Mammouth
« No antibiotics »: l’étiquetage qui interpelle
© Emma Verralewyck
Avez-vous déjà acheté un produit étiqueté « no antibiotics »?
La mention “élevé sans traitement antibiotique” apparaît sur des produits boucherie en supermarché. Elle rassure, elle attire l’œil mais que signifie-t-elle réellement ? Derrière cette étiquette, il y a des pratiques d’élevage, une réglementation européenne stricte, un soupçon de marketing et surtout un enjeu majeur de santé publique : l’antibiorésistance.
Mammouth revient sur le rôle des antibiotiques en élevage et sur les risques liés à leur utilisation abusive. Une directive européenne datant de 2006 interdit l’ajout d’antibiotiques dans la nourriture comme promoteurs de croissance et réduit son utilisation à un usage thérapeutique. Ces mesures ont été mise en place pour éviter l’augmentation de l’antibiorésistance.
L’AMCRA (Centre de connaissances concernant l’utilisation des antibiotiques et l’antibiorésistance chez les animaux) indique observer une baisse de 60% de l’utilisation des antibiotiques chez les animaux depuis 2011 grâce à ces mesures et à la surveillance instaurée.
Mammouth questionne également pourquoi certains labels choisissent d’aller encore plus loin dans leurs démarches contre l’’utilisation d’antibiotiques puisqu’il n’est pas possible d’en retrouver des traces dans la viande commercialisée.
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IPM – Rossel : Comment garantir le pluralisme ?
Depuis l’annonce du rachat d’IPM par Rossel, les journalistes et experts du secteur mettent en garde sur l’atteinte au pluralisme et présentent des perspectives à envisager.
C’était un projet dans l’air depuis quelques mois déjà mais son annonce a eu l’effet d’une bombe dans le paysage médiatique francophone. Le 25 juin dernier, le groupe Rossel affirme sa volonté de détenir l’éditeur concurrent IPM. Concrètement, en échange de la cession de ses titres l’Avenir, La DH les sports + et La Libre, La famille Le Hodey, qui détient IPM, rentrera dans le capital de Rossel à hauteur de 10%. Si certains journalistes ont été surpris par le projet, d’autres s’y attendaient depuis quelques mois. « C’est un mariage de raison », avance Ricardo Gutiérrez, le secrétaire général de la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ). « L’élément déclencheur, c’est la fin de l’aide à la distribution de la presse. Cette dernière décision prise sous le gouvernement De Croo a accéléré la crise financière qui était déjà présente. Alors entre un risque de faillite et un mariage sans amour, le choix est évident. Même si on ne s’aime pas, on se met ensemble pour notre survie », poursuit-il. « Il y a aussi la réduction de la visibilité des contenus journalistiques sur Meta (Facebook). Ça n’aide pas la presse écrite et on peut aussi citer la perte de confiance dans les médias », ajoute Martine Simonis, la secrétaire générale de l’AJP, l’Association des Journalistes Professionnels.
Je n’ai pas connaissance d’un autre exemple de monopole en Europe
Ricardo Gutiérrez – secrétaire général de la FEJDans l’histoire de la presse écrite belge francophone les titres de presse n’ont cessé de se regrouper. Alors qu’en 2004, les 7 titres de presse quotidienne francophone sont répartis en 4 groupes distincts (Rossel, IPM, Mediafin et Corélio), prochainement, ils seront réunis en un seul groupe. L’entreprise Rossel élargie avec les possessions d’IPM détiendra 94% du marché de la presse écrite francophone. Une situation inédite à l’échelle du vieux continent. « Je n’ai pas connaissance d’un autre exemple de monopole en Europe. C’est une situation très préoccupante pour le pluralisme. La Belgique n’est déjà pas une bonne élève puisqu’elle figure déjà parmi les 8 pays européens où la concentration des médias est la plus importante. Mais avec cette nouvelle annonce, cela va s’aggraver », complète Ricardo Gutiérrez. Pourtant, le pluralisme des médias est une obligation démocratique. Et depuis le 8 d’août 2025, une nouvelle règle européenne est venue renforcer l’importance de l’indépendance et du pluralisme dans les médias. « Il s’agit du European Media Freedom Act (EMFA). De nouvelles règles s’appliquent dans l’Union Européenne pour garantir cette indépendance des médias. Pourtant, on remarque une dichotomie quand on regarde les nouvelles lois des gouvernements envers les médias », développe Martine Simonis.
Nous voulons des garanties fortes sur le pluralisme de l’information, le maintien des titres, des lignes éditoriales, des équipes et des sociétés des journalistes
Martine Simonis- Secrétaire générale de l’AJPÀ l’aube de l’été, la fusion entre IPM et Rossel prévoyait dû être bouclée pour 2026, mais l’AJP affirme que l’Autorité Belge de la Concurrence n’a pas encore été officiellement saisie du dossier. « Non, pas Officiellement. Mais de nombreuses consultations ont déjà été entreprises. Nous avons été écoutés. Nous avons transmis nos inquiétudes sur le pluralisme et sur l’emploi », indique Martine Simonis. « Dès que nous avons appris l’annonce de cette fusion on s’est rassemblé avec les différentes SDR (la Société Des Rédacteurs, les représentants des journalistes) et les experts du secteur. Et nous avons préparé une position commune à tous les titres que nous avons défendue devant l’ABC. Nous n’allons pas nous opposer à cette fusion mais nous voulons des garanties fortes qui concernent les matières de pluralisme de l’information, le maintien des titres, des lignes éditoriales, des équipes et des sociétés des journalistes ».
Lors de leurs entrevues avec l’Autorité Belge de la Concurrence, l’AJP et la FEJ ont aussi partagé des solutions ou des gardes-fous à mettre en place. Entre garanties et exemples tirés d’autres pays, deux mécanismes ont été évoqués. De son côté Ricardo Gutiérrez attire l’attention sur le système des fondations créées aux Pays-Bas après le rachat de RTL Pays-Bas par DPG. « Ces fondations seraient indépendantes et propres à chaque titre du grand groupe. Grâce à ces fondations, les titres auraient une autonomie par rapport au conseil d’administration du groupe ». De son côté, l’Association des Journalistes Professionnels avance une autre piste, plus théorique, dénommée « Golden Chair ». « Cela demanderait de créer une structure commune aux différentes sociétés des journalistes. Par le biais de ce qu’on appelle un golden chair, la structure aurait un droit de véto. Elle pourrait par exemple l’utiliser pour s’opposer à une prochaine décision de fusion du groupe avec un autre ». Des solutions sont donc sur la table mais il reste à voir si ces pistes seront suivies par le rapport de l’ABC.
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Les secrets du Palais de Justice de Bruxelles
Le Palais de Justice de Bruxelles regorge d’éléments invisibles au premier regard, ainsi que de détails que l’on croit connaître, mais dont l’histoire s’avère bien plus profonde. Peu de personnes en maîtrisent les secrets aussi bien que Stéphane Van Reeth, gardien du vestiaire des avocats et véritable mémoire vivante des lieux. Fin connaisseur des secrets du Palais, il est l’auteur d’un livre à paraître à ce sujet(*). Il nous emmène à la rencontre de quelques-unes de ses trouvailles.
La fresque qui dérangeAprès les incendies de 1944, l’arrière du Palais de Justice a dû être reconstruit. Lors de ces travaux, le conservateur, un architecte chargé de la restauration du bâtiment, a demandé à trois artistes, Louis Deltour, Edmond Dubrunfaut et Roger Somville, de réaliser une fresque dans le couloir du tribunal du commerce. L’œuvre volontairement non signée est aujourd’hui appelé « Le Port », mais son titre original était « Prolétaire de tous les pays, unissez-vous ». Elle représente une prostituée qui récupère le poisson auprès des femmes, tandis que les trois pêcheurs figurés, qui sont en réalité les trois peintres eux-mêmes, apportent leur pêche.
Dans les années 50, la fresque a provoqué un véritable scandale. Le président du tribunal du commerce la détestait et, chaque fois qu’il traversait le couloir, il donnait des coups de canne, et même de couteau dans la peinture, traces que l’on peut encore voir aujourd’hui.
La Régie des Bâtiments a reproché aux trois peintres de ne pas avoir obtenu d’autorisation pour réaliser l’œuvre. Mais une fresque, intégrée au mur, n’était pas interdite par le règlement. Des analyses ont donc été menées pour prouver qu’il s’agissait bien d’une fresque au sens technique du terme.
Ironie du sort : dans les années 1970-1980, faute de place pour aménager des salles d’audience, ce couloir a été transformé en salle… où l’on jugeait les affaires commerciales. « Cette fresque, qui dénonçait le capitalisme et les dérives du commerce, s’est donc retrouvée à orner une salle du tribunal du commerce lui-même », sourit Stéphane Van Reeth.
la peinture Coups de canne dans
la peinture Quand une statue obligea le Palais à tirer le rideau
Après les peintures qui font débat, ce sont aussi les statues qui ont suscité des remous à l’époque. La statue de la Charmeuse de serpent, qui se trouvait initialement à côté de la fresque, a été déplacée vers le grand couloir qui était l’entrée principale du Palais. En entrant, les magistrats se retrouvaient face au grand escalier, et apercevaient la statue… de dos. La vue donnait directement sur les fesses de la Charmeuse, ce qui a rapidement été jugée inacceptable. Pour éviter cela, une barre a été installée au-dessus de l’œuvre afin d’y suspendre un rideau. Stéphane Van Reeth explique : « Un petit jeu s’est alors instauré : certains s’amusaient à ouvrir le rideau, et quelques heures après quelqu’un le refermait déjà ». Le rideau était encore présent en 2015. On disait souvent à l’époque que le Palais récupérait tous les « brouillons » du musée des Beaux-Arts. En effet, le bâtiment abrite de nombreux brouillons des sculptures. La Charmeuse de serpent en fait partie : c’est un modèle qui n’a jamais été réalisé en marbres au final, ce qui en fait une pièce unique, conservée uniquement dans sa version d’étude.
L’avant de la statuela Charmeuse de
Serpent L’arrière de la statue
avec la barre du rideau
encore présente Des ombres chinoises sauvées in extremis
Dans le vestiaire des avocats, le principal lieu de travail de Stéphane, on trouve plusieurs silhouettes en fer. Il y a quelques années, des responsables du Palais de Justice ont voulu s’en débarrasser estimant qu’il s’agissait des vieilleries et souhaitant libérer les murs. Stéphane est immédiatement intervenu : lui savait ce que ces silhouettes représentaient.
Ces silhouettes avaient été utilisées lors d’un spectacle réalisé par des avocats, qui y avaient créé des ombres chinoises, à la manière du cabaret du Chat Noir à Paris. On y reconnaît des ministres, des avocats, ainsi que le gardien du vestiaire, identifiable à sa casquette. Stéphane, qui avait retrouvé le texte d’origine du spectacle, a pu authentifier ces silhouettes conservées dans le vestiaire des avocats.
Heureusement, Stéphane avait demandé leur préservation, car quelques années plus tard, un conservateur du Musée des Beaux-Arts lui a déclaré : « Vous possédez dans cette pièce, la plus grande collection intacte de silhouettes en zinc ». Car ces œuvres étaient fragiles et destinées à être temporaires, il n’en reste que très peu de traces : quelques photos et quelques pièces conservées. Le Musée des Beaux-Arts eux n’en conserve peut-être que trois ou quatre, tandis qu’une dizaine sont encore présentes dans le vestiaire des avocats au Palais de justice.
(*) « Joseph Poelaert et les aventures très-illustrées du Palais de Justice de Bruxelles » de Stéphane Van Reeth paraîtra en 2026
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Libye : le prix de la politique migratoire de l’UE
©Pixabay
En 2024, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 21 700 migrants ont été interceptés en mer Méditerranée et renvoyés en Libye. Dans ce pays, nombre d’entre eux ont été victimes d’enlèvements, de torture, d’esclavage ou encore de violences sexuelles, selon Amnesty International. Ces violations se produisent-elles avec le consentement de l’UE ?
Depuis la chute du chef d’état libyen Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye traverse une période d’instabilité politique. Deux autorités principales s’y opposent :
• À l’ouest, le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU.
• À l’est, l’Armée nationale libyenne (LNA).
Autour de ces deux autorités gravitent une multitude de milices et de groupes armés, dont l’influence dépasse souvent celle des institutions officielles. Cette fragmentation du pouvoir empêche l’État d’exercer un contrôle réel sur le territoire et ouvre la voie à de nombreuses violations des droits humains. Cette instabilité libyenne sert de cadre à la politique européenne d’externalisation des frontières.
Le principe est simple : l’Europe ne protège plus seulement ses frontières… elle les déplace. Elle délègue le contrôle migratoire à des pays tiers comme la Turquie, le Maroc et la Libye qui deviennent en quelque sorte les nouveaux garde-frontières de l’UE. Or, La Libye est un pays central sur la route migratoire de la Méditerranée
Depuis 2016, l’Union européenne a versé une aide de 465 millions d’euros pour la gestion des migrations et des frontières à la Libye. La Commission refuse de divulguer l’utilisation exacte de ces fonds et a même été reconnue coupable, par le médiateur de l’UE, de mauvaise administration pour ce manque de transparence.
Mais pourquoi cette coopération avec la Libye pose-t-elle problème ?
L’ONG Sea-Watch a recensé au moins 54 incidents violents commis par la « garde côtière libyenne » : tirs, poursuites de bateaux en détresse, entrave aux sauvetages, menaces, violences physiques, abandons de corps en mer, détournements de navires humanitaires. Des enquêteurs mandatés par l’ONU estiment que la coopération de l’UE avec la Libye a aidé et encouragé des violations du droit international – jusqu’à des crimes contre l’humanité. Amnesty International parle d’une coopération « dépourvue de moralité », et dénonce la complicité de l’UE dans les violences infligées aux personnes.
