elles qui s’occupent des factures. Selon le producteur de lait, les éleveurs sont donc prisonniers de l’industrie agro-alimentaire. Beaucoup aimeraient se reconvertir à cause de leurs soucis économiques, mais n’y parviennent pas précisément faute d’argent.

Si tous les éleveurs ne sont pas près de devenir antispécistes, l’intérêt des consommateurs pour des produits issus de l’agriculture végane[5] croît, et pourrait également amorcer un changement de modèle agricole. D’après une étude[6] parue en 2023 dans la revue Nature Food et menée par des chercheurs de l’Université d’Oxford auprès de plus de 55 000 personnes véganes, végétariennes, mangeant du poisson ou de la viande, le mode de vie le plus vertueux est le véganisme, qui par exemple émet moins de gaz à effets de serre, emploie moins d’eau et cause moins d’eutrophisation[7] qu’un régime carné.

Il n’en demeure pas moins que la consommation de viande a augmenté de plus de 50% entre 1970 et 2021, et a aussi été en hausse en France en 2022, pour la deuxième année consécutive. La réduction des cheptels pourrait donc s’accompagner d’une plus forte augmentation des importations, qui est déjà en cours, ce qui annulerait les effets positifs, d’un point de vue écologique, du recul du nombre d’élevages.

Dans le débat public, demeure cependant aussi la tentation du welfarisme, c’est-à-dire l’idée d’un élevage qui perdurerait mais « en mieux », partant du principe que l’exploitation des animaux n’est pas mauvaise en elle-même, et qu’elle peut respecter leur bien-être. Marc, lui, n’y croit pas. Il se remémore les années passées à la ferme auprès de son père et, entre autres, ce qu’il fallait faire pour que les animaux obéissent. En même temps lui viennent à l’esprit les images d’éleveurs que l’on voit parfois à la télévision, quand ils ont un petit à bras et qu’ils lui donnent le biberon. Alors il finit par secouer la tête. « Non… il y a des choses qu’on ne montre jamais. Tout est embelli. On parle de bien-être animal pour avoir la conscience tranquille et peut-être que grâce à ça, les gens mangent de la viande, mais ça ne change rien au problème. » L’ancien éleveur est catégorique : « Un élevage sans souffrance, ça n’existe pas ».

[1] Le véganisme consiste à refuser toute forme d’exploitation animale : ne manger ni viande, ni lait, ni œufs ou tout autre produit animal, ne pas porter de matières animales, boycotter les produits testés sur les animaux ainsi que les pratiques comme la chasse, la pêche, etc.

[2] Le carnisme est l’idéologie selon laquelle les humains doivent manger certains animaux – terme forgé par la psychologue américaine Melanie Joy.

[3] Voir le site https://www.terres-en-transition.fr/

[4] Littéralement, « la ferme du fou / de l’idiot », en référence à ce que penseraient les gens d’une ferme végane.

[5] Selon l’Association végétarienne de France (AVF), l’agriculture végane, qui exclut bien sûr l’élevage mais aussi les intrants d’origine animale, promeut des pratiques comme « les rotations de culture, la présence de couverts végétaux riches en légumineuses, d’arbres, l’utilisation de variétés rustiques », etc.

[6] Voir Scarborough, P., M., Cobiac, L. et al., « Vegans, vegetarians, fish-eaters and meat-eaters in the UK show discrepant environmental impacts », Nature Food 4, pp. 565-574 (2023).

[7] L’eutrophisation est l’accumulation excessive de nutriments dans l’eau, comme le phosphore et l’azote.

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Vivre pour l’autre

Mammouth - ven, 12/07/2024 - 08:37
Aidants-proches : un choix ou une obligation ?

Vivre pour l’autre (CC BY ND)

Un aidant est une personne qui apporte de l’aide de façon récurrente à un proche. Il peut s’agir d’un ami, d’un voisin ou d’un membre de la famille en manque d’autonomie. Avec le documentaire « Vivre pour l’autre », nous plongeons dans le quotidien de quatre aidants-proches, sous le regard d’une psychologue.

Entre les difficultés et le manque de reconnaissance, le rôle des aidants-proches est parfois lourd à porter. Invisibilisés, peu et mal-informés, beaucoup d’entre-eux ne savent même pas qu’ils sont aidants. Pourtant, leur fonction n’est pas anodine, et même essentielle au système médico-social actuel. Les aidants-proches sont en effet plus d’un million en Belgique et font économiser plus 12,5 milliards d’euros à la sécurité sociale. Avec l’espérance de vie qui s’allonge, ils seront encore plus nombreux à l’avenir. A quand une véritable reconnaissance ?

« Vivre pour l’autre » a été diffusé le 10 avril 2024 dans l’émission #Investigation sur la RTBF. Il est également possible de le revoir via la plateforme Auvio.

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Guerre d’exil

Mammouth - mer, 10/07/2024 - 15:26
Quand le conflit turco-kurde s’exporte en Belgique

Illustration Lucie Dupont

La transnationalisation de conflit, concept théorisé par le professeur français, Olivier Grojean est le point de départ de « Guerre d’exil ». Ce podcast est né de l’envie de comprendre comment un conflit peut avoir un impact sur des communautés expatriées, au départ du cas des Turcs et des Kurdes de Belgique.

A travers ce projet, nous avons tenté de créer ou de recréer un dialogue, aujourd’hui presque inexistant, entre les communautés turque et kurde en Belgique francophone. Nous sommes partis à la rencontre de trois familles turques et trois familles kurdes aux quatre coins de la Belgique francophone pour comprendre comment un conflit a pu s’exporter à plus de 3000 kilomètres de la Turquie. Notre podcast met en lumière les tensions qui opposent les deux communautés, mais aussi ce qui les rassemble.

Guerre d’Exil est un podcast réalisé par Chloé Baudru, Léa Degay et Noa Schumann

Remerciements

Merci à Ara, Emine, Mimi, Nevine, Omer, Osmane, Pervine, Rabia, Selim, Salma et Zeria. Pour garantir l’anonymat de nos sources, ces noms ont été empruntés.

Guerre d’exil est un documentaire radiophonique réalisé dans le cadre d’un mémoire médiatique, présenté en deuxième année de master en presse et information à l’IHECS. Pour découvrir les coulisses du projet, c’est par ici.

Guerre d’exil est une œuvre originale non libre de droit, toute reproduction sans le consentement de ses titulaires est susceptible d’être qualifiée de contrefaçon.

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À reprendre ou à laisser

Mammouth - sam, 06/07/2024 - 09:44
Face à un métier éreintant, faut-il rester à la ferme ou s’imaginer un destin loin des champs ?


Lucie Pelé (CC BY NC ND)

Depuis plusieurs années, la moyenne d’âge des agriculteurs et des agricultrices belges augmente, atteignant aujourd’hui les plus de 58 ans (Statbel). Ce nombre inquiète non seulement celles et ceux d’entre eux qui sont proches de la pension, mais aussi leurs enfants, qui s’imaginent parfois un destin loin des champs. En cause : un métier aux conditions toujours plus solitaires, précaires et éreintantes.

Face à cette situation, une question se pose du côté des enfants, qui observent chez leurs parents le poids des années de travail pour des fruits qu’ils pourront à peine récolter: “pourquoi finalement rester à la ferme ?

Et, “est-ce bien raisonnable de transmettre à ses enfants son exploitation ?”, du côté des parents, qui imaginent les dettes, la charge du travail ou les potentiels accidents qui accompagneront cette reprise. 

Au milieu de cet entrelacs familial, débarquent dans les fermes de nouveaux profils : les hors cadres familiaux (HCF). Ceux-ci n’ont pas le même accès à la terre que les enfants d’agriculteurs. Mais si les HCF ne partent pas avec les mêmes clés en mains, ils font face aux mêmes obstacles : des terres hors de prix sous l’accaparement des firmes, des sociétés de gestion ou des grandes exploitations.

Au sein des transmissions agricoles, ce sont non seulement des enjeux humains et familiaux qui se décident, mais aussi des questions politiques, économiques, et écologiques. C’est également l’avenir de la sécurité alimentaire qui se joue. 

Pour rendre compte de l’importance et des difficultés de la reprise ou de l’installation, nous nous sommes rendus dans différentes fermes belges, à la rencontre de celles et ceux qui vivent de l’agriculture aujourd’hui, aussi passionné·es que dépassé·es.

