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Maraîchage bobo ou logements sociaux ?

ven, 15/03/2024 - 12:30
Au Champ des Cailles, l’agriculture urbaine n’a pas que des partisans.

Photos : Camille Remacle (CC BY NC SA)

La coopérative agricole du Chant des Cailles est un bel exemple d’agriculture urbaine. Elle est implantée depuis bientôt douze ans sur le terrain du Champ des Cailles, appartenant à la société de logements sociaux “Le Logis-Floréal”. Cette initiative pose néanmoins question : faut-il privilégier une ferme urbaine au détriment de la construction de logements sociaux supplémentaires ?  

Le Champ des Cailles, c’est 1,5 hectare d’oxygène niché au sud de Bruxelles, à Watermael-Boisfort. À l’entrée du champ, trois poules leghorn nous accueilles. Ce ne sont pas les seules âmes présentent sur le terrain en cette deuxième matinée de mars. Le chantier mensuel du maraîchage collectif ne commence que dans une demi-heure, mais Greta est déjà là. Bien emmitouflée, elle est assise sur un banc en palette et profite des rayons du soleil. “Je m’étais inscrite pour venir au chantier cette après-midi mais j’ai vu qu’il allait pleuvoir après 13 heures, alors je suis venue ce matin. ” Greta est rejointe par Anne, qui s’assied sur un banc adjacent. Les deux femmes discutent des récentes manifestations agricoles qui ont eu lieu à Bruxelles. Et même si un fermier a épandu du lisier devant la porte de Greta lundi dernier, elle leur apporte son soutien “Ce n’est vraiment pas un métier facile… Mais heureusement qu’il a bien plu cette semaine, ça a déjà pas mal nettoyé mon trottoir ! ” La pluie, celle qui rend le travaille compliqué, mais qui irrigue les champs, celle qui mine le moral, mais qui nettoie le lisier du trottoir de Greta. C’est aussi cette satanée pluie qui rend le sol du champ peu praticable. Mais les bénévoles n’en ont que faire, ce n’est pas un peu de gadoue qui entamera leur moral. Chaussés de leurs plus belles bottes, ils affrontent les allées boueuses sans sourciller. L’heure de leur rendez-vous mensuel approche et les bénévoles se font de plus en plus nombreux. Ils sont bientôt rejoints par Caroline, la maraîchère. Semblable à une championne de cyclo-cross, elle affronte le sol boueux sur la selle de son vélo sans trop de difficultés.

Tout le monde se rassemble près du container. Avant de se répartir les tâches, Caroline demande aux bénévoles présents s’ils veulent bien signer le cadeau acheté pour Martin, un casque de soudure. Martin a travaillé dans la coopérative pendant des années et ce soir, c’est son pot de départ. Au programme : pizza cuites au feu de bois dans le four à pain mobile et soirée dans le bar du quartier. Les bénévoles signent tour à tour le casque avec un marqueur blanc. Parmi eux, Magdalena rigole des longues déclarations écrites par certains. Magdalena, ce n’est pas une bénévole comme les autres. Il y a une dizaine d’années, c’est elle qui a proposé l’idée d’implanter une ferme urbaine sur le terrain inoccupé du Logis. “Ici, certains sont vus comme les grandes figures du champ, mais moi je suis plus une grande gueule qu’une grande figure” nous confie Magda. 

Avoir une grande gueule ne suffit pas pour lancer un projet aussi ambitieux. Il faut aussi savoir bien s’entourer, constate Magdalena : “Quand j’ai proposé l’idée, j’ai vu les yeux des gens autour de moi scintiller. C’est là que j’ai su qu’on pouvait construire quelque chose. ” C’est avec l’aide de l’ASBL de la ferme “Le Début des Haricots” que le projet de l’ASBL “Le Chant des Cailles” est né en 2012. Les années passent et le projet prend de plus en plus d’ampleur. La première année, ce sont 3 brebis, une plantation de patates et quelques aromatiques qui prennent place sur le terrain. Une dizaine d’années plus tard, de nouvelles activités ont émergé et se sont éparpillées dans divers endroits. C’est au champ des cailles se trouvent la plupart des projets : le maraîchage, les jardins collectifs, les herbes aromatiques et les fleurs à couper. 600 mètres plus loin, sur une petite parcelle, nommée les Terrasses de Maurice, se trouvent un poulailler collectif, un petit jardin de quartier et un compost. Il y a également une épicerie participative sur la Place Joseph Wauters. Ces trois lieux sont prêtés à l’ASBL du “Chant des Cailles” par la société des logements sociaux “Le Logis-Floréal”. Quant à la bergerie “Le Bercail”, elle s’est implantée sur le terrain privé des Religieuses du Couvent Sainte-Anne. Une fromagerie a aussi vu le jour dans ce vieux verger où paissent les brebis. Toutes ces initiatives dressent un portrait enchanteur du Chant des Cailles, mais tout le monde ne semble pas si enthousiaste. Nombreux sont les détracteurs de la ferme urbaine.

“On nous voit toujours comme les méchants bobos qui empêchent la population de se loger correctement.”

Une bénévole du Chant des Cailles Mauvaises herbes et logements sociaux

Pour certains, la ferme du Chant des Cailles est vue comme une mauvaise herbe à déraciner car elle empêcherait la construction de nouveaux logements sociaux. À Bruxelles, pas moins de 52 000 ménages qui sont en attente de l’attribution d’un logement social. Maintenir l’activité agricole sur le champ des cailles, c’est privilégier une partie de la population plus aisée que celle qui patiente sur la liste d’attente pour bénéficier d’un logement social, selon l’Observatoire Belge des Inégalités. Une réflexion qui irrite les adeptes de l’agriculture urbaine. “On nous voit toujours comme les méchants bobos qui empêchent la population de se loger correctement […] ces gens-là ne nous connaissent pas, je suis moi-même bénéficiaire d’un logement social ! ” commente l’une des bénévoles, occupée à gratter une grande bâche noire. Une autre bénévole regarde au loin et ajoute “J’ai retrouvé des photos du quartier datant des années 60. On voit que chacune des maisons possède son propre potager. Avant les gens cultivaient parce qu’ils n’avaient pas le choix, il fallait bien qu’ils mangent. Ici, c’est ce qu’on fait, on réapprend aux gens à manger”. La première bâche est enfin propre, Manu et sa nièce Lucie déroule une deuxième bâche, encore plus sale que la première, sur la table. Les bénévoles redoublent d’efforts pour gratter les mottes de terre et d’herbe. Certaines sont là depuis tellement longtemps qu’elles ont pris racine dans les fibres de la bâche. Lorsque l’on évoque la pénurie de logements sociaux, une bénévole y oppose la problématique des logements vides “Dans la cité, il y a des dizaines de logements vides, alors pourquoi ne pas les remplir avant de construire de nouveaux bâtiments ? ” En avril 2023, il y avait 4 833 logements sociaux vides en région bruxelloise, faute de rénovations.

Quand la SLRB ramène sa fraise

Dans la petite serre située à proximité de l’atelier nettoyage de bâche, Greta et deux bénévoles mettent des fraisiers en pots. “Pas n’importe quelles fraises, des Cijosées ! ” s’esclaffe sa collègue de rempotage. Les vestes tombent, il commence à faire chaud dans la serre. Derrière la petite serre, on peut apercevoir quatre buildings blancs, composés de 15 containers empilés les uns sur les autres. Une architecture qui tranche avec les petites maisonnettes classées de la cité-jardin. Ces tours, elles sont sorties de terre en 2023. Elles ont été construites pour fournir un logement d’urgence à des familles ukrainiennes fuyant la guerre. Ces constructions occupent 25 % du terrain de la ferme, espace qui était auparavant utilisé pour le pâturage des brebis. Depuis une dizaine d’années, les discussions concernant l’avenir de la parcelle se multiplient entre les différents acteurs : L’ASBL du Chant des Cailles, la commune de Watermael-Boisfort, la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB) et Le Logis-Floréal. 

“ Ici, on réapprend aux gens à manger.” Une bénévole du Chant des Cailles

Le terrain du champ des cailles a été cédé par la ville de Bruxelles à la société de logements sociaux le Logis en 1964 (depuis 2018, les sociétés « Le Logis » et « Le Floréal » ont fusionné, formant ainsi « Le Logis-Floréal »). L’ensemble du terrain devait servir à la construction de 114 logements sociaux. Faute de budget, ce projet ne verra jamais le jour. C’est 50 ans après, en 2013, que le gouvernement régional PS-Ecolo validera un projet de construction de 70 logements. C’était sans compter les habitués du champ, mécontents que l’on ampute un tiers de la surface de leur ferme sans leur demander leur avis. Ecolo changera d’avis peu de temps après, soutenant le projet d’agriculture urbaine, soulignant son rôle important dans la cohésion sociale du quartier. Le dénouement de cette histoire à rebondissements arrivera le premier janvier 2023, avec la signature d’un contrat de 10 ans entre « Le Logis-Floréal » et l’ASBL du « Chant des Cailles ». En acceptant de céder un quart du champ pour la construction de logements sociaux, l’ASBL obtient une concession de services “agriculture en milieu urbain et cohésion sociale” sur le reste du terrain.

Trop peu de locataires pour retourner la terre 

L’argument d’une ferme actrice de cohésion sociale est souvent remis en question lorsque l’on pointe le faible pourcentage des locataires sociaux abonnés au maraîchage collectif. Il y a seulement 17 % de membres qui habitent un logement social, trop peu pour l’Observatoire Belge des Inégalités. Une constatation amère, partagée par les membres de la ferme. Pourtant, la coopérative a mis en place des mesures pour faciliter l’adhésion à la ferme : les locataires sociaux sont prioritaires pour s’abonner à maraîchage collectif, il y a la possibilité de payer un prix minimum en fonction de ses revenus… “C’est vrai que l’on retrouve souvent le même type de personne, des très jeunes ou des très vieux, admets Magda, c’est parce que c’est une activité qui prend du temps et ce sont les deux tranches d’âge où on en a le plus !”. Il semblerait qu’ici les légumes soient plus variés que le milieu socio-économique des jardiniers. C’est une physicienne qui récolte des poireaux alors qu’une professeure retraitée désherbe le bourbier d’hiver et qu’un ingénieur informaticien reconverti dans le maraîchage cueille les dernières feuilles de mâche.

