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L’artisan de la lumière

il y a 1 heure 29 min
Quand le métier façonne autant l’artisan que la lumière

À 20 ans, Youri a dejà trouvé sa voie: le vitrail. Dans son atelier, où il travaille depuis un an en tant qu’artisan indépendant, il apprend, invente et se construit à travers un métier haut en couleur.

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Basket féminin : l’effet Belgian Cats

dim, 16/11/2025 - 10:00
Les filles de plus en plus nombreuses dans les clubs de basket féminin en Belgique

@Horace Mayot-Coiffard

Il y a huit ans, à Prague, les Belgian Cats décrochaient leur première médaille lors de l’Euro féminin 2017. Un exploit dans un tournoi majeur posant la première pierre du succès du basket féminin belge. Lorsqu’une équipe nationale brille, les clubs locaux en récoltent les fruits. En effet, les inscriptions de jeunes filles ont augmenté de 30% dans les clubs de basket belges. Mais quand il s’agit d’entrer en compétition, beaucoup abandonnent.

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Les crédits hypothécaires sur 40 ans 

sam, 15/11/2025 - 10:04
Une bouffée d’air pour les jeunes ou un pari risqué ?

Acheter un bien immobilier devient un rêve de plus en plus difficile à concrétiser pour les jeunes Belges. Face à la hausse des prix, l’accès à la propriété s’éloigne. Les crédits hypothécaires sur 40 ans, récemment proposés par certains assureurs comme le groupe P&V, apparaissent comme une nouvelle solution. Une aide bienvenue ou un piège financier à long terme ?

Louis fait partie de ces jeunes qui rêvent d’acheter plutôt que de louer. Employé en CDI, il paie actuellement 1 000 euros de loyer par mois, une somme qu’il préférait investir dans son propre logement.

« Je suis allé voir deux banques différentes. Elles trouvaient mon projet réaliste, mais on me demandait un garant et un acompte beaucoup plus conséquent que ce que j’avais. »Louis avait pourtant un apport d’environ 10 %, ce qui correspond aux recommandations habituelles. Mais sa jeunesse et sa situation en solo ont refroidi les institutions.

Louis, 20 ans : « Je me suis senti peu pris au sérieux » Un contexte immobilier tendu

Selon le baromètre des notaires 2025, le prix moyen d’une maison en Belgique atteint désormais 346 648 euros, soit une hausse de 5 % par rapport à 2024. La tendance est encore plus marquée en Wallonie, où les prix bondissent de 13 % pour atteindre 270 627 euros en moyenne. À Bruxelles, le prix moyen d’une maison dépasse les 576 000 euros, un niveau quasi inatteignable pour un primo-acquéreur isolé. En parallèle, les taux d’intérêt des crédits hypothécaires se stabilisent autour de 3 à 3,5 %, ce qui pèse lourd sur le budget des jeunes ménages.

Face à ces conditions, Louis il a mis son projet en pause. Pour lui, un crédit de 25 ans aurait été la solution idéale.

Selon Ilhan Celiker, courtier en crédits hypothécaires au sein de l’entreprise Cygo, le principal frein à l’achat pour les jeunes ne réside pas dans les prix élevés, mais dans les exigences des banques elles-mêmes.

Pour lui, le problème, ce sont souvent les demandes de garanties. Quand on est jeune, on n’a pas encore de patrimoine, pas toujours un contrat fixe, et peu de fonds propres. Or, les banques cherchent avant tout des clients solvables. 

Résultat : sans apport conséquent, souvent entre 10 000 et 30 000 euros, beaucoup de primo-acquéreurs voient leur dossier refusé.

Un nouveau produit sur le marché belge. 

Le groupe d’assureur coopératif P&V propose des crédits hypothécaires sur 40 ans avec des mensuels moins élevés. 

Pour Sarah De Wulf, responsable de communication chez le Groupe P&V, « l’accès à la propriété devient de plus en plus difficile, surtout pour les jeunes. Les prix sont élevés, les conditions de crédit strictes. Le crédit à 40 ans est une réponse à cette situation. » Le Groupe P&V est le seul acteur belge à proposer ce type de durée, dit-elle.

Les banques n’en proposent pas car elles sont pénalisées par les règles de Bâle III lorsqu’elles octroient des crédits très longs. Celles-ci fixent des règles internationales pour que les banques gardent assez de fonds et de liquidités afin de rester stables 

En tant qu’assureur, le Groupe P&V est soumis à d’autres règles, ce qui leur permet d’accorder un prêt sur 40 ans. Dès lors, les crédits au-delà de 30 ans sont un franc succès. Chez le Groupe P&V, ils concernent 74% des crédits octroyés en 2025.

Des mois plus légers, pour un coût total plus élevé

L’argument phare du crédit sur 40 ans est clair : des mensualités plus basses.
Pour un emprunt de 250 000 euros, la différence entre 20 et 40 ans atteint près de 500 euros par mois. Un écart qui peut permettre à de jeunes acheteurs de souffler un peu, voire de dégager une capacité d’épargne.

« Certains clients pourraient emprunter sur une durée plus courte, mais ils choisissent le 40 ans pour plus de confort », explique Sarah De Wulf. « D’autres n’ont simplement pas le choix : sans cette formule, ils ne pourraient pas acheter du tout. »

Mais ce confort a un prix car sur 40 ans, le total des intérêts payés est nettement supérieur. En moyenne, l’acheteur paie plus cher son bien à long terme, même si le taux est légèrement plus bas. 

Chez le Groupe P&V, pour un emprunt de 250 000 euros, la mensualité varie fortement selon la durée :

  • 20 ans : 1 423 € / mois à un taux moyen de 3,34%
  • 30 ans : 1 103 € / mois à un taux moyen de 3,41%
  • 40 ans : 934 € / mois à un taux moyen de 3,32%

(Les taux sont différents car il s’agit de taux moyens calculés sur tous les crédits déjà octroyés cette année pour la durée concernée).

Le calcul des mensualités fait d’après un simulateur de prêt hypothécaire, nous permet de constater qu’en allongeant de 20 à 40 ans, cela permet de gagner 489 euros par mois, mais de payer finalement 106 800 euros d’intérêts supplémentaires au total.
Autrement dit : le bien revient à près de 448 000 euros avec un crédit sur 40 ans. Comparé à environ 341 000 euros avec un crédit sur 20 ans.

C’est le paradoxe du prêt longue durée : plus accessible chaque mois, mais plus coûteux sur la vie entière.

Les risques : une flexibilité réduite et un engagement de toute une vie

Ilhan Celiker souligne que ces prêts ultra-long terme peuvent fragiliser tant l’emprunteur que la banque ou l’assureur qui le propose. Un crédit sur 40 ans réduit la capacité de rebondir en cas de changement de situation personnelle (séparation, déménagement, perte d’emploi, etc.).

Louis, lui, l’a bien compris : « Dans 25 ans, j’aurai 45 ans, ce qui me laisserait encore la possibilité de racheter ou d’investir dans autre chose. Sur 40 ans, ce serait me bloquer pour la moitié de ma vie. »

Les banques et assureurs ne sont pas à l’abri non plus : si les taux ou l’inflation évoluent défavorablement, la valeur de leurs garanties peut diminuer, ce qui accroît le risque pour eux.

Pour Anne Vansweevelt, économiste à Louvain la Neuve, « l’avantage, c’est de permettre aux jeunes de pouvoir avoir accès à une maison, avoir un bien. Et l’inconvénient, c’est d’être sur un prêt pendant toute sa vie et en espérant que la personne vive déjà jusqu’à la fin du prêt. Sinon, c’est presque un héritage négatif qu’on donne aux générations futures. »

Une solution de transition ?

Pour le Groupe P&V, le crédit sur 40 ans n’est pas une solution miracle, mais un outil supplémentaire pour répondre à la crise du logement.

« Il faut bien sûr évaluer chaque dossier. Le but n’est pas de compromettre la stabilité financière des emprunteurs », insiste Sarah De Wulf. « Mais pour certains, c’est la seule manière d’acquérir un bien plutôt que de louer toute leur vie. »

Louis, lui, reste prudent. En attendant d’avoir un apport plus solide, il continue de louer. « C’est un peu dommage de mettre mon argent dans un loyer, mais au moins, je garde ma liberté. »

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Forêts en souffrance : vers plus de résilience face au climat

sam, 15/11/2025 - 10:00
Comment se portent les forêts belges ?

Forêt de Soigne – photo prise par Zoé Daix

À l’occasion de la COP30, organisée durant ce mois de novembre au Brésil et consacrée à des enjeux climatiques tels que la déforestation qui frappe durement l’Amazonie, Mammouth se questionne sur l’état des « poumons verts » de la Belgique.

Depuis des siècles, la forêt amazonienne, comme d’autres grandes forêts du monde, est victime d’une déforestation massive pour faire place à l’élevage bovin et aux plantations de soja. Des millions d’hectares sont ainsi partis en fumée, provoquant d’immenses incendies et libérant des quantités colossales de CO₂. Paradoxalement, certaines zones de l’Amazonie émettent aujourd’hui plus de carbone qu’elles n’en absorbent : autrefois puits de carbone, elles sont devenues sources de pollution à cause de cette exploitation intensive. Si la situation semble lointaine, les forêts belges affrontent elles aussi des défis qui menacent leur santé.

Willy Van de Velde, garde forestier chez Bruxelles-Environnement évoque la santé des forêts belges, elles aussi en souffrance à leur manière. Heureusement, la déforestation n’y sévit plus depuis près d’un siècle. Mais les forêts publiques belges, souvent plantées en monoculture, en paient aujourd’hui les conséquences : lorsqu’une seule essence occupe plusieurs hectares, l’apparition d’un pathogène peut fragiliser l’ensemble du massif. L’épidémie de scolytes qui a ravagé les épicéas des Ardennes il y a quelques années en est un triste exemple.