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L’empire des gîtes

Mammouth - sam, 06/07/2024 - 09:21
À Xhoffraix, l’afflux de touristes ne plaît pas à tout le monde

Photos : Camille Remacle (CC BY NC SA)

La Wallonie est une terre d’accueil privilégiée pour les gîtes, ce ne sont pas les Lodomez qui vous diront le contraire. Dans leur village natal d’Xhoffraix, cette famille est à la tête d’une trentaine d’hébergements. Entre une économie qui tourne et les nuisances occasionnées, comment les habitants cohabitent-ils avec ce véritable empire touristique ?

Article co-publié avec Le Soir

Vendredi matin, c’est le jour des arrivées dans les gîtes de la famille Lodomez à Xhoffraix. Julie Lodomez hisse dans son coffre d’énormes sacs IKEA remplis de draps propres. Le gîte le plus proche nes se trouve qu’à une centaine de mètres du bureau d’accueil, mais les sacs sont lourds et encombrants. Impossible d’y aller à pied. Après avoir chargé les sac bleus et jaunes dans le coffre et s’être assurée qu’il restait assez de flyers dans la portière, Julie démarre son bolide. C’est parti pour mini road trip dans les rues du village.

Premier arrêt, le gîte “Le Héron”, où deux ouvrières nettoient les vitres. Julie les salue et papote avec elles. À l’intérieur, la décoration est soignée, mais Julie remet le mobilier en place. “On a commencé à travailler avec une agence d’intérim pour le nettoyage,” commente-t-elle en bougeant un siège. “Ils travaillent bien, mais ils ne remettent pas toujours les choses au bon endroit”.

Après avoir disposé les flyers sur la table basse, Julie jette un dernier regard. Tout est fin prêt pour accueillir les clients. Elle sort en replaçant les clés dans le boîtier mural installé depuis le covid. “Les gens préfèrent, ils peuvent arriver quand ils veulent.”

Juste en face du Héron, de l’autre côté de la rue, trône le Grand Cerf. Avec 25 places, ce gîte est légèrement plus petit que le Héron. Les lampes en pattes de chevreuil y côtoient les peintures de la fagne et les photos du château de Reinhardstein. “Celui-ci, on l’a rénové il n’y a pas longtemps… Par contre la déco, c’est mon grand-père. Il aime bien ce genre de truc, moi je ne suis pas trop fan.” Le Grand-père de Julie, c’est Freddy Lodomez. Il n’est pas un excellent décorateur d’intérieur mais c’est un brillant entrepreneur. Lodomez Construction ? C’est lui. La rénovation de l’imposant Chateau d’Urspelt au coeur du Luxembourg ? C’est encore lui. Le succès des gîtes Lodomez ? C’est toujours l’œuvre de Freddy. Mais ses succès, Freddy ne les a pas construit tout seul. Chez les Lodomez, on aime travailler en famille.

Xhoffraix, 2024, Julie lors de son inspection matinale, Une affaire de famille

Dans la région, Freddy et son frère Léon ont été des précurseurs dans la construction de gîte. En 1974, ils étaient les premiers à rénover des maisons pour les transformer en gîtes. Amoureux de leur régions, ils avaient flairé le potentiel touristique de l’Est de la Belgique. Et ils avaient vu juste : En 2022, 186 000 nuitées touristiques ont été enregistrées rien que sur la commune de Malmedy. Un succès qui profite à la famille : en 2024, les “Maisons de vacances et chalets Haute-Fagne famille Lodomez”, ce sont 615 lits répartis dans 30 gîtes, dont 26 se situent dans les villages de Mont et Xhoffraix. 615 lits… Ces chiffres impressionnent d’autant plus lorsque l’on sait que le village de Xhoffraix ne compte que 700 habitants ! La seule rue du Raideu accueille dix gîtes de moyenne et grande capacité, reconnaissables à leur pancartes vertes pomme plantées face à la route. L’une des seules maisons dépourvue de pancarte dans cette rue, c’est celle de John. 

John n’est pas seulement le fils de Freddy et le père de Julie, c’est aussi lui qui a repris l’affaire familiale. Depuis deux ans, il a été rejoint par sa fille, diplômée de gestion hôtelière. En refermant la porte du Grand Cerf, Julie se confie sur son parcours. “A la fin de mes études, j’ai fait un stage Au Manoir des Lébioles. [un hôtel-château ultra luxueux niché sur les hauteurs de Spa] C’est vraiment un autre monde que les gîtes. Ici, les gens viennent avec leurs chiens, ils randonnent… C’est plus ‘à la bonne franquette’, tandis que là-bas, j’ai déjà dû accueillir des clients qui se posaient en hélicoptère. C’est vraiment un autre délire.” 

Un peu plus loin, “La Triental” se dresse devant nous. “Ca c’est un des gîtes de mon tonton”, commente Julie en tirant un énorme sac bleu. « On s’en occupe à sa place et on prend un pourcentage.”

Nuisances et gîtes de grande capacité Xhoffraix, 2024, Beaucoup de gîtes offrent une vue à couper le souffle.

Au fond de la rue, à proximité de la maison de John, se trouvent  “Les Lonneux”. Plus moderne que les précédents, ce gîte impressionne par sa taille et ses énormes baies vitrée offre une vue époustouflante sur la vallée de la Warche.

Julie poursuit son inspection, des draps plein les mains. “Ce gîte pouvait accueillir jusqu’à 38 personnes. Depuis cette année, on a diminué le nombre à 27, parce que ma tante qui habite juste à côté, se plaignait du bruit. Alors on a remplacé une chambre par un home-cinéma.”

Habiter à côté d’un gîte, ça peut être compliqué, mais quand c’est un hébergement de grande capacité, ça peut carrément devenir invivable. José Michel, habitant du village de Mont, en sait quelque chose. Depuis 2007, un gîte de 25 personnes s’est installé dans la maison adjacente à la sienne, rachetée par un promoteur flamand. Pour lui, à part de la nuisance, les gîtes n’apportent rien aux villages dans lesquels ils se trouvent. « Il ne me viendrait pas à l’esprit d’installer un gîte au milieu d’un village… Les propriétaires viennent de la ville, ils ne se présentent même pas aux voisins. Ils s’en foutent des réalités du village. » Épuisé, José subit les fêtes intempestives qui peuvent durer jusqu’à la levée du jour. Depuis deux ans, c’est un nouveau propriétaire qui a repris le gîte et José l’a prévenu, il ne fera plus de concession. « C’est un Anversois. Celui-là au moins il s’est présenté. »

Le décalage entre les propriétaires et les habitants du village est une problématique connue des communes, qui commencent à serrer la vis. À Malmedy, les propriétaires sont obligés d’habiter à moins de 500 mètres de leur bien en location. Lorsque ce n’est pas possible, ils doivent désigner une personne de référence. Pour John Lodomez, cette obligation est évidente. « J’habite entouré de plusieurs gîtes, donc je subis parfois les nuisances. Lorsqu’il y a un souci, on peut être sur place en un rien de temps. Ce qui pose vraiment problème, c’est quand les propriétaires habitent loin. »

Un avis partagé par Liane Noël, habitante de Mont et voisine de José. « La personne de référence pour le gîte à côté de chez José, c’est une dame seule. Le jour où c’est une bande de gars qui font la fête, ce n’est pas elle qui ira les trouver. »

« Depuis que je travaille pour les gîtes, j’ai mis pas mal de choses en place pour éviter les nuisances, dit Julie en remontant dans sa voiture, j’ai placardé l’ordonnance de la police, mis des panneaux qui rappellent que le retour au calme est obligatoire après 22 h, j’affiche le règlement sur le tableau en liège et le renvoie par mail aux clients ». Julie ne rigole pas avec le calme, si elle est appelée pendant la nuit, les clients devront s’acquitter d’une facture de 300 €.

