Colloque Protagoras "Les sondages comme outil de légitimation (du) politique"

Date: 
09/06/2022 - 08:00 - 20:00

Le Colloque est composé de présentations en français et en anglais.

Profondément politiques, tant dans leur élaboration et leurs effets, les sondages fournissent un outil de communication voire un dispositif symbolique (Blondiaux, 1998 ; Champagne, 2015) sur lequel, candidats, dirigeants et journalistes s’appuient pour parler au nom des citoyens. « L’opinion » ainsi mobilisée tire sa force performative d’une mesure à prétention « scientifique » : un pourcentage énoncé par des sondages (Aldrin & Hubé, 2017) permettant à des estimations d’être perçues comme des informations fiables et incontestables (Grunberg & Mayer, 2014). Soumis à une logique commerciale et concurrentielle, les sondages s’opposent autant d’un point de vue méthodologique que téléologique – l’un des principaux écueils consistant notamment à corriger leurs biais innés (Knobloch-Westerwick et al., 2020) les angles morts des personnes qui élaborent et exploitent les sondages dans le but de nourrir une stratégie de campagne ou de justifier une prise de position publique (Corzine & Woolley, 2018).

Si les grands échecs sondagiers parlent d’eux-mêmes (Giuliani, 2018), les sondages peuvent servir à des fins d’instrumentalisation, voire de manipulation de l’opinion publique (Maquis, 2005). La légitimité des sondages est régulièrement remise en cause, suscitant soupçons (par ex. : le financement de sondages partiellement manipulés servant un intérêt politique exclusivement partisan, à l’instar du récent scandale des sondages truqués en Autriche) et méfiance (par ex. : la fronde de certaines rédactions – à l’instar du journal Ouest France – estimant que ceux-ci sont préjudiciables au vrai débat).

Ce colloque s’inscrit dans un contexte équivoque de « doxophrénie » (le recours et le besoin compulsif de quantifier les opinions) et de défiance accrue (en ce compris de la part des acteurs politiques) envers la pratique des sondages. Nous avons invité les chercheurs à appréhender la question des sondages d’opinion par le double prisme de la légitimé et de la légitimation et comme instrument au service de la communication politique : l’expertise sondagière entre prédiction et prescription.

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