Il est treize heures, l’heure de la pause de midi. Une partie des bénévoles rentrent chez eux. Lucie, Ulrich, Caroline, Magdalena et Mathias restent au champ pour casser la croûte avant d’entamer la deuxième partie de la journée. Assis sur le mobilier en palette, ils débattent pour savoir qui est le meilleur chocolatier entre Marcolini et Laurent Gerbaud. Gerbaud l’emporte, au grand dam d’Ulrich qui ne semble pas apprécier les pralines apportées par Caroline. Lucie ne mange pas, elle n’a pas faim, Ulrich insiste pour lui donner un part de quiche au saumon. Lucie finira par céder, tandis que Caroline partage le pain fait par son mari. Après une petite demi-heure de pause et de discussions houleuses, le groupe se prépare à se remettre au travail. Le vent se lève et le ciel se couvre. Greta avait raison, il va pleuvoir.

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4 ans après l’arrivée du virus, qui sont ceux que l’on appelle covid long ? 

ven, 15/03/2024 - 11:11

 crédit photo : @Long covid Belgium

« Covid long nous existons Belgique« , derrière le nom d’un groupe Facebook se cache une désillusion. Celle d’une prise en charge défectueuse par le corps médical, couplée à un trajet de soin inadaptéSes membres s’appellent Léo, Candice ou Fanny et leurs vies ont basculés depuis une infection au covid-19 dont ils ne se sont jamais remis.

« Mon médecin ne comprend pas et ne me donne pas d’explications ». Le témoignage de Fanny reflète la réalité de nombreuses personnes atteintes d’un covid long. Lorsque l’on tombe malade, un réflexe naturel est d’aller chez le médecin. Un problème émerge lorsque celui-ci ne sait pas de quoi vous souffrez. Si le manque d’information et de compréhension s’approfondit, un second réflexe est de changer de médecin. Et si ce dernier ne sait pas non plus, on change encore et encore, jusqu’à trouver celui qui écoutera, et qui saura. Cette recherche constante, c’est l’errance médicale. « J’ai vu comme tout le monde 36 000 spécialistes de covid long ou autres », lance ironiquement Léo. Même constat chez Candice. « Je continue encore aujourd’hui à me rendre à de multiples rendez-vous médicaux qui souvent ne mènent pas à grand-chose. Les différents médecins se renvoient souvent la balle, sans pour autant trouver quoi que ce soit ». 
 
Le corps médical se révèle souvent impuissant face à ces malades, confirme le docteur Marc Jamoulle. « Le problème, c’est qu’avec le COVID, ce qu’on pense, c’est un peu tout et n’importe quoi puisque le patient présente un ensemble de symptômes qui ne rentrent pas dans la connaissance habituelle », explique ce médecin traitant de Charleroi, en ajoutant que « l’association des symptômes de long covid pour un médecin, au départ, ne fait pas sens ».  L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a recensé, en 2022, plus de 200 symptômes post-covid. Autant dire que ça peut être tout et rien en même temps. Dans un souci de clarté, l’organisation onusienne a essayé de regrouper les 19 symptômes les plus communs : la fatigue, les difficultés respiratoires, les problèmes de mémoires et de concentration, des douleurs musculaires, etc. Mais le covid long reste encore relativement nouveau. Et développer une meilleure compréhension de la maladie et la recherche de traitements nécessite du temps. 

Burn-out et stress comme premier diagnostic 
 
Le constat est clair : les médecins sont démunis vis-à-vis du covid long. Face à un manque de connaissances, certains se limitent à parler de « stress » ou de « burn-out ». « C’est psychologique », entendent parfois les patients. Fanny en a fait les frais. « Les kinés me disent que ces malaises sont dus au stress et que je devrais le savoir depuis longtemps vu que je suis psychologue ». 

Du côté de Sophie, le constat est encore plus douloureux. Elle a fait face à quelques médecins qui ne croyaient pas au covid long. « Le pire, ce sont des médecins ou des paramédicaux qui refusent de nous soigner en disant qu’ils n’y connaissent rien ou que ça n’existe pas » confie-t-elle. Pourtant, elle a subi une pneumonie avec épanchement pleural (accumulation de liquide sur les poumons) et les séquelles sont avérées par des examens médicaux. « On n’arrive pas trop bien à comprendre ce qu’il se passe et pourquoi mes poumons sont dans cet état-là. Une chose est sûre, c’est que les dégâts sont faits ».
 
En attendant une prise en charge et une évolution positive, les malades prennent sur eux et adaptent leur vie à cet état invalidant. Sophie, kinésithérapeute pédiatrique, doit « travailler au sol, car je ne sais plus travailler debout ». Elle a également dû diminuer son temps de travail. Léo, quant à lui, a carrément arrêté le travail. « Je ne travaille plus depuis août 2022 », dit-il. Depuis un an et demi en somme. Il enchaine les certificats médicaux et arrive bientôt à la fin de son quota de congé maladie prit en charge par sa mutuelle. 
 
« Je suis au moins à 6 à 7000 euros de frais »
 
Cette errance médicale des malades du covid long un aussi un coût financier. Il faut en effet payer tous ces médecins consultés. Si la plupart des malades ont puisé dans leurs jours de maladie comme Léo, d’autres ont quittés leur boulot ou ont pris un mi-temps. Selon une étude menée par l’ASBL covid long Belgique auprès de 700 malades, 17 % des patients ont fait l’objet d’un licenciement, et 6% sont menacés de perdre leur emploi. 
 
Le gouvernement fédéral a décidé en juillet 2022 d’ouvrir un trajet de soin pluridisciplinaire pour aider financièrement les malades. La mesure a été accueillie positivement, mais ces derniers ont vite déchanté. En effet, pour bénéficier du trajet de soin, il faut que le médecin traitant ouvre un dossier « covid long ». A priori, rien de compliqué. Mais l’INAMI dressait un triste constat en décembre 2023 : « Le plus frappant est le fait que la plupart des dispensateurs de soins ignoraient tout du trajet de soins », rapporte-t-elle. Sur 1.032 dossiers ouverts, seuls 90 ont abouti. Une fois la procédure entamée, les malades bénéficient d’une liste de praticiens censés les aider. On y retrouve les psychologues, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, logopèdes, neuropsychologues, … Par exemple, au lieu de 18 séances de kiné remboursées par an, les personnes atteintes de covid long en disposent de 60. Sur papier, le trajet de soin proposé est adapté. La réalité est tout autre. Entre bataille avec la mutuelle, des codes à entrer par le personnel médical ne fonctionnant pas ou le refus de ce dernier de les utiliser, le trajet de soin n’est plus une aide, mais devient une corvée.

« Quelle déception ! Ce trajet de soins ne correspond pas à la réalité de nos galères, de la longueur de la maladie, des errances médicales, des difficultés de trouver des soignants, des rendez-vous, des pistes… » 

Margaux

Faute de remboursement par la sécurité sociale, certains décident d’y mettre de leur poche. « Pour ne pas mentir, je suis au moins à 6 à 7000 euros de frais en comptant les consultations et les médicaments », confie Léo. Dans la famille de Sophie, la chance manque. Là où 35% des personnes ayant eu le covid ont contracté un covid long, chez elle, tous sont touchés. Elle, son mari et sa cadette. Malgré un état de santé précaire, « mon mari doit quand même continuer à travailler, il est mort crevé, au bout de sa vie, mais on doit le faire financièrement ». La santé passe au second plan. 

Le trajet de soin, prévu pour 6 mois (renouvelable une fois) ne tient pas compte du temps d’attente pour obtenir des rendez-vous chez des praticiens spécialisés. « Quand on voit la durée limitée du trajet et quand il faut des mois pour avoir un rendez-vous, on arrive vite à la fin » confie un autre témoin. Le ministre fédéral de la santé, Franck Vandenbroucke, exprimait son souhait de prolonger le trajet de soin mis en place sur le plateau de « rendez-vous » sur RTL il y a quelques semaines. 

Aller chercher les réponses ailleurs 

Face au manque de prise en charge en Belgique, certains cherchent des réponses ailleurs. C’est le cas de Candice, qui a trouvé des réponses au Luxembourg. « Après de multiples examens (test de force, de concentration, d’effort …) passés dans un secteur spécialisé du covid long au Luxembourg, j’ai pu rencontrer une infectiologue. Celle-ci m’a dit que je correspondais à un profil atteint par le covid long ». La prise en charge est-elle meilleure à l’étranger ? Dès l’arrivée du covid-19, plusieurs pays ont lancés des recherches sur le virus et ont rapidement proposés un suivi médical. C’est le cas du Canada, de la France, de l’Angleterre, etc. Nos voisins français semblent mieux lotis que nous. En France, 130 cellules de prise en charge « covid long » ont été créée en 2022. 

« La ligne d’arrivée est encore loin »

Sophie regrette sa vie d’antan.  « Le plus épuisant, c’est de ne plus avoir le même rythme de vie qu’avant, d’être restreint ». Le sport ? Impossible. La cuisine ? Quand l’énergie le permet. Les soirées ? Hors de question. La vie « normale » semble si éloignée. Les activités sociales se trouvent extrêmement réduites et la compréhension de certaines personnes dans l’entourage s’atténue au fil des refus. Tous les témoins partagent ce sentiment. « Ça reste compliqué de voir les autres continuer leur vie et moi de rester souvent derrière ma fenêtre » confie Fanny. La vie continue et eux restent handicapés par leur maladie, dans l’attente d’un traitement. 
D’après le Dr. Jamoulle, malgré des recherches (souvent dans d’autres pays par manque de financements en Belgique), aucun traitement n’a été mis sur le marché. Des médicaments antiviraux sont actuellement en phase de test en Suisse et aux États-Unis.

Dans l’attente d’un traitement, les malades trouvent du réconfort en partageant entre eux, notamment sur les réseaux sociaux où des communautés se sont formées. Des groupes de parole s’organisent aussi dans toute la Belgique. Entre encouragements, témoignages et échanges d’informations médicales, la solidarité entre malades prend tout son sens. « Je ne sais pas si je serai guérie un jour, mais je suis contente de chaque avancée. La ligne d’arrivée est encore très loin », conclut Fanny, avec l’optimisme de la volonté. 

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Mon Fils, Xavier et moi

ven, 08/03/2024 - 12:41
Huit familles monoparentales sur dix ont une femme à leur tête. Tiffany est l’une d’entre elles.

