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Updated: 1 hour 34 min ago

Mur après mur

Thu, 22/05/2025 - 11:17

Madame,

Votre courriel adressé à Sa Majesté le Roi est bien arrivé au Palais Royal et j’ai été chargée de vous répondre.

J’ai reçu pour mission de transmettre votre requête à Monsieur Y. COPPIETERS, Ministre wallon de la Santé, de l’Environnement, de l’Economie sociale, de l’Action sociale, du Handicap, de la Lutte contre la pauvreté, des Familles, de la Santé, l’Egalité des chances et du Droit des femmes, à Madame F. LANNOY, Administratrice générale de l’AVIQ, et à Monsieur S. LAQDIM, Délégué général de la Communauté française aux Droits de l’Enfant.

Il vous est également loisible de faire appel à un avocat qui est la personne la mieux placée pour vous assister dans cette affaire.

Jour MOINS 4224

Il y a quelque chose qu’elle ne dit pas. Qu’elle n’ose pas formuler. Élodie a vingt-trois ans. Sa fille, Charline, a dix-huit mois. Et depuis des semaines, des mois peut-être, elle sent un truc. Pas encore un mot. Juste ce nœud au creux du ventre. Charline ne parle pas. Ne montre pas. Ne répond pas. Ne cherche pas l’autre du regard. Toujours les mêmes gestes. Elle mange le même pot à la carotte, la même marque. Sinon elle ne mange pas. Autour d’elle, les gens disent que c’est rien. Que c’est peut- être son caractère, qu’elle est dans sa bulle. Qu’elle s’éveillera plus tard. Elle l’entend cent fois. Mille. Mais rien ne colle. Elle regarde les autres enfants dans les parcs. Elle voit bien. Mais elle ne pense pas au mot. Pas à celui-là. Handicap. Trop dur. Trop grand. Trop définitif. Alors elle se tait. Elle se dit qu’elle exagère.

Charline intègre une petite école du quartier. Classique. Sourires. Bonne volonté. Jusqu’à ce que Charline commence à crier. À mordre. À fuir. Les autres enfants ont peur. Les adultes ne comprennent pas. On appelle Élodie. Tous les jours. On lui dit qu’il faut « adapter », mais l’établissement n’a pas les moyens, pas le personnel, pas les outils. Et pas le temps. S’ouvre alors un tunnel. Long. Sans panneaux. Elle appelle. Elle cherche. Elle insiste. Les centres spécialisés, les écoles adaptées. Elle apprend le langage du refus. « Liste d’attente », « pas adapté », « dossier incomplet », « pas de notre ressort ». Et collectionne les brochures.

Le diagnostic tarde. Des années. Charline grandit. Les colères deviennent des tempêtes. Les nuits sont toujours blanches. Quand enfin on pose les mots — trouble du spectre de l’autisme — Élodie ne pleure pas. Elle pense à ce garçon autiste dans sa classe, autrefois. Celui qu’on évitait. Elle se demande ce qu’il est devenu. Et pour la première fois, elle se demande qui étaient ses parents. S’il en avait deux. S’ils dormaient, eux aussi, par tranches de vingt minutes. S’ils avaient crié dans leur voiture, un jour, fenêtres fermées. Puis elle pense à elle. À Charline. Et elle s’en veut. Elle culpabilise. Beaucoup. Tout le temps.

J-2557

Élodie a tenté de trouver un établissement scolaire pour Charline. Encore. Encore. Jusqu’à l’épuisement. « On a essayé plusieurs écoles. On est même allé jusqu’à Liège pour présenter Charline à une école inclusive. » Charline avait déjà été scolarisée en maternelle, « et ça s’était très mal passé ». Son diagnostic n’est tombé qu’à 4 ans. Le délai d’attente pour une prise en charge : deux ans. Résultat, « elle n’a jamais eu de vraie scolarité ». Élodie a expliqué tout ça. À chaque école. Elle a reçu des refus. Partout. « À Liège, on m’a dit oui. Ils connaissaient bien l’autisme, m’ont-ils dit. Mais quand Charline est arrivée, ils m’ont rappelée : « Elle ne reste pas assise ? Ah non, ça ne va pas être possible, madame.” Ils n’avaient aucune idée de ce que ça voulait dire, l’autisme. » À l’école suivante, Élodie a pris les devants. « Je suis entrée dans le bureau et j’ai dit : vous devez savoir une chose. Mes enfants ne sont pas propres. Mes enfants poussent. Mes enfants crient. Mordent. » Elle marque une pause. « La directrice m’a regardée, calmement, et m’a dit : “Vos enfants sont autistes, Madame.” J’ai crié : ENFIN. J’étais à bout. J’avais fait des dizaines d’écoles. » Beaucoup d’enfants autistes peinent à trouver leur place à l’école. Certains sont exclus dès les premières difficultés, d’autres sont isolés, mal compris des autres élèves, parfois harcelés. « Ma fille est non-verbale et aime rester seule. À l’école, elle se fait harceler à cause de ça », souffle une maman.

Aujourd’hui, 1 personne sur 100 est concernée par un trouble du spectre de l’autisme. Un chiffre qui a explosé en trente ans. Selon Cap48, en Belgique, 1 enfant sur 66 naît avec un TSA. Les rendez-vous sont rares. Les listes d’attente s’allongent, autant pour le diagnostic que pour obtenir une place dans un centre. Parfois plusieurs années. En Wallonie, il est impossible de savoir combien de places sont réellement disponibles pour les enfants atteints de TSA. Les services agréés le sont pour des « catégories de handicap” mixtes, et ne sont donc pas exclusivement réservées à des enfants autistes.

En mars 2013, le Comité européen des droits sociaux (CEDS), organe du Conseil de l’Europe, a condamné l’État belge pour manquements graves dans l’accueil des personnes handicapées de grande dépendance, parmi lesquelles les personnes autistes.

Trouver une place dans un centre ne suffit pas. Il faut trouver la bonne. Celle qui correspond aux besoins de l’enfant. Il y a ceux qui parlent. Ceux qui ne parlent pas. Ceux qui s’automutilent. Ceux qui ne mangent pas. Ceux qui sont violents. Ceux qui s’enferment dans le silence ou dans des gestes stéréotypés… Et les places pour les profils les plus complexes, comme Charline, sont les plus rares. « En Wallonie, on est dans une logique éducative et de projet de vie. Chaque institution a un projet propre adapté à des besoins spécifiques. Il y a des analyses en concertation avec les parents pour évaluer les besoins de l’enfant, des rencontres avec les responsables, les pédopsychiatres… un travail de grande ampleur pour assurer la prise en charge la plus pertinente. Il arrive que des centres ne soient pas adaptés à certains profils, et donc que les familles doivent en chercher un autre », explique Lara Kotlar, porte parole de l’Agence pour une Vie de Qualité (AViQ)

Mais ces principes peinent à se traduire sur le terrain. Une étude menée en 2019 par le GAMP, un groupe de pression citoyen qui défend les droits des personnes autistes et de leurs familles, auprès de dizaines de centres de réadaptation fonctionnelle, de services d’accompagnement et de structures psycho-socio-thérapeutiques, révélait que le personnel est encore insuffisamment formé à ces bonnes pratiques. Que ce soit dans le cadre des études supérieures ou de la formation continue, ces approches fondées sur les données probantes restent trop peu enseignées. Et du côté des familles, rares sont les parents bénéficiant d’une guidance qui leur permettrait d’appliquer, à la maison, les mêmes méthodes éducatives. Résultat : une chaîne d’accompagnement trop souvent rompue dès le départ. Et des enfants à qui l’on refuse, faute de moyens et de formation, la possibilité d’apprendre autrement.

Depuis 2016, les écoles ordinaires peuvent ouvrir des classes inclusives destinées à accueillir des élèves avec autisme. Ces classes, soutenues par des écoles spécialisées, visent à offrir un accompagnement adapté tout en permettant aux enfants handicapés de côtoyer leurs pairs. Maïté, mère de Victor, a longtemps essayé. « Il ne fallait généralement qu’une demi-journée pour qu’on me rappelle en me disant que l’établissement n’était pas capable de prendre en charge mon fils. »

J-2124

Le bureau est grand. Des tableaux au mur, des meubles en bois massif, une chaise en cuir de l’autre coté, une pour elle, moins confortable. Tout brille. Elle s’installe face au directeur. Le Corto, un centre psycho-socio thérapeutique de jour pour enfants et adolescents atteints du trouble de spectre autistique avec ou sans handicap associé, à Charleroi. L’assistante sociale est déjà là. Elle explique l’essentiel. Charline. Nolan. Deux enfants autistes à la maison. Pas de prise en charge. Plus d’école. Plus rien.