Xhoffraix, 2024, Le village n’est desservi que par une ligne de bus, la ligne 397. Les gîtes, facteurs de cohésion sociale ? Xhoffraix, 2024, « Les clients aiment la déco un peu rustique »

À côté de l’ordonnance de police et du règlement d’ordre intérieur punaisés sur ces fameux panneaux, un flyer beige et orange attire l’attention. Il s’agit d’un fascicule pour le restaurant du village « Chez Rémy ». Murielle Lejoly, la tenancière de la taverne, en est convaincue, les gîtes sont nécessaires pour l’économie du village : « 50 % de ma clientèle provient des gîtes. Sans eux, je pourrais fermer boutique. »

Pendant la semaine, c’est plutôt calme au restaurant, mais dès que le week-end arrive, la course commence. Mayrine, la fille de Murielle, s’active derrière les fourneaux tandis que sa mère jongle entre les commandes, le bar, le service… Le tout en français, néerlandais, anglais et allemand. Outre les touristes, le restaurant a aussi sa clientèle d’habitués. « Avoir autant de touristes permet d’avoir un lieu où les gens du village peuvent se réunir, passer du bon temps, confie Murielle en débarrassant une table, par exemple, j’ai un client qui a perdu sa femme et qui vient manger ici deux à trois fois par semaine. Il aime bien venir pour sortir de chez lui, rencontrer des gens. »

« 50 % de ma clientèle provient des gîtes. Sans eux, je pourrais fermer boutique. » – Murielle Lejoly, tenancière de « Chez Rémy »

« Chez Rémy », ce n’est pas seulement un restaurant-bar-taverne-lieu de rencontre pour les villageois, c’est aussi une mini-supérette. À côté de la caisse enregistreuse, les étagères supportent le poids des packs d’eau, des produits ménagers et des chiques acidulées. Les prix y sont affichés avec des petites étiquettes écrites à la main. « Le petit magasin, il dépanne tout le monde. Ça évite aux gens de devoir courir à Malmedy juste pour racheter des sacs-poubelles. » Murielle et Mayrine tiennent vraiment à garder ce petit coin épicerie, même s’il n’est pas très rentable. « Quand on est dans le rush en salle et qu’en plus on doit aller encaisser pour le petit magasin, c’est un peu compliqué. » Parmi les clients les plus fidèles de la petite supérette, il y a les pensionnaires du Tchession, une structure résidentielle pour les adultes atteints de handicap. À côté de la caisse enregistreuse sur laquelle Murielle pianote avec son index, on retrouve les fameux flyers du restaurant. « J’ai dû refaire mon stock. Les propriétaires de gîtes viennent souvent m’en prendre pour les mettre dans leurs locations. »

José n’est pas convaincu des bénéfices économiques engendrés par les touristes qui affluent en masse chaque week-end. « Je vois toujours les Hollandais débarquer avec des frigobox remplis… À part pour le pain, ils ne consomment rien chez nous ! » À force de subir des nuisances nuit et jour, José en vient à détester les touristes. Liane, de son côté est plus mesurée. « Il faut comprendre José, lui il a vraiment le nez dessus. J’ai travaillé dans le tourisme et je fais l’accueil d’un gîte situé un peu plus haut. Je n’ai rien contre les Hollandais et les Flamands. Et puis on a tellement une belle région, je comprends ceux qui veulent passer du temps ici ».

Xhoffraix, 2024, Pendant la semaine c’est plutôt calme dans le village, c’est pendant le week-end que se remplissent les gîtes. La jeunesse de Xhoffraix Xhoffraix, 2024,  » Ici c’est à la bonne franquette. Les clients font leurs lits eux-même. »

Liane déroule une petite affiche « Non aux nouveaux gîtes aux cœurs de nos villages ». On y voit un cœur rouge avec des silhouettes noires de bâtiments de village. « C’est moi qui l’ai dessinée, dit Liane avec un sourire, on reconnaît le clocher de l’église de Xhoffraix, mais cette affiche peut fonctionner dans tous les villages. On a lancé ça il y a quelques années avec José, quand deux maisons ont été rachetées à Mont pour y faire des gros gîtes ultra luxueux. On se demandait quand ça allait s’arrêter. » Liane confie que certains de ses amis, qui sont propriétaires de gîtes, n’ont pas bien pris cette démarche. « Ils ne comprenaient pas, ils me disaient ‘tu es folle ?’. Mais on a rien contre les gîtes qui sont déjà là, ce qu’on ne veut pas, ce sont les nouveaux gîtes. On trouve qu’il en a déjà bien assez. »

Liane déplore la pression immobilière toujours plus forte qui pèse sur les deux villages. « C’est tellement compliqué de devenir propriétaire pour les jeunes maintenant. Mon filleul, par exemple, il aimerait bien s’installer à Mont, mais c’est impossible. Quand on voit le prix des terrains, c’est hallucinant. Plus bas dans le village, il y a un terrain à vendre. Il coûte 80 000 € alors qu’il est en pente et coincé entre deux chemins. »

« On a rien contre les gîtes qui sont déjà là, ce qu’on ne veut pas, ce sont les nouveaux gîtes. On trouve qu’il en a déjà bien assez.» – Liane Noël, habitante de Mont

Depuis le 30 janvier 2023, la Région Wallonne impose la délivrance d’un permis d’urbanisme avant la transformation d’une habitation en logement touristique. Une façon de donner plus de pouvoir aux communes afin d’enrayer la désertification de leurs villages. Selon l’échevin du tourisme de la commune de Malmedy, André Hubert Denis, les gîtes participent à l’économie de son entité, mais ils ne doivent pas être un frein pour les jeunes qui souhaitent s’y installer.

Les jeunes ont peut-être du mal à s’installer dans leur village, mais ils ne sont pas moins présents pour autant. La Jeunesse de Xhoffraix est l’une des plus active de la région. D’ailleurs Julie en fait partie. « Cette année, on a accueilli 10 nouveaux jeunes”, raconte Julie en reprenant la route vers le bureau. “Ici, on a encore réunion ce soir pour préparer le prochain bal. » 

Parce que Xhoffraix, ce n’est pas qu’un joli village rempli de gîtes et d’affiches en tout genre. Xhoffraix, c’est la musique de la nuit de mai jouée par le Brass Band qui résonne dans les rues et les lendemains compliqués après avoir dansé toute la soirée dans les bals de la jeunesse. Encore du bruit, mais cette fois tout le monde est convié à la fête.

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La Ligue des champions fait peau neuve : comment ça marche ?

Mammouth - ven, 28/06/2024 - 11:30
L’UEFA change le format de toutes ses compétitions européennes de football dès la saison prochaine. On vous explique.

Photo : Tembela Bohle – Pexels

Le football européen est en constante évolution. L’UEFA cherche toujours un moyen de rendre ses compétitions plus attractives, et cela passe aujourd’hui par un nouveau changement de format, avec plus de matchs. La Ligue des Champions actuelle se compose d’une phase de groupe disputée par 32 équipes, réparties en 8 groupes de quatre. Les deux premiers de chacun de ces groupes sont qualifiés pour les huitièmes de finale. Lors de la saison 2024-2025, les formats des trois compétitions européennes vont drastiquement changer.

Concrètement, qu’est-ce qui change ?

Les trois compétitions européennes se joueront sous forme de championnats, composés de 36 équipes chacun. Chaque équipe de Champions League et d’Europa League jouera huit matchs, contre huit adversaires différents. En Conference League, chaque équipe jouera six matchs, contre six équipes différentes. Ces matchs seront déterminés selon 4 “pots” d’équipes : les meilleures (suivant le classement UEFA) étant dans le pot 1, les suivantes dans le pot 2, etc. En Champions League, n’importe quelle équipe affrontera 2 équipes de chaque pot afin d’équilibrer les rencontres. Les résultats de ces rencontres détermineront les classements dans chaque championnat, appelé ligue. Une victoire compte pour 3 points, un match nul pour 1 point, et une défaite pour 0 point.

Les huit premières équipes de chaque ligue se qualifieront directement pour les huitièmes de finale. Les équipes classées entre la 9ème et la 24ème place participeront quant à elles à un match de barrage aller-retour pour pouvoir accéder aux huitièmes de finale. Les équipes qui finiront de la 25ème place à la 36ème place seront éliminées de la compétition.

Un exemple de tableau de Ligue des Champions 2024-2025 :

Le format des phases finales n’a pas changé: les huitièmes, les quarts et les demi-finales se joueront sur un match aller-retour. La finale, enfin, garde son format d’un match unique dans un stade choisi par l’UEFA.

La Ligue des champions : des changements incessants

Pour les spectateurs les plus jeunes, cette nouvelle réforme de la Ligue des Champions peut sembler être un changement sans précédent dans l’histoire du football moderne. Mais depuis sa création en 1955, la compétition, appelée à l’époque “Coupe des clubs européens champions”, a fréquemment changé de format.

Initialement, elle ne regroupait que 16 équipes différentes dont les 7 vainqueurs des plus grands championnats européens. Les équipes s’affrontaient immédiatement en huitièmes de finale. 

Lors de l’édition 1963-1964, le nombre de participants double et le tournoi démarre alors en 16èmes de finale. Ce format est, historiquement, celui qui durera le plus longtemps, avec quelques adaptations. La règle des buts à l’extérieur naît en 1965 (elle ne disparaîtra qu’en 2021). Cette règle qualifiait l’équipe qui avait marqué le plus de buts sur le terrain adverse si les deux équipes se retrouvaient à égalité au terme des deux matchs.