En Belgique, un ménage sur dix est une famille monoparentale. Et parmi celles-ci, 83% ont une femme à leur tête. Louise de Vuyst et M’mah Barthélémy Bangoura sont allées à la rencontre de l’une de ces familles monoparentales à Court-Saint-Etienne. Tiffany, la maman, raconte son combat au quotidien, sa manière de gérer la pression sociale, ses problèmes financiers ainsi que sa manière d’éduquer son fils sans le soutien du père biologique.

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Bertieaux vs. la FEF : le clash

ven, 08/03/2024 - 11:16
Emila Hoxhaj et Françoise Bertieaux s’opposent sur la réforme du décret paysage

Photo : Golnousch Nematkhah (CC BY NC ND)

Ce 1er mars se tenait la deuxième manifestation contre la réforme du décret paysage, organisée par la FEF, la fédération des étudiants francophones, qui réclame un retrait pur et simple. Quels sont les enjeux de cette réforme ? Les avis de Françoise Bertieaux, ministre de l’enseignement supérieur, et d’Emila Hoxjah, président de la FEF s’opposent en tous points.

Votée en 2021 par le MR, PS et Ecolo, la réforme du décret paysage a amené beaucoup de changements pour les étudiants. Un package complexe qu’il est souvent difficile de décrypter et comprendre, d’autant plus que les règles ne sont pas encore les mêmes pour tous.

Nous avons confronté les points de vue de la FEF, par la voix d’Emila Hoxhaj, présidente et étudiante à l’UMons, et de la Ministre Françoise Bertieaux. Interview garantie sans langue de bois !

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L’IVG, un droit constitutionnel en Belgique aussi ?

ven, 08/03/2024 - 09:23
L’avortement vient de devenir une liberté constitutionnelle en France. Et en Belgique ?

Photo : Unsplash

La France est devenue le premier pays du monde à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution. En Belgique, où l’IVG n’est dépénalisée que depuis 2018, une telle évolution législative serait-elle possible ? Pas si simple, même si Les Engagés, héritiers de la démocratie-chrétienne, ont inscrit l’idée dans leur programme électoral.

Le lundi 4 mars restera une date historique. Ce jour-là, le Sénat français approuvait un amendement de la constitution garantissant la liberté d’avorter. « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ». Telle est la formulation de l’amendement en question, approuvé lors d’une session solennelle au château de Versailles. Il sera promulgué officiellement par le président Emmanuel Macron ce vendredi 8 mars, journée du droit des femmes.

En Belgique, ça dit quoi ?

La Belgique pourrait-elle s’inspirer de la France ? Cela ne serait possible qu’avec un vote à la majorité des deux-tiers, explique Marc Uyttendaele, avocat spécialisé dans le droit constitutionnel. Il serait par ailleurs nécessaire d’ajouter la modification de l’article 2 dans la prochaine révision de la constitution, explique-t-il. D’après lui, il existerait également, actuellement au parlement, une majorité pour le faire.

Aux Engagés, l’ancien parti chrétien francophone historiquement opposé à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), on est favorable à une telle évolution, qui se trouve même dans le programme électoral du parti. On y lit que les Engagés sont pour la dépénalisation totale, la réduction du délai de réflexion (le délai de 6 jours imposé entre la première consultation et l’intervention) et même pour faire entrer le droit à l’avortement dans la Constitution. 

« Nous sommes ouverts à l’idée de prolonger le nombre de semaines. Personnellement, je le suis totalement. Mais nous avons instauré la liberté de vote au sein de notre mouvement pour toutes ces questions éthiques où chacun pourra voter en fonction de sa sensibilité, de son vécu aussi parfois. », explique le président du parti, Maxime Prévot, dans un mail adressé à Mammouth Media.

Au PS, on “salue l’avancée symbolique pour le droit des femmes”. Mais plutôt que d’inscrire l’IVG dans la constitution, le parti socialiste met la priorité sur l’extension du droit à l’avortement: allongement du délai de 12 à 18 semaines après la conception, suppression du délai de réflexion et garantie de l’accès à une IVG sécurisée sur l’ensemble du territoire.

Une avancée significative en France

En Belgique, l’avortement est partiellement dépénalisé depuis 1990 avec la loi Lallemand-Michiels. Le roi Baudoin s’était abstenu de régner temporairement afin de ne pas la contresigner. Depuis, l’avortement est sorti du code pénal mais avorter nécessite tout de même respecter des conditions, notamment le respect d’un délais légal de 14 semaines d’aménhorée (arrêt des règles).

En France, Il est possible d’avorter jusqu’à 16 semaines d’aménorrhée. L’inscription de l’IVG dans la constitution est avant tout symbolique pour affirmer l’importance de ce droit, ou plutôt de la “liberté” d’avorter selon le texte. Pour Marc Uyttendaele, il n’y a aucune différence entre les deux : “si vous avez la liberté de le faire, c’est que vous en avez le droit”. 

L’inscription de cette liberté/droit dans la constitution française est, pour lui, surtout une victoire pour l’égalité homme-femme ainsi que pour les droits fondamentaux de la femme. Inscrire ce droit dans la constitution le “verrouille, le bétonne, voire le sacralise”.

Cette avancée est d’autant plus importante que dans d’autres pays du monde, le droit à l’avortement recule. C’est le cas aux États-Unis où une décision de la Cour Suprême du 24 juin 2022 a a revu sa jurisprudence qui garantissait le droit à l’avortement, renvoyant ce choix désormais aux états. Plusieurs d’entre eux, comme le Texas, ont déjà, suite à cette décision, décidé d’interdire l’IVG. 

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Les secrets du succès de l’athlétisme belge

jeu, 07/03/2024 - 11:01
Quelles sont les clés des succès de nos athlètes ?

Photo : Matis Breysens

Ce week-end, la Belgique a réalisé une performance historique : 4 médailles, dont 3 en or, aux championnats du monde indoor d’athlétisme. Le meilleur bilan de notre histoire, qui nous place deuxième au classement des médailles, derrière les USA. Comment en arrive-t-on à ce succès ?

Ces dernières années, nos athlètes remportent de plus en plus de médailles aux différents championnats. Depuis 2022, on constate une nette augmentation du nombre de médailles par rapport aux années précédentes. Auparavant, les athlètes belges gagnaient une médaille de temps en temps et n’avaient gagné qu’un seul titre mondial en 2008. Mais sur les deux dernières éditions, ils ont  récolté six médailles dont cinq d’or.

Source : World Athletics

Hier, le premier ministre Alexander De Croo a reçu nos médaillés du dernier championnat. Les athlètes présents sur place ont répondu à nos questions. Selon eux, cette évolution peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Des nouvelles infrastructures, comme la salle indoor de Louvain-La-Neuve, des nouvelles technologies, notamment la « Wave Light », ainsi que la camaraderie et le savoir-faire belges.

L’athlétisme belge a  encore de beaux jours devant lui : les athlètes nous fixent d’ores et déjà rendez-vous aux Jeux Olympiques de Paris cet été, avec, on l’espère,  de nouvelles médailles en bout de piste.

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Alcool : scouts à la dérive ?

jeu, 15/02/2024 - 12:30
Les mouvements de jeunesse sont souvent l’occasion pour les jeunes d’un premier contact avec l’alcool. La consommation en est parfois encouragée. Les jeunes animés et animateurs gèrent-ils la pression ?

Image : Kindel Media (CC BY NC SA)

Beaucoup d’incidents liés à l’alcool sont rapportés dans les unités scoutes et les autres mouvements de jeunesse. Une réalité qui inquiète les parents et qui est régulièrement discutées au sein des unités et des fédérations. Les jeunes, qu’ils soient animés ou responsables de groupes, se retrouvent souvent dans des situations où l’alcool est omniprésent

Mammouth s’est entretenu avec des chefs et des jeunes qui sont dans la section pionnier (16-18 ans). Ressentent-ils une incitation à la consommation d’alcool ? Certains reconnaissent que des activités tournent autour de la boisson.

La question d’interdire l’alcool dans les camps a déjà été abordée plus d’une fois, et elle fait polémique. Certaines communes (Florenville, Chiny, Bouillon et Andenne) ont ainsi décidé à l’été 2022 d’interdire les boissons alcoolisées dans les camps situés sur leur territoire. Cette mesure a été jugée « démagogique » par le ministre président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet, et « disproportionnée » par le ministre flamand de la Jeunesse, Benjamin Dalle (CD&V).

La Fédération des Scouts quant à elle juge la mesure « contre-productive » et rappelle que les incidents problématiques sont rares. La Fédération a adopté une position officielle indiquant qu’elle n’interdit pas l’alcool, mais elle tente de conscientiser les chefs en leur donnant des formations et en les sensibilisant aux effets néfastes de l’alcool.

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Stéphane Vanhandenhoven : « Tu finiras troubadour ou aux puces »

dim, 11/02/2024 - 10:00
Stéphane Vanhandenhoven est antiquaire à la rue Haute. Depuis 2018, il est surtout connu pour sa participation à l’émission « Affaire Conclue ». Il revient sur quelques moments charnières de sa vie pour Mammouth Media.

Photo : Hippolyte Waiengnier

Comment êtes-vous entré dans ce monde singulier ? Vos parents travaillaient dans le domaine ?

Je suis entré par la toute petite porte. J’ai d’abord essayé de faire Sciences Po à l’ULB, j’ai fait mes deux premières années. Je ne les ai pas mal réussies, mais j’ai arrêté car j’avais besoin de bosser. Avec un copain, on a créé une entreprise de livraison, un peu comme DHL aujourd’hui. On s’est planté pour plusieurs raisons, je me suis notamment fâché avec mon associé. J’ai dû me relever de cet échec qui m’avait coûté un peu de sous. Je n’avais pas le moral non plus. C’est là que deux trois potes qui étaient dans le métier m’ont dit : « Viens avec nous, on va te changer les idées ». Ça m’a tout de suite botté.

J’ai commencé sur le marché aux puces… c’est un métier extrêmement dur. Quand il y a -10°C à 6h du mat’, c’est pas la joie. En général, on fait ça trois ou quatre ans, puis on se cherche une boutique, ne fût-ce que pour mettre la marchandise à l’abri.

« Cette boutique, c’est l’anti-IKEA. Les objets vivent une deuxième fois grâce à nous. »

Quel était votre métier de rêve ?