Et puis, dans cette pièce qui sent le bois ciré et le silence, la phrase tombe : « on n’a qu’une place. » Une. Pas deux. Elle doit choisir lequel de ses enfants elle veut sauver. Ce sont ses mots. Ce sont ses larmes. Elle inscrit Charline. Parce qu’elle est la plus grande. Parce que ses troubles sont plus lourds. Parce qu’elle hurle plus fort. Qu’elle fait plus de trous dans les murs. Nolan attendra.

J-917

Nolan est accepté au Corto.

Entre J-4224 et pour le reste de la vie d’Elodie

Derrière les grilles, il y a les trajets, les suivis, les réunions, les dossiers à remplir, les crises à contenir, les nuits à veiller. Et presque toujours, ce sont les mères qui tiennent. Qui absorbent. Qui encaissent.

L’Institut de recherche en sciences psychologiques (IPSY) de l’UCLouvain a mené une étude, en 2019, auprès de 53 mères d’enfants autistes. Il en ressort que le stress chronique, la dépression, l’anxiété généralisée y sont monnaie courante. Entre 50 et 80 % de ces mères présentent des niveaux de stress et de dépression élevés. Pas surprenant. Pas pour Élodie. Elle dit simplement : « On n’a pas le droit d’être fatiguées. Si on tombe, tout tombe. »

La même étude explique que ce sont souvent les mères qui subissent le plus. Parce qu’elles sont en première ligne. Parce qu’elles portent tout. Les soins. Les démarches. Le lien social. Elles mobilisent ce que la psychologie appelle un coping individuel : un ensemble de ressources mentales, émotionnelles, physiques pour tenir le coup. Tenir malgré tout. Mais ce n’est pas toujours suffisant. L’étude montre que les mères déprimées ruminent plus, se sentent plus coupables, et expriment davantage leurs émotions… faute d’avoir des solutions concrètes à mettre en place. « Même si ces stratégies de coping individuel ne s’avèrent pas suffisantes, elles démontrent néanmoins leur importance en ce sens qu’elles servent à exprimer un besoin de soutien », indique l’étude. Elles agissent seules. Sans relais. Et souvent, sans conjoint. Le soutien du partenaire joue pourtant un rôle décisif. Mais quand la mère reste seule à gérer l’enfant, quand l’autre travaille plus ou s’éloigne, la pression monte. Certaines mères perçoivent alors le comportement de leur enfant comme plus exigeant, plus violent, plus « trop”. Et elles n’ont plus l’impression d’être de bonnes mères. Juste des gardiennes. Des infirmières. Des barrières humaines.

J-187

Un courrier arrive au Centre. Un recommandé de l’AViQ. La convention qui lie l’agence au Corto est rompue. Trois mois de préavis. Sans justification particulière. Juste un article du contrat qui permet la rupture unilatérale. L’Agence précise tout de même : « difficultés liées au fonctionnement thérapeutique et à la gouvernance ».

J-162

Le Corto saisit le Tribunal du Travail. Trois mois de préavis, pour des enfants autistes, c’est trop court, trop brutal, argumente-t-il. La juge suspend la décision de l’AViQ en attendant un jugement sur le fond.

J-90

Élodie n’a pas dormi. Enfin si, une heure. Peut-être deux. Pas d’affilée. Charline s’est réveillée à 3h, malgré les cinq cachets qu’elle prend pour s’endormir, en hurlant. Nolan tapait contre le mur à 4h. Isaline a mouillé le lit. Encore.

Élodie parle peu, ce matin. Elle pense à la tenue des enfants, prie pour qu’ils acceptent de les enfiler. Les brioches, pour le trajet. Indispensables. Sinon c’est les coups, les morsures. La bagarre avec sa fille, plus grande, plus forte qu’elle. Elle pense au tribunal. Aujourd’hui, le Corto, celui qui accueille deux de ses trois enfants autistes, est devant le juge. Une histoire de subsides, de problème de gouvernance.

Elle baisse les yeux vers ses baskets. Deux pointes de lacet traînent dans une flaque de lait, tombé plus tôt, quelque part entre le petit-dej et une crise. Dans le salon, tout est en plastique. Par sécurité. Rien qui casse. Plus de télé. Charline l’a lancée contre le mur il y a quelques mois. Les canapés viennent d’être livrés. Des modèles d’occasion rachetés via une annonce. Ça ne résiste jamais bien longtemps aux assauts de la grande qui s’y laisse tomber. Trois mois, au mieux. Les structures finissent par céder, les mousses éventrées. Depuis peu, les fauteuils ont été remplacés par des palettes en bois. Moins beau, mais plus solide.

Sur le mur, un lambeau de papier peint se soulève. On voit la trace des anciens motifs, et les bouts déchirés autour. C’était joli, au début. Puis Charline a gratté. Nolan a suivi. Isaline a crié. Quatre fois, ils ont tout refait. À la cinquième, ils ont arrêté. Depuis, le mur reste comme ça, à nu par en- droits. Ça tient, c’est tout ce qui compte.

Ce qui rend tout ça encore plus difficile, c’est ce qu’on ne voit pas. La solitude. Le dehors qui se ferme. Élodie ne dit pas « Nous sommes isolés ». Elle dit : « Je ne peux pas emmener Charline chez des amis qui ont des enfants. Ni au parc. Ni au magasin. Parce que ça finit mal. » Elle détaille comme si elle énonçait une recette : « Déjà, je verrais le regard des gens. Les parents. Ceux qui ne savent pas. Qui pensent que c’est mal élevé. Que je laisse faire. Qui ne comprennent pas que c’est un handicap, pas un caprice. En plus, je dois la surveiller tout le temps. Je ne peux pas détourner les yeux. Et si je sors avec elle, je dois emmener Nolan et Isaline aussi. Et puis il y a le risque. Charline ne crie pas pour dire qu’elle a peur. Elle frappe. Elle mord. Elle pousse. Elle ne prévient pas. Et s’il arrive quelque chose, c’est ma faute. C’est ma responsabilité. Alors je n’y vais plus. » Comme elle, beaucoup de mères d’enfants autistes s’effacent du monde social. Les invitations se raréfient. Les anniversaires se font sans elles.

Le tribunal l’attend. Là-bas, d’autres parleront. Ils liront des dossiers, rappelleront que l’ASBL Corto accueille aujourd’hui 18 gamins. Qu’il est reconnu comme Centre de Revalidation Fonctionnelle (CRF), et qu’il est subsidié par l’Agence pour une Vie de Qualité (AViQ) via une convention qui encadre notamment le suivi thérapeutique, la présence de personnel qualifié, la qualité des soins…

Les CRF sont des institutions dont l’objectif est « d’accompagner chaque patient, au cas par cas, dans la construction d’une solution personnelle à ce qui fait lui problème, solution exportable en dehors de l’institution, qui lui permette de restaurer ou maintenir un lien social apaisé et de prendre ou reprendre une place dans la société tout en préservant sa santé »

Un CRF doit respecter une série de conditions. Lorsqu’ils s’adressent à un public porteur de troubles du spectre de l’autisme (TSA), les CRF proposent une approche pluridisciplinaire, individualisée et intensive, centrée sur la rééducation fonctionnelle et l’amélioration de l’autonomie au quotidien.

Concrètement, un CRF pour enfants autistes rassemble sous un même toit des professionnels issus de différents horizons : pédiatres, neuropsychologues, logopèdes, ergothérapeutes, éducateurs spécialisés, assistants sociaux, etc. Ensemble, ils établissent un bilan fonctionnel complet, destiné à cerner les besoins, les compétences et les difficultés spécifiques de chaque enfant. Sur cette base, un programme d’accompagnement personnalisé est mis en place et la progression de l’enfant est évaluée.

Aujourd’hui, on juge la fin de cette convention.