Cette politique d’externalisation maintient donc des dizaines de milliers de personnes dans un pays qui n’est pas sûr pour eux.
« La coopération migratoire de l’UE avec les autorités libyennes revient à se rendre complice d’horribles violations des droits humains. »
Eve Geddie, directrice du Bureau européen d’Amnesty International
En octobre 2025, 38 députés européens ont appelé la Commission à mettre fin à tout soutien aux forces de sécurité libyennes. Ils dénoncent les violences et abus perpétrés contre les migrants par la Garde-côtière et la Direction de lutte contre la migration illégale, l’autorité responsable des centres de détention. Ils demandent que l’Union européenne cesse immédiatement de financer ces pratiques.
Peter Stano, porte-parole du SEAE (Service européen pour l’action extérieure), affirme que l’UE ne finance aucune entité libyenne.
L’Union explique que tout l’argent passe par des organisations internationales comme l’OIM (l’Organisation internationale pour les migrations) ou le HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), et non par les autorités libyennes accusées d’abus. Elle rejette les accusations selon lesquelles son argent contribuerait aux abus en Libye, et affirme au contraire que les fonds servent à protéger les migrants.
Face à ces critiques, l’Europe pourrait-elle changer son approche ? Elle dit prendre « au sérieux » les critiques de l’ONU et considère “ces alertes comme un stimulant pour travailler davantage avec ses partenaires afin d’améliorer la situation”, selon Peter Stano.
Mais dans les faits, aucune mesure n’est annoncée. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a ainsi réaffirmé dans une lettre adressée aux 27 États membres de l’UE la volonté de l’Union de collaborer avec la Libye afin de limiter les départs depuis les côtes sud de la Méditerranée. L’UE prévoit un budget de référence de 52 millions pour cette coopération, couvrant la période du 1er juillet 2025 au 30 juin 2027.
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«C’est pas la note qui va définir qui tu es »
Cette scène que beaucoup d’élèves connaissent par cœur : la veille de recevoir un bulletin, les mains tremblent un peu, le cœur s’emballe, les parents attendent. Et ce chiffre qui prétend résumer des mois d’efforts, d’erreurs, et d’apprentissage. Mais aujourd’hui, un vent de changement souffle sur des écoles. En Belgique, plusieurs établissements expérimentent un monde… sans bulletin. Un monde où la progression compte plus que le classement. Une révolution pédagogique fragile, ambitieuse et profondément humaine.
Ce n’est pas la note qui va définir qui tu es
Tristan Nottet (enseignant à l’Athénée Léonie de Waha de Liège)Le bulletin : rassurant pour certains, stressant pour d’autres
À l’origine simple outil de suivi, le bulletin scolaire est une sorte de boussole pédagogique : notes, compétences, appréciations. Pour certains élèves et parents, il reste rassurant voir même un repère clair. Mais pour d’autres, il est synonyme d’angoisse, de comparaison et de sentiment d’échec. Il illustre ce que Thomas Michiels, professeur à l’UCL et Chargé d’études à Changement pour l’égalité, décrit comme les effets destructeurs du classement et de l’humiliation liés aux notes. L’enseignant évoque « des classifications humiliantes » et « le stress des épreuves » imposés par la logique de compétition scolaire. « Si l’évaluation stimule certains élèves, elle en démotive beaucoup d’autres et cause de l’anxiété ». Thomas Michiels (UCL, CGé)
Facile à dire, pas facile à faireEn Belgique, certaines écoles ont sauté le pas : Saint-Dominique (Schaerbeek), Frangelico (Evere) ou encore l’athénée Léonie de Waha et la Cité École Vivante (Liège).
Certaines de ces institutions n’ont pas encore assez de recul pour porter un regard critique sur cette nouvelle approche mais une idée commune les relie : arrêter de réduire les élèves à des points.
Sur le terrain, la mise en place n’est pas si simple. Pour les enseignants, cela implique une autre manière d’évaluer. Et pour certaines familles, la suppression de notes n’est pas compréhensible. Habitués au modèle traditionnel, beaucoup de parents sont encore attachés aux moyennes et aux pourcentages.
Les écoles repensent entièrement leurs approches afin de les accompagner dans cette nouvelle dynamique, moins centrée sur la « mise en case » et davantage sur les progrès individuels. La communication école-famille doit donc être repensée : expliquer, rassurer, accompagner.
Les parents sont habitués à se raccrocher à une note, ça peut donc être frustrant pour eux
Tristan NottetComment les professeurs présentent ce système aux élèves? Le passage d’une notation traditionnelle vers une pédagogie active est plus facilement compréhensible pour certains élèves.
C’est ce que nous dit Tristan Nottet : « Les points n’existent plus, mais à la place on met un commentaire écrit pour chaque exercice qu’il a fait »
Enseignant, Alain, s’intéresse à cette nouvelle approche. Il est membre du CEMÉA (Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active) qui promeut une pédagogie misant sur la participation active et l’autonomie des élèves. Il nous confie qu’aujourd’hui, les bilans ne servent presque plus aux élèves ou aux parents. Ils sont principalement un outil permettant aux enseignants de situer le niveau et vérifier les apprentissages. » Ces bilans servaient à 70% pour moi, 20% pour l’élève et à 10% pour les parents. » Alain
Qu’est-ce que ça veut dire avoir 51 % ? Le CEMÉA le rappelle, le système éducatif traditionnel a formaté les élèves à se demander : « Est-ce que ça compte ? », « Ça vaut combien ?». Supprimer les notes sans repenser l’approche pédagogique comporte plusieurs risques. Parmi eux, le manque de motivation, la comparaison et la triche.
En effet, les attributions de couleurs sont des chiffres déguisés, si on supprime les notes mais qu’on garde la même manière d’enseigner, l’élève est en perpétuelle comparaison avec ses camarades. « La preuve c’est qu’on a des élèves qui veulent tricher. » Tristan Nottet
Humaniser l’enseignementSupprimer les bulletins fait partie d’un mouvement international appelé l’ungrading. L’idée est de remettre l’apprentissage au centre. L’élève progresse sans objectif chiffré, ce qui renforce la motivation intrinsèque. Ainsi, le feedback individualisé est pensé pour cela : commenter, expliquer, guider l’élève.
Tanguy Wéra enseignant à l’Athénée Léonie de Waha de Liège est conscient que l’auto évaluation est un bon moyen car elle permet à l’élève d’apprendre à s’évaluer lui-même. «Pour certains c’est un bon outil et on voit que ça les fait progresser. Pour d’autres c’est naturel mais c’est même une charge. »
Si les notes disparaissent, comment les enseignants valident-ils alors les acquis des élèves ?
Tristan Nottet est co-auteur d’un projet de décret sur l’évaluation pendant ces études de sciences de l’éducation. La transition vers un système sans notes n’est pas évidente, le problème n’est pas le bulletin mais la manière dont on évalue.
L’objectif ? L’abandon des notes chiffrées au profit d’un feedback informatif, rédigé de manière constructive et individualisée. « Á la place d’un 8/10, les élèves doivent ramener un acquis : ce n’est pas une solution»
Le bulletin ne devrait être qu’une feuille de route pour guider l’élève vers un apprentissage plus long
Tanguy Wéra Japon : le prix de l’excellenceAu Japon, la course aux notes est telle qu’elle alimente des phénomènes dramatiques : ijime (harcèlement), hikikomori (isolement), anxiété chronique…
En 2023, plus de 513 collégiens et lycéens se sont suicidés, d’après l’étude de Nippon. Même là où des bulletins ont été supprimés, la pression sociale, omniprésente, continue d’écraser les élèves. Un miroir extrême, mais révélateur puisque même sans bulletin il y a toujours une pression sociale culturelle.
D’après l’Unicef, le taux de suicide des jeunes japonais figure comme la quatrième plus élevé du monde étant classé 32ᵉ sur 43 pays par rapport au bien-être.
« Ça ne changera pas grand-chose»La transition vers un système sans bulletin est prometteuse, mais elle reste complexe : enseignants, élèves et parents doivent désapprendre des réflexes profondément installés. Le bien-être scolaire dépend de l’accompagnement, pas de l’absence de notes. Les bulletins peuvent évoluer : notes, couleurs, feedback, auto-évaluation… La question centrale n’est pas de supprimer ou de garder, mais de donner du sens à l’apprentissage.
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Avocats en devenir : la charge émotionnelle d’un métier exigeant
Crédit photo : libre de droit – Pexels
Derrière la toge et l’image d’un métier prestigieux, les futurs avocats affrontent une réalité moins visible : dossiers lourds, pression constante et charge émotionnelle. Une avocate-stagiaire, un étudiant en droit et une avocate expérimentée, dessinent un fil rouge révélateur : la formation prépare au droit, mais peu à l’humain. Malgré l’existence de dispositifs d’aide, le malaise reste souvent silencieux.
Pour Léa*, avocate-stagiaire au Barreau de Bruxelles, la première immersion dans le métier remonte à la rhéto, lors de trois jours d’observation chez un juge d’instruction. Chez Noé Henryon, étudiant en bac 2 à l’UCLouvain, la passion pour le droit vient de sa famille. Quant à Maître Catherine Marreau*, avocate en droit immobilier, droit civil et droit d’entreprise forte de 36 années de pratique, elle a grandi dans un environnement où le droit était omniprésent.
Trois générations, trois époques, mais un constat commun : l’entrée dans le métier est un choc. Léa découvre l’intensité du quotidien et la responsabilité directe sur chaque dossier. Noé anticipe déjà la pression qui accompagne la moindre décision. Maître Marreau se rappelle lors de ses débuts de son sentiment d’impréparation après ses études. Un rythme qui peut rapidement les submerger. Comme résume Léa : « On fait du 50 heures semaine, c’est un rythme soutenu. On a de vraies responsabilités, de vrais clients, de vraies vies entre les mains. »
Quand la théorie rencontre la réalitéPour Léa, le choc est immédiat : les dossiers sont concrets, les responsabilités directes, et chaque décision a un impact réel. Il faut apprendre à gérer le stress, à prendre du recul face à la gravité des affaires et à dissocier l’humain de l’acte. Noé, encore étudiant, constate que le droit universitaire reste très théorique et loin de la dimension humaine. Il se prépare à intégrer cette dimension émotionnelle en étudiant l’être humain autant que le droit.
Pour Maître Marreau, le constat est identique, mais avec le recul de l’expérience. Après ses études à l’ULB, elle se sentait « nulle part », incapable de maîtriser tous les aspects du métier d’avocat. Il lui a fallu du temps pour trouver sa zone de confort et gérer fatigue, syndrome de l’imposteur et pression constante. « Comme un médecin doit s’habituer à la vue d’un cadavre, l’avocat doit apprivoiser la charge émotionnelle. La toge, on l’enfile vite. L’équilibre, c’est plus long. »
Elle apporte également un éclairage sur la « violence » des dossiers : « La violence, il y en a partout dans les affaires, pas seulement dans le pénal, où il y a plus de “violence de sang”. Il n’y a pas vraiment de distinction. Par exemple, lors d’une faillite d’entreprise, il y a des retombées et des conséquences qui dépassent le simple cadre financier. La distinction se fait plutôt dans la complexité de certains dossiers, que ce soit au niveau des faits, du juridique, de l’émotion ou autre. »
Le fossé entre théorie et pratique impose un apprentissage intense : maîtriser les textes n’est qu’une partie de l’équation ; la gestion de l’humain et du stress s’acquiert avec l’expérience.
Des dispositifs d’aide limitésLe Barreau a mis en place des dispositifs pour soutenir ses membres : cellule d’écoute, commissions et services d’aide psychosociale, boîtes à outils anti-stress, et cellules spécialisées contre le harcèlement. Mais ces initiatives restent souvent limitées dans le temps et perçues comme ciblant seulement les situations extrêmes. La cellule d’écoute d’Avocats.be, l’ordre des barreaux francophone et germanophone, le rappelle elle-même dans une tribune : « Il ne s’agit pas d’une prise en charge thérapeutique de long terme. »
Mais Maître Marreau nuance : « Les jeunes ne sont pas livrés à eux-mêmes. Un maître de stage les encadre, et les chefs de colonne les assistent : une structure existe.» Pour autant, beaucoup restent incertains sur la manière de gérer leur santé mentale. Léa avoue ne pas avoir fait appel à ces aides et prend sur elle.
Noé ajoute : « On nous parle beaucoup du fait qu’il faut savoir encaisser la pression, qu’il faut savoir avancer sans reculer et ne pas laisser tomber, mais je trouve que la santé mentale et le fait qu’on reste avant tout des êtres humains, dotés d’émotions, ayant nos propres failles et nos propres difficultés, c’est quelque chose qui n’est pas assez mis en avant, et j’aimerais que cette sensibilité soit plus mise en avant dans la fac de droit. »
Trouver sa distance, un apprentissage longTous s’accordent sur un point : apprendre à gérer la dimension émotionnelle prend des années. Maître Marreau compare : « La toge s’enfile rapidement, mais trouver un équilibre face à la charge émotionnelle demande du temps. »
Même après 36 ans, certaines injustices la touchent encore, mais elle a appris à gérer ses émotions en se concentrant sur l’action : répondre, réparer, avancer. Pour Léa, ce travail avait commencé dès les premières visites en prison pour son stage. Du côté de Noé, l’expérience reste encore théorique, mais la conscience de la pression est déjà présente.
Devenir avocat ne se limite pas à maîtriser le droit : c’est un apprentissage de l’humain, qui se construit avec le recul, l’entourage, la pratique quotidienne et une capacité à se protéger émotionnellement.