Ravages des scolytes aux arbres – photo récupérée sur Pixabay

Les conditions climatiques changeantes accentuent aussi cette vulnérabilité. Le réchauffement du climat déstabilise les arbres, affaiblit leur vitalité et perturbe leur rôle de “poumons verts”. Mathieu Jonard, professeur en bio-ingénierie à l’UCLouvain et spécialiste de la santé des forêts wallonnes, évoque également les épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, qui altèrent le fonctionnement naturel des arbres.

Mais des solutions existent pour redonner force et équilibre aux forêts belges. Diversifier les essences et les âges des arbres, favoriser des structures mixtes : c’est la clé d’une forêt plus résiliente. Willy Van de Velde défend aussi des coupes plus vigoureuses, parfois mal perçues par les promeneurs, mais nécessaires pour laisser pénétrer la lumière et permettre aux jeunes arbres de croître. Enfin, depuis quinze ans, la Belgique a construit plusieurs écoducs, dont il souligne l’efficacité pour protéger la faune et la flore.

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« Faire classe avec les moyens du bord »

sam, 15/11/2025 - 09:57
Dans le primaire, les enseignants paient la rigueur budgétaire

Photo: Valentinonair

Alors que la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) cherche à maîtriser un déficit estimé à près d’1,5 milliard d’euros tout en évitant de toucher aux salaires des enseignants, les instituteurs du primaire voient leurs conditions de travail se dégrader. Sur le terrain, entre débrouille, fatigue et passion, ils maintiennent à flot des écoles de plus en plus fragilisées.

Dans de nombreuses classes, les murs fraîchement repeints sentent encore la peinture… payée par les enseignants eux-mêmes. « On a fini les cours en juillet, et la semaine suivante, on était encore là, pinceau à la main », raconte une institutrice. « Ce n’est pas à nous de le faire, mais si on veut que ce soit agréable pour les enfants, on n’a pas le choix. »
Les directions, elles, ne restent pas les bras croisés : « Notre direction est très à l’écoute, elle voudrait nous aider davantage, mais elle n’a tout simplement pas les moyens », expliquent les professeurs. « Le budget qu’elle reçoit est minuscule comparé aux besoins réels du terrain. »

Derrière ces efforts discrets, la réalité budgétaire est bien plus terne. Depuis l’annonce par Valérie Glatigny d’un budget 2026-2029 incluant environ 86 millions d’euros d’économies dans l’enseignement obligatoire dès 2026, les enseignants tirent la sonnette d’alarme : matériel limité, aides supprimées, classes trop pleines… et des dépenses personnelles qui explosent.

« Je dépense 300 euros par mois pour ma classe. »

Les témoignages convergent : une grande partie du matériel pédagogique — livres, jeux, rangements, fournitures — est achetée sur fonds propres.
« Rien que le mois d’août, j’ai dépensé 300 à 350 euros », confie une jeune institutrice. « C’est de bon cœur, parce que j’aime mon métier, mais aussi parce que je sais que si je demande de l’aide, il n’y aura pas de retour. »
Dans certaines écoles, les classes sont composées presque exclusivement de meubles achetés par les enseignants eux-mêmes.
« On veut offrir des activités attrayantes, différencier selon les besoins des élèves… mais sans budget, c’est impossible. »

Là encore, les directions ne manquent pas de volonté, mais de moyens :
« On sait qu’elles font tout ce qu’elles peuvent, mais ce qu’elles reçoivent, ce n’est clairement pas suffisant », résume une institutrice.

La ministre Glatigny le dit sans détour : « Le budget de l’enseignement représente environ 8 milliards d’euros pour l’enseignement obligatoire, et 9 milliards avec le supérieur. 85 % de ce budget est dédié aux salaires des enseignants. »
Elle ajoute : « Si on ne veut pas toucher aux salaires, ni à l’indexation de ceux-ci… il faut bien pouvoir prendre d’autres mesures pour faire face au déficit. »

Le gouvernement de la FWB, dans son budget 2025, a annoncé des économies pour « éviter que le déficit se détériore ». Le communiqué précise que « la nature des dépenses de la FWB impose cette approche évolutive » et que « notre volonté est bel et bien de rendre le métier plus attractif… dans ce contexte budgétaire compliqué ».

En clair : les salaires sont considérés comme intouchables, mais les autres postes — fonctionnement, matériel, soutien — sont devenus les variables d’ajustement.
Les directions se retrouvent alors en première ligne pour tenter de faire l’impossible :
« Elles doivent gérer un budget qui n’a plus rien de réaliste. Quand elles nous disent “je n’ai plus rien”, on sait que ce n’est pas de la mauvaise volonté. »

À cela s’ajoute une autre pression : le manque de personnel et de soutien.
« On est seules face à 20 enfants, souvent avec des besoins très spécifiques », explique une enseignante. « Certains auraient besoin d’un accompagnement quasi permanent. »
Le manque d’aides ou de « co-enseignants » pèse lourd : « On parle de co-enseignement comme d’une solution, mais il faut des moyens humains pour le mettre en place. »
Les enseignants décrivent un sentiment d’isolement : entre les enfants à besoins particuliers, ceux qui s’ennuient, et les tâches administratives, « le travail ne s’arrête jamais, même à la maison ».

Les directions, elles aussi, sont prises en étau :
« Elles voudraient renforcer les équipes, mais elles n’ont plus les moyens d’engager ou d’appeler du renfort. Elles sont aussi en souffrance, coincées entre ce que le terrain exige et ce que le budget leur permet. »

« Les cinq premières années, ce sont les années de survie.»

La précarité touche particulièrement les jeunes enseignants, souvent non nommés.
« Je n’ai jamais touché deux fois le même salaire », témoigne une autre. 
Cette instabilité, couplée à une charge de travail conséquente, pousse beaucoup de débutants à abandonner. « On appelle ça les années de survie », glisse une institutrice expérimentée. « Et c’est vrai : on se demande si on va tenir. »

Pour ces enseignants, la rigueur budgétaire traduit une dévalorisation du secteur public.
« On s’en prend à tout ce qui ne rapporte pas : les écoles, les hôpitaux, la culture. Mais l’enseignement, c’est un investissement à long terme, pas une dépense inutile. »
Ils s’inquiètent également de mesures qui fragilisent leurs statuts : réduction des droits en cas de maladie, remise en question de la nomination, suppression de soutiens pédagogiques.
« Quand la ministre se félicite de ne pas baisser les salaires, elle oublie qu’on nous retire déjà beaucoup à côté. »

Malgré tout, le mot « vocation » revient sans cesse.
« On aime nos élèves, on pense à eux tout le temps. Même chez moi, j’ai une pièce dédiée à l’école », confie une prof.
Mais la passion ne suffit plus à masquer la lassitude : « On ne se plaint pas pour nous, mais pour les enfants. Si on continue à couper, c’est leur avenir qu’on hypothèque. »

« Investir dans l’école, c’est investir dans la société.»

Au terme de plusieurs échanges, un enseignant résume ce que beaucoup pensent : « On va chercher de l’argent là où il faudrait en investir. »
Pour eux, l’enseignement ne devrait pas être vu comme une charge, mais comme une priorité collective.
« Former des enfants épanouis, c’est former des citoyens responsables. Si on leur retire ça, c’est toute la société qui en paiera le prix. »

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Auteur-compositeur artificiel

sam, 15/11/2025 - 09:49
Quand l’intelligence artificielle réinvente notre façon de composer

Image générée par IA

Aujourd’hui, les intelligences artificielles ne se contentent plus d’écrire des textes. Elles créent des chansons, des voix, parfois si crédibles qu’on s’y trompe. 

Récemment, une musique country entièrement générée par IA s’est hissée au sommet des charts américains. Pour comprendre ce phénomène, nous avons interrogé Quentin Meurisse, pianiste et réalisateur en informatique musicale, Marc Pinilla, chanteur du groupe Suarez et Jaqo, auteur-compositeur et ex-membre du groupe Delta.

Un podcast réalisé par Charlotte Simon et Leila Ajina Djemili

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Conflit au Soudan : un désastre humanitaire sans précédent

ven, 14/11/2025 - 22:14
Dix-huit mois après le début du conflit, le Soudan s’enfonce dans le chaos.

Image : MSF 2025
Arrivée de civils déplacés de la ville assiégée d’El-Fasher dans le camp de Tawila Omda, au Nord Darfour, Soudan, 2025

C’est l’une des pires crises humanitaires du XXIe siècle. Voilà comment l’ONU qualifie la situation actuelle au Soudan. Depuis avril 2023, la guerre a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé près de douze millions de personnes.  

La prise d’Al-Fashir 

Ce 26 octobre 2025, après 18 mois de siège et de politique de famine, la milice RSF (forces de soutien rapide) a pris le contrôle d’Al-Fashir, le dernier bastion de l’armée régulière soudanaise au Darfour. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) plus de 33 000 personnes ont fui Al-Fashir en seulement trois jours.

Les habitants déplacés racontent des scènes de terreur : exécutions sommaires, viols, pillages, enlèvements, et même des attaques visant les travailleurs humanitaires.  Des analyses d’images satellites menées par le laboratoire de l’université Yale confirment ces accusations : elles révèlent des “activités d’élimination des corps” à Al-Fashir, ainsi que des zones pouvant correspondre à des fosses communes.  

L’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF), présente autour d’Al-Fashir et ses localités, confirme de telles exactions. Julien Binet, coordinateur des opérations de MSF au Soudan, identifie plusieurs besoins prioritaires, dans un contexte où l’action humanitaire demeure fortement restreinte et entravée par le conflit armé. “Le plus urgent est la protection des civils (…) et tout ce qui est lié à la malnutrition. Toute cette population fuit, vit dans la brousse et dépend de l’aide humanitaire pour survivre, or la plupart des humanitaires ne peuvent pas travailler convenablement à cause de la situation sécuritaire”. 

De potentiels crimes de guerre et de crimes contre l’humanité 

Ce lundi 3 novembre, la Cour pénale internationale a tranché. Ce qui se passe à Al-Fashir constitue potentiellement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.  