Un audit révèle que le cadre médical n’était rempli qu’à 15 %. Sur quarante heures de prestations attendues, seules six étaient assurées. Le cadre thérapeutique n’était pas non plus rempli comme il le devait. Pour ces missions, entre autres, le Corto percevait 289 euros par enfant et par jour. « Lors de plusieurs inspections et sur base de témoignages d’anciens membres du personnel, de plaintes formulées par un ancien pédopsychiatre du centre… il est apparu que ce qui s’y faisait relevait davantage de la garderie que de la revalidation fonctionnelle. Et 289 euros par enfant, par jour, pour ça, c’est inacceptable, tranche Lara Kotlar, porte-parole de l’AViQ, Dans ces institutions, il doit y avoir un pédopsychiatre référent. Il n’y en avait même plus. »

Sur ce dernier point, Pierre Hannard, le directeur du Corto, plaide la « pénurie totale » de pédopsychiatres. Cinzia Agoni, présidente d’Inforautisme et porte-parole du GAMP, dénonce quant à elle des pratiques thérapeutiques « d’un autre temps, marquées par la psychanalyse et en décalage avec les recommandations nationales et internationales », au Corto. « Je ne peux plus cautionner cela, mais je suis prête à soutenir les parents auprès de l’AViQ s’ils acceptent de chercher une autre solution que le Corto. »

L’AViQ, après avoir annoncé la rupture, avait proposé une alternative : Oxalis, un nouveau centre, intégré au Grand Hôpital de Charleroi. Une partie des familles et du personnel avait accepté d’y être transférée. D’autres, dont Élodie, avaient refusé. Ils sont restés, défendent le Corto corps et âme, parlent de « nous » en évoquant le centre, malgré les critiques, malgré les doutes. Ils disent avoir vu des évolutions chez leurs enfants. « Au Corto, on respecte vraiment le rythme de nos enfants. Ailleurs, dans les autres centres de revalidation, on les évalue tout le temps, ils doivent suivre toutes les thérapies prévues, peu importe leur état émotionnel ou leur fatigue… Ils sont forcés d’entrer dans un moule », confie une mère d’un enfant accueilli au Corto.

Puis il tranchera. Le 25 mars 2025, le Tribunal du Travail estime que le recours du Corto est infondé sur tous les points. Il déboute l’ASBL de toutes ses demandes, et souligne qu’il est regrettable qu’aucune mesure n’ait été prise pour assurer une transition pérenne aux enfants.

Plus de subsides, plus de titre. Le Corto annonce l’arrêt des soins. Dix membres du personnel indépendant sont licenciés. L’accueil, lui, se poursuivra sur la trésorerie du centre. Pendant trois mois. 90 jours. Élodie, qui avait mis tous ses espoirs dans ce combat, qui pensait que le Corto allait gagner, qui avait refusé Oxalis, pense à l’après. Aux brioches, aux crises. Aux enfants, surtout. Toujours les enfants.

J-ZÉRO

Le centre est fermé. Elle n’a pas peur. Elle le disait en posant une assiette en plastique sur la table. « Je n’ai pas peur de m’occuper de mes enfants. Je ne suis juste pas compétente pour le faire. » Elle pensera peut-être au confinement d’il y a quelques années. Quand Nolan, enfermé trop longtemps, tournait en rond sans s’arrêter. Quand il hurlait, se cognait aux murs. Quand elle l’avait retrouvé, un matin, sur le rebord de la fenêtre. Puis un autre jour, chez le voisin d’en face. Quand les voisins ont déménagé, fatigués des cris, des meubles renversés, des objets lancés par-dessus les haies. Elle, ne peut pas partir. Elle se souviendra peut-être de ce moment précis. Celui où elle n’a plus tenu. Et où, pour la première fois, elle l’a médicamenté. Juste un peu. Pour qu’il s’assoie.

Élodie se souviendra, sûrement, de ce courrier du Palais Royal. Celui qu’elle avait reçu quand elle croyait encore que le combat pour le Corto pouvait aboutir. Elle pouvait, si elle le souhaitait, faire appel à un avocat. Le papier peint aura cédé. Charline l’aura gratté, Nolan l’aura suivi, Isaline aura crié.

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Le Roi : symbole ou acteur clé de l’influence nationale ? 

Wed, 21/05/2025 - 18:02

Photo via WordPress

Le 5 avril dernier, la princesse Claire enfilait des gants de boxe dans une salle de sport bruxelloise. La scène est inhabituelle et révélatrice de l’évolution de la monarchie belge qui, depuis plusieurs années, multiplie les apparitions sur le terrain, mêlant soutiens symboliques, engagements sociaux et représentations protocolaires. Ces activités traduisent une volonté de maintenir un lien avec la population et d’affirmer une influence qui dépasse les fonctions purement cérémonielles. Nous avons analysé l’ensemble de ses activités officielles pour mieux comprendre son rôle, parfois discret.

Gants de boxe enfilés et tenue de sport sur le dos, la princesse Claire s’est initiée aux sports de combat et au basket le 5 avril dernier. Une discipline qu’elle appréhendait selon Soirmag, mais qu’elle a pu découvrir dans le cadre d’une visite à l’association bruxelloise Sport2Be, qui utilise le sport comme levier d’inclusion sociale et professionnelle pour les jeunes issus de milieux défavorisés. 

Pas de traitement de faveur, ni de protocole particulier pour la Princesse, d’après Arthur Parmentier, chargé de marketing et de communication au sein de l’association. La sécurité a encadré le déplacement, mais une fois sur place, la Princesse a pris part aux activités sportives dans des conditions similaires aux autres participants. Pour l’association, soutenue par la Fondation Reine Paola, cette visite royale a constitué une opportunité de valoriser son action et de sensibiliser davantage le public à sa cause.

Ce rapport royal au public a mis du temps à se construire. Le mouvement s’est amorcé avec le roi Albert Ier en 1909, qui a gagné en popularité dès son mariage avec la reine Élisabeth, à une époque où les reines étaient encore tenues à l’écart de la scène publique. « Avant lui, on ne voyait quasiment jamais la famille royale en dehors des portraits officiels« , explique l’historien retraité de l‘Université de Liège et spécialiste en affaires royales, Francis Balace. Les premiers clichés du couple royal se vendaient alors comme des petits pains. « Peu à peu, l’image de la monarchie s’est transformée en véritable marque. Vous aviez leurs têtes sur les packagings de chocolats, sur les canevas de couture, et même sur des boîtes de cornichons. La famille royale apparaissait sur toute sorte de produits. » Une manière habile de créer du lien et de nourrir l’attachement populaire.

Depuis, le rôle de la famille royale a évolué. Ce changement se remarque notamment à travers le nombre d’évènements officiels qui semble être en constante évolution. En 2024, 291 sorties et activités royales ont été dénombrées.

Une forte influence sur la diplomatie économique

Le roi Philipe, avec un agenda ponctué de visites, d’audiences et de réceptions, s’impose sans surprise comme le membre le plus actif de la famille royale. La reine Mathilde suit le souverain de près, fidèle à ses engagements sociaux et éducatifs. Ensemble, ils forment un binôme solide, mais c’est chacun de leur côté qu’ils cumulent le plus d’activités. Le couple royal ferme ainsi la marche du podium.

Aujourd’hui, la monarchie belge conserve une certaine influence, notamment à l’international. « Le Roi et sa famille ont un rôle à jouer sur notre politique extérieure, en particulier sur la diplomatie économique« , précise Raoul Delcorde, ancien ambassadeur belge en Suède, Pologne et au Canada. « Contrairement à la monarchie britannique ou aux royautés scandinaves, la dynastie belge facilite les rencontres, tisse des liens dans les milieux d’affaires, et insuffle un certain soft power qui renforce l’attractivité du pays et apporte une touche de glamour aux partenaires étrangers.« 

Philippe, Roi de Bruxelles ou Roi des Belges ?

Le Roi et la Reine ne participent pas aux négociations en elles-mêmes, mais leur simple présence apporte souvent une forme de crédibilité sur la scène internationale comme nationale. Dans un paysage politique belge, parfois instable, marqué par de célèbres crises et impasses, leur présence rassure. Souvent sans quitter le pays, voire leurs fiefs. Sur les 291 sorties officielles de la famille royale en 2024, seules 18 visites ont été effectuées à l’étranger et les déplacements hors du Palais ou de la résidence principale se font rares.

Le Palais Royal (112) et le Château de Laeken (25), concentrent à eux seuls une part significative des activités. Ce nombre élevé se justifie par la place centrale qu’occupent ces lieux dans le rôle de la monarchie. C’est au Palais que se tiennent les audiences, certaines réceptions et une grande partie des cérémonies protocolaires. Le Château de Laeken sert de résidence privée pour la famille royale, mais il sert aussi de lieu pour accueillir certaines réunions de travail et surtout des réceptions, dans un cadre plus confidentiel ou familial.

