Being 20 in Moscow, slices of life

26.03.2018
Du 12 au 16 mars et pour la 3ème édition, Laurent Poma et Thierry Maroit, professeurs à l’IHECS, se sont rendus à la Faculté de journalisme de la MSU (Moscow State University) pour y animer un atelier de photojournalisme.

Il a presqu’un an jour pour jour, l’IHECS envoyait pour la première fois deux enseignants à l’étranger hors Europe avec le programme Erasmus + Dimension internationale: Laurent Poma et Thierry Maroit, destination : Moscou, Université d’Etat Lomonosov. Ils ont été accueillis par Oleg Bakulin, conférencier et directeur du département de photojournalisme et des technologies des médias de la Faculté de journalisme, et Maria Romakina également conférencière et chercheuse au sein du département.

Leur mission : animer un workshop de photojournalisme ayant pour thématique « Avoir 20 ans à Moscou, tranches de vie ».  Les étudiants ont été amenés à réaliser un reportage dont le sujet principal est/sont leur(s) contemporain(s) âgés de plus ou moins vingt ans. Au delà de l’objectif pédagogique visant à augmenter la capacité des étudiants à raconter des histoires journalistiques anglées, l’objectif de briser les stéréotypes culturels était une réelle préoccupation dans le dispositif. Déconstruire les stéréotypes des étudiants belges vis-à-vis des étudiants russes et vice et versa, mais aussi les stéréotypes des étudiants concernant la jeunesse de leur propre pays.

Pour Irina Zakharova (étudiante à la Faculté de journalisme de Lomonossov) qui a choisi de traiter « les logements pour étudiants », l’endroit était une totale découverte : « j’y suis allée, le bâtiment était très « soviétique », j’ai vu leurs appartements et j’ai vu qu’ils vivaient à 5 par appartement et qu’ils avaient aménagé chacun leur propre petit coin avec leurs effets personnels ». Et d’ajouter en riant qu’elle pensait que les conditions de vie des étudiants étaient bien pires et qu’au final elle avait plutôt été surprise par l’esthétique des lieux. Mission accomplie.

Crédit photo: Irina Zakharova

Si l’expérience a été productive pour les étudiants russes et que plusieurs d’entre eux reconnaissent qu’ils ont appris à construire une histoire au-delà du simple fait de photographier, l’exercice n’a pas toujours été facile. L’objectif de ces ateliers était de les accompagner dans leur processus de recherche de leur donner des outils et des pistes pour accomplir leur propre cheminement.

Pour Thierry Maroit et Laurent Poma, l’Université de Moscou se caractérise d’ailleurs par une démarche plutôt scientifique contrairement à L’IHECS qui est davantage dans une dynamique professionnalisante « Ce qui m’intéresse c’est de voir la qualité des travaux avec une autre dynamique de recherche. Les étudiants sont beaucoup plus autonomes que chez nous et moins « tenus par la main » dans l’organisation de leur travail. Les ateliers s’étalent sur le long terme, les travaux ont un temps de maturation que nous n’avons pas lors des ateliers organisés en Belgique. Il n’y a pas de manière plus intéressante que l’autre de fonctionner, mais c’est enrichissant de pouvoir les observer » ajoute Thierry Maroit.

Le profil des étudiants à Moscou diffère également de celui des étudiants à l’IHECS complète Laurent Poma «  Pour commencer, ceux qui participaient à cet atelier l’ont fait par choix, ce qui n’est pas le cas chez nous. Ensuite, l’atelier que nous proposons à Bruxelles se fait sur une période courte. Et puis, il faut le savoir, un grand nombre d’étudiants à Moscou sont déjà dans la vie active ce qui est moins le cas chez nous ».

Pour avoir également observé la façon dont les ateliers fonctionnent de part et d’autre, Maria Romakina souligne que « pendant deux semaines, les étudiants belges n'ont vécu et respiré qu'avec ces projets photographiques, sans être distraits par d'autres disciplines universitaires. En Russie, c'était totalement différent. La participation au projet n'était pas obligatoire et n'était pas intégrée dans la grille horaire principale. Initialement, seuls les volontaires étaient invités au projet. Pas de calendrier strict et pas d'immersion totale dans le projet ; L'expérience montre que les deux stratégies conduisent à des résultats intéressants. Et ce qui est particulièrement intéressant, c'est que certains sujets ont été partagés par des étudiants belges et russes - par exemple, l'histoire de leurs camarades vivant dans des dortoirs ».

Vitaly Kavtaradze, qui a déjà eu l’occasion de travailler dans l’urgence pour certains médias russes et qui dit être habitué à avoir des demandes concrètes, confirme qu’il s’agit plutôt ici d’une démarche documentaire et moins rationnelle « nous n’avons pas de deadline, le projet est soumis à beaucoup de discussions et change tout le temps ». Il ajoute qu’après avoir discuté de son projet avec Laurent Poma et Thierry Maroit, il va probablement prendre de nouvelles photos car même si le fil conducteur est déjà bien déterminé, « de nouvelles images vont émerger avec le printemps qui arrive ».

Crédit photo: Vitaly Kavtaradze

A ce stade, 11 projets ont vu le jour à Moscou et sont encore en cours d’élaboration. Parallèlement à ces ateliers organisés à Moscou, l’IHECS a également proposé un premier atelier sur la même thématique à ses étudiants (Avoir 20 ans à Bruxelles) en début d’année avec la participation de Maria Romakina. Un second atelier sera organisé en avril prochain toujours en collaboration Maria Romakina, mais également avec Oleg Bakulin. Les reportages des étudiants de nos institutions respectives qui seront sélectionnés seront publiés online et feront l’objet de deux expositions communes en Russie, l’une en juin à Moscou et la seconde en août à Saint-Petersbourg. Ensuite, une troisième exposition sera organisée en 2019 aux Halles Saint Gery à Bruxelles. La publication d’un ouvrage dédié à cette thématique est également envisagée « ces expositions et cet ouvrage seront l'occasion de montrer le projet à un large public et aideront à comparer le style de vie et les intérêts de la génération des vingt ans en Russie et en Belgique » souligne Oleg Bakulin.

Pour rappel, le programme complet s’est déroulé en trois étapes a débuté en mars 2017 avec une première prise de contact avec les étudiants et les membres de l’Université de Moscou. Etape durant laquelle nos enseignants ont pris leurs marques et communiqué les premières consignes aux étudiants. La seconde étape était organisée en octobre dernier, pour rencontrer de nouveaux étudiants, donner un premier retour sur le travail des étudiants participants au premier workshop et dépeindre le paysage du photojournalisme en Wallonie et à Bruxelles. Et enfin, ce dernier atelier pratique organisé du 12 au 16 mars avait pour objectif de revoir l’ensemble des participants et de faire le point sur l’avancement de leurs travaux après un processus de recherche d’une année. La semaine s’est clôturée par une conférence au cours de laquelle nos enseignants on présenté des travaux d’étudiants à l’IHECS: « photo project : from the idea to the publication ; the IHECS students successful cases ». Indépendamment de ce projet, certains étudiants de la Faculté ont profité de la présence de nos enseignants sur place simplement pour avoir un autre regard sur leur travail. L’intérêt de ces échanges étant toujours de croiser les visions et pratiques de cultures différentes et s’enrichir mutuellement.