Quand j’étais jeune, je voulais faire du théâtre. Ce que mon père a toujours refusé. Il me disait : « Tu finiras troubadour ou aux puces à Bruxelles ». Grâce à la télé, j’ai pu faire les deux ! (rires) Je pense que j’ai fait les puces un peu pour l’emmerder. On ne s’entendait pas à l’époque. Heureusement, à la fin de sa vie, on s’est réconciliés. C’est quelque chose d’important pour moi, de dire aux gens qu’on aime… qu’on les aime. Je le répète souvent à mes enfants.

Où avez-vous passé votre enfance ?

Dans les Marolles, avec mon grand-père qui s’occupait de ma sœur et moi. C’est certainement lui qui m’a donné le goût des choses anciennes. J’habitais à Anderlecht, mais je venais souvent ici le dimanche. J’ai toujours aimé ce quartier, bien qu’il ait évolué. Autrefois, c’était un lieu populaire. Aujourd’hui, ça s’est fort gentrifié.

Qu’est-ce qui vous maintient dans ce métier ?

Déjà, je ne pourrais plus rien faire d’autre (rires). En réalité, je me suis souvent remis en question, notamment suite à l’apparition d’Internet dans le métier. Ça m’échappe un peu. C’est devenu plus compliqué pour moi. Heureusement que j’ai mon fils qui m’aide à ce niveau-là.

Sinon, je me suis dit pourquoi ne pas ouvrir un resto un jour… Cela dit, ce n’est pas parce que je cuisine bien pour mes copains que je serais un bon chef en cuisine pour quarante-cinq couverts.

Vous avez eu de graves problèmes de santé. Ça vous a changé ?

J’ai eu deux infarctus. Le premier à Beyrouth, le lendemain de l’explosion dans le port. C’était en plein mois d’août et il faisait très chaud. Le second c’était il y a trois mois, mais c’était chez moi, et mon fils était là pour m’aider.

Pendant mes infarctus, c’était blackout. Je ne me souviens de rien. J’aurais bien voulu voir Dieu mais tout ce que je voyais, c’était un écran noir, plus sombre que quand vous vous endormez. Depuis lors, je suis beaucoup plus calme. On ne dirait pas à la télé, mais je suis un grand nerveux. Désormais, je me prends moins la tête sur certaines difficultés. Je me focalise sur l’essentiel, chaque heure qui passe est une heure de gagnée pour moi.

Stéphane tient la boutique Haute Antiques depuis 20 ans avec plusieurs autres marchands

Vous êtes connu pour votre participation à l’émission Affaire Conclue, diffusée sur France 2 et La Une. Comment avez-vous démarré l’aventure ?

La Warner, qui produit l’émission, a exigé qu’il y ait un certain nombre d’acheteurs belges sur le plateau. Ils ont fait des castings et m’ont appelé. Mon profil collait avec ce qu’ils recherchaient. J’ai appris plus tard que la boîte de casting avait contacté trois autres acheteurs. Tous ont refusé et tous leur ont donné mon numéro en disant « C’est lui qu’il vous faut ».

Au début, je ne voulais pas le faire. Puis mes fils m’ont dit : « Papa, si tu ne prends pas cette opportunité, t’es vraiment un con ». Je me suis dit qu’ils devaient avoir raison, je me suis lancé et je ne le regrette pas.

Qu’est-ce que vous aimez dans cette émission ?

J’adore, c’est du théâtre au fond. C’est une émission télé dans laquelle je suis payé pour vivre de ma passion, c’est le pied. On reçoit 1.300€ par jour de tournage. En général, je tourne deux jours par mois. Vous voyez, c’est pas mal, quand même. Dans ce pays, y’a des gens qui vivent avec 1300€ pour un temps plein. Moi, c’est pour un jour de travail… c’est limite scandaleux.

Aussi, elle met en avant des métiers manuels méconnus. Il y a 20 ans, quand un môme disait à ses parents qu’il voulait devenir ébéniste, ils lui répondaient : « Quoi ? Tu vas mettre tes mains dans la cire ?! Pas question, tu seras avocat ou journaliste », ce qui est encore pire. L’émission contribue à changer le point de vue des gens là-dessus.

Et surtout, j’y ai rencontré des gens qui sont devenus des amis. Je peux mettre en avant l’image de la Belgique et de Bruxelles. C’est un honneur. Les Belges sont enfin reconnus pour autre chose que les frites ou le fait d’être dépensiers quand ils vont en vacances dans le Var.

Ça vous fait quoi d’être reconnu dans la rue ?

La première fois, je n’ai pas compris ce qu’il m’arrivait. C’était en face de la boutique, sur la terrasse du Petit Lion. Deux gamins au look inquiétant passent devant moi. Ils étaient habillés en noir et portaient des capuches. Ils s’approchent et me lancent : « Depuis qu’on vous regarde à la télé, on est fiers d’être belges ». J’en étais ému et fier. Forcément, ça flatte l’égo ; ce n’est pas désagréable. Les gens sont bienveillants et ont l’impression de vous connaître. On passe régulièrement dans leur salon, après tout.

Propos recueillis par Hippolyte Waiengnier

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DéBORDER

sam, 10/02/2024 - 09:00
Non, ce n’est pas une phase. C’est une maladie mentale.

FreePik

Être toujours à la limite, à la limite de ses émotions, de la dépression, de l’euphorie, des addictions… Être au bord, et toujours à la frontière du débordement. Le trouble de la personnalité borderline touche près de deux pourcents des jeunes. Un déséquilibre qui chamboule le quotidien des personnes qui l’endurent et qui provoque beaucoup de souffrance.

Clarisse fait partie des personnes atteintes par ce trouble de la personnalité que notre société connaît mal. Dans ce podcast, elle nous raconte son histoire, éclairée de l’expertise de Kassyopée Gilbert, psychologue clinicienne et psychothérapeute systémique. 

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Puberté à la cour de récré

jeu, 08/02/2024 - 16:00
Quand une enfant montre des signes de puberté précoce, elle doit apprivoiser ces changements de son corps. Ce cheminement n’est pas évident, surtout quand les autres enfants s’en mêlent.

IA Canva

Un mot, une remarque, un sous-entendu ou un regard sur leur corps. Ou plutôt, sur cet attrait de leur corps. Et c’en est trop. Chez les jeunes femmes que nous avons rencontrées, ces comportements ont suffi à les blesser, à marquer les esprits des jeunes filles qu’elles étaient. À l’époque de la cour de récré, l’heure n’était pas toujours au jeu.

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Dans les coulisses du futur métro 3

mer, 07/02/2024 - 16:30
Il y en a peu, des chantiers qui font couler autant d’encre. Le projet du métro 3 coûterait selon la ministre de la Mobilité près de 4,4 milliards d’euros. Et il dure ! Comment avance ce projet faramineux ? Je suis parti creuser le sujet.

Photo : Hippolyte Waiengnier

Sur le chantier sont placés de grands baraquements jaunes. Ce sont les bureaux temporaires des ingénieurs du projet. Christophe Rubbens est leur manager. Avant de descendre, il tient à me donner du contexte. Sur un large panneau blanc, il enchaîne les schémas. Tout ce qu’il me décrit semble complexe ; la moindre action menée sur ce chantier semble relever du défi. « Bon, on y va » me lance Christophe Rubbens en me tendant une paire de bottes crottées. J’enserre ma tête d’un casque, enfile une chasuble orange fluo. De quoi me fondre dans le décor.

L’esplanade de l’Europe encombrée d’un chantier qui n’en finit pas

Pour arriver à l’une des brèches menant aux futures galeries, nous devons traverser le reste du chantier. Le chemin est accidenté et sale, il y a de la terre partout. L’endroit est vivant, ça grouille de monde. Christophe salue ses collègues, parfois en hochant la tête uniquement, le vacarme rend la parole superflue. Les titillements des chaînes, le bruit des moteurs, de la ferraille qui se fracasse. Ce capharnaüm est pourtant très organisé.

Avenue Stalingrad, le trou béant est devant moi. Je descends les marches d’un escalier métallique monté sur des échafaudages et m’engouffre dans les tréfonds de Bruxelles. « Ici, dans sept ans, rouleront les métros », m’explique Christophe.

L’accès piéton à la station sera creusé après la destruction du palais du midi

Dans le trou où il m’a emmené, on distingue deux étages. Au-1, tout est déjà bétonné et illuminé, c’est là que seront posés les portes sésames et les escalators. En dessous, il y aura les futurs quais. Là, c’est encore boueux, sombre… et venteux. Les feuilles de mon calepin tremblent. De larges souffleuses amènent de l’air frais pour les ouvriers.

Un chantier délicat et complexe

S’ils sont une trentaine sur la totalité du chantier, dans le trou, ils ne sont que trois. Avec leurs monstrueuses machines, ils avalent jusqu’à 600m3 de terre par jour. « Les citoyens se plaignent souvent qu’on n’avance pas. C’est dur à entendre pour les équipes car c’est faux », relate Christophe. Un projet comme celui-là prend du temps, surtout sur le sillon Stalingrad. Dans ce quartier marchand, le métro ne sera pas très profond, les gros tunneliers ne sont donc pas employés. Des techniques un peu plus chronophages sont alors mises en place. On coule d’abord une première structure en béton puis on creuse sous le plancher.

« Vous voyez les deux murs de béton armé qui bordent la station, ils ont été coulés directement dans le sol, c’est pour ça qu’ils ont des aspérités », m’indique Christophe. « Une fois placés, ces murs étanches nous permettent de drainer l’eau de la Senne. Elle coule d’ailleurs de part et d’autre du tunnel, dans des canalisations enterrées. Autrefois, elle coulait à ciel ouvert ici ». En creusant, les équipes ont même retrouvé des trésors datant Moyen Âge. Des sabots, des cornes d’animaux, des vêtements ou des déchets de tannage tous récupérés par l’Académie Royale d’Archéologie. Ces vestiges ne nous apprennent rien de nouveau, mais ils confortent des hypothèses. Il y a longtemps, pas loin du quartier, on tannait les peaux.

À faible profondeur, les techniques utilisées pour creuser sont plus chronophages Un palais dans le chemin

En 1871, la Senne est voûtée pour cause de débordements et d’insalubrité. On profite des travaux pour bouleverser la ville en maints endroits. C’est précisément à cette époque que l’on construit un imposant complexe commercial sur le boulevard Lemonnier, le Palais du Midi.