Julien Binet donne l’exemple de bombardements d’hôpitaux, tels que celui de Kornoi, dans le Darfour occidental, le 3 novembre dernier. Face à l’afflux de déplacés, MSF avait choisi cet hôpital, notamment pour fournir des soins et médicaments aux habitants de la région. Mais l’hôpital a été détruit. 

Entre 70% et 80% des hôpitaux dans les zones touchées par le conflit depuis 2023 ne sont plus opérationnels, selon l’ONU.   

Dans certains hôpitaux, des massacres ont eu lieu. Ce fut le cas quelques jours à peine après la prise d’Al-Fashir. L’OMS a fait état d’un massacre de plus de 460 personnes au sein de la maternité de la ville. 

Des violences « ethniques » 

Dès juin 2023, le Secrétaire général de l’ONU António Guterres alertait sur la “dimension ethnique” des violences au Soudan.  

Des ONG, comme Amnesty International ont rassemblé des preuves de ces crimes commis aussi bien par l’armée régulière que par les RSF, notamment l’assassinat organisé de certaines communautés, comme les Massalit, une communauté non-arabe du Darfour occidental.  

Une trêve fragile  

Les FSR ont annoncé le 6 novembre 2025 accepter la trêve humanitaire proposée par les États-Unis, l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.  Celle-ci a été immédiatement rejetée par l’armée soudanaise. Son chef, le général Al-Burhan, affirme vouloir continuer la guerre jusqu’à la victoire.  

Pour tout comprendre du conflit au Soudan, regardez notre vidéo explainer ci-dessous.

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A24 fait son cinéma

ven, 14/11/2025 - 20:54
Quand le cinéma indépendant rivalise avec Hollywood

A24, c’est bien plus qu’un studio : c’est une manière de repenser le cinéma. Là où Hollywood mise sur la formule et les blockbusters, A24 ose sur le risque, la sensibilité et la liberté. Son esthétique minimaliste, ses bandes-son soignées et ses récits souvent dérangeants ont fini par créer un véritable culte.
Ce qui frappe, c’est la cohérence de son univers : que ce soit dans ses films, sa communication ou ses produits dérivés, tout semble issu de la même vision, singulière et sincère. A24 ne cherche pas à plaire à tout le monde  et c’est justement pour ça que tout le monde en parle.




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Victoire citoyenne à Anderlecht

ven, 14/11/2025 - 16:01
Quand les commerçants refusent de baisser le rideau

Crédits photos : Jimmy Loozen, Nonna Jouannaud et Pauline Neuray

Alors qu’une faible musique s’échappe de la radio d’un night shop en face de la station de métro Clemenceau, l’indignation de certains monte. Le matin du 1er novembre, les habitants d’Anderlecht ont appris par la presse locale la proposition du bourgmestre, Fabrice Cumps (PS) : installer un couvre-feu commercial dans les quartiers de Clemenceau, Résistance et Cureghem. Celui-ci prendrait place de 21h à 5h pour Clemenceau et de 22h30 à 5h pour Résistance et Cureghem.

Prévue comme un outil contre l’augmentation des nuisances liées à la drogue et à l’errance, la mesure fait du bruit auprès des riverains, ceux-ci y voyant une restriction de leur liberté, une menace économique, mais aussi un isolement plutôt qu’une aide pour les quartiers visés. Plusieurs commerçants expliquent également que la commune ne les aurait pas consultés avant d’avoir proposé ce couvre-feu, renforçant le fossé ressenti entre les citoyens et le pouvoir communal.

« On est là, on est là (…) pour les droits des commerçants nous on est là ! » Les cris des manifestants se font entendre le 6 novembre avant l’ouverture du conseil communal. Arrive le vote du couvre-feu et, sur base du règlement d’ordre intérieur, le président du conseil refuse la demande d’interpellation des citoyens, au déplaisir de Monsieur Cherfan (Team Fouad Ahidar 1070) qui exige la révision de ce refus.

Suite à une concertation des présidents de partis, l’interpellation est finalement autorisée. Un débat sportif entre citoyens, échevins et collège communal commence. Le couvre-feu est finalement voté et refusé, une partie des élus issus de la majorité (MR, Les Engagés, VLD et CD&V) ayant eux-mêmes voté contre.

Les cris de joie remplissent la commune et une manifestante exulte, le sourire aux lèvres : « Si on doit retenir une chose aujourd’hui, c’est que c’est nous (les citoyens) qui avons le pouvoir. Et il faut qu’on l’utilise. »

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Festival de la BD d’Angoulême : une édition 2026 compromise ?

ven, 14/11/2025 - 15:17

© Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême

Secoué par une fronde inédite d’auteurs et d’éditeurs, le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême a annoncé l’annulation de son appel d’offres et l’exclusion de 9eArt+, son opérateur historique. Cette volte-face ne dissipe pas les doutes quant au maintien de l’édition 2026.

Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême s’est retrouvé début novembre au cœur d’une contestation rare par son ampleur. Une tribune signée par plusieurs lauréats du Grand Prix a ouvert la voie, rapidement suivie par la prise de position du Syndicat national de l’édition (SNE), qui rassemble les grands éditeurs, et du Syndicat des éditeurs alternatifs (SEA), représentatif de la scène indépendante. Tous ont dénoncé une décision jugée opaque : l’annonce d’un “rapprochement” entre 9eArt+, opérateur historique du festival, et la Cité de la BD pour organiser les prochaines éditions.

Face à cette fronde, l’association du festival a finalement annulé son appel d’offres et confirmé que 9eArt+ ne serait plus reconduit. La volte-face spectaculaire apaise temporairement les esprits, sans garantir que l’édition 2026, déjà menacée par le retrait des éditeurs, l’absence annoncée de nombreux auteurs et des programmations impossibles à maintenir, puisse réellement se tenir.

Vingt ans de malaise qui éclatent 

Pour François Schuiten, auteur belge et ancien Grand Prix d’Angoulême, la crise actuelle est le résultat d’un long enchaînement d’erreurs et de tensions jamais résolues. Il évoque “une série d’accumulations qui ont fait déborder le vase”, dont plusieurs épisodes qui ont profondément marqué la profession. L’un d’eux concerne une employée du festival, violée par un prestataire lors d’une soirée et licenciée après avoir porté plainte. À cela s’ajoutent, selon lui, “beaucoup de scandales, beaucoup de maladresse”, et une incapacité du festival à s’adapter aux évolutions de la société, notamment à la montée en visibilité d’autrices devenues centrales dans le paysage de la bande dessinée.

Ces controverses se sont ajoutées à une défiance ancienne envers 9eArt+, délégataire historique du festival. Schuiten estime que la gouvernance “n’emportait plus l’adhésion” et que de nombreux auteurs avaient le sentiment de ne plus être écoutés, dans un cadre jugé opaque et figé.

Le journaliste belge Olivier Van Vaerenbergh, spécialiste du secteur, confirme l’ancienneté de ce malaise. Selon lui, “il y avait une lutte de la profession depuis très longtemps”, un ras-le-bol général concernant la manière dont le festival était géré. Il cite, entre autres, le prix d’entrée jugé excessif, l’organisation d’événements considérés comme déconnectés, et surtout le traitement réservé aux auteurs et autrices, qui ne bénéficiaient ni d’accès gratuit aux expositions ni de rémunération pour leurs séances de dédicaces.

Le point de rupture est survenu lorsque l’association du festival a annoncé un rapprochement entre 9eArt+ et la Cité de la BD pour organiser les futures éditions. Selon l’expert belge, cette décision a cristallisé la colère contre 9eArt+ et son dirigeant, Franck Bondoux, régulièrement visé pour son manque de transparence et ses décisions unilatérales. Le caractère inédit de cette crise tient au fait que les grandes maisons d’édition ont, elles aussi, décidé de se retirer. Là où existaient traditionnellement des clivages entre grands éditeurs et structures indépendantes, Olivier Van Vaerenbergh constate qu’aujourd’hui, tout le monde est en train de boycotter.

Un rendez-vous culturel fragilisé

Pour François Schuiten, l’avenir du festival reste incertain. Il estime que l’ensemble du milieu en est arrivé à un point où chacun a considéré que la situation ne pouvait plus continuer ainsi. Il rappelle néanmoins l’attachement profond qui unit les auteurs à Angoulême. Selon lui, il serait particulièrement dommageable que l’édition 2026 n’ait pas lieu, car cette absence pourrait compromettre l’avenir même du festival.

De nombreux auteurs craignent désormais une édition difficile à tenir. Delphine Groux, présidente de l’Association du Festival international de la BD d’Angoulême, a annoncé un nouveau processus de sélection, l’abandon de 9eArt+ et la mise en place de critères renouvelés, mais beaucoup ont le sentiment que ces annonces arrivent trop tard pour apaiser les inquiétudes déjà installées. “Il n’y a plus aucune confiance en Delphine Groux.” Cette défiance est alimentée par les critiques récurrentes sur la gouvernance du festival : manque de transparence dans l’appel d’offres, absence de consultation des éditeurs, et gestion jugée déconnectée par une partie de la profession. Schuiten résume la difficulté en ces termes : “Je ne sais pas par quelle baguette magique on peut maintenant sauver cette édition 2026.”

Il insiste également sur les conséquences possibles pour les auteurs. Beaucoup préparent la sortie de leurs albums, des candidatures à des prix ou des expositions en fonction du calendrier d’Angoulême. Ce rendez-vous est un moment central dans leur visibilité et leur parcours, tant il concentre l’attention du milieu et du public. Un report, une annulation ou une édition fortement affaiblie pourraient avoir de véritables répercussions sur leur travail. Ce qui domine chez beaucoup d’auteurs, comme François Schuiten, c’est un sentiment de tristesse face au risque de perdre un événement qui structure leur milieu depuis plus d’un demi-siècle. La décision d’écarter 9eArt+ a ouvert une nouvelle phase, sans en garantir l’apaisement.