Comme le résume Maître Marreau : « Je conseille surtout aux jeunes avocats de bien s’entourer et, s’ils ont la chance de tomber dans un bon cabinet, d’y trouver soutien et accompagnement. »
Le droit s’apprend dans les livres, mais devenir avocat s’apprend dans la vie, et jamais seul.
*Le nom a été modifié pour protéger la confidentialité de la personne.
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Cocktails à domicile
© Capture d’écran vidéo
À 22 ans, ce jeune montois s’est lancé dans un business original : la livraison de cocktails à domicile. On a décidé de le suivre le temps d’un service.
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Conferencias iGaming y apuestas en la NFL: guía práctica para comenzar con criterio
¡Vas al grano! Si te interesa combinar aprendizaje presencial con apuestas en fútbol americano, esta guía te dice qué eventos van al grano, qué buscar en los stands y cómo convertir contactos en ventajas prácticas. Aquí tendrás checklist, errores comunes, mini‑casos y herramientas concretas para empezar a jugar o profesionalizar tu hobby, y al final verás recursos para profundizar. Esta primera visión te permite tomar decisiones rápidas sobre qué conferencia visitar según tu objetivo —formación, networking, o búsqueda de proveedores— y, después, aplicarlas a la NFL.
Breve y útil: identifica tres tipos de conferencias (trade shows, meetups técnicos y conferencias regulatorias), el objetivo típico de cada una y cómo cada formato impacta tus apuestas en la NFL en términos de información, cuotas y modelos de riesgos. Te recomiendo priorizar eventos con sesiones de trading y gestión de riesgo si quieres mejorar tu edge; más adelante explico cómo sacar partido de esas sesiones. Esta base te prepara para elegir el evento correcto según tu tiempo y presupuesto, y ahora pasamos a los criterios de selección.
Cómo elegir la conferencia adecuada (criterios prácticos)Observación rápida: no todas las conferencias son iguales —algunas venden glamour; otras dan contactos que transforman tu forma de apostar— y conviene detectarlo rápido. Evalúa agenda, lista de ponentes, patrocinadores, y la composición de asistentes (operadores vs. proveedores vs. bettors). El siguiente bloque te da una checklist concreta para comparar eventos y priorizar asistencia.
Criterio Qué pedir Por qué importa Agenda Sesiones de trading, integridad y analytics Ofrece insights accionables para ajustar staking en NFL Ponentes Traders, heads of trading, reguladores Facilita preguntas técnicas sobre límites y liquidez Networking Mesas redondas y speed‑meetings Permite entrar en grupos de intercambio de cuotas/feeds Coste/ROI Tickets con acceso a base de datos de asistentes Valora si el contacto puede ahorrar tiempo o reducir comisionesCon esos criterios claros, prioriza eventos internacionales si buscas modelos de cuota y API feeds; local/regional si tu enfoque es cumplimiento y métodos de pago específicos para Ecuador. A continuación vemos qué preguntar en cada sesión y cómo transformar respuestas en acciones concretas para tus apuestas en la NFL.
Qué preguntar en una charla o stand (preguntas accionables)Entrada rápida: prepara 6 preguntas limpias que desplieguen información utilizable sobre cuotas, límites y liquidez; las respuestas deberían ayudarte a ajustar stakes por mercado. Aquí tienes un guion práctico para usar en stands y panels.
- ¿Cuál es la latencia típica del feed en vivo y cómo se gestiona la actualización de cuotas? — te ayuda a decidir apuestas en vivo (in‑play).
- ¿Qué límites aplican a mercados de NFL y en partidas específicas (ej. parlays vs. spreads)? — define sizing por mercado.
- ¿Cómo tratan las suspensiones por cambio de condiciones (lesiones, retrasos)? — planifica stop‑loss y cash‑out.
- ¿Ofrecen APIs o comparadores de cuotas históricas? — permite backtesting de tus modelos sobre líneas reales.
- ¿Qué herramientas de monitoreo de integridad usan (alerts de match‑fixing)? — reduce riesgo de staking en mercados manipulados.
- ¿Cómo gestionan promociones y rollover en apuestas deportivas? — evita promociones que distorsionen EV real.
Con estas preguntas obtendrás información para la parte técnica de tu estrategia de fútbol americano; ahora te muestro cómo aplicar lo aprendido en dos mini‑casos prácticos.
Mini‑casos prácticos: aplicar lo aprendidoMini‑caso A — “Trader insights para mejorar tu modelo”: asististe a una sesión sobre gestión de riesgo y aprendiste que el operador reduce limites en mercados de bajas apuestas por baja liquidez; traducido: evita stakes altos en partidos con pocas líneas pre‑match y prioriza mercados principales (spread y total). Esta lección te empuja a usar unidad más baja en mercados exóticos y aumentar consistencia.
Mini‑caso B — “Feed latency y apuesta en vivo”: en un meetup técnico un proveedor mostró mediciones: feed A tiene latencia promedio 300 ms y feed B 1200 ms; conclusión — con feed A puedes captar swings y hacer scalping en spreads de 0.5–1.5 puntos; con feed B, céntrate en apuestas de valor pre‑match. Ambos casos te ayudan a decidir qué producto contratar o qué operador priorizar en función de tu estilo. A continuación, una tabla comparativa de enfoques y herramientas.
Enfoque Herramienta clave Aplicación NFL Trading en vivo Feeds de baja latencia + monitor de mercados Scalping en spreads, coberturas rápidas Value pre‑match Modelos de POE + comparador de cuotas Identificar líneas con +EV semanas antes Gestión de promos Calculadora de wagering y reglas Aprovechar ofertas sin aumentar varianzaDespués de estos casos, te interesará saber dónde encontrar recursos y contactos, y cómo explorar operadores confiables desde Ecuador; sigue leyendo porque incluyo un recurso práctico de referencia.
Recurso práctico y dónde informarteSi quieres revisar operadores, cuotas y materiales en profundidad para aplicar lo visto en conferencias a tus apuestas de NFL, visita sitios con análisis de mercado y reseñas operativas; por ejemplo, consulta pinnacle-ecuador.com para ver cómo se traducen límites, KYC y métodos de pago en la práctica de un operador accesible desde Ecuador y así decidir mejor a qué producto conectarte tras una conferencia. Esa referencia te sirve para contrastar lo que escuchaste en los stands con la realidad operacional.
Usa esa información para priorizar operadores que ofrezcan: APIs/feeds, límites adecuados para tu stake, y transparencia en comisiones y tiempos de retiro. Con esa base, sigue la checklist rápida que viene a continuación para preparar tu próxima visita a una conferencia.
Quick Checklist antes de asistir- Comprar ticket con lista de sesiones exportable y nombres de ponentes.
- Preparar 6 preguntas (usar la lista de la sección anterior).
- Revisar perfiles LinkedIn de ponentes para planear conexiones.
- Llevar dispositivo con 2‑3 apps para tomar notas y contactos (escáner de tarjetas).
- Presupuesto para reuniones uno‑a‑uno y posibles demos de software.
- Plan para seguimiento post‑evento (email template y KPI de interés).
Con la checklist lista, evita los errores más comunes que veo en novatos que vienen a conferencias sin plan; el siguiente bloque te lo detalla con soluciones prácticas.
Errores comunes y cómo evitarlos- Error: ir sin objetivo claro — Solución: definir si vas por información técnica, por proveedores o por networking. Esto te evita dispersarte en stands irrelevantes.
- Error: no validar la latencia/feeds — Solución: exige métricas y demo antes de firmar acuerdos de integración.
- Error: asumir que promociones aumentan EV — Solución: calcula efecto neto con una simple hoja de wagering antes de aceptar la oferta.
- Error: no documentar contactos — Solución: registra datos en CRM básico y asigna tareas de seguimiento en 48 h.
Evitar estos tropiezos mejora tu ROI por evento y reduce fricciones a la hora de convertir contactos en mejoras reales en tus apuestas NFL; ahora paso a una mini‑FAQ para resolver dudas habituales.
Mini‑FAQ ¿Qué conferencia iGaming es mejor para aprender sobre trading de apuestas deportivas?Busca eventos con tracks de trading y risk management, y sponsors que sean casas de apuestas reconocidas; esos tracks suelen incluir casos en vivo y demos de herramientas que puedes replicar. La clave es que el programa incluya “trading desk” o “risk” en el título de la sesión para que la charla no sea solo marketing; después de identificar esto, revisa la lista de ponentes y agendas por sesión.
¿Puedo aplicar lo aprendido en conferencias a apuestas en Ecuador sin problemas regulatorios?Sí, pero verifica límites y T&C del operador al que te conectes desde Ecuador (KYC, métodos de pago y comisiones). Algunos operadores internacionales operan bajo licencias que permiten acceso desde Ecuador; antes de depositar, confirma jurisdicción contractual y requisitos de verificación para evitar sorpresas en retiros.
¿Dónde encuentro comparadores de cuotas y feeds para backtesting?En conferencias suelen participar proveedores de odds feeds y agregadores; solicita demos y periodos de prueba. También revisa proveedores que expliquen su latencia y sample de datos para validar que puedas hacer backtesting con datos representativos de la NFL.
Juego responsable: 18+. Las apuestas implican riesgo económico; define presupuesto, usa límites y considera herramientas de autoexclusión si detectas señales de juego problemático. Si necesitas ayuda profesional en Ecuador, busca servicios de apoyo psicológico locales o líneas de ayuda en salud mental.
Fuentes y lecturas recomendadas- https://www.americangaming.org
- https://egba.eu
- pinnacle-ecuador.com — referencia práctica para condiciones operativas y pagos desde Ecuador
Cristian Ruiz — iGaming expert con experiencia en trading y análisis de mercados deportivos, especializado en integración de feeds y gestión de riesgo para Latinoamérica. Ha asistido y participado en conferencias internacionales de iGaming y trabaja con operadores y apostadores para trasladar prácticas profesionales al mercado retail.
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Licencias y jurisdicciones de juego: guía práctica para leer reseñas de casinos y elegir con criterio
¡Espera un segundo! Si vas a registrarte en un casino nuevo, antes de meter dinero lo que más importa no es el color del sitio ni los bonos brillantes, sino la licencia y la jurisdicción que lo respaldan; eso define tu seguridad y tus derechos.
Enseguida te explico cómo verificar eso en la práctica y qué errores evitar, y al final te dejo una lista de verificación rápida para decidir en menos de cinco minutos.
Observé demasiadas reseñas que repiten lo mismo sin explicar el paso a paso, y eso confunde al jugador novato; por eso aquí vamos directo a ejemplos concretos, comprobables y con criterios para comparar operadores.
Primero veremos por qué la licencia importa, luego cómo verificarla, y finalmente cómo interpretar términos como RTP, rollover y validación KYC para no caer en trampas.
¿Por qué importa la licencia? Porque determina tu protección legal, obligaciones fiscales, y a qué autoridad puedes acudir si algo sale mal; no es mera etiqueta.
Además, la jurisdicción define reglas sobre KYC/AML, límites de retiro y la validez de ciertas promociones, lo que afecta tu capacidad de cobrar ganancias reales.
Primero, identifica la entidad reguladora: en México, por ejemplo, la Secretaría de Gobernación (SEGOB) es central para juegos y sorteos, mientras que otras jurisdicciones internacionales como Malta o Gibraltar usan sus propios marcos regulatorios.
Saber quién regula te permitirá acceder a registros públicos y verificar el número de licencia en el portal oficial antes de abrir cuenta.
Segundo, comprueba tres datos clave en la licencia: fecha de emisión y vencimiento, nombre del operador legal y condiciones especializadas (por ejemplo, limitaciones geográficas o requisitos de auditoría externa).
Si el documento no coincide exactamente con el nombre de la empresa que figura en la web, eso es una señal de alerta que requiere más indagación.
Tercero, revisa los sellos de auditoría de RNG y fair play (por ejemplo eCOGRA u otros laboratorios acreditados) y confirma que el sitio muestre informes o certificados vinculados públicamente.
Si no hay certificado descargable o enlace a la auditoría, procede con cautela porque la transparencia es una variable clave en la confianza.
Abre la sección « Términos y Condiciones » o « Regulatory » del casino y busca el número de licencia; copia ese número.
Después ve al sitio de la autoridad reguladora correspondiente y pega el número en su buscador de licencias para confirmar coincidencia y estado activo.
Sí, suena a trámite, pero hacerlo evita problemas a futuro como bloqueos de cuentas o disputas sin respaldo; por eso recomiendo verificar siempre antes del primer depósito.
Además, guarda capturas de pantalla del certificado y la fecha en que lo consultaste, porque si tienes un reclamo esto acelera la gestión con soporte o con la autoridad.
Usa esta tabla como marco mental para priorizar: si juegas en México, una licencia local te da vías de acción claras y contacto con la autoridad.
Con esto en mente, cuando compares casinos mira primero la jurisdicción antes que el bono de bienvenida.
Si quieres explorar un caso real y ver cómo se ven todos los elementos que describí ensamblados, revisa la plataforma operativa y los documentos públicos de un operador reconocido en México; por ejemplo, puedes visitar 10bet official site para comprobar licencias y certificados y así practicar la verificación en vivo.
Ese tipo de ejercicio te ayuda a entender cómo leer la letra chica y confirmar si lo que promete la reseña coincide con la documentación pública.
Otra comprobación práctica: verifica que la plataforma muestre sus políticas de responsabilidad, límites y herramientas de autoexclusión; esos son indicadores de cumplimiento serio.
Si esos recursos no están visibles, pide al soporte los documentos y confirma las respuestas antes de depositar.
RTP: este porcentaje refleja el retorno estadístico a largo plazo; no es garantía de ganancias en una sesión corta y conviene contrastarlo con la volatilidad del juego para establecer expectativas reales.