Avec 207 audiences, réceptions et visites officielles sur 291, Bruxelles domine largement les lieux d’accueil des événements royaux. Un chiffre qui peut sembler disproportionné par rapport aux autres communes et villes, mais qui s’explique par le fait que la capitale accueille non seulement le Palais et le domicile royal, mais qu’elle est également le siège de nombreuses institutions européennes et belges, ainsi que de nombreuses administrations centrales. 

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La politique belge ressort comme l’activité principale de l’agenda de la famille royale en 2024. Dans le contexte d’une année électorale, les nombreuses audiences dédiées aux négociations en vue de former les gouvernements ont particulièrement mobilisé le roi Philippe. Les activités à caractère social arrivent en deuxième position, soutenues par la reine Mathilde pour qui ce domaine reste prioritaire, principalement à travers ses visites de terrain et son soutien aux causes sociétales.

Aujourd’hui encore, la fonction royale reste fidèle à l’esprit de la Constitution de 1831, qui pose une règle fondamentale : le Roi ne peut poser aucun acte sans le contreseing d’un ministre (deuxième signature destinée à authentifier la signature principale). Il demeure officiellement chef de l’État « mais son pouvoir reste avant tout symbolique et représentatif« , rappelle Raoul Delcorde. Il incarne l’unité du pays, nomme les ministres, signe les lois, mais toujours sous l’œil attentif d’un membre du gouvernement. Il n’est pas Roi de Belgique, mais bien Roi des Belges, une subtilité sémantique qui révèle toute la portée de son rôle. 

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Comment les étudiants se débrouillent face à la précarité

Wed, 14/05/2025 - 09:32
Jobs, internat, aides et débrouille… les trucs et astuces des étudiants pour boucler les fins de mois difficiles

Photo: Pexels

De plus en plus d’étudiants se trouvent en situation de précarité financière. Selon les estimations, entre 70 et 80.000 étudiants (soit plus de 35% de la population étudiante) auraient du mal à boucler les fins de mois. Face aux difficultés, la débrouille règne. Au quotidien, ils et elles cherchent des manières de subvenir à leur besoins tout en poursuivant leurs études. Nous avons suivi Noé, Pivi, Manon et Lola dans leur débrouille.

Les reportages ont été réalisés à l’IHECS dans le cadre d’un atelier vidéo sous la conduite d’Eric Willem.

Noé, étudiant en journalisme à l’IHECS, n’a pas choisi de se loger comme tout le monde. Il y a 4 ans, il a comparé toutes les options de logement à Bruxelles avec ses parents et l’internat est sorti du lot. Une chambre partagée, des repas compris, une salle de sport, tout y est pour mener à bien ses études à un prix raisonnable. Face à la hausse des loyers, l’internat permet à des jeunes comme lui de se loger à un prix plus abordable.

Pivi est obligé de travailler pour financer ses études. Pour lui, il était nécessaire de relever le plafond de 450 heures par an de travail autorisé pour le travail étudiant, même si cette hausse risque de se faire au détriment du temps d’étude.

Manon a la chance de ne pas devoir travailler, mais le budget alloué par ses parents ne lui permet néanmoins pas de faire des folies. Pour réduire ses coûts, elle utilise l’application Happy Hours Market, qui commercialise des invendus alimentaires. L’un des 18 points de retraits bruxellois se situe juste à côté de chez elle.

Face à l’augmentation du coût de la vie et à des aides souvent insuffisantes, de plus en plus d’étudiants basculent dans la précarité. Logement, alimentation, santé mentale : leur quotidien est marqué par des choix et des sacrifices. Lola doit même fréquemment manquer des cours.

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Vendée Globe: les coulisses de la préparation de Denis Van Weynbergh

Mon, 12/05/2025 - 16:30

À 55 ans, le skipper belge Denis Van Weynbergh a bouclé le Vendée Globe, l’une des courses à la voile les plus exigeantes au monde. Un exploit rendu possible grâce à une préparation intense, forgée par des années de travail, de doutes et de passion.

Denis Van Weynbergh est entré dans l’histoire en devenant le premier skipper belge à boucler le Vendée Globe, la plus grande course à la voile autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance. Après avoir passé 117 jours en mer, il a franchi la ligne d’arrivée le 8 mars 2025 aux Sables-d’Olonne mais n’a malheureusement pas pu être classé, la ligne d’arrivée ayant fermée le 7 mars à 8h. Il s’agit néanmoins d’un exploit, qu’il n’aurait pas pu accomplir sans une préparation rigoureuse, aussi bien sur le plan financier que physique et mental. 

Se forger un physique à la hauteur du défi

« Le Vendée globe c’est très dur. Parfois quand je manœuvrais, je dégueulais parce que j’étais épuisé ». Pour Traverser les océans en manœuvrant des voiles pouvant peser jusqu’à 85 kilos n’a rien de simple, et Denis Van Weynbergh a dû se préparer physiquement avant le départ du Vendée Globe. 

Lors d’une interview, il nous explique que cette préparation physique s’est construite sur le long terme. Ce programme exigeant a débuté quatre ans avant le départ, avec deux transatlantiques par an, c’est-à-dire deux traversées de l’océan Atlantique à la voile, représentant entre 80 et 90 jours passés sur l’eau chaque année. 

En plus de ses entrainements en mer, Denis Van Weynbergh a entretenu sa condition physique en pratiquant certains sports comme le vélo et la natation. Il s’est aussi rendu à la salle de sport plusieurs fois par semaine, accompagné d’un kinésithérapeute et d’un coach sportif. 

Préparer son esprit à la solitude et aux doutes 

Avant de se lancer dans la traversée du Vendée globe, Denis Van Weynbergh a aussi dû apprendre à gérer la solitude et les moments de doutes. Pour s’y préparer, il a travaillé avec un coach mental en amont du départ. Trois mois avant la course, ils se retrouvaient par visioconférence ou par appel tous les 15 jours pour se préparer à affronter cette traversée éprouvante. 

« Sur le Vendée Globe, c’est plus facile d’avoir des pensées négatives que positives ». Pour chasser les premières durant la traversée, Denis Van Weynbergh consignait chaque jour dans un cahier tous les moments positifs vécus au cours de la journée. 

Une course aux sponsors avant celle autour du monde

« Quand tu n’as pas de sponsors, tu n’as pas de salaire et donc tu ne peux pas faire de course ». En 2020, Denis Van Weynbergh avait dû renoncer au départ du Vendée Globe faute de budget suffisant. C’est alors qu’il s’est lancé à la recherche de sponsors où il a dû vendre son projet au point de presque en devenir un représentant commercial. « Ton premier boulot comme skipper c’est représentant commercial. C’est être directeur commercial et vendeur et ça me prenait 80% du temps ». 

Dans sa préparation pour le Vendée Globe, Denis et son entourage avaient défini plusieurs étapes cruciales. La première était celle d’oser se lancer dans l’aventure. La deuxième, trouver un partenaire majeur. La troisième était de se qualifier et d’être au départ au Vendée Globe. Et la dernière, franchir la ligne d’arrivée et terminer la course. Mission accomplie, malgré les difficultés rencontrées pour trouver un partenaire majeur, qui s’est finalement concrétisé avec le soutien de D’Ieteren Group, un sponsor 100% belge.

En plus du soutien financier de ses différents sponsors, Denis Van Weynbergh a lancé une campagne de crowdfunding, loué son bateau pour des téléfilms et organisé des sorties en mer avec des particuliers pour financer son projet. Il a même dû dormir sur son bateau l’année précédant le départ, faute de moyens pour se loger dans un hôtel. 

Lorsqu’on demande à Denis Van Weynbergh quel a été le domaine de préparation le plus difficile, il répond sans hésitation, que c’est l’aspect financier qui a été le plus compliqué.

Éviter le mal de mer : l’importance d’une alimentation adaptée

Avant chaque départ en mer, il est essentiel de suivre une alimentation adaptée. Denis Van Weynbergh s’est rendu compte, par exemple, qu’éviter certains aliments comme le pain et les boissons sucrées, une semaine avant une sortie en mer, lui permettait de ne pas tomber malade sur le bateau. Cette stratégie alimentaire lui a permis de moins souffrir du mal de mer, un phénomène pourtant rare chez les skippers. 