L’avenir du festival dépend désormais de la capacité de ses responsables à restaurer la confiance d’un milieu qui, pour la première fois, s’est retourné d’un seul bloc contre sa direction.

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Plus de 500 jours sans gouvernement bruxellois, qu’est-ce qui coince ?

ven, 14/11/2025 - 13:29
Presque un an et demi après les élections, Bruxelles reste paralysée par des blocages politiques et des désaccords entre partis.

Hémicycle du parlement Bruxellois ©Daphné Raes

Des négociations qui durent depuis plus de 500 jours, l’ancien formateur David Leisterh qui jette l’éponge et le président du MR Georges-Louis Bouchez sous le feu des projecteurs pour sa promesse d’accord depuis qu’il a repris les rênes… Bruxelles est dans l’impasse. La capitale attend toujours un exécutif régional, coincée dans un jeu d’alliances et de rivalités qui empêche toute formation de gouvernement.
3 minutes pour comprendre le blocage.

Pourquoi est-ce que c’est important de trouver un gouvernement rapidement ?

Si certains Bruxellois ne semblent pas toujours se rendre compte de l’impact du blocage, celui-ci est bien réel.Pour l’instant, sans gouvernement, Bruxelles vit au rythme des affaires courantes. Un système qui s’occupe des urgences, ainsi que des dossiers déjà entamés par le gouvernement précédent. 
Problème : le gouvernement bruxellois n’a pas l’habitude de ces affaires courantes, contrairement au fédéral qui a déjà subi cette expérience. Il a donc plus de mal à gérer cette situation.

Sans gouvernement formé, la confection du budget est à l’arrêt alors que commence une nouvelle année budgétaire. Par conséquent, le mécanisme du 12e provisoire va débuter. Dans les faits, le parlement ne va pouvoir dépenser qu’un douzième du budget total accordé de l’année précédente, pour continuer à fonctionner. Cela signifie surtout qu’il ne peut pas engager de nouvelles politiques ni faire face à toutes les dépenses.
Par exemple, toutes les associations qui dépendent de subsides régionaux annuels sont impactées. Récemment, certaines d’entre elles ont dû licencier du personnel. Des secteurs comme la rénovation et la construction sont aussi touchés. En l’absence de décisions d’aides à la rénovation, les citoyens hésitent à entamer des travaux, ce qui impacte fortement les sociétés concernées. Bien d’autres secteurs, comme le CPAS, en font également les frais. Plus l’accord tardera à arriver, plus les conséquences risquent de s’aggraver.

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L’avortement en Europe : un droit fragile

ven, 14/11/2025 - 13:23
Dans l’UE, le droit à l’avortement est un acquis. Ce n’est pas le cas sur l’ensemble du continent. Etat des lieux.

Tous les pays de l’Union européenne (UE) accordent le droit et l’accès à l’avortement. Vraiment ? Amnesty International a récemment publié un rapport interpellant : l’avortement est légal en UE, mais sa pratique est limitée.

Depuis la première légalisation de l’IVG en Pologne en 1932, l’Europe ne cesse de réviser et réformer la question de l’accès à l’avortement. Les États membres de l’Union européenne ont instauré, moyennant certaines conditions, la possibilité pour une femme de mettre un terme à une grossesse. Cette interruption peut avoir lieu dans les premiers mois de la gestation, souvent jusqu’à 12 ou 14 semaines, mais peut s’étendre jusqu’à 24 semaines, comme aux Pays-Bas.

Ces avancées répondent aux mutations des mœurs ainsi qu’aux règles de santé publique. Pour autant, il ne s’agit pas d’un progrès abouti et acquis. Comme le montre le rapport d’Amnesty International publié le 6 novembre 2025, l’accès à l’avortement en Europe reste restreint et fragile.

L’avortement : un droit pénal 

Selon Lucie Barridez, coordinatrice de la plateforme Abortion Rights Europe, il existe deux paramètres pour estimer l’état d’un droit à l’avortement. Premièrement, il faut comprendre le cadre légal dans lequel ce droit s’inscrit. Pour beaucoup de pays, le droit à l’avortement relève encore du droit pénal. Autrement dit, si l’ensemble des conditions requises pour avorter n’est pas respecté, la femme qui avorte, ainsi que son médecin peuvent encourir des sanctions pénales. Dans certains États tels que le Luxembourg, le Danemark, la Finlande ou encore l’Irlande, la responsabilité pénale concerne seulement les praticiens.

En Belgique, malgré son retrait du code pénal, l’avortement reste consacré par une loi spéciale qui relève toujours du champ pénal. Autrement dit, il n’est plus interdit d’avorter, mais si les conditions ne sont pas respectées, la personne enceinte ainsi que son médecin peuvent encourir une peine.

Une question morale

Ensuite, le contexte sociopolitique de chaque pays joue un rôle. En effet, certains gouvernements adoptent des mesures plus ou moins restrictives en fonction de leur tendance politique. Par exemple, en Italie, certains médecins revendiquent la clause de conscience afin de ne pas pratiquer l’IVG. La clause de conscience est prescrite par la loi comme un droit permettant aux médecins de ne pas pratiquer l’IVG pour des raisons morales. Dans certaines régions du pays, la clause de conscience est utilisée de manière massive : près de quatre médecins sur cinq refusent de pratiquer des IVG.

En Belgique, plusieurs obstacles se posent encore sur le chemin de l’accès à l’avortement, allant du manque de médecins pratiquant l’IVG aux disparités territoriales importantes. La politique est également un facteur de complication. En avril 2025, le Premier ministre Bart De Wever lance un débat sur la réforme de la loi relative à l’IVG en Belgique, notamment par rapport aux délais et aux sanctions pénales encore présentes. Des partis tels que le CD&V ne souhaitent pas voir un élargissement du droit à l’avortement qui, selon eux, atteint directement à la vie. Faute d’accord politique clair et de majorité des deux-tiers requise, la Belgique est bel et bien dans une période de stagnation en matière d’IVG.

Menace conservatrice

Selon la plateforme Abortion Rights, l’Europe traverse une zone de turbulence. Plusieurs pays d’Europe de l’Est, sur lesquels souffle un vent de conservatisme, durcissent leurs conditions d’accès à l’avortement. Le cas de la Pologne est emblématique : depuis 2020, la loi autorise l’IVG uniquement en cas de danger vital pour la femme, ou en cas de conception à la suite d’un viol ou d’un inceste. Les mouvements conservateurs et chrétiens ont réussi à imposer une vision idéologique de la vie comme débutant dès sa conception, attribuant ainsi des droits à un fœtus et à un embryon. 

En Hongrie aussi, le premier Ministre Viktor Orban a fait inscrire dans la loi, l’obligation de faire écouter le coeur du foetus à la femme avant qu’elle n’avorte. Idem à Malte où l’avortement restait strictement interdit, jusque 2023, même en cas de viol ou d’inceste. Depuis, une dépénalisation partielle est entrée en vigueur mais la loi reste extrêmement restrictive dans ce pays aux valeurs conservatrices.

En Europe, les mouvements contestataires d’inspiration religieuse ou d’extrême droite exercent un lobbying actif pour restreindre ce droit. Depuis l’arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir, les obstacles se sont renforcés. Aucune modification directe de loi n’a eu lieu, mais l’influence a joué un rôle clé. Le gouvernement italien autorise désormais des groupes anti-choix à intervenir dans les centres de planning familial, diffusant des informations biaisées pour dissuader les femmes d’avorter.

Le débat des délais

Avant sa dépénalisation partielle en 1990, la pratique de l’avortement en Belgique était interdite. Il figurait parmi les crimes et les délits allant à l’encontre de la moralité publique et l’ordre des familles. En 2018, la loi belge assouplit, en partie, ses mesures en autorisant la réduction du délai de réflexion obligatoire (qui est de 6 jours). 

En Belgique, sous la gouvernance d’Alexander De Croo, un rapport d’universitaires, issus de milieux catholiques et laïques, affirme qu’il est possible d’assister médicalement un avortement allant de 22 à 24 semaines. Ce rapport souligne que le délai de réflexion obligatoire de six jours n’a aucune justification scientifique ni éthique. Dans la grande majorité des cas, les femmes ont déjà pris leur décision et cette contrainte est perçue comme infantilisante. Sa suppression permettrait, selon les experts, de renforcer l’autonomie des femmes. Lucie Barridez précise qu’il existe de multiples raisons pour lesquelles une femme doit avorter.

De la réforme à la Constitution 

En Europe, tous les pays accordent désormais le droit à l’IVG. Mais, comme nous l’avons déjà établi, la réglementation change en fonction des pays. L’Union européenne ne peut obliger les Etats à adopter une loi ou une mesure uniforme à tous. Cependant, elle peut adopter des résolutions afin d’encourager les pays à réfléchir sur cette question. Certains pays connaissent des tentatives de réformes, mais qui n’aboutissent pas toujours. En Italie, par exemple, l’avortement reste encadré par le droit pénal, même s’il est autorisé jusqu’à 12 semaines de grossesse, avec un délai d’attente obligatoire de sept jours. L’accès à l’avortement est limité, et ce à cause d’une culture conservatrice hostile à l’IVG. 

En parallèle, l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution française depuis mars 2025 témoigne d’une évolution sans pareille. Cette démarche symbolique vise à protéger durablement le droit et empêcher toute régression en la matière dans le pays. Une première étape pour l’Europe qui engendre depuis, un tas d’évolutions et de pourparlers sur le sujet. Avant la France, seule l’ex-Yougoslavie avait inscrit le droit à l’avortement dans sa loi fondamentale, faisant d’elle le premier État européen actuel à en garantir la protection constitutionnelle.

Le droit à l’avortement en Belgique fait, par ailleurs, l’objet de marchandages politiques. Dernier en date : le président du PS, Paul Magnette, dans l’opposition, avait déclaré en octobre dernier qu’il serait prêt à accepter la suppression du Sénat sous réserve d’une inscription du droit à l’IVG dans la Constitution.