Por ejemplo, una slot con RTP 96% y alta volatilidad puede pagarte menos a menudo pero con premios mayores, mientras que una baja volatilidad da pagos más frecuentes pero menores.
Rollover (o wagering): si un bono exige 30× el monto del bono, calcula cuánto debes apostar antes de retirar; haz la cuenta y ajústala a tu bankroll para no quedarte sin fondos esenciales.
Si el rollover solo aplica al 10% en mesas, ese es un punto crítico que reduce el valor del bono y debe pesarse al comparar ofertas.
- Verificar licencia en sitio oficial del regulador y guardar captura con fecha.
- Confirmar auditoría RNG pública (eCOGRA u otra) y descargar el informe si existe.
- Leer T&C sobre bonos: % de contribución, apuesta máxima y juegos excluidos.
- Comprobar métodos de pago locales (SPEI, OXXO, Mercado Pago) y tiempos de retiro.
- Activar límites de depósito y tiempo desde el primer día.
Si completas esta checklist antes de jugar tendrás una base objetiva para comparar y decidir, y además reducirás sorpresas a la hora de retirar.
La siguiente sección te muestra los errores más comunes para que no los repitas.
- No verificar el número de licencia o confiar solo en sellos visuales sin comprobar en la web del regulador; evita esto cotejando ambos.
- Ignorar la contribución de juegos al rollover (muchas mesas cuentan 0%); siempre revisa la tabla de contribuciones.
- Usar cuentas de terceros para depositar o retirar, lo que provoca bloqueos y pérdida de fondos; usa siempre cuentas a tu nombre.
- No activar límites desde el inicio; activa depósito, pérdida y tiempo para proteger tu bankroll.
- Descuidar comprobantes de KYC: si tus documentos no coinciden, te pueden retener retiros; sube todo con buena calidad desde el principio.
Evitar esos errores es sencillo si aplicas una rutina mínima antes de cualquier registro; la próxima sección responde preguntas rápidas que suelen aparecer al comparar sitios.
Mini-FAQ (preguntas frecuentes y respuestas prácticas) ¿Cómo sé si una licencia es real o es un certificado falso?Busca el número de licencia en la web oficial del regulador y compara el nombre legal del operador; solicita copia firmada si tienes dudas y guarda evidencia de la consulta. Si la autoridad tiene un buscador público, úsalo y guarda la captura como prueba por si necesitas reclamar más adelante.
Si un casino tiene buena reputación pero no licencia local, ¿debo evitarlo?No necesariamente; puede ser seguro bajo otra jurisdicción estricta, pero debes valorar la facilidad de reclamar y las implicaciones fiscales y de verificación, y en el caso de México privilegiar operadores con licencia SEGOB cuando busques protección local.
¿Qué hago si me retienen un retiro por KYC?Proporciona documentación clara y coherente (INE/Pasaporte, comprobante de domicilio reciente y titularidad bancaria), mantén registros de la comunicación con soporte y, si no hay respuesta, escalalo a la autoridad reguladora correspondiente con tus pruebas.
Recordatorio responsable: Este contenido es informativo; el juego con dinero real implica riesgos. Juega solo si eres mayor de edad (18+ en México), pon límites y utiliza herramientas de autoexclusión si pierdes control. Si necesitas ayuda, contacta recursos locales de apoyo.
Fuentes y documentos oficiales para referencia- https://www.gob.mx/segob/acciones-y-programas/juegos-y-sorteos
- https://www.ecogra.org
Consulta estas fuentes para validar licencias y auditorías antes de confiar en cualquier reseña; tener las fuentes te permite contrastar y no depender solo de opiniones de blog.
Resumen práctico y último consejoAl final del día, la mejor defensa es la verificación: licencia vigente, auditoría pública, métodos de pago locales y políticas de juego responsable visibles; si esos cuatro puntos se cumplen, el sitio tiene un nivel básico de confianza, y siempre conviene probar con depósitos pequeños antes de aumentar.
Si quieres practicar estas comprobaciones con una plataforma concreta y ver cómo se muestran los documentos y herramientas en un sitio regulado en México, revisa directamente la información oficial del operador y confirma la documentación, por ejemplo en 10bet official site, para hacer el ejercicio tú mismo y sentirte seguro a la hora de jugar.
Actúa con cautela, mantén registros de todo y prioriza siempre la protección sobre las promesas de ganancias; así reduces riesgos y mejoras tu experiencia de juego de forma sostenible.
About the AuthorPablo Sánchez, iGaming expert. Trabajo en el sector desde hace más de 8 años realizando auditorías de transparencia y escribiendo guías para jugadores responsables; mi objetivo es que tomes decisiones informadas sin jerga técnica innecesaria.
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Seguimiento de fondos para apuestas y límites de retiro: guía práctica para jugadores en México
¡Espera un segundo! Antes de abrir la billetera: saber exactamente cómo se rastrean tus depósitos y cuáles son los límites de retiro te ahorra horas de mala vibra y sorpresas en el saldo. Aquí tienes pasos claros, ejemplos numéricos y listas rápidas que funcionan en la práctica y que te ayudan a decidir sin pánico. Esta introducción te da lo esencial para que, en dos minutos, ya sepas si debes seguir o frenar; luego entraremos a los detalles.
Primero, el panorama general: la casa registra cada movimiento (depósito, apuesta, bono, retiro) y aplica reglas de KYC/AML que condicionan cuándo y cómo puedes sacar tu dinero. Conocer las reglas más comunes y las prácticas que generan bloqueos evita esperas y disputas. En este artículo verás casos reales, fórmulas sencillas y una tabla comparativa para que compares opciones y tomes decisiones rápidas.
1. ¿Qué significa “seguimiento de fondos” en casinos y casas de apuestas?OBSERVAR: Suena aburrido, pero es crucial: el seguimiento de fondos (fund tracking) es el proceso por el que el operador marca el origen, uso y destino del dinero en tu cuenta para cumplir con KYC/AML. EXPANDIR: Esto incluye verificar que el depósito venga de una cuenta a tu nombre, que no haya lavado de activos y que promociones y bonos se apliquen correctamente según reglas. REFLEJAR: Si no pasas una verificación o usas métodos distintos para depositar y retirar, te pueden congelar fondos y pedir documentos adicionales, lo que enlentece los retiros y complica reclamaciones.
2. Mapas de riesgo: cuándo tu retiro puede tardar o ser rechazadoOBSERVAR: Mi instinto me dice que la mayoría de los problemas empiezan en el KYC. EXPANDIR: Casos típicos: (a) depósito con tarjeta de un tercero; (b) uso de monederos que oculten el beneficiario; (c) discrepancias entre nombre en cuenta y documento; (d) actividad irregular (series de apuestas grandes y retiradas inmediatas). REFLEJAR: Si entiendes estas señales, puedes evitar el bloqueo previo al retiro solicitando verificación antes de jugar, y eso te ahorra perder tiempo y bonificaciones canceladas.
3. Ejemplo práctico: cómo calcular el requisito de apuesta (rollover) y su efecto en tu retiroOBSERVAR: La letra chiquita del bono es la que más pega. EXPANDIR: Fórmula típica que verás: requisito de apuesta (WR) = multiplicador × (depósito + bono). Por ejemplo, si WR = 35× y depositas 500 MXN con un bono de 500 MXN, entonces WR = 35 × (500+500) = 35 × 1000 = 35,000 MXN en apuestas calificadas antes de poder retirar el saldo derivado del bono. REFLEJAR: Entender esa cuenta cambia la estrategia: si te incomoda jugar 35,000 MXN, mejor no aceptar el bono, o acepta uno con WR menor; esto influye directamente en cuándo y cuánto puedes retirar.
4. Límites de retiro: tipos y cómo impactan tus planesOBSERVAR: Hay varios límites y ninguno es por azar: límites diarios, semanales, mensuales y topes por transacción. EXPANDIR: Ejemplos prácticos: un operador puede imponer retiros mínimos de 200 MXN y máximos diarios de 50,000 MXN; o limitar el primer retiro hasta verificar documentación. REFLEJAR: Si planeas jugar en serio (por ejemplo, buscas retirar 150,000 MXN en un año) debes conocer impuestos y reglas locales, y esto te obliga a planear retiradas parciales para no activar investigaciones innecesarias.
5. Herramientas y métodos de pago: cómo afectan la velocidad y el controlOBSERVAR: No todos los métodos son iguales para retirar. EXPANDIR: Comparativa rápida: transferencias SPEI (rápidas si el operador lo permite), tarjetas (pueden tardar por conciliación bancaria), monederos electrónicos (Skrill/Neteller/PayPal — generalmente rápidas), y soluciones locales (ToditoCash, AstroPay) con reglas específicas. REFLEJAR: Elegir el método correcto desde el inicio (y usar siempre el mismo para depositar y retirar) reduce verificaciones adicionales y acelera la salida de fondos.
Tabla comparativa: métodos de pago — velocidad, fricción y requisitos Método Velocidad típica de retiro Fricción (KYC extra) Recomendado para SPEI/Transferencia 24–72 horas Moderada (datos bancarios) Retiros medianos/altos Tarjeta (Visa/Mastercard) 3–7 días Alta (conciliación) Usuarios que depositaron con tarjeta Monederos (Skrill, Neteller, PayPal) Inmediato–48 horas Baja–Moderada Retiros rápidos y frecuentes Servicios locales (ToditoCash, AstroPay) 24–72 horas Moderada Jugadores en México que prefieren alternativasEsto plantea la pregunta sobre experiencia móvil y accesibilidad; hablaremos de eso a continuación para que puedas elegir el flujo de pago que mejor te convenga.
6. Recomendación práctica sobre apps y verificación anticipadaOBSERVAR: Mucha gente se confía y se registra sin verificar nada. EXPANDIR: Mi consejo: sube INE y comprobante de domicilio apenas te registres (evita fotos borrosas) y vincula el método de retiro habitual. Para quienes prefieren gestionar desde teléfono, revisa las aplicaciones móviles oficiales para ver si aceptan tu método preferido y qué tiempos reportan. REFLEJAR: Hacer la verificación anticipada reduce la probabilidad de que el primer retiro sea un dolor de cabeza y te permite jugar con tranquilidad.
Si quieres ver opciones concretas de descarga y funciones en móvil, consulta las aplicaciones móviles del operador donde planeas jugar para confirmar compatibilidad y procesos KYC. Esto te da una capa extra de seguridad antes de depositar y te evita la típica fricción de la primera extracción, que a menudo ocurre tarde y mal.
7. Mini-casos (hipotéticos) — decisiones que marcan la diferenciaCASO A: Juan deposita 2,000 MXN, acepta bono 100% con WR 40×. Cálculo: WR = 40 × (2000+2000) = 160,000 MXN en apuestas. Con esa cifra, el retiro derivado del bono será prácticamente inalcanzable para jugadores casuales. Lección: si no quieres apostar 160,000 MXN, rechaza el bono o negocia uno distinto.
CASO B: Laura usa monedero electrónico y verifica datos al registro. Deposita 5,000 MXN y apuesta 10,000 MXN en varias sesiones. Pide retiro y lo recibe en 24 horas porque ya cumplió KYC y usó el mismo método para depositar y retirar. Lección: consistencia entre métodos = menos fricción.
8. Quick checklist antes de depositar o pedir un retiro- Verifica que el nombre en tu cuenta de jugador coincida con INE y comprobante.
- Usa el mismo método para depositar y retirar cuando sea posible.
- Lee el WR y calcula el total exigido antes de aceptar bonos.
- Sube documentos claros desde el inicio (no fotos borrosas).
- Si planeas retiros grandes, informa al operador con antelación.
Esto conduce naturalmente a los errores más comunes que cometen los jugadores, que conviene conocer ahora.
9. Errores comunes y cómo evitarlos- No comprobar que los nombres coincidan — evita usar cuentas de terceros.
- Aceptar bonos sin calcular el WR — haz la matemática simple antes de dar “sí”.
- Depositar con un método y retirar con otro sin aviso — puede activar auditoría.
- No guardar comprobantes y capturas de pantalla — guarda todo para reclamos.
- No preguntar al soporte antes de jugar promociones complejas — preguntar ahorra problemas.
Ahora, algunas preguntas frecuentes que me suelen hacer novatos y cómo responderlas de forma directa.
Mini-FAQ ¿Cuánto tarda un retiro típico desde México?Depende del método: monederos 24–48 h, SPEI 24–72 h, tarjetas 3–7 días. Si el operador solicita KYC adicional, puede tardar más; por eso es recomendable verificar todo antes de jugar.
¿Qué documentos suelen pedir para liberar un retiro bloqueado?INE vigente, comprobante de domicilio (no mayor a 3 meses), y comprobante del método de pago (foto de tarjeta parcial, extracto bancario o captura de monedero). Envía todo con calidad y en una sola vez para acelerar el proceso.
¿Puedo retirar parte del saldo y dejar el bono activo?Depende del operador y del tipo de bono; a veces el bono se cancela si retiras ganancias no calificadas. Lo mejor es consultar al soporte antes de retirar para saber el impacto exacto.
Juego responsable 18+: Si sientes que pierdes control, usa límites de depósito, autoexclusión o busca ayuda profesional (CONADIC o líneas locales). Este artículo es informativo y no garantiza resultados.
Fuentes- Gambling Commission (UK) — políticas de KYC/AML y buenas prácticas.
- eCOGRA — estándares de auditoría de juegos y protección del jugador.
- SAT (Servicio de Administración Tributaria, México) — obligaciones fiscales sobre ganancias.
Rodrigo Medina, iGaming expert. Con más de 8 años en análisis de plataformas de apuestas y experiencia directa en auditorías de procesos de retiro, escribo para ayudar a jugadores en México a reducir fricciones y tomar decisiones informadas.