Pour sa dernière année sous son ancien nom, lors de l’édition 1991-1992 la compétition change de format : les deux premiers tours restent inchangés, mais les quarts et les demi-finales sont remplacées par une phase de poules. Les huit dernières équipes encore en lice étaient réparties dans deux groupes, dont les vainqueurs s’affrontaient en finale.

En 1992, c’est le début officiel de la Ligue des Champions, sous le nom qu’elle garde encore aujourd’hui. Si le dernier format mis en place ne dure qu’une année de plus, il est le précurseur de ce qui aura caractérisé les compétitions européennes jusqu’en 2024 : les phases de poules.

En 1993, le format varie légèrement. La phase de poules remplace uniquement les quarts de finale. Les deux premiers de chaque poule filent alors en demi-finale. Mais ce changement ne convainc pas, conduisant à la mise en place de la Coupe de l’UEFA. Il est remplacé l’année suivante par une compétition regroupant uniquement 16 équipes. Quatre poules de quatre équipes envoient les deux premiers de chacune d’entre elle en quarts de finale.

En 1997, deux poules sont rajoutées et seuls sont qualifiés en quarts de finale les vainqueurs de poule ainsi que les deux meilleures équipes ayant terminé à la seconde place du groupe.

Deux ans plus tard, la compétition reprend un rythme à 32 équipes. Huit poules de quatre équipes se disputent une première phase. Les 16 meilleures disputent ensuite une seconde phase de poule et les deux premiers passent en quart de finale.

En 2003, la compétition prend la forme qu’on lui connaît actuellement, avec une seule phase de poules suivie d’une phase à élimination directe. Plus de 20 ans après, l’UEFA estime qu’il est à nouveau temps de changer de format, au grand dam des fans, qui ont exprimé leur mécontentement sur les réseaux sociaux.

A qui profite ce nouveau format ?

Plus de places, plus de matchs, plus de rentrées financières : pour l’UEFA cela semble évident que les clubs seront gagnants. Les nouvelles places supplémentaires seront décernées selon le mérite sportif, a précisé l’organisation lors de la présentation du format.

Cependant, pas de place supplémentaire pour la Belgique, l’Autriche ou encore le Danemark. Les tickets gagnants reviendront aux grands championnats. L’Italie et l’Allemagne, les deux meilleurs championnats au coefficient UEFA en 2024, pourront donc envoyer une 5ème équipe en Ligue des Champions, là où les petits pays se contenteront encore d’un seul représentant. 

Les équipes des plus petits pays auront certes plus de place en Europa League et en Conference League, mais cela renforce encore l’entre-soi des grands clubs dans la compétition reine. Les joueurs devront également jouer quelques matchs de plus, à ajouter à un calendrier déjà très chargé.

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Violences migratoires : Léa, survivante, témoigne

Mammouth - mer, 19/06/2024 - 12:05
Léa* rêvait d’une vie meilleure en Europe. Mais son parcours migratoire a tourné au cauchemar et à l’exploitation sexuelle. Entre les silences, elle témoigne, gorge nouée, d’une réalité vécue par des milliers de femmes oubliées.

Illustration : @zeuss_rbs

Avant de quitter son pays, Léa (un prénom d’emprunt) travaillait dans un call center au Cameroun et, à côté, elle vendait des babouches. Il y a plus d’un an, une amie, qui avait réussi à rejoindre l’Italie, lui transmet le numéro du passeur qui l’a aidée à quitter le pays par des voies irrégulières. C’est là que tout commence. Sur la foi de ce simple contact, elle abandonne tout pour rejoindre l’Europe, qui, pour elle, résonne avec l’espoir d’une vie meilleure.

Son parcours migratoire l’amène à traverser le désert du Sahara, une zone de non-droit où elle est témoin de scènes atroces. Elle passe plusieurs mois en Algérie dans des conditions précaires, exploitée par des réseaux de nettoyage afin de réunir de l’argent et continuer sa traversée. Une fois arrivée en Italie, elle est emmenée à son insu dans un réseau d’exploitation sexuelle par une organisation internationale.

Le récit migratoire de Léa a une dimension singulière, tout en étant pluriel. Les réseaux d’exploitation sexuelle profitent de la vulnérabilité des personnes migrantes, qui vivent l’horreur en Europe, loin du rêve qu’elles avaient imaginé.

Le rapport d’évaluation de l’Italie du Groupe d’experts sur la lutte contre la traite des êtres humains (GRETA), publié en février 2024, révèle que la majorité des personnes détectées comme victimes potentielles de la traite des êtres humains sont dans 80 % des cas, des femmes. L’exploitation sexuelle en est la forme la plus répandue, devant l’exploitation par le travail. Durant leur parcours migratoire, les femmes et les autres minorités de genre sont plus exposées à des violences systémiques.

Léa, que nous avons rencontrée à Bruxelles, témoigne de cette partie de son parcours, une réalité souvent ignorée.

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« J’ai peur d’oublier la voix de ma grand-mère »

Mammouth - ven, 14/06/2024 - 11:43
N’avez-vous jamais eu peur d’oublier la voix d’un proche disparu?

Crédits photos : Jarmoluk

Vous souvenez-vous de la voix de vos proches? Ceux qui sont partis ? Un parent ? Un grand-parent ?

Je ne parviens plus à me souvenir de la voix de ma grand-mère. Quand je pense à elle, c’est le black-out complet.

Mais comment cela se fait-il ? Comment peut-on oublier la voix de ceux dont nous étions le plus proche ? De ceux dont nous partageons le même sang ?

Toutes ces interrogations me taraudent, m’empêchent de dormir parfois. C’est pour trouver des réponses, et un peu de sommeil, qu’avec Martin, nous nous sommes lancés sur la piste de la voix…

Un podcast réalisé par Martin Schafer et Lilian Lefebvre.

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Sans-papiers : Au jour, la peur. À l’heure, l’exploitation

Mammouth - ven, 14/06/2024 - 09:05

Dorine Busoro

Quand la police passe par la rue commerçante qui relie Delacroix à Clemenceau, à Anderlecht, une trentaine de sans-papiers retiennent leur souffle. Haji prie pour ne pas se faire attraper, encore moins à la veille de l’Aïd. Dans l’épicerie africaine où il travaille, combien de temps passera-t-il entre les mailles du filet ? Encore gagner un jour. Encore six euros pour une heure.   

Haji : Dans ma vie, j’ai pas pleuré, sauf ce moment-là avec ma mère. C’est là que j’ai vu qu’elle m’aimait trop. Là j’ai vu comment une mère aime son enfant. Quand j’étais petit, je ne l’avais pas vu.  

Silence. Respiration.  

Haji : Et moi aussi, j’ai compris que je l’aime trop.  

Silence. Celui-ci était long. Alors gêné, il sourit. 

Ce soir-là, simple mercredi d’avril, Haji m’a offert un morceau de son histoire, et par la suite, un bout de son quotidien dans lequel je vous emmène.

La petite fille observe, 27 avril 2024, Clemenceau.  

Clemenceau

Derrière un sourire, peut se cacher un tout autre monde. Debout derrière le comptoir, Haji s’efforce de sympathiser avec les clients qui poussent la porte du magasin. Mais ses paupières sont lourdes et son ventre est vide. Pas le choix, il faut travailler, même en temps de ramadan. Heureusement, demain c’est l’Aïd, et son patron pakistanais l’a autorisé à prendre congé.

Il n’y a plus. Prends farine du Cameroun, c’est la même chose que RDC”. Jason, le collègue de Haji, doit convaincre une tantine que toutes les farines de manioc se valent.  Le magasin, avec sa forme rectangulaire remplie d’énormes congélateurs et ses murs blanc rendus invisibles tant il y a d’étagères, comme l’ensemble des magasins de la rue, vend des produits africains. À Anderlecht, c’est l’endroit parfait pour trouver ses bananes plantains ou son gombo, juste après s’être acheté sa viande de chèvres aux abattoirs. Parfait ? Tout est relatif. “Ici, ils (les patrons des magasins) n’embauchent que les sans-papiers” glisse Jason. C’est à dire, ceux qui n’ont pas ou plus de titre de séjour légal pour rester en Belgique, ce qui représente 100 000 à 150 000 personnes, selon la Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers (CIRÉ).