Les femmes, tributaires des décisions politiques

Au-delà des aspects légaux, l’avortement demeure une expérience psychologiquement complexe. Certaines femmes peuvent vivre des formes de déni de grossesse ou d’angoisse liées à des expériences de vie ou de passé compliqué, renforcées par des contextes socio-politiques complexes, ce qui souligne l’importance d’un accompagnement médical et psychologique adapté à toutes. Il s’agit d’une réalité qui demeure profondément taboue. Ce silence social, alimenté par certains discours politiques conservateurs, notamment issus du CD&V ou encore de la N-VA pour le cas de la Belgique, continuent de présenter l’avortement comme un acte grave, à ne pas banaliser. Selon Lucie Barridez, ces prises de position contribuent à culpabiliser les femmes, alors même que le choix d’interrompre une grossesse relève de leur autonomie et de leur vécu corporel. 

L’avortement représente aussi un coût important au niveau du transport, du logement, du temps et surtout de l’acte et des frais médicaux. Dans certains pays, la sécurité sociale et les assurances maladies ne prennent pas en charge les frais liés à ces interventions. Seules les femmes avec des ressources financières suffisantes peuvent se permettre de partir à l’étranger pour avorter en dehors des délais légaux de leur pays d’origine.

Alors, on progresse ?

L’Europe se trouve aujourd’hui à un carrefour. Dans certains pays, le droit à l’avortement se renforce tandis que dans d’autres, il reste fragile. Face à cette réalité, la question n’est plus seulement de savoir si l’avortement doit être autorisé, mais comment garantir l’accès réel, sans discrimination, et comment protéger ce droit contre les vents contraires.

L’initiative européenne My voice, my choice pourrait transformer l’avenir du droit à l’avortement. Portée par un collectif de femmes militantes à travers plusieurs pays européens, cette initiative propose la mise en place d’un fonds de solidarité entre États membres volontaires de l’Union européenne. L’objectif ? Permettre aux femmes vivant dans des pays où l’accès à l’IVG est restreint de se rendre dans d’autres pays européens pour y avorter en toute sécurité, avec un remboursement pris en charge par ce fonds commun. Cette initiative incarne une vision d’Europe solidaire et engagée pour les droits des femmes, où la liberté de disposer de son corps existe pleinement. Si l’initiative se concrétise, elle pourrait marquer un tournant historique vers une égalité réelle en matière de droits reproductifs sur le continent. Le vote doit se faire au Parlement européen au mois de décembre prochain.

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Wikipédia VS Grokipedia : la bataille des encyclopédies

mer, 12/11/2025 - 12:12
Elon Musk lance une OPA sur la connaissance humaine

Le duel semblait aussi improbable que prévisible : Wikipédia, monument du web collaboratif dans le top 10 des sites les plus consultés sur internet, face à Elon Musk, l’entrepreneur à la tête de X et de SpaceX connu pour ses opinions tranchées. Après de nombreuses critiques et appels au boycott sur X visant l’encyclopédie en ligne, le milliardaire a décidé de contre-attaquer en créant la sienne, Grokipédia : un projet qui varie entre technologie, idéologie et compétition d’influence.

Tapez “réchauffement climatique” sur Wikipédia, et vous lirez un long article appuyé sur des études scientifiques et des rapports du GIEC. Sur Grokipédia, la version lancée par Elon Musk, le ton change subtilement parmi un océan de copier-coller de Wikipédia : on y parle de “surestimation” et de “réchauffement plus lent”. Ce contraste n’est pas un hasard. Le milliardaire américain, après avoir racheté Twitter (devenu X) et lancé son IA Grok, s’attaque désormais à un autre pilier encyclopédique du web : Wikipédia. Son ambition ? Créer une encyclopédie “libre d’idéologie de gauche et d’idées wokiste”, adossée à l’intelligence artificielle et à la philosophie de la liberté d’expression chère à X. Mais derrière cette promesse d’un savoir “plus neutre”, Grokipedia révèle aussi une nouvelle bataille de pouvoir : celle du contrôle de l’opinion et de la fiabilité de l’information, à l’ère des intelligences artificielles.

Le savoir selon Musk 

Mise en ligne le 27 octobre 2025, la première version de la plateforme encyclopédique Grokipédia, développée par xAI, la société d’intelligence artificielle d’Elon Musk, fait déjà beaucoup parler d’elle. Présentée comme une alternative “libre de propagande” à Wikipédia, cette version 0.1 est pour l’instant disponible uniquement en anglais, avec une limite d’âge fixée à partir de 13 ans et sans véritable vérification parentale pour les utilisateurs mineurs.

Depuis plusieurs années, Musk accuse Wikipédia d’être “trop woke et trop gauchiste”, multipliant les critiques publiques notamment après la publication d’articles jugés faux sur Donald Trump. Sur X, il a promis que Grokipedia “éliminerait la propagande qui inonde Wikipédia” et “recenserait la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité”. Dans un autre message, il assure que la version 1.0 “sera dix fois meilleure. Mais même en version 0.1, Grokipedia est déjà meilleur que Wikipédia à (son) avis.

We are building Grokipedia @xAI.

Will be a massive improvement over Wikipedia.

Frankly, it is a necessary step towards the xAI goal of understanding the Universe. https://t.co/xvSeWkpALy

— Elon Musk (@elonmusk) September 30, 2025

Cependant, derrière ces déclarations, le projet semble porter la marque idéologique de son créateur. De nombreux observateurs notent que le ton de Grokipedia penche subtilement vers la droite, sans que cela soit toujours explicite. Une grande partie de son contenu provient d’ailleurs directement de Wikipédia, retravaillé par l’IA, un paradoxe qui, selon certains, pourrait affaiblir organiquement la plateforme d’origine, tout en diffusant une version filtrée du savoir sous couvert de neutralité.

Deux visions du savoir

Alors que Wikipédia repose sur la collaboration de millions de contributeurs bénévoles, avec des pages de discussion, des historiques et des sources de qualité, Grokipédia est entièrement prise en charge par l’IA Grok. Cette dernière rédige les articles, recherche les sources sur le web et sur X et en évalue la fiabilité. Cependant, dans cette première version, il n’existe aucun mécanisme permettant aux internautes de corriger ou de réfuter une information jugée fausse comme elle l’indique dans ses termes et conditions.

Comme le souligne Philippe Laloux, journaliste au pôle économique du journal Le Soir, où il se consacre notamment aux enjeux des nouvelles technologies : “Grok et Grokipédia ont une architecture éditoriale très top-down, c’est l’IA qui contrôle tout, contrairement à Wikipédia, qui part de la base humaine”. Il ajoute également : “Un robot n’est pas neutre parce qu’il y a un algorithme derrière. Il reprend l’idéologie de son fondateur.”

Du côté de Wikipédia, comme le rappelle Madel, un de ses contributeurs actifs depuis 15 ans : “Wikipédia, ce sont cinq principes fondateurs. Et le deuxième, c’est la neutralité de point de vue.” Autrement dit, la plateforme collaborative repose sur des principes clairs et des arbitrages humains où une information ne peut être ajoutée sans être amenée avec des sources de qualité considérées comme “fiables” (articles de presse, ouvrages, travaux universitaires). Tandis que Grokipédia centralise le pouvoir éditorial dans une IA dont la fiabilité dépend des sources disponibles sur le web et sur X et les opinions et idéaux personnels d’Elon Musk.

Bataille de neutralité

« Tout oppose Grokipedia et Wikipédia. Wikipédia est un projet collaboratif ouvert à tous, librement partagé, avec une licence que tout le monde peut réutiliser. Et Elon Musk ne s’en est pas gêné, puisque, à la base environ 80% de Grokipédia provient de Wikipédia, parfois mot pour mot« , explique Madel.

Un fait frappant : en utilisant et comparant les deux plateformes, on remarque qu’elles se ressemblent autant qu’elles diffèrent. Comme le souligne Philippe Laloux: “Lors de sa phase d’entraînement, Grok “crawl”, c’est-à-dire qu’il scanne l’ensemble des pages web pour pomper le contenu et le réinjecter dans la plateforme. ” Résultat : pour n’importe quel article fourni par Grokipédia, la majorité des sources proviennent des sites du groupe Wikimedia Foundation.

Pourtant, cette IA reste fortement influencée par les idéaux de son concepteur. Sur certains sujets sensibles ou polémiques, on peut lire entre les lignes des prises de position idéologiques ou des tournures de phrases tranchées, noyées dans un océan de copier-coller Wikipédia.

En recherchant le mot-clé “Grokipedia” sur Grokipédia, la majorité des résultats pointent vers des articles dénonçant un “manque de neutralité” de Wikipédia, comme pour démontrer que la nouvelle plateforme existe pour “remédier” à Wikipédia. Le salut nazi d’Elon Musk, geste controversé effectué le 20 janvier 2025 lors du meeting qui a suivi la seconde investiture de Trump, n’est pas trouvable dans Grokipédia, alors qu’il possède un article dédié sur Wikipédia. Concernant le scandale Epstein et sa relation avec Donald Trump, la narration est modifiée sur Grokipédia : bien qu’il soit, comme sur Wikipédia, mentionné que le président américain a fait partie de son cercle proche, la plateforme de Musk insère un extrait d’un article du New York Times pour minimiser l’implication de Trump avec Jeffrey Epstein après 2005.

Le traitement du mouvement #MeToo illustre aussi ce biais : tandis que Wikipédia explique les causes défendues par le mouvement et son origine, Grokipédia consacre un paragraphe entier dans l’introduction à une critique affirmant que “#MeToo privilégie le récit aux preuves, amplifiant souvent des allégations non corroborées qui entraînent de graves conséquences…”. De même, le réchauffement climatique, présenté de façon alarmante sur Wikipédia à l’aide de plusieurs sources scientifiques, est nuancé sur Grokipédia par la mention d’une “surestimation” du réchauffement réel dans certaines zones rurales, tout en omettant d’insister sur les conséquences écologiques globales du phénomène.