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MÉDIATHÈQUE NOUVELLE : 55 emplois et près de 70 ans de culture menacés
© Photo bannière : Martine De Michele/ © Photo article : Dominique Houcmant
Le 13 octobre 2025, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a annoncé son intention de ne pas renouveler le contrat-programme de Médiathèque Nouvelle à partir du 1er janvier 2027. Cette décision, qui mettrait fin au financement de l’institution, soulève des questions quant à l’avenir de 55 emplois et d’un vaste patrimoine audiovisuel. David Mennessier, médiateur culturel et représentant syndical SETCa, raconte le choc, les enjeux et l’urgence d’agir.
Si on n’agit pas maintenant, il n’y aura plus de retour en arrière possible
David MennessierLe 13 octobre 2025, vous apprenez le non-renouvellement de votre contrat-programme. Qu’est-ce que cela signifie ?
En somme, ça signifie que 55 personnes seront licenciées et que les activités de Médiathèque Nouvelle vont s’arrêter. Au-delà de la disparition d’un service public, c’est une conception du travail culturel qui s’efface : le lien entre œuvres et publics, des compétences accumulées. Ce serait la disparition de nos métiers de médiation, de programmation, de documentation, de création d’outils pédagogiques : des savoir-faire humains que nous considérons comme irremplaçables. C’est aussi un signal politique désastreux, parce que la médiation culturelle est l’un des principaux leviers d’accès à la culture pour toutes et tous.
Avant cette annonce, la Médiathèque était déjà fragilisée par les évolutions technologiques…
Oui. Depuis que j’y travaille, en 2009, la Médiathèque a connu énormément de mutations. À la base, c’était un réseau de prêt de médias : CD, DVD, vinyles, jeux vidéo… On avait des antennes un peu partout en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Aujourd’hui, le prêt est mis à disposition du secteur de la lecture publique, donc du réseau des bibliothèques. Et on continue à alimenter la collection – en supports physiques et digitaux – parce que sinon, elle deviendrait muséale.
Avec l’arrivée du numérique puis du streaming, les habitudes du public ont changé et la Médiathèque a connu des restructurations successives. On a progressivement quitté le modèle du prêt pour se concentrer sur la médiation culturelle, l’éducation aux médias et l’accompagnement des publics. C’est un changement complet de paradigme.
Quelle part de votre budget dépend du subside de la Fédération Wallonie-Bruxelles ?
Aujourd’hui, ce subside représente pratiquement 99% de nos rentrées financières. Alors qu’au début des années 2000, le rapport, c’était environ 80% de nos rentrées liées aux prêts et 20% liées aux subsides. L’institution a dû changer ses pratiques et ça a nous a rendus complètement dépendants du financement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et c’est pour cela qu’il y a eu des contrats-programmes avec des missions très claires qui ont évolué aussi.
Et quelles sont vos missions aujourd’hui ?
Depuis quatre ans, nos missions n’ont jamais été aussi pertinentes au regard de ce que le secteur attend de nous : concevoir des outils, ateliers et dispositifs qui permettent à chacun·e d’apprendre à lire et comprendre images, sons, jeux vidéo — ce que les bibliothèques, par exemple, ne peuvent pas offrir.
Nous valorisons aussi les artistes et les œuvres de la Fédération Wallonie-Bruxelles à travers des sélections commentées, des médiagraphies, des playlists ; nous collaborons avec des institutions d’éducation permanente.
David MennessierMoi, par exemple, j’anime des salons d’écoute : sur un thème comme hymnes de la révolte ou la fin du monde, les gens viennent écouter une sélection musicale que j’explique et recontextualise. À Bruxelles, nous organisons aussi des séances d’écoute avec des personnes qui ont difficilement accès à la culture : des sans-abri (asbl DoucheFlux), des seniors (Centre Marconi), des personnes détenues. Au total, pour 2024, cela représente plus de 500 activités de diffusion et de médiation : projections, concerts, ateliers, stages, festivals, collaborations avec universités et musées ; et un travail avec 400 partenaires, dont 131 bibliothèques.
C’est tout cela qui est menacé par la décision de la ministre Élisabeth Degryse. La fermeture de Médiathèque Nouvelle provoquerait un désert de médiation culturelle.
La décision de la ministre est tombée à quelques mois du 70e anniversaire de la médiathèque. Comment avez-vous appris la nouvelle ?
On allait passer à notre nouveau contrat-programme en 2027, donc il nous restait encore un an sur celui en cours, de 2026. Ce qui se passe dans ce genre de cas, c’est que des négociations sont entamées avant la date de renouvellement. Le 1er octobre, la cheffe de cabinet reçoit ma directrice, Edith Bertholet, et lui annonce qu’il va falloir travailler sur des pistes de diminution budgétaire. Pendant une semaine, ma directrice et sa directrice des ressources humaines vont travailler sur plusieurs pistes de réflexion.
Le 13 octobre, lors d’un second rendez-vous, ma directrice revient avec trois propositions et là… on ne les analyse même pas. On lui dit simplement : « Ce n’est pas la peine, on arrête de vous subsidier ». Environ une semaine plus tard, le courrier officiel arrive : pas de renouvellement, décision irrévocable. C’est le choc.
Avec un autre représentant, nous avons dû annoncer la nouvelle aux collègues… Il faut remettre de l’humain et de l’émotionnel derrière tout ça, parce qu’aujourd’hui, je ressens une forme de déshumanisation du monde politique. Dans ses lettres, Mme Degryse ne parle jamais des 55 travailleurs et travailleuses, dont certain·es ont 30 à 40 ans d’ancienneté.
Cette décision pose aussi la question du devenir du patrimoine conservé par la Médiathèque.
Oui. On existe depuis 1956, et notre collection représente 400 000 médias : CD, vinyles, DVD, VHS… C’est une collection d’une valeur inestimable, car ce qu’on trouve sur les plateformes n’est qu’une infime partie de ce qu’on peut réellement écouter ou regarder. Une grande partie de nos vinyles n’a jamais été rééditée. Par exemple, le jazzman Sun Ra, qui est l’un des plus grands musiciens au monde : on a des originaux qui ne figurent dans aucune autre collection publique. Nos films représentent 60 000 titres, dont beaucoup ne sont disponibles sur aucune plateforme, surtout les productions belges. Il n’y a qu’à chercher les films de Chantal Akerman… Tout cela, on ne sait pas ce que ça va devenir.
Le budget 2026 de la Fédération Wallonie-Bruxelles sera voté avant fin 2025. Quels sont vos moyens d’action ?
Le temps presse. Chaque mois qui passe nous rapproche de la disparition complète de nos collections et de nos activités. Si on n’agit pas maintenant, il n’y aura plus de retour en arrière possible.
Les syndicats nous soutiennent. Une pétition citoyenne sur Change.org (https://www.change.org/p/pour-la-sauvegarde-de-m%C3%A9diath%C3%A8que-nouvelle-et-de-la-d%C3%A9mocratie-culturelle) a dépassé 6 000 signatures en deux semaines. Sur notre site (https://www.mediatheque.be/), un espace recueille les témoignages de soutien de celles et ceux qui ont collaboré avec nous ou qui veulent témoigner de leur lien à Médiathèque Nouvelle. Lors de nos activités, on informe nos publics de la situation ; on a tenu un stand à Bozar lors du concert de Zaho de Sagazan ; la direction a écrit au Roi, qui pourrait solliciter un symposium avec Mme Degryse ; de mon côté j’ai écrit une lettre à Bob Dylan, remise à son staff lors de son passage à Bruxelles… Voilà, il faut faire des choses un peu folles quand on est dans une situation pareille.
En tant que représentant syndical, que demandez-vous ?
Comment exiger de personnels engagés qu’ils poursuivent sereinement leurs activités alors que la fin de leur institution est déjà annoncée ?
Nous demandons la réouverture d’un dialogue avec le cabinet, la suspension de la décision de non-renouvellement, une évaluation contradictoire et publique, et le respect de la dignité du personnel jusqu’à la fin du contrat actuel. Car pour l’instant, les moyens qui restent jusqu’à la fin de notre contrat-programme (le budget 2026) ne suffisent même pas à dédommager les travailleur·ses. Si Mme Degryse maintient sa décision, elle doit nous relever de nos missions. C’est un minimum pour qu’on parte avec nos anciennetés et les dédommagements auxquels on a droit dans le cadre d’un licenciement sec et brutal.
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Face à soi
Photo ©Daphné Raes, Inès Vangansbek, Justine Defossez, Manon Alomène
Guy, grand-père de 89 ans, vit seul depuis que son épouse a quitté leur domicile pour des raisons de santé. Cette solitude, il ne l’a pas choisi, mais il ne se laisse pas abattre pour autant. Il nous explique comment il anime son quotidien et surpasse l’envie de se laisser aller.
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Le combat judiciaire d’un agriculteur face à Total Énergies
Photo header © Eric de Mildt, Photo article © Brice van Durme
Qu’est-ce qui pourrait pousser un petit agriculteur belge à attaquer en justice l’une des plus grandes entreprises d’énergies fossiles de la planète, le géant TotalEnergies ? Les plaidoiries de ce procès inédit ont commencé ce mercredi 19 novembre. La juriste Céline Romainville, qui s’implique bénévolement dans ce procès avec La Ligue des Droits Humains, a répondu à nos questions.
Le Farmer Case oppose TotalEnergies à Hugues Falys, agriculteur. Ce dernier intente une action en responsabilité civile contre le géant de l’énergie fossile, jugé responsable du réchauffement climatique, et par conséquent de dommages bien concrets dans son exploitation. Plusieurs ONG portent plainte à ses côtés : FIAN Belgium pour représenter les intérêts de l’ensemble des agriculteurs et agricultrices en Belgique, Greenpeace pour l’impact sur les écosystèmes, et la Ligue des Droits Humains pour le non-respect des droits humains. Le procès a lieu au Tribunal de l’entreprise de Tournai.
Céline Romainville, vous êtes juriste constitutionnaliste, professeure à la faculté de droit de l’UCLouvain, bénévole à la Ligue des Droits Humains et dans ce cadre, porte-parole du Farmer Case. Pour commencer, qu’est-ce qu’une action en responsabilité civile ?Ce sont des actions que l’on connaît tous. Par exemple, on fait un accident de la route, on entraîne des dommages sur une autre voiture, on fait un constat de responsabilité civile, on doit réparer le dommage qu’on a causé. C’est un principe qui est très général et que le législateur belge a souhaité garder général : il y a un choix délibéré de ne pas préciser tous les cas d’application de la responsabilité civile.
On peut donc considérer le réchauffement climatique comme l’un de ces cas ?Il n’y a pas de raison que ce principe général ne trouve pas son application aussi lorsque les dommages sont beaucoup plus importants qu’une bosse dans une voiture. Or ici, il y a des dommages massifs à une série de droits et dans un état de droit constitutionnel, démocratique, c’est au juge de veiller au respect des droits fondamentaux.
Alors, Total n’est pas le seul responsable de la crise climatique, c’est évident. Dans une action en responsabilité civile, l’accusé peut ensuite se retourner contre d’éventuels co-responsables des dommages. Libre à Total d’aller chercher Gazprom, Shell ou Exxon s’il les estime comme tels.
Que reprochez-vous à Total ?Total fait partie de la vingtaine d’entreprises actives dans les énergies fossiles qui sont responsables de plus d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. On prend ici en compte les émissions liées à l’extraction du pétrole ou du gaz mais également les émissions liées à l’utilisation de ces énergies mises sur le marché. Cette offre d’énergies fossiles a favorisé l’émergence d’une économie très carbonée.
On sait désormais que Total est au courant de son impact sur le climat depuis les années 70. Mais par son lobbying, il a méthodiquement entravé la mise en place de politiques climatiques ambitieuses.
Et quel est le lien avec Hugues Falys et sa ferme ?Pour Hugues, cela impacte le modèle autonome de sa ferme. C’est-à-dire qu’il produit lui-même la nourriture pour ses bêtes. Il y a eu plusieurs mauvaises saisons ces dernières années, il a dû se fournir ailleurs. Il en est même venu à réduire la taille de son troupeau. On évalue ces dommages à hauteur d’approximativement 130 000 €.
Les phénomènes climatiques extrêmes comme les orages stationnaires et les grosses pluies ont un impact financier mais également psychologique. Ça entraîne une incertitude, qui elle-même génère un stress, qui peut se transformer en dépression. Il existe désormais des études au niveau mondial qui attestent des liens entre troubles mentaux et crise climatique pour les professions fortement liées aux éléments naturels, comme les agriculteurs.
En Belgique, 8 agriculteurs sur 10 souffrent du réchauffement climatique alors que les principaux responsables ne sont pas inquiétés.
C’est une menace existentielle pour les droits humains de tout un chacun. Il est normal de passer devant le juge pour faire respecter ces droits.
Votre action s’inscrit dans un mouvement plus large. On compte pour l’instant au moins 2500 actions en justice en cours dans le monde et des condamnations ont déjà eu lieu. Est-ce que ces décisions ont un impact ?Il y a parfois une petite musique qui nous dit que ça ne sert à rien, que ces entreprises-là ont organisé leur impunité. Ça n’est pas tout à fait exact si on regarde empiriquement les dernières décisions. Il y a quelques semaines, BNP Paribas Fortis a été condamné par un jury à New York pour des violations des droits fondamentaux au Soudan. Le lendemain, l’action de BNP Paribas Fortis chutait de 10%. C’est colossal pour une action de ce type, les pertes se chiffrent en milliards par jour. Donc, il y a un effet économique.