Ce vieux bâtiment éclectique est encore très utilisé de nos jours. Quelque trente-deux commerçants, mille deux cents élèves et plusieurs clubs de sport occupent les lieux. Le problème : il est prévu que le métro passe en dessous des caves. Comment placer les murs en béton étanche sans accès par le dessus ? Comment parvenir à creuser sans que tout s’écroule ? « Les possibilités sont multiples, elles ont toutes été étudiées », signale Christophe. Il ne semble d’ailleurs pas y avoir de solution miracle. Toutes font débat. Celle qui a été retenue, c’est la destruction de l’intérieur du Palais du Midi. On garde son enveloppe charnelle mais son contenu est évidé. Après les travaux du métro, l’intérieur du bâtiment sera reconstruit, modernisé.

« Avant, le quartier était très vivant mais maintenant il n’y a plus grand monde qui vient par ici. »

Hassan tient un salon de thé dans le Palais du Midi depuis dix ans : « C’est une catastrophe pour moi ». Comme les autres commerçants, il devra quitter les lieux fin 2024. Malgré la compensation prévue, il vit difficilement ce congédiement par la Ville de Bruxelles. « Il y avait déjà moins de clients à cause des travaux juste devant la boutique, mais maintenant je sais que c’est la fin », m’explique-t-il avec une mine déconfite. Le permis de déconstruction est attendu pour l’automne de l’année prochaine. Les solutions pour indemniser les commerçants et relocaliser leurs activités sont encore discutées.

En attendant, les ouvriers creusent dans l’autre sens. La galerie s’arrête pour l’instant en dessous du palais. Selon les plans de la STIB, il va falloir attendre au mieux jusqu’à 2030, avant de pouvoir emprunter le métro 3.

« Le lit de la Senne se trouve sous nos pieds. Ce fut un défi technique à surmonter pour nos équipes. » Personne ne rentre sur le chantier sans vêtements de sécurité Une fois creusées, les galeries sont maintenues avec de larges tubes de métal pour éviter les affaissements Le dénivelé doit être pris en compte dans la construction des souterrains À plusieurs mètres sous terre, le chantier bat son plein

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Mutilations Génitales Féminines : un problème au masculin?

lun, 05/02/2024 - 20:33
Pourquoi et comment impliquer les hommes dans une lutte féminine ?

illustration Graziella Bordignon CCBYND

Ce 6 février a lieu la journée internationale de tolérance zéro envers les mutilations génitales féminines (MGF). Celles-ci comprennent la clitoridectomie, l’excision ou encore l’infibulation. Bien que ces mutilations ne semblent concerner que les femmes, les associations spécialisées estiment que l’implication des hommes est essentielle pour abolir ces pratiques.

En quoi les MGF concernent-elles les hommes? Comment et pourquoi le système patriarcal contribue-t-il à les entretenir? Malgré les tabous et les traditions, les hommes peuvent-ils devenir des alliés dans la lutte contre les MGF ?

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Pegasus : un espion de poche

jeu, 01/02/2024 - 12:00

Le logiciel Pegasus a été développé par l’entreprise israélienne NSO Group pour être utilisé comme outil de surveillance à des fins de renseignement par les gouvernements et les agences de sécurité. Ces dernières années, le programme a été au centre de nombreux scandales en raison de son utilisation présumée pour des activités d’espionnage et de surveillance illégales. Il aurait notamment été utilisé à l’insu d’Emmanuel Macron ou de Mohammed VI. Il demeure cependant largement méconnu du grand public.

Créé pour surveiller les téléphones mobiles, Pegasus est souvent qualifié de « logiciel espion » en raison de sa capacité à accéder à diverses fonctionnalités des appareils, y compris les appels, les messages, les contacts, les photos, la caméra, le son et même la localisation géographique.

L’espion est généralement installé sur un téléphone ciblé à l’insu de son propriétaire. En effet, cette installation ne nécessite aucun clic de la part de l’utilisateur, pas de lien, pas de message. Comme une fuite de monoxyde de carbone, inodore et incolore, il est quasiment indétectable, ce qui en a fait le « must have » des logiciels espions. Thomas Balthazar, programmeur informatique, insiste sur la complexité de le déceler.

Ce logiciel, dans sa version dévoyée, est principalement utilisé pour cibler des militants des droits de l’homme, des journalistes, des opposants politiques et d’autres personnalités d’intérêt pour les gouvernements ou les agences de renseignement, dans le but de mettre à mal la liberté de la presse, d’expression et d’opinion.

Le journaliste d’investigation Joël Matriche (Le Soir) a enquêté sur plusieurs logiciels espions en collaboration avec 16 médias et Forbidden Stories, notamment sur Pegasus. Il met en garde contre ses utilisations abusives par certains États. 

Face à ces abus, les gouvernements, les entreprises et les organisations internationales se sont fait entendre. D’une part, en tentant de réglementer l’utilisation de tels logiciels et d’autre part, en tenant les développeurs pour responsables de leurs actions même lorsque le logiciel est entre les mains d’un tiers. D’ailleurs, le jeudi 23 novembre 2023, à Strasbourg, le Parlement a lancé un rappel ferme aux Etats membres et à la Commission européenne, qui n’ont toujours pas donné suite aux pistes concrètes d’actions proposées par les eurodéputés le 15 juin dernier.

Mais Pegasus n’est pas le seul logiciel espion, même si les autres sont moins médiatisés. Le logiciel commercial FinFisher, développé par la société allemande Gamma et connu sous le nom de FinSpy, est conçu pour surveiller les ordinateurs et les appareils mobiles. Ses anciens dirigeants sont soupçonnés d’avoir enfreint la législation européenne de 2015 restreignant la commercialisation de technologie de surveillance auprès des pays tiers, en vendant FinSpy aux services de renseignement turcs. L’affaire est en cours au parquet de Munich. Selon le magazine allemand, Netzpolitik, les sociétés distribuant et développant ce logiciel ont fait faillite en 2022. D’autres logiciels tels que mSpy, FlexiSpy et Spyware XNSPY sont plus familiers car utilisés sur des smartphones pour de la surveillance parentale ou par des couples pour intercepter les appels, les e-mails et localiser l’appareil.

Les journalistes sont des cibles privilégiées des utilisations illégitimes de ces technologies de surveillance, en particulier du logiciel Pegasus. Joël Matriche fait part de ses inquiétudes. 

Face à ces enjeux démocratiques, une question se pose : pourquoi les citoyens ne sont pas suffisamment informés sur ces programmes ? 

En 2021, les enquêtes de Joël Matriche révèlent notamment l’espionnage de la citoyenne belge Carine Kanimba, survivante du génocide rwandais et fille de Paul Rusesabagina, l’opposant politique du Président Paul Kagame qui a inspiré le film « Hotel Rwanda ».

Initialement conçu pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé, Pegasus a principalement servi à des fins d’espionnage et est considéré comme une véritable arme de guerre. Comment les personnes visées peuvent-elle s’en protéger ? Il semble qu’il soit presque impossible de détecter Pegasus tout comme il est presque impossible de s’en défaire. Thomas Balthazar :

Il serait plus judicieux de l’interdire, mais l’UE a un champs de pouvoir restreint.

Business is business. Alors combien ça coûte de s’offrir les services de Pegasus ? L’Etat israélien, détenteur du logiciel, facture son utilisateur 500 000 euros pour obtenir le droit de l’utiliser. S’en suivent des frais pouvant monter jusqu’à 65 000 par téléphone infecté. Une affaire qui roule en toute impunité.

Vous êtes espionnés, mais le saviez vous ?

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La peinture sur céramique a la cote

dim, 28/01/2024 - 09:00
La peinture sur céramique est une activité popularisée par les réseaux sociaux. Elle correspond à un besoin de revenir aux activités manuelles.

Crédit photo : Delphine GROTE

En Belgique, la peinture sur céramique est une activité qui plaît. Qualifiée comme « moment de détente », elle permet pour certain.es d’approcher une activité manuelle, voire un « retour en enfance ». Ce loisir est popularisé par des réseaux tels qu’Instagram, mais il existe pourtant depuis des années à Bruxelles. Nous nous sommes rendu au C.ramique café, premier établissement belge qui a ouvert ses portes il y a près de 21 ans.  

Delphine Grote, Charlotte Lhoir et Joviale Kuete

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Cafés à chats : une vie de roi

sam, 27/01/2024 - 12:00
C’est dans un endroit atypique qui mêle chats et restauration que le concept de ronron thérapie prend tout son sens. Profiter d’une présence féline autour d’une boisson, voici le concept du Merlix cat café.

Crédits : freepik

Ce café à chats situé dans centre ville de Liège est le premier à avoir ouvert ses portes en Belgique. Tout droit inspiré des « neko café » japonais, il existe six établissements de ce type dans le pays. C’est dans une liberté totale que les douze chats du Merlix ont pris possession des lieux. Toute la force de ce concept est de pouvoir profiter des animaux sans en avoir les contraintes. Mais certains en veulent plus. Tombés amoureux d’un chat du café, à certaines conditions, ils peuvent en demander l’adoption.

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Ensemble pour la Liberté : Diaspora et ONG, solidaires envers les Iraniennes et les Européen·nes en détention arbitraire.

ven, 26/01/2024 - 12:00
Les femmes sont les premières victimes de la répression violente organisée par le régime iranien.

Honneur aux femmes iraniennes : Reconnaissance internationale au Parlement européen pour le Prix Sakharov 

Des dizaines de milliers d’arrestations, des milliers de blessé·s et au moins 500 iranien·nes tué·es lors des manifestations en Iran qui ont eu lieu suite à la mort de Mahsa Amini, Kurde Iranienne morte en détention le 16 septembre 2022. Ces chiffres rapportés par Amnesty International montrent l’ampleur du phénomène. C’est pour cela que, cette année, le Parlement européen a décidé de mettre les Iraniennes à l’honneur en remettant le Prix Sakharov à Mahsa Amini, ainsi qu’au mouvement iranien de protestation Femme, Vie, Liberté. Ce prix permet d’honorer les individus et les organisations qui défendent les droits humains et les libertés fondamentales. Ce n’est d’ailleurs pas la seule remise de prix importante qui met en avant une Iranienne, puisque le prix Nobel de la paix a été décerné le 6 octobre dernier à Narges Mohammadi, une militante et journaliste iranienne emprisonnée pour s’être battue pour le droit des femmes. 