Les Personnes LGBTQ+ sont abordées dans un ton polémique : Grokipédia met en avant des controverses médicales et sociales peu représentatives de la position majoritaire des chercheurs. Le site insiste sur des critiques évoquant des “risques iatrogènes” ou une “contagion sociale” liés à l’augmentation des identifications LGBTQ+, ce qui traduit une certaine méfiance envers cette communauté. Cette mise en avant de thèses marginales crée un décalage clair avec Wikipédia, qui s’appuie surtout sur les études scientifiques reconnues.

Enfin, concernant le conflit Israël-Palestine, Grokipédia présente un angle favorable à Israël, décrivant surtout les opérations militaires israéliennes comme des réactions défensives et passant sous silence la crise humanitaire à Gaza. Contrairement à Wikipédia, qui expose les pertes humaines, le blocus et les responsabilités des deux camps, Grokipédia propose un récit très déséquilibré : la souffrance israélienne est détaillée, tandis que celle des Palestiniens est largement absente. Ce décalage crée un biais frappant qui oriente la compréhension du conflit en faveur d’Israël.

Cette confrontation illustre une dynamique particulière : Grokipédia emprunte massivement à Wikipédia, mais l’IA de Musk sélectionne et reformule les informations selon une perspective idéologique implicite, créant ainsi un contenu qui semble neutre à première vue, mais porte en réalité un biais discret et orienté.

Une prise de parti

Une intelligence artificielle n’a pas, en soi, de conviction politique. Mais si les données sur lesquelles elle s’appuie sont orientées, elle reproduit ce biais et l’amplifie. Et c’est précisément ce que craint Philippe Laloux pour Grokipédia : « Rien dans ce qu’a fait Elon Musk depuis le début de sa carrière n’est dépourvu d’un agenda politique ou idéologique. » Pour lui, le fonctionnement de Grokipedia reflète cette volonté de contrôler le récit, dans la continuité d’une logique déjà visible sur X : « Évidemment que X n’est pas une base fiable pour une encyclopédie. La plateforme fait déjà l’objet d’enquêtes sur ses mécanismes de recommandation et sa gestion des contenus problématiques.« 

Selon Laloux, là où Wikipédia cherche à corriger les biais, Grokipedia risque de les renforcer : « Wikipédia repose sur un pluralisme procédural : il y a des pairs, des patrouilleurs, des sources secondaires. Là où Grokipedia amplifie les biais, Wikipédia met tout en œuvre pour les atténuer.« 

De son côté, Madel, rappelle la philosophie fondatrice du projet de Wikimédia : « Sur Wikipédia, on ne cherche pas la vérité, mais l’exactitude. On exprime tous les points de vue, dans leur juste proportion, sans en privilégier aucun. » Pour lui, cette distinction est essentielle : elle marque la différence entre une encyclopédie pluraliste et redevable comme Wikipédia et un modèle unilatéral piloté par une IA qui, sans garde-fous, finit par refléter les idées politiques de son créateur.

Quel futur pour Wikipédia face à l’IA ?

Pour Madel, la confrontation entre les deux plateformes dépasse la technologie. « Nous avons affaire à un oligarque qui crée quelque chose seul, porté par sa propre vision du monde. En face, Wikipédia, c’est un projet collectif, multilingue, animé par des dizaines de communautés. Même avec ses milliards, il ne peut pas rivaliser avec cette diversité.« 

Mais la montée en puissance de l’intelligence artificielle commence à fragiliser ce modèle collaboratif : « « « On constate une baisse de fréquentation d’environ 8 % depuis l’essor des IA génératives. Les utilisateurs vont moins directement sur Wikipédia, car ils trouvent leurs réponses dans les petites fenêtres pop-up ou les chatbots, qui puisent dans nos contenus. » Résultat : moins de visibilité, moins de nouveaux contributeurs, et donc moins de financements pour une encyclopédie qui vit uniquement grâce aux dons, sans publicité.

De son côté, Philippe Laloux, rappelle que cette mutation ne touche pas que Wikipédia : « En moins d’un an, même Google a été bousculé. Pour la première fois, le moteur de recherche perd du trafic. Les agents conversationnels comme Chat GPT, Gemini, Claude, Grok, deviennent des interfaces universelles entre les utilisateurs et l’information.« 

Madel, lui, insiste sur un geste simple : « Il faut encourager les gens à consulter directement les sources, à venir sur Wikipédia, à ne pas passer par les filtres d’intelligence artificielle. Chaque visite compte : elle permet au projet de continuer à exister, à rester libre et ouvert à tous.« 

À l’heure où des IA prétendent trier le savoir à notre place, cliquer sur Wikipédia devient un acte de résistance intellectuelle contre les nouvelles alternatives faillibles comme Grokipédia.

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IVG : un droit à reconquérir chaque jour

lun, 10/11/2025 - 16:58

Le thème de l’avortement fait régulièrement l’objet de vifs débats. Il s’agit souvent d’aspects juridiques, rarement des femmes concernées. Mais quelle est la réalité dans une clinique où l’on pratique l’avortement ? L’hôpital de la Citadelle de Liège m’a permis de découvrir sa clinique.

Dans ce reportage, aucun nom ne sera cité. « Il y a quelques années, nous avons été tellement menacés par téléphone que nous ne pouvons plus faire autrement« , commence la gynécologue en chef, que je rencontre en premier. Je peux citer le nom de l’hôpital, prendre des photos où aucune personne n’est reconnaissable, mais je ne peux citer de noms. Elle me fait part de son obligation de protéger ses collaborateurs.

L’équipe du planning familial se trouve dans un bâtiment très moderne et est composée de deux gynécologues, d’un médecin généraliste et de quatre infirmières. Elles travaillent toutes aussi au sein du service de gynécologie et au centre de ménopause et se relaient en permanence pour assurer le fonctionnement du planning familial.

Les propos teintés de prudence de la gynécologue méritent une explication. En Belgique, la loi Lallemand-Michielsen de 1990 dépénalise partiellement l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et permet l’avortement jusqu’à la fin de la douzième semaine de grossesse. Au-delà, les femmes enceintes qui ont recours à l’avortement, mais aussi les médecins qui le pratiquent, risquent des sanctions pénales, sauf en cas de malformation du fœtus ou lorsque la santé de la femme est gravement menacée. 

« Nous parlons toujours de 14 semaines d’aménorrhée. L’aménorrhée, ça veut dire l’absence de règles. Au-delà des 14 semaines, on n’est plus dans la loi« , explique la gynécologue. 

L’interruption de grossesse peut être médicamenteuse ou chirurgicale, selon l’avancement de la grossesse : « La plupart des femmes ont recours à l’IVG médicamenteuse, car elles prennent conscience de leur grossesse très tôt. Après quelques jours d’attente, elles ont le rendez-vous de consultation, où nous établissons leur dossier et déterminons précisément où en est leur grossesse. Après six jours de réflexion, délai fixé par la loi, l’IVG peut être pratiquée« , précise la gynécologue.

Je lui demande alors ce qui devrait changer et elle me répond en ces termes :

« Ce n’est plus utile d’avoir 6 jours d’attente. Les femmes n’en ont pas besoin. Et nous devrions faire des IVG dans certains centres spécialisés jusqu’à la 18e semaine en Belgique aussi. Cette extension de la loi permettra la prise en charge d’environ 500 femmes qui vont chaque année aux Pays-Bas.« 

Je vais ensuite au planning familial, où je m’installe sur les fauteuils verts de l’espace d’accueil. Des roses et des pierres sont peintes sur les murs et des flyers relatifs à la contraception et à l’avortement sont exposés sur un présentoir. Le téléphone sonne en permanence et tous les fauteuils sont occupés. La femme assise à côté de moi joue nerveusement avec sa bague pendant que son partenaire lui caresse le dos. En face d’elle, une jeune fille accompagnée de sa mère se trémousse tout aussi nerveusement. Les cinq salles de soins semblent occupées.

Après avoir répondu au téléphone et effectué leur travail au planning, les deux infirmières viennent vers moi.

À ma question, qui sont les femmes qui demandent une IVG et pourquoi, les deux infirmières m’expliquent que « la majorité des femmes ont entre 25 et 35 ans. Il n’y a pas de raison unique. Cela peut être l’argent, l’échec d’un partenariat ou le moment inopportun. Les femmes qui arrivent chez nous ont, dans la grande majorité des cas, bien réfléchi avant de décider d’avorter ou non.« 

À un moment, une femme accompagnée de son partenaire sort de la salle de soins et se dirige vers les infirmières. Elle semble triste, mais soulagée et les remercie d’une voix douce et s’en va. 

Les infirmières me disent alors : « La façon dont on parle de ces femmes, le fait que nous sommes perçues comme des meurtrières et que l’on ne fait pas confiance aux femmes, nous fait mal. Les femmes savent très souvent si elles sont sûres ou non, et si ce n’est pas le cas, elles pourraient continuer à réfléchir sans loi. C’est ce que nous constatons lors du premier rendez-vous.« 

Après l’entretien avec les deux infirmières, je me rends chez la psychologue. Elle aussi sait qui je suis et me parle très ouvertement. Lorsque je lui demande ce que les gens doivent savoir, elle me répond que les femmes sont fortes et qu’elles peuvent décider par elles-mêmes, mais qu’elles peuvent demander de l’aide pour cette décision grave. 

Et elle ajoute : « Je ne dois pas aider les femmes à se décider, car elles savent presque toujours ce qu’elles font. Et si ce n’est pas le cas, nous ne sommes pas des monstres qui les persuadent d’avorter juste parce que la date est fixée.« 

« Ce qui me dérange, ce sont ceux qui font culpabiliser les femmes. Elles se sentent aussi mal ainsi. Si cela devait vraiment arriver, et c’est rare qu’une femme ait plusieurs IVG, l’équipe du planning lui donne rendez-vous pour lui parler de contraception. »

Et lorsque je demande à la psychologue ce que les femmes doivent savoir, elle souligne que celles-ci doivent savoir que cette décision est certes lourde de conséquences, mais qu’elle ne doit pas déterminer toute leur vie. Cette IVG ne définit pas ce qu’elles sont en tant que femmes, car elles peuvent avoir une belle vie affective et sexuelle après une IVG. 