Le soutien familial, un pilier dans cette aventure  

Le soutien familial s’est révélé être l’un des éléments les plus importants. Pouvoir compter sur ses proches permet de surmonter les doutes et de pouvoir gérer les moments de stress grâce à leurs encouragements. Papa de deux garçons, Denis Van Weynbergh a pu compter sur eux pour l’accompagner dans sa préparation et dans sa traversée.  Il raconte que la séparation avec sa famille s’est faite naturellement, avant le départ du Vendée Globe. Déjà installé aux Sables d’Olonne pour les préparatifs, Denis ne voyait déjà plus beaucoup sa famille. Ses enfants étant déjà grands, la séparation s’est faite plus facilement, et Denis a pu compter sur leurs encouragements et leurs soutiens pour accomplir son rêve : terminer le Vendée Globe.

Cette préparation intense ne résume pas à une simple effort sportif. Derrière la dimension physique se cache un autre enjeu de taille, le financement. En Belgique, un pays dominé par le football, le cyclisme ou le hockey et où la voile ne fait partie intégrante de la culture comme en France, la recherche constante de sponsors et les nombreuses difficultés économiques est un vrai défi. Denis Van Weynbergh a dû se battre avec acharnement pour pouvoir le relever. C’est là aussi, sur terre, que se situe sa réussite. 

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Pro League : zone de transit du football européen

Mon, 12/05/2025 - 15:25
La Belgique, pépinière de talents au service des grands championnats.

Crédit photo: Hugo Barthélemy

Alors qu’historiquement les clubs belges recrutaient pour améliorer leurs effectifs, ils misent depuis une dizaine d’années sur la revente de talents pour engendrer des bénéfices. Une tendance qui se confirme avec près de 300 départs vers les cinq grands championnats européens depuis la saison 2000/2001. Mammouth a analysé le marché des transferts de ces 25 dernières années.

Après sa défaite en coupe de Belgique et étant déjà mathématiquement hors course pour le titre en championnat, une nouvelle saison blanche s’annonce pour le club d’Anderlecht. Néanmoins, les futurs mercatos pourraient redonner le sourire aux dirigeants mauve et blanc. A défaut de performer sur le plan sportif, ils pourraient engranger des résultats financiers.

Le club le plus titré du championnat belge compte parmi les plus gros vendeurs de talents de Belgique. Depuis l’an 2000, 46 joueurs ont quitté le Sporting d’Anderlecht pour rejoindre la Ligue 1 (France), la Liga (Espagne), La Serie A (Italie), la Premier League (Angleterre) ou la Bundesliga (Allemagne). Cette tendance se retrouve dans toutes les grandes écuries belges. Elle leur permet aujourd’hui de suivre les exigences financières infernales imposées par les géants du football européen, pour pouvoir rivaliser dans les différentes compétitions européennes.

La Ligue 1 en tête de proue

Le championnat belge devient de plus en plus attractif : actuellement huitième au classement UEFA, la Belgique a doublé son coefficient UEFA par saison par rapport à 2022. Cette hausse du niveau de jeu en Pro League s’observe sur les terrains mais elle se voit également dans les transferts : sur les 299 transferts opérés vers les cinq grands championnats au 21e siècle, 100 ont été effectués ces cinq dernières années.

La Ligue 1 demeure le championnat qui s’intéresse le plus aux joueurs de Pro League. Lille, le Stade de Reims et le FC Nantes ont particulièrement les yeux rivés sur les pelouses belges. Ce trio est suivi de près par cinq autres clubs français qui comptent cinq joueurs ou plus issus du championnat belge sur les 25 dernières années. Les proximités géographique et linguistique facilitent les rapports entre les joueurs et clubs des deux pays, au même titre que leur place sur l’échiquier européen du football. La Ligue 1, elle-même considérée comme tremplin vers les plus grands clubs européens, fait souvent office d’intermédiaire entre la Belgique et les quatre autres compétitions majeures du Vieux Continent.

La raffinerie du football européen

La première division belge constitue une voie d’accès idéale vers les championnats plus prestigieux, notamment en raison de la qualité de la formation au plat pays. “La Pro League est un championnat d’un bon niveau qui reste accessible aux jeunes talents et aux profils non-aguerris, notamment grâce au savoir-faire des centres de formations belges”, commente Raffaele Poli, directeur et responsable football du Centre International d’Étude du Sport (CIES). L’explosion des ventes à l’international s’explique surtout par un changement du modèle économique des clubs belges qui ont opté pour un modèle de « plus-value« . Avant les années 2010, lorsqu’un club belge achetait un joueur, il pensait surtout à son rendement en championnat et non à son potentiel de revente. Bruges illustre précisément ce changement de mentalité : le club flandrien a triplé son nombre de ventes vers les cinq grands championnats en dix ans.

Les nouvelles technologies qui façonnent le recrutement moderne contribuent à la mise en lumière des joueurs du championnat belge mais aussi à l’émergence de championnats plus confidentiels. “Avant, un agent de joueurs envoyait des compilations d’actions de matchs de ses joueurs aux grands clubs. Aujourd’hui, avec des plateformes comme Transfermarkt ou Wyscout, toutes les statistiques et vidéos sont disponibles en ligne. Les clubs des cinq grands championnats peuvent plus facilement recruter dans des championnats moins connus”, explique Bart Tamsyn, responsable de la zone Belgique et Pays-Bas pour le site Transfermarkt.

Les clubs belges investissent désormais dans des infrastructures et du personnel afin de capitaliser rapidement sur la (re)vente de talents. Une source au sein d’un grand club belge, qui a préféré conservé l’anonymat, confirme cette stratégie qui consiste à acheter de jeunes joueurs à faibles prix dans l’espoir d’une plus-value économique future.

Baser son modèle économique sur la réalisation de plus-value relève d’une stratégie à double tranchant.

Raffaelle Poli, directeur et responsable football du CIES

Même si les performances sont bonnes, “baser son modèle économique sur la réalisation de plus-value relève d’une stratégie à double tranchant, prévient Raffaele Poli . Les ventes systématiques de joueurs entraînent des changements d’effectifs réguliers, ce qui complexifie la création d’une stabilité”.

Malgré les risques encourus, les écuries belges semblent privilégier cette stratégie pour briller sur la scène européenne, qui est rythmée par des dépenses d’argent toujours plus importantes au fil des saisons. Pour l’instant, les calculs s’avèrent payants : la compétitivité de la Pro League s’améliore au même titre que les finances des clubs. Reste à voir si ce modèle résistera à l’épreuve du temps.

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Le gouvernement bruxellois respecte-t-il son obligation de parité ?

Fri, 02/05/2025 - 08:27
Mammouth a passé à la loupe les mandats des exécutifs bruxellois des vingt dernières années

Crédit photo : Mammouth Média

L’article 11bis de la Constitution belge impose depuis 2002 à ses pouvoirs exécutifs d’inclure des personnes de sexe opposé. “Un gouvernement sans femme devient un gouvernement illégal”, tranche Caroline Sägesser, politologue au Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP). Mammouth a décortiqué cette obligation et a analysé vingt années de mandats de la Région de Bruxelles-Capitale.

En juillet 2024, les négociations pour le nouvel exécutif wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles semblaient présager un gouvernement majoritairement féminin avec Valérie Glatigny et Jacqueline Galant pour le MR, Elisabeth Degryse et Valérie Lescrenier pour Les Engagés. Mais ce casting ne respectait pas l’article 11bis de la Constitution belge, qui impose une représentation minimale d’un tiers pour le sexe le moins représenté. Par conséquent, la composition proposée par le MR et Les Engagés, entièrement féminine, est tombée à l’eau. Elle aurait néanmoins constitué un véritable renversement de la dynamique genrée des mandats au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Bruxelles : une parité en apparence ?

Les gouvernements bruxellois n’ont pas toujours compté de femmes dans leurs rangs. Au cours des vingt dernières années, seuls 16 postes (22 %) ont été occupés par des femmes, pour 56 pour des hommes. « C’est en 2002 que la Constitution belge oblige tous les gouvernements à être mixtes », rappelle Caroline Sägesser. En 2003, une loi fédérale vient renforcer cette exigence à Bruxelles, imposant la présence de personnes de « sexe différent » dans l’exécutif de la capitale. 

Avant ces dispositions légales, seule une femme, Annemie Neyts-Uyttebroeck, a siégé à la région bruxelloise de 1999 à 2003 lors du gouvernement emmené par le libéral Jacques Simonet (Simonet I). Après cette législature, Bruxelles a même connu trois coalitions composées intégralement d’hommes, en l’espace de deux ans. 