« Aujourd’hui, pourtant, les femmes osent sortir sans voile. Elles ne flanchent pas. Elles submergent la police des mœurs par leur détermination et par leur nombre. Et l’Europe doit dire qu’elle est à leurs côtés.»

Emmanuel Maurel, président de la Gauche Républicaine et Socialiste en France, au nom du groupe de la gauche au Parlement européen. 

Dans une résolution adoptée le 23 novembre par 516 eurodéputées, le Parlement européen condamne fermement la détérioration continue de la situation des droits de l’homme en Iran ainsi que les assassinats brutaux de femmes par les autorités iraniennes. L’assemblée condamne également le harcèlement judiciaire subi par Nasrin Sotoudeh, avocate et défenseuse des droits humains. De plus, les eurodéputé·es prient les autorités iraniennes de mettre immédiatement fin à toute discrimination à l’égard des femmes et des filles, y compris aux lois imposant le port du voile. Enfin, c’est un appel à la « libération immédiate de toutes les victimes de détention arbitraire et des défenseurs des droits humains », notamment de Narges Mohammadi ou encore de Nasrin Javadi, qui est lancé. 

Un cri de colère contre l’oppression en Iran

Le 13 octobre 2022, Mahsa Amini, une étudiante kurde de 22 ans, marche dans les rues de Téhéran quand elle est arrêtée pour « port de voile inapproprié » par la police des mœurs iranienne. Trois jours plus tard, elle décède à l’hôpital après être tombée dans le coma pendant sa garde à vue. Alors que le gouvernement iranien nie toujours son implication dans son décès, des témoins attestent de la violence de sa détention et assurent qu’elle est décédée d’une blessure à la tête. L’événement émeut la communauté internationale et provoque de nombreuses manifestations contre la politique iranienne.

Dans les mois qui suivent, en Iran, des vidéos de femmes se coupant les cheveux et brûlant leur Hidjab font surface sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’entre elles sortent dans la rue, sans voile, pour montrer leur colère vis-à-vis de la politique iranienne. Le monde est émerveillé par le courage de ces femmes qui risquent leurs vies. Leurs revendications sont claires : les manifestant·es demandent l’abolition de l’obligation du port du voile, mais dénoncent surtout une politique qui donne l’essentiel du pouvoir à la religion. Les chiffres sont effrayants : au moins 500 manifestant·es sont décédé·es en Iran durant les révoltes iraniennes depuis septembre 2023.

Alors de Téhéran à Bruxelles, la population se soulève avec un slogan : Femme, Vie, Liberté.

Soutien depuis Bruxelles : la diaspora belge se mobilise pour la liberté des femmes en Iran

Depuis les rues de Bruxelles, la diaspora se mobilise pour montrer sa solidarité. Si les Iraniennes ne peuvent pas s’exprimer librement sur ce qu’il se passe en Iran, ce sera à la diaspora de prendre le relai, ici, en Belgique, grâce aux associations, aux manifestations, aux conférences et à toutes les prises de parole publique. Si les collectifs portent ce combat, c’est notamment grâce à cette femme, Ava Basiri, jeune militante belgo-iranienne. C’est au sein de son collectif Yallah Laïcité, que nous l’avons rencontré. 

Ava Basiri, militante belgo-iranienne devant le portrait de Mahsa Amini.

En Belgique, les soutiens ont commencé doucement, avec une vingtaine de personnes se rassemblant devant l’ambassade de l’Iran le 24 septembre 2022, à l’initiative du Collectif Laicité Yallah. 10 jours plus tard, 2000 personnes ont défilé dans les rues de Bruxelles pour protester contre le régime iranien. 

À l’initiative de plusieurs représentants politiques, des rues et des places sont renommées pour mettre en avant Mahsa Amini. Maryam Matin Far (MR), 6e échevine d’Etterbeek, elle-même iranienne, renomme en effet l’esplanade devant la Maison communale d’Etterbeek au nom de la jeune femme. Le 15 septembre 2023, un autre hommage lui est rendu avec l’inauguration d’une statue à son effigie par le Collectif Laïcité Yallah, en face de l’administration communale de Woluwe-Saint-Pierre.

Statue de Mahsa Amini devant la maison communale de Woluwe-Saint-Pierre. Défiance des lois, remise en question du patriarcat

Tous les jours, les activistes continuent à se révolter pour toutes ces femmes en Iran, assassinées ou emprisonnées. Les actions de soutien ne s’arrêtent pas.

Les Iraniennes, elles aussi, continuent à se battre au quotidien contre toutes les formes d’oppression dont elles sont victimes depuis trop longtemps. Désormais, les choses sont tout de même différentes. D’après Ava Basiri, à l’ère des réseaux sociaux, les jeunes iraniennes se rendent d’autant plus compte des inégalités : « Elles ne sont pas d’accord car elles ont Tik Tok, elles ont Instagram, elles voient les vies que les jeunes peuvent mener ici et elles n’ont pas droit à tout ça« . Elles prennent alors des décisions à contre-courant. Selon un diplomate occidental en poste à Téhéran, dans l’ensemble du pays, environ 20% des femmes en moyenne enfreignent désormais les lois de la République islamique en sortant dans la rue sans porter le voile. C’est l’ensemble du système qui est remis en question : sa politique, son économie, ainsi que sa structure patriarcale.

Détention arbitraire des citoyen·nes européen·nes en Iran et les dessous d’une tension diplomatique

Par ailleurs, au cours de ces débats parlementaires, une autre problématique a été soulevée : la détention arbitraire de citoyen·nes européen·es.  En effet, lors des manifestations en Iran, plusieurs milliers de personnes se sont faites arrêtées pour être ensuite détenues arbitrairement par le régime dans des conditions inhumaines. Certain·es de ces citoyen·nes sont enfermé·es depuis plusieurs années, comme ça a été le cas pour Olivier Vandecasteele. Le travailleur humanitaire a passé 455 jours enfermé en Iran, il explique qu’il a été torturé à plusieurs reprises et qu’il a été placé en cellule d’isolement pendant de longues périodes.

Nous avons contacté l’ancien directeur d’Amnesty International Belgique, Philippe Hensmans, pour nous éclairer. C’est dans un café de Louvain-La-Neuve que nous avons rencontré le jeune retraité.

Philippe Hensmans, ancien directeur d’Amnesty francophone.

D’après lui, l’Iran utilise la détention de citoyen·nes étranger·es comme moyen de pression sur leur pays d’origine. En effet, l’Iran fait face à énormément de sanctions de la part de la communauté internationale. Des sanctions, entre autres, dues aux violations des droits humains.Sans réel moyen de pression « direct » sur l’Europe, l’Iran utilise la détention de ses citoyen·nes pour essayer d’obtenir des changements ou des allègements des pressions qu’elle subit. 

L’enquête des Nations Unies demandée par le Parlement européen implique une collaboration 100% transparente de la part des autorités iraniennes. Ceci implique que l’Iran accepte que des enquêtes soient réalisées sur son territoire, ce qui est compliqué vu le fonctionnement de la politique iranienne. 

Les Gardiens de la Révolution : Entre qualification terroriste et complexités juridiques en Europe

En Iran, les Gardiens de la Révolution, aussi appelés Pasdaran, sont une force paramilitaire qui vise à maintenir le régime islamique et à exercer une influence étendue sur le pays, aux plans politique, économique et militaire. Dans la résolution du Parlement européen, on retrouve la proposition de catégoriser le Corps des Gardiens de la Révolution comme une organisation terroriste. Mais concrètement, qualifier cette organisation de terroriste ne garantit pas l’arrestation de ses membres s’ils parviennent à se rendre sur le sol européen. Les ONG qui défendent les droits humains s’accordent en effet pour dire que le terme “terrorisme” ne signifie rien. En Belgique, le terrorisme est interdit, mais pourtant, il n’est pas clairement défini. L’intérêt de désigner les Gardiens de la Révolution de terroristes est dans ce cas-ci, à condition qu’ils soient identifiés, d’empêcher ces groupes de voyager ou de se procurer un visa. 

Mais au final, d’après Philippe Hensmans, la communauté internationale ne peut pas vraiment aller plus loin dans ses sanctions. Tous les moyens à notre disposition pour faire pression sur les autorités iraniennes sont déjà utilisés, et ce, depuis plusieurs années. L’Iran s’est quasiment “habitué” à vivre comme cela. Aujourd’hui, l’Union européenne et les autres pays du monde se trouvent dans une impasse, une intervention militaire aurait des répercussions désastreuses sur la diplomatie mondiale. Dès lors, l’hypothèse n’est même pas envisageable. 

Au même moment, sur place, des femmes et des hommes continuent de se battre courageusement pour leurs droits fondamentaux et malgré le manque de ressources de la communauté internationale pour sanctionner l’Iran dans ses actions brutales, ces citoyen·nes espèrent obtenir le soutien de l’Europe dans leur lutte pour un avenir meilleur.

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Le sort des enfants métis des colonies belges

jeu, 25/01/2024 - 12:00
Il aura fallu attendre près de 60 ans pour que la parole des métis des colonies belges se libère. 60 ans pour que la Belgique entame un processus de reconnaissance envers ces enfants arrachés à leurs mères africaines avant d’être envoyés en Belgique.

Photos et entretien : Marie-Eugène Cifende

François Milliex a 14 ans lorsque avec d’autres « mulâtres », il découvre la Belgique pour la première fois. Aujourd’hui, il est le président de l’association des métis de Belgique à l’origine des excuses officielles émises par le gouvernement et de la résolution Métis qui leur donne accès à leurs archives. Pour Mammouth media, il revient sur son parcours, depuis les rues du Burundi où il a grandi jusqu’à celles de Bruxelles.  

Dans quel genre de famille êtes-vous né ?

Je suis né à Bukavu au Congo d’un papa français. Ma maman était rwandaise et quand je suis né, elle devait n’avoir que 16 ans. On est une fratrie de 7 enfants connus. Nous, on a eu la chance d’avoir été gardés à la maison. Chaque métis a une histoire différente, mais 85 % n’ont pas été reconnus par leurs géniteurs blancs. 

Jusque quel âge avez-vous vécu avec votre famille ? 