L’IVG doit être prise en charge tous les jours, car elle peut toujours être menacée”, conclut la gynécologue.

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Stéphanie Lange : un engagement politique pour une société plus inclusive

lun, 10/11/2025 - 06:57

Stéphanie Lange est députée chez Les Engagés pour les parlements de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de Bruxelles depuis juin 2024. Elle a fait de son handicap moteur une force et un combat. Combat pour plus d’égalité. Combat pour l’inclusion des personnes en situation de handicap.

Sincère et déterminée. C’est ainsi que Céline Fremault, ancienne ministre régionale bruxelloise des Personnes handicapées et ancienne membre du Centre Démocrate Humaniste (CDH), décrit Stéphanie Lange. Les deux femmes se connaissent depuis plusieurs années déjà. Et ce qui les amène à se rencontrer, c’est leur combat commun pour une société plus inclusive.

La politique comme moyen d’action pour l’inclusion

Juriste de formation, Stéphanie Lange ne sait pas dans quel secteur se diriger après ses études. Jusqu’au jour où sa route croise celle de Céline Fremault. En 2019, durant cinq mois, Stéphanie Lange effectue un stage à ses côtés. “C’est là que je me suis rendu compte de l’influence que pouvaient avoir les politiques sur le changement de la société“. Elle sait alors ce dans quoi elle veut se lancer : la politique. Et le changement qu’elle veut apporter, c’est celui de l’inclusion des personnes en situation de handicap. Elle qui est en situation de handicap moteur se rend bien compte des manquements à l’inclusion des personnes en situation de handicap dans notre société.

Ce stage marque aussi Céline Fremault. Des stagiaires, elle en a vu passer. Mais Stéphanie la marque particulièrement. Elle a un très beau CV, est parfaitement trilingue et a étudié le droit de la santé en Suisse. Elle est aussi jeune et avide d’apprendre. Céline Fremault était investie depuis plus de vingt ans dans le handicap. Mais face à Stéphanie Lange, son regard sur les personnes en situation de handicap évolue. Elle se trouve désormais devant la preuve même que le handicap n’est pas toujours un frein, mais bien souvent une force. “Une chose était d’être investie dans le handicap, une autre chose est de voir grandir quelqu’un qui est en situation de handicap dans la vie publique.

“Il ne faut pas toujours tout prendre pour soi”

Ce qui amène Stéphanie Lange chez Les Engagés, c’est la refondation du parti. Ce dernier troque en mars 2022 son nom de Centre démocrate humaniste pour celui des Engagés. Dans ce nouveau nom, une promesse : celle du changement, ce pour quoi la jeune femme veut se battre. Elle participe à l’écriture du programme électoral du parti et se voit ensuite proposer de participer à la campagne électorale, ce qu’elle accepte.

Mais faire bouger les lignes ne s’annonce pas si facile. D’une part, il n’y a toujours pas de gouvernement à Bruxelles à l’heure actuelle. Et quand il y a un gouvernement, les négociations ne sont pas toujours aisées. “Là où on (ndlr : Les Engagés) est au gouvernement, on doit quand même négocier avec des partenaires de majorité qui n’ont pas toujours forcément la même vision que la nôtre. Donc ça complique la tâche et la volonté d’avancer vers l’inclusion”. Malgré ces négociations parfois compliquées, Stéphanie Lange garde en tête ses objectifs et persévère. Son poste nécessite du caractère. “La critique est parfois assez rude et les débats démocratiques peuvent aussi parfois être très rudes. Donc il ne faut pas toujours tout prendre pour soi”.

“Finalement, le handicap n’est peut-être pas aussi handicapant qu’il peut paraître”

Cette détermination, Stéphanie Lange la traduit aussi en dehors de sa vie politique. Elle aime en effet relever des défis sportifs. Elle a déjà participé aux 100 km de Doc’Riders deux années de suite en tandem. Ce challenge est pour elle une manière de s’évader et de se dépasser. “On avait toujours dit que je n’allais jamais pouvoir faire du tandem parce que j’ai un problème d’équilibre”. Cette année, elle a tenté de relever le défi de Cap48. L’objectif : marcher 100 km en 21 jours. Elle a réussi à en faire 75. “Il y a toujours ce petit challenge qui m’aide à me surpasser et à me dire que finalement le handicap n’est peut-être pas aussi handicapant qu’il peut paraître.

Outre sa détermination, son entourage est également primordial au quotidien. Être politicienne signifie aussi afficher publiquement ses idées et son orientation politique, ce qui peut parfois créer des tensions avec des proches qui défendent d’autres courants. Plusieurs membres de la famille de Stéphanie Lange l’ont beaucoup soutenue durant la campagne électorale en faisant sa publicité. Mais ils n’en étaient pas moins inquiets pour elle, surtout sa maman. “Elle avait peur de l’avenir. Elle avait peur que ça fasse beaucoup de boulot, que je sois trop fatiguée, que ce soit trop quoi”. La politique occupe aujourd’hui une place prépondérante dans la vie de Stéphanie Lange. Si cela peut parfois se révéler très fatigant, elle tient le coup, notamment grâce au soutien d’autres politicien·ne·s de son parti.

“Elle symbolise ce que doit être demain une assemblée publique”

Stéphanie Lange amène avec elle un changement de mentalité dans la politique en général. La parlementaire se déplace parfois en chaise roulante. Or, jusqu’à maintenant, le Parlement bruxellois est inaccessible aux personnes à mobilité réduite. Toute personne en chaise roulante doit rester à l’arrière sans micro, car il y a immédiatement des marches pour descendre vers les sièges. Des travaux sont désormais prévus pour améliorer l’accessibilité de cet hémicycle. Céline Fremault explique que le greffier du Parlement bruxellois, Hugues Timmermans, était très heureux de l’élection de Stéphanie Lange, car cela allait obliger une vérification de l’accessibilité du Parlement bruxellois pour mieux l’accueillir. Pour Céline Fremault, Stéphanie Lange “symbolise ce que doit être demain une assemblée publique, c’est-à-dire le fait de divers profils qui incarnent la société”.

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Contraception masculine : une révolution en attente

sam, 08/11/2025 - 12:32

© Thoreme

La contraception masculine : tout le monde en a entendu parler, mais qui sait vraiment ce qu’il en est ? Entre méconnaissance, innovations en attente de certification et débats européens, le sujet se révèle plus vaste – et plus complexe – qu’on ne l’imagine.

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Au bout du stick

ven, 07/11/2025 - 16:01
Portrait d’Antoine Holbrechts, pionnier du floorball belge

Crédit photo : Saâd Farahy

Alors qu’il vient d’effectuer ses débuts dans l’élite du floorball belge en septembre dernier, Antoine Holbrechts, dit « Zébulon », est à un tournant. Habitué à la vitesse du jeu et aux claquements des crosses, le Montois de 24 ans veut se placer parmi les pionniers d’un sport encore méconnu en Belgique.

Lorsqu’il déboule sur le parquet avec ses godasses qui tapent, il est imprenable. Il court, arpente la surface du terrain comme un patineur. À croire qu’il joue comme Wayne Gretzky, la légende canadienne du hockey sur glace. La comparaison semble forte mais, dans sa tête, ça se tape en un contre un. Antoine Holbrechts, dit « Zébulon », aspire à s’accomplir dans un univers qui pointe, modestement, le bout de son stick

À 24 ans, le Montois pratique une discipline à mi-chemin entre le hockey sur gazon et le hockey sur glace. Avec une balle creuse, en plastique. Le floorball se distingue par le fait qu’il se joue en salle, sur une surface plus réduite. Les basses balustrades viennent délimiter la surface de jeu, formant un enclos où tout s’accélère. Les crosses claquent, les semelles crissent, les cris se répercutent contre les murs déshabillés du gymnase. La balle file, ricoche sur les bandes, repart aussitôt. Ici, le jeu ne s’arrête jamais. Ça fait une dizaine d’années que sa vie est rythmée par le bruit des crosses qui s’entrechoquent. Une bande sonore qui résonne en lui, semble-t-il. Un amour qui se tape.

La crosse, c’est une extension de soi

Antoine Holbrechts dit « Zébulon », attaquant aux Tornado Hurricanes de Bruxelles.

Ce qui le fait revenir à chaque entraînement, ce n’est pas seulement la vitesse du jeu, mais le collectif. Chaque jeudi soir, Antoine s’entraîne avec sa nouvelle équipe. Après dix ans chez les Blackhawks de Mons, il a rejoint les Tornado Hurricanes de Bruxelles. « Je voulais trouver un projet qui me corresponde », débute-t-il. « Mons était un bon club, mais je me sentais freiné dans ma formation. Ici, j’ai intégré une équipe plus expérimentée. C’est ce qui m’a convaincu de franchir le pas. »

Depuis ses 14 ans, « Zébulon » fait rouler sa balle en plastique aux quatre coins du pays. (Crédit photo : Saâd Farahy)

Antoine a pris un virage à 180 degrés cette saison. L’exercice précédent ne lui avait pas permis de s’exprimer à son niveau habituel, alors il débarque revanchard sur les parquets de D1. À peine arrivé, ses coéquipiers lui reconnaissent déjà quelques qualités. « On l’a payé assez cher pour qu’il vienne ici », plaisante Gilles, l’un des vétérans des Tornado. « Zébulon se distingue par son implication et sa lecture du jeu. Ce sont des forces notables chez un attaquant. » Jamais sans ses crosses soigneusement polies. C’est sa règle. Ne faire qu’un avec son équipement, c’est sa façon d’entrer dans le jeu. « La crosse, c’est une extension de soi », assure Antoine. « Sans elle, il n’y a rien. J’ai un besoin permanent de la toucher. Si je reste une semaine sans, je me tâte à l’idée de la retrouver. »

Il a un bon mental. Et je sais qu’il garde en tête ce rêve d’atteindre les sommets de la discipline

Loïc, ex-coéquipier et ami d’Antoine. Une question d’adrénaline

Sa silhouette longiligne se remarque autant par son activité incessante que par son énergie sur le terrain. Rapide dans le jeu et précis devant le but, l’attaquant des Tornado s’est distingué au fil des saisons. « Zeb » dégage une impression de maîtrise et de confiance. Dans une autre vie, Antoine pratiquait le théâtre. C’est certainement là qu’il a acquis la science des mots et du placement.