Comme il est Africain, c’est Jason qui s’occupe le plus des clients. Haji est moins légitime, parait-il, alors il s’occupe de la caisse pendant que son collègue fait les allers-retours pour remplir les casiers vides dehors, ou répondre aux “C’est combien ?” incessants des clients. Haji travaille ici depuis deux ans et demi. Au fil des mois, il a su négocier avec son patron. Maintenant, il gagne 6 euros de l’heure et a congé le lundi. Jason lui, travaille depuis un an. Il gagne 4,50 euros de l’heure et travaille tous les jours. En Belgique, depuis le 1 avril 2024, le salaire minimum brut légal est de 12,33 euros par heure. Jason et Haji travaillent de 9 à 18h pendant le ramadan. Jusque 20h en temps normal, parfois, 21h. Le régime de travail considéré comme “normal” par le SPF de l’emploi est de 8 heures par jour. Jason et Haji gagnent donc environ un tiers du salaire légal par heure. Mais bon. Tout est relatif. Même la sécurité. 

Dans le magasin, 27 avril 2024.

Daech

Haji : la sœur de ma maman, son fils…comment on dit ?  

Journaliste : Ton cousin ? 

Haji : Oui c’est ça, mon cousin, Lalmarjan. Il avait le même âge que moi, 19 ans.  

Assis dans un café marocain près du métro Clemenceau, Haji parle en tenant son thé dans les mains. Avec ses cheveux et yeux noirs, son visage carré déjà ridé, il parait plus vieux, dans la trentaine. Il a des airs de Zelensky. Dans une autre vie, il aurait pu être Ukrainien. Mais il est originaire de Nangarhar, une province de l’Est afghan.  

Haji : Lalmarjan m’a appelé pour aller faire du sport avec lui. Ils habitaient de l’autre côté de la rivière. Presque, le soleil tombait. C’était fin d’après-midi. L’eau de la rivière avait levé, donc pour y aller, je devais prendre le… le bridge (« le pont », ndlr). Quand je suis arrivé, j’ai vu des hommes de Daech avec leurs armes. On les reconnait directement, ils ont toujours leur drapeau et ils portent leurs bandeaux noirs sur la tête avec écritures coraniques. J’ai vu qu’ils commençaient un travail. Ils faisaient des trous dans la terre, en face du bridge et mettaient comme des gros bidons dedans. C’est une des manières qu’ils ont pour faire les bombes. Parfois tu sais, ils ont des cibles qu’ils doivent tuer, des Américains, des gens de l’armée ou du Gouvernement. Puis, deux hommes sont venus m’arrêter. J’ai expliqué que j’allais faire du sport. L’un m’a dit, ce que tu as vu, tu ne le dis à personne sinon on te tue. Moi j’ai dit j’ai rien vu, j’ai rien vu. J’avais peur. Je voulais partir. Ils m’ont dit on te laisse mais s’il y a quelque chose, c’est toi. 

Répression 

Si la police rentre dans le magasin, Haji et Jason doivent agir comme s’ils étaient eux-mêmes des clients, en attrapant tout de suite des articles. C’est le protocole. Quand un contrôle commence, toute la rue est mise au courant. Même si le magasin de nos deux amis est, pour l’instant, passée sous le nez des policiers, il faut toujours se faire discret. Notamment éviter les disputes avec les clients (ce qui n’est pas facile selon Haji). “Chaque matin je sors, j’espère qu’on ne va pas m’attraper. Chaque minute, chaque heure, ça passe difficilement. Et quand je reviens le soir, je me dis aujourd’hui c’était la chance.”, confie Haji. Des sentiments que Jason partage. Pour celui-ci, seul un sans papier peut comprendre un autre sans-papier, comprendre la peur qui les habite en permanence. Récemment, un ami à lui s’est fait prendre et a été mis dans un centre fermé.

Le CIRÉ décrit ces lieux comme “des prisons qui ne disent pas leur noms”. Les sans-papiers arrêtés sont placés là-bas pendant plusieurs semaines, voire des mois, le temps d’organiser leur expulsion ou réexaminer leur demande d’asile. L’Office des étrangers nuance. Ces centres ne devraient pas être considérés comme des prisons car “un détenu doit purger une peine fixe, éventuellement revue à la baisse […]. L’étranger maintenu dans un centre fermé peut, quant à lui, peut décider du moment de son départ pour autant qu’il collabore et donne les informations nécessaires pour organiser son retour.”

Alex & Eric

Fuite 

Haji : ma mère a pas pris le bridge. Le matin la rivière est basse, alors elle est entrée dans l’eau, direct, pour venir me chercher. Comment j’ai vu ma mère ce jour-là, j’ai eu peur. Elle n’avait pas les chaussures. Elle a crié mon nom. ”Haji ! Haji ! Qu’est-ce que tu as fais ?” J’ai pas compris. Elle a dit: “La nuit des hommes de Daech sont venus à la maison pour te chercher. Qu’est-ce que tu as fait ? » Là, j’ai eu peur. Trop même. Les services de renseignements on su que Daech voulait faire attentat dans le bridge. Ils pensaient que c’était moi qui avais prévenu mais jamais j’ai fait ça. Alors c’est comme ça que Lalmarjan a préparé le départ. Parce que quand Daech te cherche, tu es mort. Une voiture, comme taxi est venu. Je devais partir. Ma mère… 

Il s’arrête. Ses yeux se mettent à briller. Derrière lui, la télévision passe le journal en arabe. Quatre messieurs assis à côté de nous jouent aux cartes en prenant soin de taper sur la table à chaque fois qu’ils en posent une.  

Haji : Ce jour-là… c’était fort, murmure-t-il.  

Silence.  

Haji : Dans ma vie, j’ai pas pleuré, sauf ce moment-là avec ma mère. C’est là que j’ai vu qu’elle m’aimait trop. Là j’ai vu comment une mère aime son enfant. Quand j’étais petit, je ne l’avais pas vu.  

Silence. Respiration.  

Haji : Et moi aussi, j’ai compris que je l’aime trop.  

Silence. Celui-ci était long. Alors gêné, il sourit. 

Haji : je suis resté dans le coffre pendant peut être une heure. Ensuite, le chauffeur m’a fait rencontrer Armed. Lui m’a dit qu’on devait aller à Kaboul, à la gare des bus. Là-bas, on allait m’envoyer à la frontière de l’Iran. Il m’a donné un ticket. Il était écrit “Haji Bilal”. Il m’a dit dès que je descends là-bas, quelqu’un va venir me chercher. Il dira plusieurs fois “Haji Bilal”, “Haji Bilal” et je peux pas dire que je suis *******. J’avais un faux nom maintenant. Il m’a répété : “Tu es Haji Bilal maintenant”. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai jamais oublié ce nom-là.  

Dans cet article, Haji et Jason sont deux noms d’emprunt. 

Fimbu X Coup du marteau – mariage congo-ivorien.

Mariage  

L’Aïd n’est plus qu’à quelques heures. Dehors, le soleil semble annoncer l’arrivé des festivités. Aujourd’hui, beaucoup de femmes voilées entrent dans le magasin. À entendre leur accent, elles viennent de Guinée ou du Sénégal. Jason prend le temps de connaitre le besoin de chacune, toujours en mouvement.  

Au fond du magasin, il coupe des morceaux d’un poisson salé congolais, mains nues. « Je t’aurais bien proposé de couper mais le couteau est dangereux« , me lance Jason. Le couteau ressemble à une hache.  « Mais non ! » s’indigne la cliente. « Tu ne vas pas la laisser couper. Regarde comme elle est propre. Elle ne va pas faire ça ». « Et donc moi, je suis sale ? «  demande Jason. La cliente essaie de se rattraper : « Non…c’est parce que tu es un homme. »  

Mais c’était trop tard. Jason s’est mis à rire, pour du faux. “Qui va sortir avec un magasinier ? Celui qui pousse les chariots dehors ? J’ai essayé maintes fois de sortir avec des filles ici. Elles me disent qu’elles ne peuvent pas sortir avec moi parce que je ne suis pas capable de répondre à leur besoin”. Pourtant au pays, Jason est marié et a un enfant, une petite fille de 8 ans. C’est pour subvenir au mieux à leurs besoins qu’il refuse d’accepter le jour de congé que lui propose son patron.   

En Belgique, les personnes en séjour illégal peuvent se marier, comme le prévoit d’ailleurs l’article 12 de la Convention européenne des droits humains. Dans les faits, le mariage avec un(e) Belge, permet d’obtenir plus facilement la régularisation. Mais la législation belge a durci les conditions de celui-ci pour éviter tout mariage de complaisance (c’est à dire un mariage qui a pour but uniquement l’obtention des papiers). Le Belge qui conclut un tel mariage encourt une peine d’emprisonnement d’un mois à trois ans et une amende de cinquante à cinq cents euros. “C’était mon rêve de rester avec ma femme. J’ai tout fait pour qu’elle vienne me rejoindre mais ça n’a pas marché. J’ai même cherché quelqu’un qui a la nationalité belge ici et qui peut aller la marier pour la faire venir. Mais il m’a demandé 20 000 euros, c’était trop”.