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Alors que de nombreux démêlés fiscaux et judiciaires ont ensuite écourté les mandats de plusieurs législatures, la présence de femmes à la région a augmenté dans les cabinets dès l’exécutif Picqué III (2004- 2009). Si le nombre de femmes au régional bruxellois a progressé au lendemain de l’instauration des nouvelles dispositions constitutionnelles qui ont imposé la mixité dans les organes représentatifs, derrière cette apparente évolution, les postes clés sont largement restés masculins.

Des responsabilités inégalement réparties

Selon la loi spéciale de janvier 1989 qui a créé la Région bruxelloise, il faut quatre ministres (deux francophones, deux néerlandophones) hors ministre-président et trois secrétaires d’Etat (un néerlandophone minimum) pour former l’exécutif. Et depuis 1999, les postes ministériels – plus prestigieux – semblent être une affaire d’hommes. Cinq hommes ministres dans les gouvernements Donnea, Ducarme et Simonet II. Quatre dans les exécutifs Simonet I, Picqué III, Vervoort II et Vervoort III.

Pour la législature Vervoort II, toutes les femmes étaient même cantonnées au poste de secrétaire d’État, un mandat moins bien payé et placé sous l’autorité d’un ministre. “En 1999, j’ai failli rentrer dans le gouvernement mais on m’a proposé un secrétariat d’Etat et ça m’a semblé vraiment dérisoire avec les chiffres qu’Ecolo avait fait”, se souvient Evelyne Huytebroeck, ex-ministre de l’Environnement et de l’Energie de 2004 à 2014. 

En vingt ans, un seul gouvernement a affiché une majorité féminine ministérielle : le gouvernement Picqué IV (2009-2014), avec trois femmes ministres pour deux hommes. Toutefois, jamais une femme n’a accédé à la fonction de Ministre-Présidente, tous gouvernements bruxellois confondus.

Un pouvoir concentré dans peu de mains

Au-delà d’une inégale répartition des postes depuis vingt ans, l’accumulation de mandats semble être réservée majoritairement à la gent masculine. Sur les 55 postes ministériels observés, 46 ont été occupés par seulement 14 hommes. Proportionnellement, 84% des hommes ont cumulé des mandats, contre 44% des femmes. Comprenez qu’à Bruxelles, un homme a deux fois plus de chance d’être reconduit qu’une femme. Guy Vanhengel, champion en matière d’accumulation de mandats, a siégé à six reprises. À titre de comparaison, Évelyne Huytebroeck, la femme avec la plus longue carrière politique au régional, compte trois mandats.

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Les têtes de listes l’emportent

Les candidats favoris des partis apparaissent souvent en tête de liste aux élections régionales. “À Bruxelles, une seule circonscription existe, donc forcément la tête de liste devient celle qui est appelée à devenir ministre”, affirme Caroline Sägesser.

Si les têtes de listes des partis de la coalition gouvernementale ne deviennent pas parlementaires, elles deviennent souvent ministres ou secrétaires d’Etat. En moyenne, les femmes à la capitale figurent deuxième sur la liste électorale pour le Parlement à la même période, tandis que les hommes sont souvent premiers.

Les femmes de plus en plus jeunes

Une autre tendance s’observe au fil des législatures : un rajeunissement des femmes qui les composent. L’âge moyen des ministres et secrétaires d’Etat féminines a en effet chuté de 55 à 36 ans. « Elles deviennent plus ambitieuses et on leur fait plus confiance qu’avant », souligne Caroline Sägesser. « J’avais 30 ans quand j’ai commencé ma carrière politique. Je n’aurais jamais fait tout ce que j’ai fait si je n’étais pas bien entourée. Mon mari était là. J’avais une structure familiale forte », partage Evelyne Huytebroeck.

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Malgré des lois prometteuses, la réalité reste contrastée pour la région. La représentation féminine progresse sur le papier, mais les femmes assument moins de mandats et ne tiennent pas autant de postes ministériels que les hommes. Les lois de « parité » n’imposent que la présence de personnes de « sexe différent », ne garantissant finalement qu’une mixité. 

Neuf mois après les élections régionales, Bruxelles se trouve toujours dans l’attente d’un nouveau gouvernement. Les dernières négociations ont montré que la priorité des formateurs consistera à justifier un exécutif sans la NV-A ou de convaincre le PS de négocier avec cette dernière. Rien à l’horizon sur le sexe des ministres et des secrétaires d’État. Les préoccupations, à tort ou à raison, semblent se trouver ailleurs.  

Et la prochaine ministre sera …


A l’heure où les négociations bruxelloises emmenées par le Mouvement réformateur (MR) patinent, toute prédiction est à considérer avec précaution. « J’ose espérer que la composition du gouvernement fédéral ne soit pas un mauvais présage pour Bruxelles », lance Évelyne Huytebroeck.

Cependant, les éléments recueillis lors de l’analyse de ces neuf gouvernements permettent de dresser le profil type d’une femme « ministrable » pour le gouvernement de 2025.

Âge : 35-40 ans

Couleur politique : Centre ou gauche

Place sur la liste : Deuxième de liste aux élections législatives

Nombre de mandats au gouvernement bruxellois : Aucun

Portefeuilles pressentis : Mobilité, logement, transition économique ou développement urbain

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L’internat, une alternative pour les jeunes

Tue, 29/04/2025 - 08:33
Face à la hausse des loyers, l’internat permet à des jeunes de se loger à un prix abordable

Noé, étudiant en journalisme à l’IHECS, n’a pas choisi de se loger comme tout le monde. Il y a 4 ans, il a comparé toutes les options de logement à Bruxelles avec ses parents et l’internat est sorti du lot. Une chambre partagée, des repas compris, une salle de sport, tout y est pour mener à bien ses études à un prix raisonnable.

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Avenir incertain pour LaVallée

Mon, 28/04/2025 - 09:56
Le centre artistique bruxellois menacé de fermeture, restera finalement ouvert

Après plusieurs mois d’incertitude, un accord a été trouvé pour maintenir ses activités. Le site, qui accueille plus de 150 artistes, devra cependant s’adapter pour assurer sa pérennité.

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Petites maternités en danger

Sat, 26/04/2025 - 10:00
La fin d’un service de proximité à Verviers ?

Photo : Charlotte Simon

Depuis plusieurs années, des bruits de couloir agitent la maternité du CHC Heusy à Verviers. Une fusion avec le CHR voisin est-elle envisagée ? Ou une fermeture pure et simple de la maternité est-elle à prévoir ? Si oui, à quel prix ?

Dans ce documentaire, les sage-femmes et la direction des soins infirmiers du CHC d’Heusy et la responsable communication du CHR de Verviers racontent les coulisses d’un quotidien hospitalier incertain. Proximité géographique, logique de réseaux hospitaliers, contraintes budgétaires… Et surtout : les conséquences de ces réorganisations sur le personnel soignant. 

« Une maternité n’est pas un service obligatoire »

Leurs voix résonnent tout particulièrement au moment où 2 maternités viennent de fermer : celle de Chimay, fermée le 10 juin 2024 et celle d’Auvelais dans la province de Namur, annoncée le 9 avril 2025. La direction de cet hôpital avait pourtant démenti cette fermeture le 14 mars. Les activités gynécologiques y seront maintenues, mais l’accouchement ne sera plus possible sur place. 

Dans un contexte où la rationalisation des soins de santé devient la norme, le personnel du CHC d’Heusy rappelle que derrière chaque décision politiques, il y a des soignantes. Celles et ceux qui vivent cette incertitude au quotidien posent une question essentielle : les maternités de proximité sont-elles encore considérées comme essentielles ?

La liste des maternités en danger est disponible via ce lien : https://www.lespecialiste.be/fr/actualites/socio-professionnel/fermeture-de-maternites-la-liste-des-hopitaux-que-les-calculs-de-la-kce-designent.html

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Étudiant : quel vélo choisir ?

Sat, 26/04/2025 - 09:58
Entre petits trajets, ballades et pratique sportive, comment bien choisir son vélo quand on est étudiant ?

Que ce soit pour aller en cours, pour faire du sport ou encore se balader en foret, le vélo s’impose comme un allié précieux de nombreux étudiants. Mais encore faut-il choisir le bon modèle. Nous avons donc décidé de mener l’enquête pour vous !