Dans le cas du Farmer Case, quelles sont vos demandes ?D’une part, on demande une compensation financière pour les préjudices subis par Hugues. Ces réparations seront reversées à des associations qui accompagnent les agriculteurs dans leur transition vers le bio. Et d’autre part, on demande à Total d’adopter un plan de transition aligné sur l’accord de Paris, c’est-à-dire un arrêt immédiat des investissements dans les nouveaux projets fossiles, une réduction de 60% de leurs émissions directes de gaz à effet de serre et une réduction de la production de pétrole et de gaz.
Les dates des plaidoiries coïncident avec les dates de la COP30. On sent une baisse mondiale et nationale des ambitions politiques en matière climatique. Est-ce que lorsqu’il n’y a plus rien à attendre du politique, on se tourne vers la justice ?Effectivement, l’action politique en matière climatique est décevante. Et c’est d’autant plus paradoxal qu’on sait que la fenêtre d’opportunité pour ne pas foncer droit dans le mur est estimée à 3 ou 5 ans maintenant. Après quoi, les dommages seront irréversibles.
Heureusement la démocratie, ce n’est pas que la décision d’un pouvoir politique, du Parlement et du gouvernement. L’état de droit démocratique, c’est aussi des droits fondamentaux pour les générations actuelles et futures. Et la situation dans laquelle on se précipite, c’est une menace existentielle pour l’habitabilité de la planète, pour les droits humains de tout un chacun. Il est normal de passer devant le juge pour faire respecter ces droits.
Je pense que oui, on va gagner.
Vous travaillez sur ce dossier à titre bénévole. Qu’est-ce qui vous pousse à mettre tout ce temps et cette énergie ?Je pense que l’urgence climatique résonne différemment en chacun de nous. Et chacun a ses propres leviers d’action. Moi, je suis juriste, j’ai longtemps travaillé avec ma casquette d’académique sur la question de la crise climatique. Et il n’y a qu’un seul constat, c’est qu’on va dans le mur. Ça devient alors difficile de regarder ses enfants droit dans les yeux le matin et de continuer à simplement documenter le naufrage.
A un moment donné, je n’ai plus pu. Et je me suis dit, c’est le moment de mettre mes compétences au service de cette action-là, à titre bénévole. Ça veut dire les soirées, les week-ends. Et ce qui m’a poussée à continuer au-delà de la fatigue et de l’épuisement que ça a généré, c’est la dynamique collective qui a été mise en place, une équipe de quelques dizaines de personnes très expertes mais tout à fait bénévoles, contre un géant qui a pu faire jusqu’à 20 milliards de bénéfices nets par an.
Je suis persuadée plus que jamais qu’il faut trouver des manières de lutter contre la culture de la défaite sur les enjeux climatiques. Il y a des actions qui fonctionnent. Je citais celle contre BNP Paribas Fortis, cela fonctionne.
Vous pensez pouvoir gagner ?Juridiquement, il y a un véritable argument qui se tient à dire qu’il y a un principe de responsabilité civile. Je pense que oui, on va gagner. Peut-être pas sur toutes les demandes, peut-être pas sur l’entièreté du dommage. Mais l’argumentaire, il est solide, il est ancré dans le meilleur de nos connaissances scientifiques actuelles.
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La révolte de Bruno Colmant
Alexis Vercruysse
Longtemps, il a été le visage belge du capitalisme. Bruno Colmant revisite aujourd’hui son parcours. A l’heure du doute, il s’interroge sur l’homme qu’il est devenu. Tardivement, mais sincèrement, il réinvente sa révolte – contre le monde de la finance qu’il a servi – et dont il cherche encore le sens.
De toute évidence, Bruno Colmant est un homme complexe. Son apparence chuchote le contraire : chemise uniforme, long manteau beige, qu’il n’enlèvera pas, et une écharpe nouée d’un simple tour de cou. Un look de banquier qui a gravi les échelons. Rien qui suggère que l’ancien chef de cabinet de Didier Reynders, alors ministre des Finances, est aujourd’hui proche du Parti socialiste. Ou que cette même personne, ancien président de la Bourse de Bruxelles et de New-York, se dit révolté depuis l’enfance, contre l’ordre bourgeois. “Travailler”, dit l’ancien patron d’ING et de Degroof-Petercam, “ça m’a toujours emmerdé”. Son téléphone est sur le dos, allumé, comme pour rappeler que l’heure tourne. Il sonne, réponse mécanique : “je suis en entretien”. Puis plus détendue : “chez moi ? A quelle heure ?” Ce soir, un pain de viande. “La meilleure boucherie de Bruxelles se trouve juste à côté”, dira plus tard l’économiste, sur un ton de confidence.
Hiver 2008, le 26 janvier. C’était un samedi ensoleillé que Bruno Colmant n’oubliera jamais. Le hasard l’avait poussé à sortir prendre l’air par une porte latérale de la bourse de Bruxelles qu’il dirigeait à l’époque. C’est là qu’il l’a vu. Le jeune révolté. Il était monté sur le toit, déterminé, pour dénoncer tout ce que le bâtiment qui s’érigeait désormais sous ses pieds représentait : le capitalisme financier. La police était intervenue avant même qu’il n’ait eu le temps de déployer toute sa banderole “Make capitalism history”. L’histoire aurait-elle changé une fois la banderole pleinement libérée ? Elle est restée la même. “Il n’avait qu’une seule échelle, c’était absolument incroyable !”, se rappelle Colmant qui n’a compris que plus tard ce qui l’avait motivé, l’acte. La révolte. “Ce type avait raison”, avoue aujourd’hui l’économiste qui, à l’époque, n’en savait rien.
“Comme Camus, tu t’es révolté contre la Bourse”, disait la carte blanche de Bruno Colmant, publiée dans Le Soir du 5 février à l’attention de l’escaladeur. “Tes idées ne sont pas réalistes car le capitalisme est l’ordre naturel des communautés humaines. (…) La Bourse est indispensable à l’économie”, continuait la lettre. L’économiste, encore actuellement professeur à Saint-Louis et à Vlerick sait s’adresser aux jeunes. Mais raisonner cet altermondialiste d’une branche belge de la Quatrième Internationale ? Vraiment ? Qu’espérait-il en écrivant cette lettre ? Sinon s’interroger lui-même ? Dialoguer. Avec le professeur et l’enfant qu’on disait perdu d’avance. Avec l’économiste et le poète. Avec toute sa complexité. “Ce type avait raison, il avait un don impressionnant, le krach arrivait”, reconnaît Colmant. Peut-être fallait-il monter sur les toits pour toucher les hautes sphères. Cette fois-là, ça avait marché. Le jeune révolté avait marqué l’homme de la Bourse au fer rouge.
Le krach a tout changé, il a mis fin à un monde de naïveté. Le monde qui a bercé Bruno Colmant depuis l’école, celle de Chicago. Un monde dont il dit ne plus avoir envie, mais dans lequel il garde tout de même encore un pied. C’est le grand écart. Les convictions que le professeur s’était construites pendant toute sa vie ont commencé à rendre l’âme sous le choc des prémisses d’Occupy Wall Street, un mouvement de manifestations à New-York contre le capitalisme financier. En enjambant les manifestants pour aller travailler, Colmant prenait enfin conscience que les virtualités des chiffres de la bourse avaient des conséquences sur le vrai monde. L’avenir financier sur lequel les gens pariaient était bien réel. Quand les virtualités s’effondrent, les Hommes s’effondrent aussi. Cette prise de conscience a été l’amorce d’une “déconstruction intellectuelle”, dit l’économiste. Et l’amorce de plus de temps, pour apprendre, pour écrire davantage.
« J’ai encore un mandat bancaire mais je vois ça comme un travail d’expert, un expert froid et sans affect, comme un plombier qui répare un lavabo. »
Dans un monde tristement resté le même, Colmant dit s’être “réinventé lui-même comme Roger Waters a réinventé The Wall”. Pas touche à la musique, ni aux textes, mais un show plus politique, plus polémique. Une mise à jour. Rien d’étonnant pense Eric De Beukelaer, l’ancien porte-parole des évêques et actuel vicaire épiscopal du diocèse de Liège, bon ami de l’économiste. Ensemble, ils ont écrit deux livres : “Le prêtre et l’économiste” et quelques années plus tard “La Bourse et la vie”. Deux des quatre-vingt-sept ouvrages de l’œuvre de Bruno Colmant. “Il se remet constamment en question”, affirme Eric de Beukelaer avant de préciser en rigolant que « c’est peut- être dû à son caractère inquiet, dans le sens noble du terme. » L’inquiétude du temps qui passe. Être à la bonne place. “La période de ma vie pendant laquelle j’ai été le plus heureux ?” répète Colmant, surpris, ou malin. “J’ai toujours été soucieux”, finit-il par répondre. Le souci de l’état du monde. De son entropie.
Au crépuscule d’une carrière aux odeurs ultra-capitalistes, le professeur s’interroge sur ce qui l’y a mené. Pourquoi avoir collectionné les postes à responsabilités, plus influents les uns que les autres ? Pourquoi être devenu l’égérie d’un libéralisme sans frontières ? Pourquoi s’être rangé du côté des bourgeois qu’il n’aimait pourtant pas ? “La vie a fait que”, trouve Colmant comme seule explication. La passion ? Certainement pas. Enfant déjà, pas de passion, pas de sport, rien. Il se souvient plutôt des magazines L’Express, sa mère était abonnée. Il les parcourait : l’économie, la politique française. Depuis le début de sa carrière, Bruno Colmant n’a toujours attendu qu’une chose : le week-end. Pour lire et écrire. Libre. La voilà, sa passion. Des ouvrages de poésie sur l’enfance parce qu’il a peur de vieillir. Et surtout de l’économie financière, qu’il préfère écrire ou apprendre que d’appliquer. “Aujourd’hui, j’ai encore un mandat bancaire mais je vois ça comme un travail d’expert, un expert froid et sans affect, comme un plombier qui répare un lavabo”, confie-t-il sans gêne.
Parmi ses autres livres, La Belgique de demain, coécrit avec Olivier Mouton, une analyse politique de 24 thématiques auxquelles sont sensibilisés les citoyens belges, publié en 2023. Olivier Mouton est journaliste à l’hebdomadaire Le Vif, il connaît bien Bruno Colmant. Pour lui, son besoin d’apprendre, ainsi que son omniprésence autant dans les médias que dans les auditoires, n’est rien d’autre qu’un devoir citoyen dont il s’investit : rendre ce qu’on lui a donné, ce que l’État lui a donné. Et pour rendre légitimement : l’ancien universitaire boursier apprend, lit, étudie, tout le temps. Déjà à l’époque des magazines de sa mère, il n’avait pas douze ans. L’ancien capitaine du libéralisme financier dit volontiers qu’il doit “tout à l’État social.” Et il va plus loin : “je veux rendre au centuple ce que l’État m’a donné : une capacité de raisonnement.” Puis encore plus loin : “Entre l’État et le secteur privé, je choisirai toujours l’État, même si on est dirigé par des imbéciles”. Le jeune révolté marxiste de la bourse de Bruxelles en serait tombé du toit. Bruno Colmant sait surprendre.
Pas de droits d’auteur sur ses livres, pas d’argent pour ses conférences. “La connaissance est une formule abstraite qu’on partage”, dit-il. Il surprend bien. S’il veut être entendu, s’il veut être lu : “c’est pour soulager ses angoisses”, confie son ami journaliste, Olivier Mouton.
Une personnalité sensible se dévoile maladroitement : celle d’un homme qui n’affirme jamais rien mais parle d’intuition, suggère. Qui pense comme François Mitterrand : “une idée, c’est comme un bon cognac : il faut la passer deux fois dans l’alambic.”
« Je ne pourrai jamais obéir à une discipline de parti, ça me briderait, ça me briserait. »
La première idée de Bruno Colmant a été la revanche. Aujourd’hui encore, il se souvient de ceux qui le pointaient du doigt quand il était enfant. Les voisins, à l’école, dans les mouvements de jeunesse,… A Braine-L’Alleud, petite ville du Brabant-Wallon dans laquelle il a grandi, l’annonce avait fait jacter : l’annulation du mariage chrétien des parents Colmant, après avoir eu trois enfants, fait rarissime à l’époque. De quoi abreuver les vipères, médisantes, qui crachaient leur venin sur le petit Bruno. “L’enfant des divorcés”, l’appelaient-elles en l’imaginant devenir bon à rien. Sa soif de liberté était déjà insatiable. Lire et étudier, “la seule façon de s’en sortir”, répète-t-il aujourd’hui, plus de cinquante ans plus tard.
Pour sa revanche, Bruno Colmant a attendu l’été 1984, celui de sa proclamation. Diplôme d’ingénieur de gestion à Solvay en poche, premier de sa promotion en prime : il s’en allait sonner à la porte de ceux qui, à l’époque, le destinaient au pire. Il s’en allait montrer qui il était devenu. Qui il deviendrait. La suite, on la connaît. Une carrière aux œillères si opaques que même les issues de secours lui sont toujours restées invisibles. Une carrière aux œillères si opaques qu’il ne savait même plus pourquoi il était là, et ne savait même pas qu’il ne le savait pas. Si opaque que lui, le révolté contre l’ordre bourgeois, travaillait pour “rendre les gens riches encore plus riches”, lui avait un jour reproché sa fille unique.
La deuxième idée de Colmant a été qu’il s’était trompé, pendant toute sa carrière.
Les années passants, l’économiste a appris à ouvrir les yeux. Il a découvert de nouveaux horizons. Il a fait de nouvelles rencontres, Ségolène Royal lui parle d’écologie. Paul Magnette ou Thomas Dermine lui parlent de socialisme. Et comme pour racheter son passé à meilleur prix, Bruno Colmant va jusqu’à raconter, très amusé, sa sympathie envers Raoul Hedebouw.