Mike & Rebecca

Vingt-quatre 

Haji a fini son thé. Seul les feuilles de menthe sont écrasées au fond du verre. Plus les minutes passent, plus le café se remplit dans un boucan ininterrompu. Il poursuit son récit, tristement classique. Après avoir atterri à la frontière de l’Iran, il a entrepris un voyage de 3 000 km jusqu’en Turquie.

43 fois. C’est le nombre de fois qu’Haji a tenté de traverser la mer d’Egée sur un bateau ballon comme il l’appelle, avant de pouvoir passer sous les mailles des gardes-frontières grecs. Et puis après, il y a eu la Bulgarie, la Serbie, la Bosnie, la Croatie, la Slovénie, l’Italie et enfin la France puis la Belgique. Mais son histoire, la Belgique n’y a pas cru. Pas de preuves, pas de papiers. 

Haji : Parfois tu sais, il y a des gens qui viennent au magasin et quand je discute avec eux, ils me demandent mon âge. Quand je dis que j’ai 24, ils rient. Ils me disent non. Toi tu as plus, 35 ou 38 ans. Après je pense, tout ce qui m’est arrivé, ça m’a rendu trop âgé. Quand ils rigolent, ça fait mal. Mais eux savent pas.  

Aussitôt, Haji met sa capuche pour masquer ses larmes.

Haji :  les gens ne savent pas, répète-t-il.  

Il renifle en s’excusant.

Fermeture 

La journée de travail touche enfin à sa fin. Le plus étonnant dans l’épicerie, c’est comment Jason et Haji arrivent à comprendre les clients, même quand ceux-ci s’expriment dans leur langue maternelle. Swahili, Kinyarwanda, Lingala, Wolof…, ils ont maintenant des notions de plusieurs langues africaines mais pas que…c’est en travaillant au magasin, qu’Haji a appris le français. Dehors, les deux s’activent à faire entrer chacune des caisses de bananes, patates douces et autres à l’intérieur. Aujourd’hui encore c’était la grâce de Dieu, aucune arrestation. 

Journaliste : Comment tu comptes fêter l’Aïd demain ?  

Haji sourit.  

Haji : Je vais appeler ma mère.  

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Blandine Coulon, une artiste lyrique pas si classique

Mammouth - jeu, 13/06/2024 - 10:16

« On imagine un certain cliché de la chanteuse d’opéra, et je ne rentre pas du tout dans ce cliché. J’aime bien montrer que l’opéra peut être complètement autre chose que l’idée qu’on en a ». Blandine Coulon est une artiste lyrique hors du commun. Elle nous emmène dans les coulisses de sa vie de chanteuse, dans un documentaire réalisé par Marine Thienpont.

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Enquête : Transparence en chantier à l’Europe

Mammouth - jeu, 06/06/2024 - 09:04
Entre novembre 2023 et avril 2024, 23 étudiants français et belges de l’École supérieure de journalisme (ESJ Lille) et de l’IHECS (Bruxelles) ont enquêté sur les institutions européennes et leurs élus.

ESJ / IHECS (tous droits réservés)

Décembre 2023, ce groupe s’installe dans une salle du journal Le Soir. Le mot d’ordre : trouver un sujet d’enquête collaborative sur lequel les apprentis journalistes travailleront pendant plusieurs mois. Progressivement, le calendrier politique de 2024 s’impose : les étudiant.es vont s’immerger dans les rouages politiques, institutionnels et économiques des assemblées législatives européennes.

Six mois d’investigation collaborative

Les étudiants de l’ESJ et de l’IHECS ont collaboré à Bruxelles, à Lille, à Strasbourg ou à distance. Et ils n’ont pas lésiné sur les efforts : des dizaines de réunions enregistrées, plusieurs milliers de données récupérées et analysées, de nombreux textes législatifs européens décortiqués, les comptes et bilans financiers de plusieurs associations épluchés, des centaines d’expert.es, de témoins ou d’institutionnel.les. contacté.es à travers l’Europe.

Sur le modèle des consortiums internationaux qui rassemblent des journalistes de plusieurs rédactions, ils ont eu l’occasion d’appréhender la méthodologie appliquée à l’investigation collaborative dans le cadre d’un projet commun. Ce travail les a poussé à explorer différents terrains et diverses formes narratives pour aboutir à un résultat de qualité.

Six mois plus tard, plusieurs enquêtes ont débouché sur des informations exclusives. Les étudiant.es ont remarqué que des droits fondamentaux sont amputés à des Européens à leur insu ; ils ont découvert que certains lobbies ont capté des fonds européens à des fins dissimulées ; ils ont aussi examiné les angles morts du lobbying exercé sur les eurodéputé.es, dévoilant au passage des problèmes de transparence de la fonction publique et des conflits d’intérêts privés non déclarés.

Un partenariat avec Le Soir

Cette enquête a été un défi collectif. Pour la mener à bien, l’IHECS et l’ESJ ont tissé un partenariat avec le journal belge Le Soir. Les étudiant.es ont bénéficié des précieux conseils de cinq journalistes. Outre les responsables pédagogiques respectifs de l’ESJ et de l’IHECS, Damien Brunon et Gaëtan Gras, ils ont été encadrés par trois professionnels chevronnés : Christian Spilman (ex-AFP et journaliste pour Contexte), Joël Matriche (Journaliste d’investigation au Soir) et Xavier Counasse (Rédacteur en chef adjoint du Journal Le Soir et chef de la cellule investigation).

Enfin, il convient de remercier Véronique Lamquin (Cheffe adjointe du pôle International) pour son expertise, ainsi que l’entreprise Graydon et l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) pour les accès privilégiés à leurs bases de données.

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Pour les Belges en situation de handicap intellectuel, le suffrage n’est pas si universel
Dans douze pays de l’Union Européenne, il est possible d’ôter le droit de vote aux citoyens en situation de handicap intellectuel, à leur insu. La Belgique en fait partie.

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Dans la peau d’un joueur d’airsoft

Mammouth - sam, 01/06/2024 - 01:21
Équipé de sa réplique de fusil AR-15 et de son faux Kevlar, Winston se lance dans d’intenses parties d’airsoft avec ses potes. Aujourd’hui, on monte sur le terrain avec lui.

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Bruxelles fusillée

Mammouth - lun, 27/05/2024 - 14:27
Découvrez les communes les plus touchées par les fusillades

Crédit photo : Unsplash – ev

Entre mai 2023 et avril 2024, Bruxelles a connu de nombreuses fusillades. Au total, 47. Si les raisons sont diverses, telles que des règlements de compte ou des batailles de gangs rivaux liés à la drogue, ces événements semblent avoir pris une ampleur nouvelle depuis quelques mois.

Le phénomène est-il réparti sur l’ensemble du territoire régional ? Non. L’Ouest de Bruxelles en souffre davantage, et plus particulièrement la commune d’Anderlecht. Mammouth media a épluché les titres de médias francophones (Le Soir, RTBF, Sudinfo, La Dernière Heure et L’Avenir) sur un an, entre mai 2023 et avril 2024, afin de réaliser une infographie sur les communes les plus affectées.

Anderlecht apparait clairement comme la commune la plus touchée. Pas moins de treize fusillades y ont été répertoriées sur un an. Le bourgmestre, Fabrice Cumps, confiait sur les antennes de BX1, en février dernier: “Ce sont les effets collatéraux du trafic de drogue et cette guerre des gangs pour contrôler le territoire. C’est vraiment un cancer pour nos quartiers”.

La problématique dépasse la simple zone Bruxelles midi ou toutes les zones de police locales du pays

Fabrice Cumps sur BX1

Les fusillades se sont-elles intensifiées ces derniers mois ? La substitut du procureur du Roi, Fabienne Ledure, semble le penser. “Si on continue à ce rythme-là, on va exploser les chiffres de 2023”, a-t-elle déclaré récemment lors d’une audition à la Chambre des représentants. L’analyse des articles de presse confirme cette tendance, comme le montre notre second graphique. Il indique clairement une hausse du nombre de fusillades sur le dernier trimestre, avec un pic de 11 fusillades en février dernier.

Comment enrayer la tendance ? Les appels à renforcer le personnel policier se multiplient. Le bourgmestre d’Anderlecht appelle à mettre la police judiciaire fédérale sur le coup pour venir en aide aux zones de police bruxelloises. Mais pendant que les autorités s’interrogent, les fusillades se poursuivent. La tendance semble en effet se confirmer en mai, avec déjà quatre fusillades. au moment d’arrêter notre comptage.