La politique coloniale était de prendre les enfants métis à partir de deux ans. À l’âge de six ans, mon père a voulu nous inscrire à l’institut Saint-Jean, une école primaire belge. La mère supérieure a répondu qu’elle n’acceptait ni les noirs, ni les mulâtres et qu’il y avait une école réservée aux mulâtres à Save. Finalement, mon père a été contraint de nous y inscrire. 

Comment était justifiée cette ségrégation ?

L’état colonial avait une vision simple : il y avait les « civilisés », les blancs, et il y avait les noirs, vus comme des « sauvages ». Et puis, il y a eu les métis. Il ne fallait pas se mélanger à eux, mais il ne fallait pas non plus laisser ces enfants avec du sang blanc se mélanger à des « nègres » et « retourner à la sauvagerie ». D’où les internats de métis.

Comment l’état s’organisait pour prendre ces enfants ? 

Ça se savait quand il y avait un enfant métis dans le village. L’administrateur de territoire envoyait la police rechercher l’enfant. Il y a eu des femmes qui ont caché leurs enfants, mais on faisait venir les forces publiques. Il y a eu d’autres stratagèmes pour éloigner les mamans. Souvent, au bout de 2-3 ans dans les colonies, les épouses belges de ces hommes mariés en Belgique arrivaient. Il fallait éjecter la femme indigène. Certains arrivaient à les chasser, d’autres les accusaient de vol pour les renvoyer. Quand elles revenaient sur les lieux, les enfants n’étaient plus là. 

Comment s’organisait la vie dans ces internats ? 

Les trois quart des métis sont passés par ces institutions. Quand on est arrivé, on s’est rendu compte que les métis ne parlaient presque pas le français mais le kinyarwanda, kirundi ou swahili. C’était un internat de bonnes sœurs, avec la messe obligatoire tous les matins. Nous, on appelait ça « orphelinat » parce qu’on avait plus le droit de voir nos parents.  Les nonnettes nous mettaient à genoux et nous donnaient la fessé avec des morceaux de fil de fer et des orties.

Et qu’est-ce qu’on disait aux enfants ? 

Que leurs mamans les avaient abandonnés ou qu’elles étaient décédées.

C’est avec son frère jumeau ( sur la photo de gauche) qu’il sera placé à Save, l’un des plus importants internats catholiques regroupant les métis du Rwanda, du Burundi et de l’est de la République Démocratique du Congo. Début des années 60, les actuelles République Démocratique du Congo, Rwanda et Burundi obtiennent leurs indépendances. Qu’est-ce que cela signifie pour les métis ? 

Avec les indépendances, des émeutes assez sévères ont commencé. Les nonnettes ont pris peur pour les métis et ont réussi à faire croire à l’État belge qu’ils étaient en danger s’ils restaient en Afrique. Le gouvernement a organisé une évacuation. Ils ont fait signer des documents à des mamans qui ne parlaient que rarement français et ne comprenaient pas ce qu’elles signaient.            

Dans quel état d’esprit étiez-vous ? 

Comme beaucoup de métis quand on nous a annoncé qu’on allait parti, on n’imaginait pas qu’on ne reviendrait plus. On pensait partir pour continuer nos études. Ça nous excitait. L’Europe, c’était les calendriers avec les belles images de la Suisse sous la neige. On n’avait aucune notion du froid lorsqu’on a débarqué à Melsbroek en décembre à 5h du matin avec une chemise, un petit pull, un short. Les filles avaient une petite mallette avec une poupée ou un ourson. Le voyage était pénible. Il y avait énormément d’enfants qui pleuraient et appelaient leurs mamans.

Comment s’organisait l’accueil en Belgique ? 

À l’aéroport, il y avait les familles belges qui avaient adopté des enfants (qui n’étaient même pas orphelins !) et les personnes qui dirigeaient les homes. Une dame est venue nous chercher et a séparé notre fratrie en deux. On nous a emmenés dans le home de l’abbé Froidure avec des enfants délinquants.

À votre arrivée, quelle était votre nationalité ? 

Pour le voyage, on reçoit un passeport belge. Un an après, un ministre de l’Intérieur demande aux bourgmestres de nous la retirer. Du jour au lendemain, on est apatride. Sur ma carte, il était écrit : Apatride, ressortissant du Ruanda, signe particulier : Mulâtre. Mais avec ça, tu ne sortais pas de la Belgique. Il fallait racheter sa nationalité pour l’équivalent d’un mois de salaire de l’époque.

Comment la vie reprend-elle son cours après ça ? 

Tout dépend des enfants. Il y’en a qui ont fini par accepter qu’ils étaient orphelins. Et ceux, comme Évariste, qui ont trainé de home en home car ils étaient assez caractériels du fait de leur mal-être. Déjà en Afrique, il avait réussi à s’évader pour aller rechercher sa mère dans les rues de Bujumbura. En Belgique, il est placé dans un home en Flandre sans connaitre un mot de néerlandais. On le pousse vers des études qu’il n’a pas envie de faire. Il n’est pas aidé, pas adopté ; il est seul. À un moment, il tombe dans la délinquance et se retrouve à la rue. Pour les filles, c’était pire. Il y avait des histoires d’attouchements et de violences. 

Grâce à l’ouverture des archives stockées au musée de Tervuren, il retrouve, entre autres, les lettres écrites à sa mère, ouvertes mais jamais transmises. Comment avez-vous fini par vous organiser en association ?

Personne ne parlait de son passé. L’idée était de se fondre dans la population. C’est parce que les petits enfants ont commencé à poser des questions que les recherches ont commencé. C’est comme ça qu’en 2015, on a créé l’association des métis de Belgique.

Pensez-vous que la reconnaissance de la ségrégation des métis est un pas vers une plus grande reconnaissance du passé colonial ? 

Non. La Belgique a encore beaucoup à reconnaitre de son passé colonial. Une commission avait été mise en place, mais elle a fini en fiasco total. Les partis de gauche réclamant des excuses là où les partis de droite ne veulent exprimer que des regrets. C’est aussi une question d’argent. Ils craignent les compensations et les réparations qui pourraient suivre.

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Entre foi et politique verte : regards croisés sur l’engagement écologique de l’Église et de l’Union européenne

mer, 24/01/2024 - 12:00
C’est une première depuis l’existence de la Conférence des Parties. Le pape François devait assister à la 28ème édition de la COP, à Dubaï. Une initiative qui n’a pas pu être honorée pour cause de maladie, mais qui soulève néanmoins une question : comment l’Église se positionne-t-elle dans la lutte contre le réchauffement climatique ?

Pexels – Robin Erino

La COP28, qui a débuté le 30 novembre dernier à Dubaï, est un forum majeur pour les discussions mondiales concernant le changement climatique. Un événement significatif a marqué cette édition 2023 avant même qu’elle ne commence : la participation annoncée du pape François. Bien que sa santé ne lui ait finalement pas permis d’y assister, sa volonté initiale reflète l’importance croissante que les représentants religieux accordent à la crise climatique. En associant sa voix à cet évènement international, le pape exprime l’engagement de l’Église pour la protection de l’environnement. Sa présence à la COP28 aurait constitué un moment symbolique. Bien qu’il soit le plus petit pays au monde, l’influence du Vatican s’étend bien au-delà de ses frontières géographiques. Il représente avant tout une religion, celle de l’Église catholique romaine, et plus de 1,3 milliard de croyants de par le monde.

Ce n’est pas la première fois que l’Église se positionne sur la protection de l’environnement. On y trouve trace dans l’Ancien Testament, avant même qu’il n’y ait une Église chrétienne. Avec ce qu’elle nomme « la Création », l’Église appelle tous les êtres humains à tendre vers « cette communion avec Dieu ». Des figures majeures de l’Église catholique ont fait référence au bien commun et à l’union, tel Saint-François d’Assise, qui parlait de “notre mère la Terre” ou du “frère Soleil”.

Pourtant, l’Église n’a pas toujours eu bonne presse sur la question environnementale. Dans Les racines historiques de notre crise écologique (1966), l’historien américain Lynn Townsend White accusait la culture judéo-chrétienne d’être complice – voire responsable – de la logique moderne d’exploitation de la Terre, du nouveau dualisme matière-esprit et de leurs effets écologiques désastreux. Sa théorie se basait sur l’interprétation de la Genèse 1.28 : « Dieu les bénit et leur dit : « Reproduisez-vous, devenez nombreux, remplissez la terre et soumettez-la ! Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se déplace sur la terre ! ” ».

Vers la fin du XVIIème et le début du XVIIIème siècle, l’Église s’est concentrée sur le salut de l’âme, accordant davantage d’importance à l’être humain et considérant alors que « la Création » était un “décor” ou un “réservoir” qu’on pouvait exploiter et dominer », selon les mots de Thérèse Vercouillie, coréférente à l’écologie intégrale du diocèse de Namur. L’Église n’a pas mis en garde contre les dangers de cette vision exploitatrice, qui s’est développée avec l’avènement des sciences. « Elle n’a pas vu l’Homme peu à peu se séparer du reste de la Création, et perdre cette logique de fraternité universelle » déclare Christophe Renders, référent à l’écologie intégrale du vicariat du Brabant wallon. « Elle n’a pas eu l’intuition qu’un basculement était en train de se produire, pouvant causer de potentielles graves conséquences. »

Dans les années 70, lorsque la société a commencé à prendre conscience des dangers de sa manière de vivre et à intégrer la notion d’environnement dans son vocabulaire, l’Église s’est elle aussi réveillée. Les papes ont commencé à interpeller les fidèles quant au bien commun, notamment le pape Jean-Paul II. Certes, tout comme dans la société, ces voix étaient minoritaires.

Avec le temps, le mouvement a pris plus d’ampleur, au sein de la société comme de l’Église. En 2015, l’encyclique Laudato Si’ du pape François marque un moment clé dans le positionnement de l’Église contre le réchauffement climatique. Cette lettre publique adressée par le pape met l’accent sur “la sauvegarde de la maison commune” et développe le concept d’écologie intégrale, qui intègre les aspects environnementaux, économiques et sociaux, trois piliers du développement durable, ainsi que les aspects culturels et les aspects de la vie quotidienne. Autrement dit, tout est étroitement lié. Laudato Si’ institutionnalise le souci du bien commun de l’Église, d’ailleurs réitéré en 2023 avec Laudate Deum. Le pape François, dont l’inquiétude s’accroît devant la tournure que prend le réchauffement climatique, adresse cette nouvelle exhortation apostolique aux fidèles et “à toutes les personnes de bonne volonté sur la crise climatique”, insistant alors sur l’urgence et l’importance de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Les approches de l’Église et de l’Union européenne face au réchauffement climatique reflètent des visions distinctes, mêlant éthique, politique et pragmatisme. Pour les référents de l’Église à l’écologie intégrale de Bruxelles et du Brabant wallon, Julien Sébert, Christophe Renders et Thérèse Vercouillie, l’Église agit telle “une boussole”, soulignant l’importance de la question de sens et de la responsabilité humaine vis-à-vis de la « Création », incitant les individus à s’interroger sur leur mode de vie et leur impact sur l’environnement. L’Union européenne, quant à elle, intervient avec des lois et des régulations concrètes afin de mettre en œuvre des solutions tangibles.