Derrière son manteau et sa chemise uniforme brûlent en lui tous les ingrédients de l’homme politique, il le sait. Alors pourquoi pas lui ? Sur les listes du PS ? “Je ne pourrai jamais obéir à une discipline de parti, ça me briderait, ça me briserait. J’aime trop la pluralité, j’aime trop le débat, j’aime trop les gens,…” répond Colmant. Le “non” n’est toutefois pas catégorique. Celui qui regrette d’avoir longtemps manqué de discernement politique et de ne pas s’être engagé plus tôt reste fidèle à lui-même, incertain, torturé. Bruno Colmant parle de “bon moment”, de sa “bonne heure” qui n’est pas encore là. On retrouve la poésie de l’économiste, du professeur, de l’homme révolté, “chaque écrivain porte en lui une révolte”, chantent-ils tous en chœur. Sa complexité forme une belle harmonie. Après une carrière dédiée à l’embourgeoisement, sa révolte contre l’ordre bourgeois renaît de ses cendres.
En réponse à sa carte blanche de février 2008, le jeune révolté avait répondu ceci : “L’ordre naturel des communautés humaines, pour moi, tiendrait plus de la volonté d’agir pour que les droits humains fondamentaux soient garantis que du capitalisme…S’il n’existe pas de solutions ‘clé en main’ pour un socialisme du 21e siècle, ça ne nous dédouane aucunement d’essayer de le construire.” On croirait presque entendre Colmant. Il a vécu sa révolte sur les bancs de l’école. Dans une autre époque, il serait peut-être monté sur un toit.
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Dans la peau des lapins: faut-il souffrir pour être beau?
Lara Kempinaire
Le lapin a désormais sa place au sein de nos foyers. Il est l’animal de compagnie le plus populaire après le chien et le chat. Les lapins aux oreilles tombantes, ainsi que « les petites boules toutes rondes » sans museau apparent, ont particulièrement le vent en poupe. Mais ne seraient-ils pas aussi ceux qui se retrouvent le plus souvent chez nos vétérinaires ?
C’est Patrick qui nous accueille tandis que Chiara, sa compagne, est occupée à nettoyer les clapiers. Pinkie, la jolie lapine blanche se fait câliner. Chiara s’arrête dans son ménage pour nettoyer l’oreille de Gus, leur lapin bélier qui a souffert d’une otite très agressive. « Elle est dégueulasse ton oreille, Gus! » s’écrie-t-elle.
Alors que les préparatifs avancent et que les soins de Gus sont terminés, Chiara le redépose au sol, près de sa congénère. Très vite, ils se blottissent l’un contre l’autre. Chiara nous raconte : « quand les vétérinaires ne donnaient que très peu de chance à Gus quant à sa survie, Pinkie a été adoptée. Miraculeusement, l’état du lapin bélier s’est amélioré ». Derrière cette scène d’apparence paisible, la réalité est toute autre. La voici.
Gus a 8 ans aujourd’hui. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sa vie est loin d’être un long fleuve tranquille. Ce lapin bélier a d’abord souffert d’une otite de l’oreille moyenne puis interne. Il tournait en rond, penchait la tête et son oreille purulait abondamment.
Chiara, sa propriétaire, s’est vu proposer une opération coûtant environ 1000 euros, sans être certaine que le lapin y survive. Faute de moyens suffisants à l’époque, Chiara a préféré freiner ce qu’elle qualifiera « d’acharnement thérapeutique ». En effet, seuls des médicaments lui ont été administrés et aucune opération n’a été pratiquée.
Aujourd’hui et malgré une nouvelle rechute, Gus a survécu mais il gardera la tête penchée toute sa vie. Est-il heureux comme cela? « Je ne sais pas », répond Chiara.
Est-ce qu’à l’époque, les yeux de Chiara se sont posés sur Gus par hasard? Elle dira que non, c’était bien un lapin nain et aux oreilles tombantes qu’elle désirait adopter.
Chiara ne regrette pas d’avoir adopté Gus mais nous confie cependant ne pas avoir été informée, lors de son achat en animalerie, qu’un nettoyage régulier des oreilles était nécessaire. De même, elle ne savait pas qu’un débat existait quant au fait que le lapin bélier serait potentiellement plus à risque de souffrir d’otite. Mais est-ce un cas isolé?
À la suite d’une otite, Gus gardera la tête inclinée pour le restant de ses jours. Liège, le 07/03/25Le lapin bélier est une victime de la toute puissance autoproclamée de l’homme, exactement comme les chiens à museau court
Michel de Waha, historien.Le Docteur Johnson (vétérinaire NAC, « nouveaux animaux de compagnie », enseignant à l’ULiège) nous explique que son cabinet est davantage sollicité pour les lapins extra-nains, brachycéphales (crânes arrondis presque aussi larges que longs) mais également, les béliers.
Les différents vétérinaires NAC rencontrés sur le terrain s’accordent à dire que ces morphologies ont ce point commun: un aspect juvénile, qui plaît à bon nombre de particuliers. Le Docteur Johnson nous explique qu’il voit surtout des lapins pour des problèmes dentaires, oculaires et respiratoires.
Le Docteur Balzat, quant à elle, est vétérinaire NAC en province de Liège et nuance. Elle n’observe pas particulièrement de lapins brachycéphales dans son cabinet. Par contre, elle estime que ses patients lapins sont bien constitués à environ 70% de lapins béliers (mais sans rentrer dans de l’hypertype et donc, de la brachycéphalie), contre 30% d’autres races; ou de races non-identifiées. Avant de rajouter:
« Bien sûr, je ne peux pas prouver qu’un lapin a des problèmes dentaires à cause de sa race. Néanmoins, quand je vois un lapereau de 11 mois avec un si gros abcès dentaire, c’est peu probable que cela soit dû à une mauvaise alimentation. Il y a probablement quelque chose de génétique derrière cela ».
Il est intéressant de ne pas tirer des conclusions hâtives. Néanmoins, les statistiques de fréquentation des lapins béliers au sein des cabinets vétérinaires semblent préoccupantes.
Sous l’œil inquiet de la propriétaire de Biscuit, la vétérinaire fait le point sur sa guérison lors de cette consultation post-opératoire. Biscuit a subi une extraction de deux dents suite à un abcès dentaire. Cabinet vétérinaire du Docteur Balzat. Retinne, le 27/05/25.Bien sûr, je ne peux pas prouver qu’un lapin a des problèmes dentaires à cause de sa race. Néanmoins, quand je vois un lapereau de 11 mois avec un si gros abcès dentaire, c’est peu probable que cela soit dû à une mauvaise alimentation. Il y a probablement quelque chose de génétique derrière cela
Docteur Balzat. Bunny doit recevoir des limages réguliers depuis environ un an. À chaque intervention, l’anesthésie doit être réadaptée car il y a une habituation du corps aux anesthésiants. Cabinet vétérinaire du Docteur Balzat. Retinne, le 10/06/25. Soins post-opératoires sur Jeannot, lapin bélier de 6 ans. Certaines de ces opérations s’avèrent très coûteuses pour les propriétaires qui se retrouvent parfois dans l’impossibilité de payer ces soins. Cabinet vétérinaire du Docteur Balzat. Retinne, le 13/05/25Jeannot est un lapin bélier âgé de 6 ans. Soudainement, il s’est mis à refuser de manger et, symptôme impressionnant, à perdre l’équilibre. Sa maîtresse a dès lors décidé de s’orienter vers une vétérinaire NAC. La radio était sans appel: otite de l’oreille moyenne. La bulle tympanique, quant à elle, était également touchée.
Le Docteur Balzat s’est sérieusement posé la question des chances de survie de Jeannot, tant la quantité de pus était inquiétante lors de la première consultation.
S’il y a bien quelque chose que sa maîtresse n’avait pas anticipé en l’adoptant, c’est cela. Mais encore et surtout, au-delà de son pronostic vital, d’autres freins sont apparus : le prix des soins.
En effet, le seul outil permettant de définir l’étendue précise de l’opération à effectuer et de donner les meilleures chances de survie au lapin, c’est le scanner. Or le scanner, nous confie sa propriétaire, coûte environ 500 euros. Rajoutons à cela l’opération à 500 euros également, ainsi que les à-côtés (principalement les consultations): encore 100 euros. Pour elle, c’est trop.
Sa vétérinaire nous explique l’alternative proposée et acceptée par sa propriétaire : remplacer le scanner par une radio qui elle, ne coûte qu’une centaine d’euros. Moins cher mais moins précis, et moins sûr donc.
Pour un petit lapin qui nous a coûté 35 euros en animalerie, on ne pouvait pas payer 1000 euros de frais médicaux
Rebeka, propriétaire d’un lapin bélier nain décédé du parasite E. Cuniculi en mars 2025.Gus, Biscuit, Bunny et Jeannot ont souffert mais ont survécu. Parmi les propriétaires que nous avons rencontrés, il y a aussi Rebeka, dont le petit lapin bélier est décédé au mois de mars 2025 du parasite Encephalitozoon cuniculi (E. cuniculi). Un parasite qui, d’après les lectures de Rebeka, pourrait survenir davantage chez les lapins béliers. A force de cortisone et de vermifuges, Caramel s’est battu pour sa vie, tout comme ses propriétaires qui ont tenté beaucoup de solutions. Malheureusement, il est décédé quelques mois plus tard, après de nombreuses rechutes.
Rebeka, à l’instar de la plupart des propriétaires de lapins rencontrés, évoque la problématique du budget. En effet, lors de la dernière rechute de Caramel, sa vétérinaire a proposé le traitement « de la dernière chance », impliquant une hospitalisation avec baxter. Une injection très chère, sans certitude d’efficacité et impliquant des séquelles probables. Rebeka s’est dit que là, c’était de trop:
« C’est triste mais, vu mon budget, il fallait prendre une décision. Et puis, il y a la question du bien-être animal. Je pense qu’il en avait marre sincèrement. D’habitude, il se débattait et le dernier jour, il s’est laissé faire. Si on m’avait garanti un rétablissement total, j’aurais pu rajouter de l’argent. Mais sans cela, je préférais le laisser partir ».
Rebeka nous explique que chaque consultation coûtait aux environs de 50 euros et que la visite en urgence d’un vétérinaire de garde lui a coûté environ 500 euros. A cela, il ne faut pas oublier les frais annexes tels que les médicaments.
Malgré la tristesse évidente liée à la perte de son animal, Rebeka conclut de façon très pragmatique: « pour un petit lapin qui nous a coûté 35 euros en animalerie, on ne pouvait pas payer 1000 euros de frais médicaux ».
Les cas que nous avons rencontrés sont le reflet de la balance fragile entre les réalités économiques des propriétaires et l’attachement qu’ils ont envers leur animal de compagnie. Betty par exemple, s’est déplacée jusqu’à Lille afin de prodiguer les meilleurs soins à Clochette, lorsque celui-ci a développé une otite. Très attachée à ses animaux, Betty conserve leurs cendres dans des urnes.
Les propriétaires de ces lapins si mignons sont donc parfois confrontés à des choix douloureux, entre l’envie de tout faire pour soigner leur animal et le besoin de préserver leur santé financière. Cela pouvait-il être anticipé? Pas certain. En effet, en interrogeant plusieurs d’entre eux, les réponses convergent souvent: ils ignoraient les spécificités médicales de la race.
Prenons l’exemple de Betty. Lorsque Clochette s’est mis à perdre l’équilibre, sa vétérinaire habituelle (non-spécialisée en NAC) n’était pas disponible. Betty a donc décidé d’aller voir une autre vétérinaire, formée en NAC. Lorsque cette dernière a découvert la gravité de la situation, elle était sidérée d’apprendre que les oreilles de Clochette n’avaient jamais été auscultées lors des consultations précédentes. En outre, Betty n’avait jamais reçu le conseil de nettoyer régulièrement les oreilles de son lapin. Malheureusement, ce cas de figure est très fréquent. Comme le souligne le Docteur Johnson, ces soins ne constituent certes pas une garantie, mais peuvent néanmoins prévenir une partie des otites.
Radio de Jeannot. A gauche, un bulbe tympanique intact tandis qu’à droite, on le voit grignotépar une otite de l’oreille moyenne. Cabinet vétérinaire du Docteur Balzat. Retinne, le 13/05/25
Suite à ces différents témoignages, nous avons souhaité remonter du côté des «producteurs» de ces lapins. Il est cependant à noter que les propriétaires rencontrés avaient, pour la majorité d’entre eux, acheté leur lagomorphe en animalerie. C’est ainsi que nous sommes notamment tombés sur l’élevage de Catherine.
« Catherine, il y a quelqu’un pour toi! », résonne dans le sas d’entrée. L’éleveuse nous accueille au bout de quelques minutes. Elle nous propose de choisir quelles sections de l’élevage nous souhaitons visiter.
Catherine refuse rapidement que nous photographions la partie intérieure car « les gens vont dire quelque chose pour les cages ».
Sur la barrière qui donne accès à la partie extérieure, on peut lire cette pancarte: « Je décline toute responsabilité en cas d’accident ou de mort subite d’un lapin ». Nous avons été surpris à la lecture de cette phrase.
La dame nuance sans hésitation les informations que nous avons pu recueillir jusqu’à maintenant: elle n’observe pas plus de problèmes de santé chez ses lapins béliers que chez les autres.
Aujourd’hui, elle n’élève plus que cette race et plus particulièrement des mini-lops (lapins béliers aux visages fortement écrasés, soit l’hypertype des béliers). La demande est telle qu’elle a préféré se spécialiser dans ces lapins à la morphologie qui plait tant, « des petits êtres très mignons, avec un tempérament agréable et chaleureux ».