Tous les jeudis soirs, les deux équipes seniors des Tornado Hurricanes de Bruxelles s’entrainent au Complexe du Neerstalle. Un rythme trop faible pour un club qui vise les sommets. (Crédit photo : Saâd Farahy)

Et tout ça, c’est avant tout une question d’adrénaline. « À chaque fois que je vais à l’entraînement, je me sens bien dans ce que je fais. Aucun sport ne m’a jamais procuré la même sensation que le floorball. Cette discipline m’a libéré et j’ai trouvé, en elle, ma voie », confie Zébulon. L’ambition, presque naïve, du néo-bruxellois se mesure à son dépassement, visible à l’entrainement. Loïc, dit « Boule » l’un de ses fidèles coéquipiers des années montoises, reconnaît ce trait chez lui. « Il a un bon mental. Et je sais qu’il garde en tête ce rêve d’atteindre les sommets de la discipline », glisse-t-il. Un objectif qui ne garantit pas le succès, dans un sport où les moyens et la reconnaissance restent limités.

Pour l’instant, « Zeb » place le jeu avant la gloire. Il prône le plaisir avant tout. Le sport reste encore en phase de développement. Pas évident de se faire une place quand le statut professionnel n’existe pas. Le floorball, né en Scandinavie dans les années 1970, reste marginal en Belgique. Seulement une trentaine de clubs affiliés, quelques milliers de pratiquants actifs, et un championnat semi-amateur encore discret dans les médias.

Amener la balle au fond des filets

Malgré le manque de visibilité, Antoine n’est pas du genre à baisser la crosse. Un surplus de confiance émane de lui. Jamais pressé, toujours tranquille. Dans son écurie, Zébulon bout d’envie de prouver qu’il est le meilleur étalon. Au point d’accéder à l’équipe première ? Peut-être. En venant à Bruxelles, il a cherché un équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Car à côté du floorball, Antoine est prof de sport. Il aime transmettre et apprendre des autres. C’est aussi pour ça qu’il a rejoint la deuxième équipe des Tornado. Pour progresser, encore et toujours.

Ce qu’on pourrait me souhaiter ? De la visibilité. Et des buts, évidemment !

Antoine Holbrechts dit « Zébulon »

S’il nourrit son idéal avec un état d’esprit solide, les coups de barre ne manquent pas. Mais, avec sa résilience habituelle il y fait face. « Mon but est de m’amuser. Cela n’a aucun sens si ce n’est pas le cas. On ne joue pas à un niveau professionnel. », rappelle-t-il. « Boule », pour sa part, a toujours constaté la mentalité optimiste de son camarade et ami. « Dans le dur, il apprend toujours. Et, cette soif d’apprentissage lui permet de grandir. »

Sous son sourire plein, Antoine ne compte pas s’arrêter de sitôt. (Crédit photo : Saâd Farahy)

Nouvelle équipe et mêmes objectifs, donc. Antoine continue d’arpenter les parquets aux quatre coins du pays avec un but clair : populariser le floorball. Sur Instagram, il partage sa discipline pour toucher le plus grand nombre. « Ce qu’on pourrait me souhaiter ? De la visibilité. Et des buts, évidemment ! », lâche-t-il en riant. Zébulon garde le même cap, sur les parquets comme sur les réseaux. La balle, fixée à sa crosse et accompagnée du crissement de ses Asics, roulera toujours. Par passion. Pour l’amour du stick.

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La Belgique désarmée face aux survols de drones ?

ven, 07/11/2025 - 15:41

Ces dernières semaines, plusieurs survols de drones ont suscité des interrogations en Belgique. Nous nous sommes rendues à la commission de la Défense pour en savoir plus sur les mesures envisagées et les enjeux de sécurité que ces incidents soulèvent.

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Fin du subside PAS : l’accès à la culture en péril

jeu, 30/10/2025 - 08:50
Les CPAS privés d’un subside de 15 millions pour l’accès à la culture

Image illustrant une exposition d’art, Adobe Stock

«  La culture, c’est l’humanisation de l’homme« , disait Kant. La pensée a probablement guidé la rédaction de la Convention universelle des droits de l’homme, qui fait de l’accès à la culture un droit fondamental avec son article 27. Ce droit risque aujourd’hui d’être bafoué avec la suppression, par la ministre fédérale de l’Intégration sociale Anneleen Van Bossuyt (N-VA), des subsides PAS. Quel est exactement ce subside et en quoi est-il important ?  

CPAS sous pression  

“Le subside PAS est un subside fédéral dont le but est de promouvoir la participation des personnes les plus vulnérables, et de les réactiver socialement”, explique Sébastien Lepoivre, président de la Fédération des CPAS de Bruxelles. Autrement dit, il s’agit de réintégrer les personnes en situation de précarité dans la vie sociale. Pour ce faire, les CPAS divisent cette tâche en trois volets :

  • l’insertion socio-professionnelle (via des modules collectifs),
  • la lutte contre la pauvreté infantile (avec la prise en charge de frais scolaires par exemple)
  • la participation sociale et culturelle (ce qui comprend activités de groupes, tickets à prix réduits, sorties culturelles, etc…). 

Avec l’annonce de la fin du subside en janvier 2026, les CPAS se retrouvent seuls face au financement des PAS. Or, ils ne sont pas tous égaux sur le plan financier comme le rappelle Sébastien Lepoivre. “Certaines communes ont les moyens et la capacité de financer des plans comme ceux-ci, mais d’autres, malheureusement, ne les ont pas. Parce que la crise financière, elle est aussi dans les communes”. Et dans celles où la trésorerie n’est pas suffisante pour compenser cette perte, des choix devront être fait.

Sacrifier l’indispensable 

Avec des budgets qui se rétrécissent, les CPAS seront contraints de privilégier les besoins vitaux des bénéficiaires avant de leur permettre d’aller au cinéma ou au théâtre. 

Mais réduire la culture à un simple “extra” dans la vie des personnes précarisées, n’est-ce pas méconnaître sa portée réelle ? L’accès à la culture est un besoin vital : c’est un outil d’émancipation, un espace où l’on se découvre, où l’on apprend à comprendre le monde et à s’y situer. La culture, c’est aussi ce qui recrée du lien social. Aller au théâtre, participer à un atelier, visiter un musée ou assister à un concert, ce sont autant d’occasions de sortir de l’isolement dont souffrent énormément de bénéficiaires des CPAS. 

En ce sens, la culture participe pleinement à la mission des CPAS : elle est une forme de réactivation sociale à part entière. Couper les subsides qui la rendent accessible, c’est risquer de casser ce cercle vertueux. C’est d’ailleurs ce que défend le président des CPAS de Bruxelles : « On pense que l’activation sociale ne passe que par l’emploi, mais c’est faux« .  

On pense que l’activation sociale ne passe que par l’emploi, mais c’est faux !

Sébastien Lepoivre, Président de la Fédération des CPAS de Bruxelles

Sans l’aide du fédéral, de nombreux CPAS risquent de ne plus pouvoir offrir que quelques animations gratuites, souvent limitées en portée. Exit donc les visites de musées ou les tickets à prix réduits, seule porte d’entrée à la culture pour beaucoup. Cette disparition ne ferait qu’accentuer un fossé déjà profond entre ceux qui peuvent s’offrir ces expériences et ceux qui en sont exclus. 

« La participation culturelle, c’est un droit humain« , rappelle Sébastien Lepoivre, « c’est un ciment essentiel de toute société ». Quand une partie du public en est privé, c’est le vivre-ensemble qui s’effrite.  

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Maroc : comment la GenZ a fait plier le pouvoir ?

mar, 28/10/2025 - 10:30
Retour sur une vague de contestations au Maroc qui a abouti à de nouvelles mesures dans les secteurs de la santé et de l’éducation.

Photo : @errafiquekhouloud

Depuis la fin du mois de septembre, le Maroc connaît une vague de manifestations menées par le collectif GenZ 212. Le mouvement a débuté pacifiquement, à la suite du décès de huit femmes à l’hôpital d’Agadir, drame qui a suscité une vive émotion dans tout le pays. Cependant, la situation s’est rapidement dégradée, entraînant des affrontements, plus de 600 arrestations et la mort de trois manifestants.

Ce collectif de jeunes s’est organisé à travers la plateforme numérique Discord afin d’élaborer son plan d’action. Leur mobilisation vise principalement à obtenir des réformes profondes dans les systèmes de santé et d’éducation.

Les protestations se sont étendues à plusieurs grandes villes : Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir et Tanger. Outre les questions de santé et d’éducation, les manifestants réclament des mesures fermes contre la corruption, qui gagne de plus en plus de terrain.

Face à cette mobilisation, le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a annoncé le 19 octobre 2025 une série de mesures en réponse aux revendications. Treize milliards d’euros seront alloués aux secteurs de la santé et de l’éducation, accompagnés de la création de 27 000 nouveaux postes.

Par ailleurs, le 21 octobre, Aziz Akhannouch a reçu à Rabat Mohamed Benalilou, président de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption, afin de renforcer les actions dans ce domaine.

Le mouvement GenZ 212 ne relâche pas la pression pour autant : malgré les concessions du gouvernement, ses membres maintiennent la mobilisation et font de la libération des manifestants arrêtés un nouveau combat.

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