Grâce aux conseils d’experts, nous avons pu identifier quels vélos étaient les plus adaptés aux différents besoins des étudiants. Et pour mieux se projeter, nous avons créé trois profils types de students qui représentent ces différents besoins.

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Wavre, nouvelle capitale belge du hockey

Wed, 23/04/2025 - 10:02

Photo: Noé Mattagne

La ville wallonne, qui accueillera la Coupe du Monde de hockey en août 2026, se prend de passion pour cette discipline sportive longtemps délaissée du grand public. La rénovation du stade de foot en stade de hockey est en cours, pour le plus grand bonheur des nouveaux fans.

Le soleil printanier caresse les terrains synthétiques du Lara Hockey Club à Wavre en cette belle après-midi du mercredi 19 mars. Les vestes sont tombées, les manches sont remontées, et l’odeur du printemps flotte dans l’air. Sur la terrasse de la buvette du club, les parents sirotent un café ou une boisson fraîche, échangeant des discussions animées. Sur le terrain, l’excitation est palpable : c’est jour d’entraînement, et au Lara, le mercredi, tous les jeunes sont sur les chapeaux de roues.

Un peu plus loin, un adolescent qui a commencé le hockey cette année s’entraîne avec détermination. Il s’applique à chaque passe, chaque dribble, les yeux rivés sur la balle. « J’avais des amis qui jouaient déjà ici, et avec la Coupe du Monde qui arrive à Wavre, je me suis dit que c’était le bon moment pour essayer« , confie-t-il après l’entraînement.

Une ville sous les projecteurs

En août 2026, la ville accueillera en effet une partie des matchs de la Coupe du Monde de hockey masculin et féminin, organisée conjointement par la Belgique (Wavre) et les Pays-Bas (Amsterdam). Un événement d’ampleur qui devrait attirer des milliers de spectateurs et placer la ville au centre du hockey international. Pendant deux semaines, Wavre deviendra l’épicentre du hockey mondial, une opportunité unique de mettre en lumière le sport et d’inspirer une nouvelle génération de joueurs.

Un garçon, avec son maillot de l’équipe nationale masculine de hockey sur le dos, celui des Red Lions, s’agite sur la ligne de touche. Tous le décrivent comme le petit clown du groupe, mais cela ne l’empêche pas de connaître l’équipe nationale sur le bout des doigts. Peu importe où il est, il ne manque aucun match. « Même quand je suis chez des amis de mes parents, je leur demande pour mettre le match à la télévision« , explique-t-il avec un grand sourire, avant de courir rejoindre ses coéquipiers.

Les plus âgés s’entraînent avec intensité sous la houlette de Bertrand Lodewyckx, l’un des coachs du club. Il a vu l’explosion des inscriptions au Lara depuis dix ans, même si, selon lui, l’augmentation s’est stabilisée ces deux ou trois dernières années. « Mais avec la Coupe du Monde qui approche, cela va peut-être changer« , ajoute-t-il. D’autant plus que le club met en place le programme Hockey to School, un projet en collaboration avec les écoles primaires de la région et la fédération de hockey, qui se ponctue avec un tournoi interscolaire au Lara pour promouvoir le hockey auprès des plus jeunes.

Un nouveau stade au cœur du projet

Juste à côté, les travaux du futur stade attirent les regards. La terre est retournée, les engins de chantier s’affairent à creuser et poser les dernières structures. Tous les ouvriers s’activent pour finir le chantier à temps. « Un jour, je jouerai dans ce stade« , lance l’un des enfants avec assurance.

Ce stade, qui pourra accueillir 4.000 spectateurs en temps normal et jusqu’à 10.000 pendant la Coupe du Monde grâce à des tribunes temporaires, a une histoire particulière. À l’origine, il s’agissait d’un stade de football, utilisé pendant plusieurs décennies avant d’être déserté. Sa reconversion en une toute nouvelle enceinte dédiée au hockey  marque un tournant pour Wavre, qui ambitionne de devenir une place forte de ce sport en Belgique.

Stéphane Crusnière, directeur général de la Régie communale autonome des sports de Wavre, explique : « Ce stade représente bien plus qu’une simple infrastructure sportive. Il s’inscrit dans un véritable projet de développement pour la ville. Non seulement, il va renforcer notre position dans le paysage sportif belge, mais il offrira aussi un lieu permanent pour accueillir des compétitions et matchs internationaux, ce qui est crucial pour l’attractivité de notre ville.« 

Selon le politicien issu du MR, l’impact de ce projet dépasse le cadre du sport. « Il va enrichir l’offre culturelle et touristique de Wavre, attirant non seulement des passionnés de hockey mais aussi des visiteurs venus de toute la Belgique et d’ailleurs. » Il poursuit : « L’un des grands avantages de cette infrastructure est qu’elle va permettre une régularité dans l’organisation de matchs de haut niveau. À Anvers, par exemple, pour chaque grand match, il faut monter des tribunes temporaires. C’est coûteux et cela prend du temps. À Wavre, avec une tribune fixe, l’organisation sera bien plus fluide et le Lara en bénéficiera aussi directement« . La fédération de hockey s’est déjà fixé un objectif clair : accueillir les premiers matchs dans cette nouvelle enceinte dès décembre 2025, afin que tout soit prêt pour la Coupe du Monde 2026.

Une évolution qui se lit aussi sur le terrain

Barbara Demaire, coach des plus jeunes au LARA Hockey Club, perçoit aussi une autre évolution notable : une plus grande inclusion. « Il y a plus de diversité, plus de filles aussi ». Une évolution qui aurait été difficile à imaginer il y a encore quelques années pour Élodie Picard, gardienne des Red Panthers, l’équipe nationale féminine de hockey. Elle est née ici, et elle a évolué au Lara jusqu’à ses 18 ans. « Quand j’ai commencé, il n’y avait même pas assez de filles pour faire une équipe complète », se souvient-elle. « On jouait en équipes mixtes par défaut, faute de joueuses. Aujourd’hui, voir autant de jeunes filles s’investir dans le hockey, c’est une vraie avancée.« 

Elle évolue maintenant aux Pays-Bas mais Élodie revient chaque semaine pour entraîner les jeunes portiers. Pour Bertrand, sa présence est un véritable plus : « C’est un modèle pour les gardiens, mais aussi pour tous les jeunes sélectionnés en équipe nationale junior. Ils viennent souvent lui demander des conseils. » Élodie, elle, se contente de transmettre. « J’ai grandi ici, je suis contente que le club évolue autant« , dit-elle simplement en esquissant un sourire.

Quand la séance touche à sa fin, les enfants traînent encore un peu autour des terrains, profitant des derniers rayons de soleil. Certains jouent à s’affronter en petits duels improvisés, d’autres en profitent pour faire la papote. Dans l’air flotte un enthousiasme presque contagieux, celui d’un sport en pleine ascension.

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Protégé : Maroc-Belgique: aller-retour entre écoles de journalisme

Sun, 20/04/2025 - 23:40

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« S’il vous plaît, sauvez ma maman » : dans la peau d’un opérateur 112

Wed, 16/04/2025 - 12:24
Quand le téléphone devient un fil entre la vie et la mort

Canva

Premier maillon de la chaîne des secours, première voix entendue pour les personnes en détresse. À la centrale 112 de Mons, ce sont des centaines d’appels qui retentissent jour et nuit. Entre routine et urgence vitale, ils sont le premier soutien quand le monde s’effondre pour certains. Ici, chaque sonnerie peut devenir un appel au secours.

« 112, ambulance et pompier, bonjour », voix posée, presque mécanique. Mickaël, comme tous ses autres collègues, répète cette phrase à longueur de journée. Pourtant, chaque appel est une histoire différente, chaque coup de fil peut tout faire basculer.

Il est à peine 07h45 à Mons quand la garde commence dans la plus grande centrale 112 de la région wallonne. C’est l’équipe 4 qui est au poste pour les 12 prochaines heures. Ici, quelques fenêtres donnant vu sur le parking, éclairent la salle. La lumière artificielle des ordinateurs, luise sur les visages. Plusieurs bureaux, formant un ‘U’, s’imposent au centre de la salle. Sept bureaux sur neuf sont occupés par les préposés 112, deux manquent à l’appel. « On est souvent en sous-effectif, moins 2 à 3 personnes par garde… Le nombre d’opérateurs change en fonction de la garde, si c’est de nuit ou de jour, ou encore en fonction du jour » explique Sabrina, cheffe d’équipe. « Souvent, cela est dû à des maladies. Mais au 112, on ne sait pas remplacer…, nous avons une formation particulière. D’ailleurs, quand une personne est formée, il lui faut presqu’un an pour rejoindre nos équipes. » ajoute-t-elle.