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« On est là pour rester »

Mammouth - ven, 24/05/2024 - 17:07
Chronique d’une semaine d’occupation pro-palestinienne à l’ULB

Photos : Zoé Barbier

« On est là pour rester », « On ne partira pas tant que les revendications ne seront pas entendues », « Soutenir la Palestine, c’est être du côté de l’humanité ». Voici quelques-unes des paroles que l’on peut entendre quand on se balade aux alentours du bâtiment occupé par les étudiants pro-palestiniens. Cela fait maintenant une semaine que ces mêmes étudiants ont commencé leur manifestation et l’occupation du bâtiment B. Des événements qui ne se sont pas déroulés dans le plus grand calme. 

Mardi 7 mai, des étudiants de l’ULB initiaient une manifestation pro-palestinienne, suivie d’une occupation du bâtiment B. Le soir-même, le président de l’union des étudiants juifs de Belgique était agressé sur le campus dans des circonstances où les uns et les autres se rejettent la faut. Les étudiants pro-palestiniens admettent qu’il y a eu des coups légers et des bousculades à la suite de « provocations », mais ils contestent fortement le fait qu’une personne ait été rouée de coups. De son côté, le CCOJB (Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique) parle d’agression pure et d’une manifestation antisémite. Le vice-président de l’organisation, qui souhaite garder l’anonymat, voit dans la manifestation « un prétexte pour tabasser du juif ». L’UEJB (union des étudiants juifs de Belgique) a organisé un rassemblement de 500 personnes vendredi soir pour dénoncer l’antisémitisme et rappeler l’importance de garantir la sécurité des étudiants juifs sur le campus. L’Université Libre de Bruxelles a, quant à elle, décidé de porter plainte.  

Un mouvement international 

Cette manifestation à l’ULB ne vient pas de nulle part. Elle s’inscrit dans un mouvement international amorcé le mois dernier aux États-Unis dans des universités comme Columbia ou Harvard, et qui se répand peu à peu en Europe. Après Paris et Berlin, c’est au tour des universités belges d’y être confrontées.

Le mouvement a débuté à l’université de Gand, où quelque 300 personnes ont commencé à occuper des bâtiments. Cette occupation est toujours en cours et les étudiants ont maintenant le soutien d’une soixantaine de professeurs, même si l’UGent a décidé de ne pas accéder aux demandes des occupants. Les manifestations ont ensuite touché Bruxelles, notamment l’ULB et la VUB.

Dans l’institution bruxelloise francophone, les revendications sont claires. Les étudiants exigent que l’ULB rompe ses liens avec les universités et les entreprises israéliennes mais aussi, et c’est le point qui fâche pour la rectrice de l’université, Annemie Schaus, que l’ULB annule la venue d’Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël pour une conférence. Mme Schaus a déclaré, sur Linkedin qu’elle ne céderait pas. « Je le dis sans ambages : je ne cèderai pas, ni aux intimidations, ni aux pressions, ni aux menaces. Elie Barnavi sera à mon invitation présent à l’Université le 3 juin prochain, au côté de celles et ceux qui tentent, autant qu’ils le peuvent, de résister à la spirale de la haine dans laquelle d’aucuns cherchent à nous entraîner.« 

La vague de protestations pro-palestiniennes a déferlé ailleurs dans le pays, notamment à Liège et à Louvain. Le mouvement s’agrandit chaque jour et les étudiants s’organisent de plus en plus. 

Dortoir, salle d’étude et salle de prière

A l’ULB, les étudiants se sont organisés pour rester dans la durée. A l’intérieur du bâtiment B, rebaptisé Walid Daqqa (du nom du leader et symbole de la résistance palestinienne), plusieurs salles ont été aménagées. Un auditoire sert chaque midi pour les assemblées générales. D’autres salles sont réservées à l’étude ou à la prière. Sans oublier le dortoir, avec quelques matelas au sol. La salle d’étude est une aubaine, selon les étudiants. A l’approche du blocus, une soixantaine d’entre eux peuvent y réviser.

L’organisation pratique est confiée à des groupes de travail. Chacun a sa mission : que ce soit l’organisation des assemblées générales ou la recherche de nourriture. Les dons d’argent ou en nature permettent aux occupants de se nourrir, relate une occupante de la première heure. Les étudiants ont aussi des accords avec certains restaurants qui leur donnent du surplus. Dans chaque groupe, des tournantes sont organisées, histoire de pouvoir se laver ou se reposer.

Les occupants organisent aussi des activités plus ludiques comme un tournoi de foot ou encore des visionnages de films. C’est une occasion pour eux, d’attirer d’autres étudiants, plus hésitants. Ils affichent d’ailleurs leur intention de politiser le campus sur différentes questions, notamment sur la questions de partenariats de l’ULB avec les institutions israéliennes, en lesquels ils voient une « complicité » avec les exactions en cours en Palestine. 

Les occupants sont soutenus par certains professeurs, mais aussi par certains employés de l’ULB. Malgré tout, ils ne font pas l’unanimité sur le campus. Selon une étudiante, ils ont eu « un coup de stress« , dans la nuit du 10 au 11 mai, quand des œufs ont été jetés sur le bâtiment B, une banderole volée et des feux d’artifice tirés en direction de l’entrée du bâtiment. 

Les étudiants pro-palestiniens rappellent que « tout le monde est admis pour se joindre au mouvement », même si ceux qui afficheraient un soutien à l’État d’Israël ne sont pas les bienvenus. Ils n’entendent pas se laisser faire face aux critiques d’antisémitisme. « On est pas là pour faire de la guerre interne et pour traquer du juif, on vise l’ULB avec nos revendications », lance notre étudiante.

Que ce soit du côté des étudiants pro-palestiniens, de l’ULB, ou de l’union des étudiants juifs de Belgique, chacun reste campé sur ses positions, dans un climat de manifestations et d’occupations qui atteint chaque jour de nouvelles universités en Belgique. 

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Festival de Cannes : voici le gagnant du prix « Un certain regard »

Mammouth - ven, 24/05/2024 - 14:24
Alors que le Festival de Cannes a ouvert ses salles ce 14 mai, la Croisette accueille – entres autres – la compétition « Un certain regard » pour la 26e année. Mammouth a saisi sa boule de cristal et vous a prédit, sur base des éditions précédentes de ce prix, le futur gagnant.

Crédit photo : Eliott Chalier et FDC

En marge de la Palme d’or, son prix le plus prestigieux, le Festival de Cannes organise « Un certain regard », une compétition parallèle qui a révélé de nombreux talents. Une étape qui mène parfois vers le haut du tapis rouge, à l’image du Suédois Ruben Östlund qui a remporté la Palme pour Triangle of Sadness en 2022, huit ans après sa victoire dans la compétition secondaire.

« La sélection ‘Un certain regard’, c’est un peu le lot de consolation pour celles et ceux qui sont passés à côté de la Palme », confie Benoit Mariage, cinéaste belge et professeur à l’IAD. « Seulement une vingtaine de films sont retenus pour la compétition principale, sur plusieurs centaines envoyés au Comité de Sélection. Avoir une sélection alternative, ça permet de mettre en avant d’autres coup de cœurs. »

A la tête du Festival de 1978 à 2014, le critique de cinéma français Gilles Jacob décide dès son entrée en fonction de fusionner les catégories spéciales créées suite aux revendications de mai 68. Le nouveau prix est alors instauré dans un vœu de modernité, de liberté créative et d’ouverture du cinéma. En 1998, “Un certain regard” devient une compétition lorsque la Fondation Gan se lie à l’événement en offrant 30 000€ aux distributeurs récompensés.

Sans questionner la qualité des productions soumises pour cette édition 2024, est-il possible de prédire le choix du jury avant l’annonce officielle ? Les 26 années de compétition livrent plusieurs résultats.

Une chance sur cinq d’être une lauréate

Il a fallu presque dix ans pour qu’une femme se hisse sur le podium. Actrices, de Valeria Bruni Tedeschi, a remporté le prix en 2007. Depuis, une parité s’observe davantage. Lors de l’édition de 2023, le jury a retenu six lauréat·es, dont trois femmes. Parmi celles-ci, Asmae El Moudir, réalisatrice marocaine, a été récompensée pour son documentaire “La mère de tous les mensonges”. Présente dans le jury de cette année, son film est d’ailleurs sorti dans les salles belges ce mercredi 15 mai.