Je ne vois pas l’intérêt de reproduire des animaux que l’on sait sujet à des problèmes de santé, tels que les malocclusions dentaires et les otites
Perrine, éleveuse de lapins béliers.Perrine, quant à elle, élève des lapins béliers dans la province de Liège. Contrairement à Catherine, elle s’oppose à la reproduction de l’hypertype portant le nom de « mini-lops », et n’en observe par ailleurs que très peu parmi les éleveurs.
Elle a de surcroît un avis plutôt tranché quant à leur reproduction: « je ne vois pas l’intérêt de reproduire des animaux que l’on sait sujets à des problèmes de santé, tels que les malocclusions dentaires et les otites », déclare-t-elle.
Là où son témoignage rejoint cependant celui de sa consœur, c’est qu’elle n’observe, elle non plus, presque pas de pathologies d’oreilles et de dents chez ses lapins béliers.
Ceci est peut-être lié à sa mise en place d’une série de précautions afin de limiter les risques de maladies, dont la meilleure est d’enlever les animaux souffrants de la reproduction. Ce n’est pas tout. Du foin à volonté, de l’espace et de l’air sain sont d’autres recommandations importantes.
Quant aux lapins béliers spécifiquement, elle reconnaît néanmoins que les oreilles sont à surveiller régulièrement, ainsi qu’à nettoyer en cas de besoin. Avant de rajouter que plus le nombre de lapins est important dans l’élevage, moins le contrôle sur la santé est facile et rigoureux.
« Idéalement, le but d’un éleveur n’est pas de faire de l’argent à tout prix mais d’être responsable et vigilant quant à la santé des animaux », conclut Perrine
L’enjeu de cette question est publique. Les réseaux sociaux (principalement les pages dédiées aux lapins), sont bombardés d’annonces de type « mini-lop à vendre » ou encore « recherche lapin bélier nain » mettant en lumière la question complexe de l’offre et de la demande.
« nounours », sans pour autant annoncer les spécificités médicales de l’animal. Véritable crâne présentant une malocclusion dentaire légère. Clinique universitaire de Liège, le 04/04/25
Mais alors, faut il en conclure qu’un lapin doit souffrir pour être beau? Au delà du lien entre la forme du crâne et les pathologies diverses, que certains contestent, on peut s’interroger sur ce qui rend un lapin mignon. C’est le défi qu’ont relevé Harvey (zoologiste britannique) et ses collaborateurs. Dans un article publié dans Animals en 2019, ils décrivent ce qui, chez les lapins, séduit les humains. Des dizaines de vétérinaires ont sélectionné 25 images de lapins ayant des têtes différentes, afin que l’ensemble des morphologies possibles puissent être présentées aux participants. Les chercheurs ont pu démontrer que la morphologie la plus attrayante était une face moyennement écrasée et qu’à contrario, les visages les plus allongés étaient les plus boudés.
La conclusion de ces scientifiques fût dès lors la suivante: l’être humain est attiré par des aspects juvéniles et c’est probablement la principale raison de leur succès. Les auteurs de l’article invitent donc les éleveurs à éviter la reproduction des faces extrêmement plates, étant donné leur propension à développer des maladies. Les visages moyennement écrasés et les oreilles droites sont dès lors à privilégier.
Un lapin qui ressemble à un bébé, c’est mignon et on veut l’adopter. Toutefois, c’est aussi une possible condamnation à des problèmes de santé. Des maladies qui ne sont pas toujours gérables d’un point de vue financier et qui prédisposent parfois l’animal à des souffrances, voire à la mort.
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L’artisan de la lumière
À 20 ans, Youri a dejà trouvé sa voie: le vitrail. Dans son atelier, où il travaille depuis un an en tant qu’artisan indépendant, il apprend, invente et se construit à travers un métier haut en couleur.
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Basket féminin : l’effet Belgian Cats
@Horace Mayot-Coiffard
Il y a huit ans, à Prague, les Belgian Cats décrochaient leur première médaille lors de l’Euro féminin 2017. Un exploit dans un tournoi majeur posant la première pierre du succès du basket féminin belge. Lorsqu’une équipe nationale brille, les clubs locaux en récoltent les fruits. En effet, les inscriptions de jeunes filles ont augmenté de 30% dans les clubs de basket belges. Mais quand il s’agit d’entrer en compétition, beaucoup abandonnent.
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Les crédits hypothécaires sur 40 ans
Acheter un bien immobilier devient un rêve de plus en plus difficile à concrétiser pour les jeunes Belges. Face à la hausse des prix, l’accès à la propriété s’éloigne. Les crédits hypothécaires sur 40 ans, récemment proposés par certains assureurs comme le groupe P&V, apparaissent comme une nouvelle solution. Une aide bienvenue ou un piège financier à long terme ?
Louis fait partie de ces jeunes qui rêvent d’acheter plutôt que de louer. Employé en CDI, il paie actuellement 1 000 euros de loyer par mois, une somme qu’il préférait investir dans son propre logement.
« Je suis allé voir deux banques différentes. Elles trouvaient mon projet réaliste, mais on me demandait un garant et un acompte beaucoup plus conséquent que ce que j’avais. »Louis avait pourtant un apport d’environ 10 %, ce qui correspond aux recommandations habituelles. Mais sa jeunesse et sa situation en solo ont refroidi les institutions.
Louis, 20 ans : « Je me suis senti peu pris au sérieux » Un contexte immobilier tenduSelon le baromètre des notaires 2025, le prix moyen d’une maison en Belgique atteint désormais 346 648 euros, soit une hausse de 5 % par rapport à 2024. La tendance est encore plus marquée en Wallonie, où les prix bondissent de 13 % pour atteindre 270 627 euros en moyenne. À Bruxelles, le prix moyen d’une maison dépasse les 576 000 euros, un niveau quasi inatteignable pour un primo-acquéreur isolé. En parallèle, les taux d’intérêt des crédits hypothécaires se stabilisent autour de 3 à 3,5 %, ce qui pèse lourd sur le budget des jeunes ménages.
Face à ces conditions, Louis il a mis son projet en pause. Pour lui, un crédit de 25 ans aurait été la solution idéale.
Selon Ilhan Celiker, courtier en crédits hypothécaires au sein de l’entreprise Cygo, le principal frein à l’achat pour les jeunes ne réside pas dans les prix élevés, mais dans les exigences des banques elles-mêmes.
Pour lui, le problème, ce sont souvent les demandes de garanties. Quand on est jeune, on n’a pas encore de patrimoine, pas toujours un contrat fixe, et peu de fonds propres. Or, les banques cherchent avant tout des clients solvables.
Résultat : sans apport conséquent, souvent entre 10 000 et 30 000 euros, beaucoup de primo-acquéreurs voient leur dossier refusé.
Un nouveau produit sur le marché belge.Le groupe d’assureur coopératif P&V propose des crédits hypothécaires sur 40 ans avec des mensuels moins élevés.
Pour Sarah De Wulf, responsable de communication chez le Groupe P&V, « l’accès à la propriété devient de plus en plus difficile, surtout pour les jeunes. Les prix sont élevés, les conditions de crédit strictes. Le crédit à 40 ans est une réponse à cette situation. » Le Groupe P&V est le seul acteur belge à proposer ce type de durée, dit-elle.
Les banques n’en proposent pas car elles sont pénalisées par les règles de Bâle III lorsqu’elles octroient des crédits très longs. Celles-ci fixent des règles internationales pour que les banques gardent assez de fonds et de liquidités afin de rester stables
En tant qu’assureur, le Groupe P&V est soumis à d’autres règles, ce qui leur permet d’accorder un prêt sur 40 ans. Dès lors, les crédits au-delà de 30 ans sont un franc succès. Chez le Groupe P&V, ils concernent 74% des crédits octroyés en 2025.
Des mois plus légers, pour un coût total plus élevéL’argument phare du crédit sur 40 ans est clair : des mensualités plus basses.
Pour un emprunt de 250 000 euros, la différence entre 20 et 40 ans atteint près de 500 euros par mois. Un écart qui peut permettre à de jeunes acheteurs de souffler un peu, voire de dégager une capacité d’épargne.
« Certains clients pourraient emprunter sur une durée plus courte, mais ils choisissent le 40 ans pour plus de confort », explique Sarah De Wulf. « D’autres n’ont simplement pas le choix : sans cette formule, ils ne pourraient pas acheter du tout. »
Mais ce confort a un prix car sur 40 ans, le total des intérêts payés est nettement supérieur. En moyenne, l’acheteur paie plus cher son bien à long terme, même si le taux est légèrement plus bas.
Chez le Groupe P&V, pour un emprunt de 250 000 euros, la mensualité varie fortement selon la durée :
- 20 ans : 1 423 € / mois à un taux moyen de 3,34%
- 30 ans : 1 103 € / mois à un taux moyen de 3,41%
- 40 ans : 934 € / mois à un taux moyen de 3,32%
(Les taux sont différents car il s’agit de taux moyens calculés sur tous les crédits déjà octroyés cette année pour la durée concernée).
Le calcul des mensualités fait d’après un simulateur de prêt hypothécaire, nous permet de constater qu’en allongeant de 20 à 40 ans, cela permet de gagner 489 euros par mois, mais de payer finalement 106 800 euros d’intérêts supplémentaires au total.
Autrement dit : le bien revient à près de 448 000 euros avec un crédit sur 40 ans. Comparé à environ 341 000 euros avec un crédit sur 20 ans.
C’est le paradoxe du prêt longue durée : plus accessible chaque mois, mais plus coûteux sur la vie entière.
Les risques : une flexibilité réduite et un engagement de toute une vieIlhan Celiker souligne que ces prêts ultra-long terme peuvent fragiliser tant l’emprunteur que la banque ou l’assureur qui le propose. Un crédit sur 40 ans réduit la capacité de rebondir en cas de changement de situation personnelle (séparation, déménagement, perte d’emploi, etc.).
Louis, lui, l’a bien compris : « Dans 25 ans, j’aurai 45 ans, ce qui me laisserait encore la possibilité de racheter ou d’investir dans autre chose. Sur 40 ans, ce serait me bloquer pour la moitié de ma vie. »
Les banques et assureurs ne sont pas à l’abri non plus : si les taux ou l’inflation évoluent défavorablement, la valeur de leurs garanties peut diminuer, ce qui accroît le risque pour eux.
Pour Anne Vansweevelt, économiste à Louvain la Neuve, « l’avantage, c’est de permettre aux jeunes de pouvoir avoir accès à une maison, avoir un bien. Et l’inconvénient, c’est d’être sur un prêt pendant toute sa vie et en espérant que la personne vive déjà jusqu’à la fin du prêt. Sinon, c’est presque un héritage négatif qu’on donne aux générations futures. »
Une solution de transition ?Pour le Groupe P&V, le crédit sur 40 ans n’est pas une solution miracle, mais un outil supplémentaire pour répondre à la crise du logement.
« Il faut bien sûr évaluer chaque dossier. Le but n’est pas de compromettre la stabilité financière des emprunteurs », insiste Sarah De Wulf. « Mais pour certains, c’est la seule manière d’acquérir un bien plutôt que de louer toute leur vie. »
Louis, lui, reste prudent. En attendant d’avoir un apport plus solide, il continue de louer. « C’est un peu dommage de mettre mon argent dans un loyer, mais au moins, je garde ma liberté. »
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Forêts en souffrance : vers plus de résilience face au climat
Forêt de Soigne – photo prise par Zoé Daix
À l’occasion de la COP30, organisée durant ce mois de novembre au Brésil et consacrée à des enjeux climatiques tels que la déforestation qui frappe durement l’Amazonie, Mammouth se questionne sur l’état des « poumons verts » de la Belgique.
Depuis des siècles, la forêt amazonienne, comme d’autres grandes forêts du monde, est victime d’une déforestation massive pour faire place à l’élevage bovin et aux plantations de soja. Des millions d’hectares sont ainsi partis en fumée, provoquant d’immenses incendies et libérant des quantités colossales de CO₂. Paradoxalement, certaines zones de l’Amazonie émettent aujourd’hui plus de carbone qu’elles n’en absorbent : autrefois puits de carbone, elles sont devenues sources de pollution à cause de cette exploitation intensive. Si la situation semble lointaine, les forêts belges affrontent elles aussi des défis qui menacent leur santé.
Willy Van de Velde, garde forestier chez Bruxelles-Environnement évoque la santé des forêts belges, elles aussi en souffrance à leur manière. Heureusement, la déforestation n’y sévit plus depuis près d’un siècle. Mais les forêts publiques belges, souvent plantées en monoculture, en paient aujourd’hui les conséquences : lorsqu’une seule essence occupe plusieurs hectares, l’apparition d’un pathogène peut fragiliser l’ensemble du massif. L’épidémie de scolytes qui a ravagé les épicéas des Ardennes il y a quelques années en est un triste exemple.
Les conditions climatiques changeantes accentuent aussi cette vulnérabilité. Le réchauffement du climat déstabilise les arbres, affaiblit leur vitalité et perturbe leur rôle de “poumons verts”. Mathieu Jonard, professeur en bio-ingénierie à l’UCLouvain et spécialiste de la santé des forêts wallonnes, évoque également les épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, qui altèrent le fonctionnement naturel des arbres.
Mais des solutions existent pour redonner force et équilibre aux forêts belges. Diversifier les essences et les âges des arbres, favoriser des structures mixtes : c’est la clé d’une forêt plus résiliente. Willy Van de Velde défend aussi des coupes plus vigoureuses, parfois mal perçues par les promeneurs, mais nécessaires pour laisser pénétrer la lumière et permettre aux jeunes arbres de croître. Enfin, depuis quinze ans, la Belgique a construit plusieurs écoducs, dont il souligne l’efficacité pour protéger la faune et la flore.
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