Le Pacte vert, notamment, représente une initiative ambitieuse pour rendre l’Europe neutre en carbone d’ici 2050, avec des objectifs spécifiques en matière de réduction des émissions et de promotion des énergies renouvelables. Ce dernier vise également l’établissement d’une croissance économique dissociée de l’utilisation des ressources. Il est aussi question d’implanter trois milliards d’arbres supplémentaires d’ici 2030 sur le sol de l’Union européenne. Cependant, certains croyants, comme Thérèse, restent critiques quant à l’efficacité de ces mesures. Selon la jeune femme, les bases seraient à revoir, et l’importance nécessite d’être orientée sur des objectifs qui méritent plus d’attention, tels que l’aide aux plus pauvres. Une transformation systémique est suggérée, dépassant les limites du capitalisme et intégrant des principes plus inclusifs et responsables.

“Personnellement je ne suis pas satisfaite des propositions de l’UE. Je vois qu’il y a du bon, mais je vois qu’il y a aussi beaucoup d’hypocrisie”, souligne Thérèse, relevant ainsi des dynamiques inchangées où les pays riches exploitent encore les populations vulnérables. Des exemples concrets, comme la production d’éoliennes importées depuis la Chine utilisant du charbon, illustrent une réalité où les changements ne sont pas aussi profonds qu’ils devraient l’être.

En fin de compte, la lutte contre le changement climatique soulève des questions essentielles sur la manière dont la société devrait aborder ce défi mondial, en combinant efficacité pragmatique et réflexion profonde sur le sens et la justice.

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Aïssatou Cissé : entre l’hôtel de ville et l’université

mar, 23/01/2024 - 16:00
À 21 ans, Aïssatou Cissé est devenue la plus jeune échevine de Flandre, la première d’origine sénégalaise à Borgerhout.

Photo : Océane Vermeiren

Aïssatou Cissé n’est pas une jeune femme comme les autres. À 16 ans, elle s’est engagée dans le Parti socialiste Vooruit en Flandre et depuis, elle ne cesse de gravir les échelons dans le monde politique.

Aujourd’hui, elle a 24 ans et est échevine à Borgerhout, district de la commune d’Anvers. Aïssatou sera tête de liste de sa commune lors des prochaines élections communales d’octobre.

Un portrait réalisé par Océane Vermeiren, Lilian Lefebvre et Uma Kaiser

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Julie Vandenbossche, militante Jong N-VA

lun, 22/01/2024 - 16:00
Entre ses études à Gand et son engagement politique au sein de la Jong N-VA, les journées de Julie Vandenbossche, 22 ans, sont bien chargées. Mais grâce à ces deux activités, Julie souhaite surtout préparer son avenir, comme celui du pays.

Julie Vandenbossche, portant sa banderole du Jong N-VA UGent et son chapeau de diplômée de son premier master. Photo : Océane Vermeiren

Un examen sur les théories de l’intégration européenne et régionale lundi soir, le lendemain trois heures de cours, puis deux réunions de la section de l’université de Gand de la Jong N-VA et en soirée, un teambuilding du parti. Mercredi, une rencontre avec Anneleen Van Bossuyt, conseillère communale N-VA à Gand et députée fédérale. Le jeudi, une réunion à propos de la possible formation d’une section Jong N-VA à Huldenberg, sa commune, et de la campagne électorale de 2024. C’est à cela que ressemble l’agenda de Julie Vandenbossche.

C’est dans son kot au centre de Gand que Julie évoque avec nous son parcours. Un parcours dont elle est fière. Après un master en administration et gestion publique, elle a entamé cette année un deuxième master en études européennes. « Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours aimé débattre et jouer à l’avocate », raconte-t-elle. « Chaque année, pour mon anniversaire, mon père m’écrit une lettre dans laquelle il fait un bilan de ma vie. Dans celle de mes 12 ans, il écrivait déjà que j’aimais débattre à propos du bien- être des animaux ». Cet intérêt pour le débat et les problèmes de société la poursuivra avec l’âge.

En sixième secondaire, Julie est convaincue qu’elle a trouvé sa voie. C’est à ce moment qu’elle participe à un parlement jeunesse, activité pour initier les élèves de la région de Louvain à la politique. Elle décrit cette expérience comme « une libération ». « En participant, j’ai rencontré des personnes qui me comprenaient, partageaient cette volonté de débattre, même si elles n’avaient pas les mêmes idées que moi ». Cette expérience confirme son choix : Julie entamera des études liées à la politique, au droit et à l’économie l’année suivante.

« J’étais vraiment une intello ! J’aimais tellement aller en cours et étudier. Je ne connaissais pas encore énormément de choses en politique. J’en apprenais tous les jours », se souvient-elle.

Le choix du nationalisme

Grâce à ses études et à une participation au parlement jeunesse en Flandre (Vlaams Jeugdparlement), elle a pu faire coller un parti politique à ses idées. « J’ai étudié le modèle fédéral belge pendant quatre ans. Selon moi, ce modèle ne fonctionne pas : il doit être réformé. J’ai retrouvé ce constat et ces idées à la N-VA », affirme l’étudiante. Depuis 2021, Julie est membre de la section étudiante de la Jong N-VA à l’Université de Gand, et depuis cette année, elle en est même la vice-présidente. Mais son engagement ne s’arrête pas là. En 2024, elle se présentera aux élections régionales et figurera sur la liste du N-VA dans sa commune, Huldenberg (Brabant Flamand). « C’est à peine croyable. Je n’ai encore jamais voté et là, je pourrai voter pour moi-même ! », plaisante-t-elle.

Avant d’ajouter : « La politique me donne de l’énergie, me rend heureuse. Je crois que ces sentiments sont importants, car la politique est une profession difficile et souvent ingrate. »

Depuis son engagement dans un parti, Julie a parfois été surprise des réactions du grand public. « Ma famille et mes amis m’ont toujours soutenue. Ils connaissaient mes idées depuis longtemps. Par contre, j’ai déjà reçu des insultes et subi des attaques de la part de personnes que je ne connaissais même pas. C’est dommage. Je trouve qu’il vaut mieux débattre quand on n’est pas d’accord, plutôt que de manquer de respect ».

Julie estime que la N-VA n’a rien à voir avec un parti d’extrême droite comme le Vlaams Belang. « Je crois qu’il existe une fausse perception de la N-VA, comme il n’y a pas de parti nationaliste du côté francophone. Si un jour, nous entrons dans un système confédéral tel que le prône mon parti, avec deux communautés de plus en plus autonomes, je suis certaine qu’un parti de droite tel que la N-VA peut voir le jour en Wallonie ».

Une journée « calme »

Combiner les études avec la politique, cela signifie avoir un programme très chargé, quitte à devoir négliger l’un par rapport à l’autre.  « Je dois souvent rater des cours parce que j’ai des obligations politiques. Ça veut dire que le week-end, je passe parfois des journées entières à étudier, mais heureusement, j’arrive à bien m’organiser ».

Ce mardi, Julie a une journée chargée, même si sa semaine est plutôt “calme”, selon elle. Elle part étudier deux heures dans un café, puis, à treize heures, elle enchaîne avec un cours sur les relations internationales. Une fois terminé, elle doit se dépêcher d’aller à son rendez-vous. Il s’agit de ‘We Care’, une formation à propos de la santé mentale dans les universités, à laquelle elle doit assister, en tant que membre d’une association étudiante politique. Après, l’étudiante doit se rendre à un autre rassemblement avec toutes les associations politico-philosophiques de l’université.

Julie assiste à la formation ‘We Care’, à propos de la santé mentale des étudiants de l’université de Gand

Après ces divers rendez-vous, la journée de Julie est loin d’être finie. A travers les rues de Gand, la jeune fille se dépêche de rejoindre son groupe du Jong N-VA dans le kot d’une amie. Ce soir, au programme, c’est frites, karaoké et bowling. Un programme plutôt consensuel. « La politique, ce n’est pas uniquement de longues réunions. Ce soir, on est là pour s’amuser et décompresser ».

La Jong N-VA UGent est en activité de teambuilding. Ils font un karaoké ensemble et chantent une chanson flamande classique

Même si entre deux frites, les jeunes nationalistes flamands évoquent leurs prochains événements avec la députée fédérale Anneleen Van Bossuyt ou avec le ministre flamand des Finances Matthias Diependaele, ils abandonnent très vite les sujets politiques pour pousser la chansonnette au karaoké. Des chansons pop et des classiques flamands sont chantés énergiquement. Le karaoké se clôture sur l’hymne flamand, le ‘Vlaamse Leeuw’, que les jeunes chantent fièrement avec la main sur le cœur en rigolant.

Place au bowling ensuite, où la bonne humeur reste au rendez-vous. L’équipe remplit la salle de quilles de rires et de discussions, tout en jouant le jeu à fond. Ils sont tous investis dans la compétition et n’hésitent pas à se charrier quand quand quelqu’un rate son coup. Lars, le président du groupe politique, en profite pour donner son avis sur Julie et son parcours : « Julie est un très bon atout pour les Jong N-VA. Elle complète parfaitement l’équipe ».

Après quelques strikes, la soirée touche à sa fin. « Demain, j’ai cours à dix heures et nous allons recevoir les consignes pour un examen », précise Julie, épuisée par cette journée “calme”. « La politique, c’est génial, mais tant que je suis étudiante, mes études passent en premier. »

Malgré sa détermination pour ses études, Julie, espère que son engagement paiera un jour et qu’elle trouvera son bonheur dans la politique. Une étudiante dont on entendra peut-être encore parler à l’approche des élections.

Julie étudie dans son café préféré de Gand. Elle prépare son cours de l’après-midi

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