« Avoir le temps », le nouveau livre de Pascal Chabot

23.03.2021
En ce début d’année 2021, Pascal Chabot, professeur de Philosophie au sein de notre institution, a profité de ces longs moments de confinement pour terminer et publier son dernier livre « Avoir le temps », aux éditions PUF

A l’occasion de la sortie de son 10eme et dernier livre, Pascal nous a adressé quelques lignes afin d’expliquer la genèse de ce projet :

Avoir le temps est un livre que je porte en moi depuis une dizaine d’années. J’en avais plusieurs fois commencé l’écriture, mais sans aboutir car je ne parvenais pas à une version non-mélancolique de notre rapport à la temporalité. C’était vite la transposition intellectuelle d’Avec le temps du cher Léo Ferré qui s’invitait en filigranes. Or, c’était précisément ce que je voulais éviter car cette tonalité-là ne me semblait pas propice à créer de nouvelles pistes. C’est pendant le premier confinement que l’idée principale a surgi : abandonner la connexion ontologique traditionnelle du temps (la connexion entre le temps et l’être, génialement mise en scène par Heidegger) pour creuser l’autre connexion, celle entre le temps et l’avoir… Et là deux choses sont apparues. D’abord le paradoxe : on a le temps et on ne l’a pas, on en manque sans cesse. Le propre de notre relation au temps, c’est d’avoir ce qu’on n’a pas, car cela passe… Ensuite la découverte d’une multiplicité : nous avons différents types de rapport temps, que j’inscris sous quatre grand registre civilisationnel : le Destin, le Progrès, l’Hypertemps (des écrans, de l’urgence…) et le Délai (de la « catastrophe » écologique)… L’erreur à ne pas commettre serait de penser que nous vivons dans un seul de ces registres. En réalité, nous passons constamment de l’un à l’autre. C’est ce qui rend l’expérience contemporaine fascinante, et aussi inquiétante car les temporalités se téléscopent constamment. Toute la question est dès lors de choisir la bonne temporalité pour traiter telle ou telle question. C’est de cette façon-là seulement qu’on peut nouer un rapport plus détendu avec la temporalité, car c’est alors qu’émerge un temps de qualité, et pas seulement des quantités de temps…  Ce que j’appelle une « chronosophie », une sagesse du temps. Je suis convaincu qu’un des changements profonds qu’un être peut opérer sur lui-même concerne son rapport au temps. Le reste en découle ! »

Vous pouvez retrouver « Avoir le temps » sur le site des éditions PUF

Résumé

Être, c’est avoir du temps. Et ne jamais avoir le temps, c’est être à moitié, vivre à demi. Le propre de notre civilisation est de vivre simultanément sous quatre régimes temporels qui s’entrechoquent: le Destin, le Progrès, l’Hypertemps et le Délai de la catastrophe écologique. De là viennent autant la fabuleuse complexité de ce que nous vivons que les impasses redoutées. Car notre attitude envers le temps a l’impact le plus profond sur notre vie. Nous naviguons entre nostalgie du passé, addiction au présent et espoir des lendemains qui chantent. Dès lors quelle temporalité privilégier ? Dans l’Hypertemps contemporain, l’heure est partout, le temps nulle part. Comment le retrouver ? Tout le défi est de construire une sagesse du temps à la mesure des enjeux actuels : une chronosophie. *

 

*Résumé du livre trouvé sur le site des éditions PUF