Le gagnant sera français ou… roumain

La particularité du prix « Un certain regard » s’observe dans sa sélection internationale, plus timide dans la compétition principale. Les cinéastes promu·es sont issu·es du monde entier. Les productions françaises sont en tête, certes, mais la suite du podium surprend : le cinéma roumain suit en deuxième position, avec sept lauréats. Cette année, le jury tranchera entre 14 nationalités représentées sur les 18 films en lice.

L’occasion de se lancer dans l’industrie du cinéma

Une réalisation sur trois primée depuis 1998 est le premier film du/de la lauréat·e. En 2023, le rappeur belgo-congolais Baloji était récompensé pour son premier long-métrage, Augure, qui a ensuite été choisi pour représenter la Belgique aux Oscars.

Un seul lauréat possible !

Si toutes ces données ne sont que des chiffres et que le choix du jury reste subjectif, elles permettent toutefois de se livrer – prudemment – à des pronostics. Le film L’histoire de Souleymane, de Boris Lojkine, pourrait l’emporter puisqu’il est le seul film réalisé par un homme, Français, dont ce n’est pas le premier long-métrage. Réponse le 25 mai 2024 !

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Haïti face à la violence des gangs

Mammouth - ven, 24/05/2024 - 07:22
Comprendre la crise politique et sécuritaire à Haïti en cinq minutes

Haïti est un des pays les pauvres du monde et il est depuis longtemps soumis à la violence des gangs, qui ont même poussé à la démission le Premier ministre Ariel Henry, en mars dernier. La situation politique semble inextricable. Fin avril, un Conseil de transition a été nommé. Sa mission ? Organiser de nouvelles élections d’ici février 2026. Pour y parvenir, il faudra parvenir à rétablir un climat de sécurité. La tâche est gigantesque.

Tu veux comprendre à la crise politique et sécuritaire à Haïti ? Notre vidéo te donne les clés en cinq minutes.

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L’UE à la pointe de l’encadrement de l’IA

Mammouth - sam, 18/05/2024 - 11:09
Vers une IA « plus sûre et respectueuse des droits fondamentaux » ?

Crédit photo : Unsplash

Chat GPT, Dall-E ou Midjourney, ce sont des noms qui reviennent beaucoup dans l’espace public dernièrement. Les IA, autrement dit les intelligences artificielles, se multiplient et prennent une place de plus en plus importante dans la vie des citoyens, notamment en matière culturelle. La question était à l’ordre du jour d’un Conseil des ministres européens de la Culture, organisé le 14 avril dernier sous présidence belge. Le débat a mené à une conclusion simple : l’IA comporte un grand potentiel, mais une réglementation pour encadrer ces intelligences artificielles est nécessaire.

Invité à s’exprimer en ouverture des discussions, Marnix Verduyn, dessinateur de BD et chercheur sur les intelligences artificielles à la KULeuven, a d’ailleurs plaidé en ce sens. Il a souligné le potentiel de l’IA, mais surtout l’importance pour l’Union européenne de ne pas attendre et d’établir un cadre réglementaire, afin d’éviter de devenir dépendante d’acteurs externes, qu’il s’agisse de super-puissances comme la Chine ou les États-Unis, ou de grandes entreprises telles OpenAI, qui détient Chat GPT.

« Il faut trouver un équilibre entre les chances à saisir qui sont offertes par l’IA, tout en protégeant et préservant la créativité artistique« , a résumé le ministre-président flamand Jan Jambon, qui présidait les débats Si l’intelligence artificielle offre en effet de nouvelles possibilités, par exemple en termes de gestion de données ou en ce qui concerne la découverte de nouveaux publics, elle met aussi le monde culturel face à de nouveaux défis liés au droit d’auteur et à la diversité culturelle, notamment en raison de l’utilisation d’œuvres artistiques dans les entraînements d’IA, qui pose la question de la rémunération équitable des auteurs. Par ailleurs, la propagation des fake news générées par des IA, comme les deepfakes, doit également d’être encadrée.

« Il faut trouver un équilibre entre les chances à saisir qui sont offertes par l’IA, tout en protégeant et préservant la créativité artistique. »

Jan Jambon

Pour la commissaire européenne en charge de la culture, Iliana Ivanova, une coopération entre les acteurs de l’IA et le secteur culturel est essentielle. « 100 millions d’euros pour créer une infrastructure numérique pour connecter les professionnels de la recherche, afin de développer des instruments de collaboration novateurs, en lien avec divers secteurs« , a-t-elle affirmé.

Somme toute, l’Union Européenne souhaite encourager le développement de l’IA auprès du secteur culturel, et même encourager la création d’outils spécifiques pour le secteur culturel. Cependnat, elle n’en entend pas moins réguler strictement le développement de l’IA, notamment à travers le fameux IA Act .

L’UE à la pointe de l’encadrement de l’IA

Avec l’AI Act, l’Europe veut se positionner à l’avant-garde mondiale de l’encadrement de l’intelligence artificielle. Adopté en mars dernier, le texte encadre les risques liés à l’intelligence artificielle et interdit un certain nombre de pratiques. Il interdit notamment les applications qui portent atteinte à la dignité humaine, la démocratie ou l’État de droit (dont celles de reconnaissance faciale et biométrique, d’identification des émotions au travail, et autres). Les IA manipulant le comportement humain et celles qui permettent un score social, comme celles utilisées en Chine, sont aussi sur la liste des applications prohibées.

Un point important de cet AI Act est l’obligation de transparence. Les systèmes d’intelligence artificielle conçus pour des applications diverses doivent désormais se conformer aux lois européennes sur le droit d’auteur et fournir des résumés détaillés des données utilisées pour leur entraînement. Quant aux images et contenus audio et vidéo artificiels ou manipulés, les deepfakes notamment, ils doivent être clairement signalés comme tels.

« Cet ‘AI Act’ est une étape marquante, établissant les premières règles de la planète visant l’intelligence artificielle, pour la rendre plus sûre et respectueuse des droits fondamentaux de l’UE« , avait déclaré la présidence belge, à nos collègues de « Le Soir », au moment de son adoption. Première à se légiférer sur l’intelligence artificielle, l’Europe espère inspirer d’autres pays à suivre cette voie.

On a interviewé ChatGPT ! Faut-il réguler l’intelligence artificielle au sein de l’Union européenne ?

Absolument, la régulation de l’intelligence artificielle au sein de l’Union européenne est essentielle pour encadrer son développement de manière éthique, sécurisée et conforme aux valeurs européennes. Une réglementation claire aidera à prévenir les abus, à protéger la vie privée des individus et à promouvoir la transparence et la responsabilité des systèmes d’IA. Cela favorisera également la confiance du public et encouragera l’innovation dans le respect des normes éthiques et légales.

Quels sont les risques de l’IA selon toi ?

Les risques de l’IA incluent la perte d’emplois due à l’automatisation, la propagation de biais et de discriminations dans les systèmes d’IA, ainsi que les menaces liées à la sécurité et à la vie privée des données si elles sont mal utilisées ou piratées. Le développement de l’IA soulève aussi des questions complexes en matière de droit d’auteur, notamment en ce qui concerne la création d’œuvres générées par des algorithmes. En ce qui concerne les fake news, l’IA peut être utilisée à la fois pour détecter et pour créer des contenus trompeurs, ce qui souligne la nécessité de développer des solutions technologiques et réglementaires pour lutter contre la désinformation en ligne.

Quels sont les avantages de l’IA pour le monde culturel ?

L’IA offre de nombreux avantages pour le monde culturel, notamment en permettant une analyse plus approfondie des données culturelles, en facilitant la création artistique et la personnalisation des expériences culturelles pour les utilisateurs, ainsi qu’en aidant à préserver et à restaurer des œuvres d’art historiques grâce à des techniques de numérisation avancées.

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Pourquoi la planète devient verte ?

Mammouth - ven, 17/05/2024 - 13:17
La planète est en train de changer de couleur. En vingt ans, 56% des océans sont devenus plus verts. Mais pourquoi ce changement ?

Crédits photos: NASA
Musique : Lukrembo

Le satellite AQUA de la NASA a observé pendant 20 ans la surface de notre planète. Plus de la moitié des océans sont devenus plus verts au cours de cette période, même si ce n’est pas encore visible à l’œil nu. Mais alors pourquoi ce changement ? On t’explique avec notre décryptage.

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Grève des livreurs Uber Eats

Mammouth - mar, 07/05/2024 - 15:50
De l’esclavagisme moderne ?

[Reportage] La semaine dernière, les livreurs Uber Eats ont fait grève. Ils réclament de meilleures conditions de travail, ainsi qu’une meilleure communication de la part d’Uber. 
Mammouth Media est parti à la rencontre de certains d’entre eux et de leurs représentants syndicaux pour comprendre ces revendications.

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