Dans un petit coin de la salle, deux personnes s’occupent de la radio, l’une pour la province du Hainaut, l’autre pour la province du Brabant Wallon. « Nous sommes la plus grande centrale 112 de Wallonie. Nous nous occupons de deux provinces, soit l’équivalent de 1,5 million d’habitants. Cela représente plus de 48 % des appels reçus en Wallonie en 2024 [ce chiffre s’explique aussi par le fait que la centrale de Mons prend le relais lorsque d’autres provinces sont surchargées, en plus de gérer le Hainaut et le Brabant wallon] », indique la cheffe d’équipe, laissant échapper un bâillement matinal.

Chaque appel, une histoire différente

Ici, les opérateurs ne savent jamais ce qui les attend quand ils décrochent. Une chute banale. Une voiture en flammes. Un enfant qui s’étouffe. Une personne âgée qui tombe chez elle. « On passe d’un appel de quelqu’un qui a mal au ventre à une tentative de suicide, sans transition », explique Mickaël, casque encore sur les oreilles.

Mickaël n’a pas le temps de boire une gorgée d’eau, qu’un nouvel appel vient l’interrompre « Bonjour, c’est la maison de repos ****, je vous téléphone parce qu’un de nos résidents à son cœur qui s’emballe, on aurait besoin d’une ambulance… ». La première chose que Mickaël cherche à savoir, c’est l’adresse. Car sans celle-ci, il ne peut pas envoyer les ambulances : « parfois quand certains établissements sont encodés dans notre logiciel, comme les écoles, certaines maisons de repos ou encore les entreprises SEVESO (ndlr : sites industriels à risque soumis à des règles de sécurité), il est plus facile de trouver la localisation, dans d’autres cas, nous devons chercher soit via notre carte, via internet… et parfois on perd un temps dingue. »

Quelques instants après, un tout autre appel survient « Monsieur ?! …. Quelqu’un va se suicider… enfin … je crois… il était fort proche du bord du pont… », à l’autre bout de la salle, Hervé reçoit un appel, presque le même discours. Ni une ni deux, les deux collègues s’accordent pour ne pas envoyer deux fois, une ambulance et la police sur place. « On doit rester attentifs à ce que notre interlocuteur nous dit et ce qui se passe dans la salle. Dans certaines situations, on reçoit plusieurs appels pour le même incident, il faut donc qu’on se coordonne et qu’on reste attentifs à nos collègues » ajoute Mickaël avant d’appeler la police pour les mettre au courant de la situation. « Pour la région Hainaut-Centre, nous n’appelons jamais les ambulances, elles reçoivent tout via leur GPS. Pour les autres zones, on passe par nos collègues qui sont à la radio ».

Dans le stress, il faut savoir garder son calme

Après une heure de pause, Mickaël revient plutôt détendu « Je prends une pause quand j’ai l’occasion d’en prendre, car ça dépend du nombre d’appels ». Mais ce moment plus calme ne durera que quelques instants.

Un appel surgit. Il décroche, de l’autre côté du téléphone, la voix d’une femme éclate, déformée par les sanglots « S’il vous plait, sauvez ma maman ! ». L’opérateur comprend très vite ce qu’il se passe à l’autre bout du fil. Il garde son calme, se concentre et donne les instructions. « Vérifiez si sa cage thoracique se soulève, si ce n’est pas le cas, il faut commencer la réanimation cardiaque ! ». En parallèle, ses doigts pianotent sur le clavier pour venir en aide à cette dame d’une septantaine d’années en détresse cardiaque : ambulance, SMUR, envoi immédiat. Mais au bout du fil, la respiration de la fille se fait irrégulière, sa voix tremble, étranglée par la peur. Sa respiration se bloque même par moment. Soudain un nouveau cri : « Sauvez ma mère… je vous en supplie… ».

« Est-ce qu’une personne peut commencer le massage cardiaque ? » répète-t-il afin qu’une personne vienne en aide à cette mère de famille, sans savoir qu’un voisin s’y était mis. « J’en peux plus, monsieur, je fais ça depuis un certain temps… », surgit au loin, une voix masculine, essoufflée. « Ne cessez pas vos efforts, et attendez que les secours prennent le relais, il est important de continuer ! » ordonne l’opérateur.  « Vous voulez que je vous accompagne ? ». Le silence s’installe une seconde. Dans cet espace suspendu, Mickaël inspire profondément. La réanimation peut commencer … « Et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq, … Et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq, … » indique Mickaël à ce voisin-sauveur.

Au bout de quelques répétitions, Mickaël demande de vérifier si la dame respire. Ce n’est pas le cas, la réanimation continue. Les secours arrivent rapidement. L’opérateur raccroche.  L’appel n’a duré que trois minutes. Trois minutes où la vie d’une femme s’est peut-être jouée. Cette proximité troublante avec la mort, les préposés 112 la vivent tous les jours.

Il a à peine le temps de reprendre ses esprits, qu’il répond à un autre appel et se replonge dans l’écran. Les doigts sur le clavier, il frappe des commandes qui défilent à une vitesse folle. Il n’a pas le temps de s’arrêter, de réfléchir. Tout va si vite ici, chaque sonnerie peut être une urgence vitale « On fait de notre mieux pour aider les appelants. Et donc, on n’a pas trop le temps de penser à nous, qu’on passe déjà à l’appel suivant ».

Le rire, une échappatoire face à l’urgence

« On s’entend très bien avec les collègues, on se taquine beaucoup, peu importe l’équipe, ça nous permet de tenir le cap » sourit Katty. Au milieu des sonneries stridentes et des voix tremblantes à l’autre bout du fil, dans la salle, par moment des éclats de rire fusent. Dans cet univers où l’urgence est reine, l’humour permet de décompresser. « Si on ne riait pas un peu entre nous, on deviendrait fous ». La taquinerie est omniprésente, légère et vitale pour un métier hors-norme. Parce qu’ici, plus qu’ailleurs, ils savent qu’un fou rire partagé vaut parfois toutes les thérapies du monde.

« Aujourd’hui, on est dans une équipe de vieux opérateurs … Hein Katty ! » lance Mickaël. Un E-Call [un système d’appel d’urgence automatique installé dans une voiture] vient interrompre cette gentille moquerie. L’appel n’émet aucun son. Le préposé 112 envoie une ambulance en repérage pour s’assurer que personne n’est en danger.  « On reçoit beaucoup d’appels de ce type, souvent se sont des personnes qui appuient sur ce bouton car elles ne savent pas à quoi il sert. Ce sont très rarement des accidents ».

Il est 18 heures, l’heure d’enclencher le 1733, pour la médecine de garde. Depuis sa mise en application en 2014, les appels d’urgence doivent également trier les appels de garde médicale ainsi que les appels d’interventions non urgentes, le 1722 (quand celui est activé par le centre de crise belge). « L’assignation de ces deux numéros non-urgents est d’une part très intéressante pour les appelants, mais l’est beaucoup moins pour nous les opérateurs. Ils ont été créés pour nous faciliter le tri des appels mais c’est quand même nous qui y répondons… » explique Sabrina.  Le 1733 fuse, dès l’ouverture de cette ligne téléphonique, les appels se comptent en vingtaine par heure. Entre deux appels non-urgents, des appels 112 sont reçus. Feu d’habitation. Accidents de la route. Pied cassé. Chaque appel arrive avec son lot de suspens.

19 heures 45, la relève arrive. Mickaël raccroche son dernier appel, enlève son casque, heureux d’être venu travaillé. La journée est finie. Le rendez-vous de la prochaine garde est donné, 19 heures 45, le lendemain pour la nuit. En dehors de la salle, la vie continue. Dedans, des voix continuent de sauver des vies, dans l’ombre, sans visage, sans merci. Juste des voix. Des voix qui sauvent.

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Sous le parasol d’Atoll

Wed, 16/04/2025 - 11:38
Le centre de jour Atoll, archipel de solidarité pour les personnes âgées

Photos: Elise Houben

À Etterbeek, Woluwe et Forest, les centres de jour Atoll accueillent des seniors autonomes souhaitant briser la solitude et partager des moments de convivialité.
Contrairement aux maisons de repos, ce lieu s’adresse à des personnes âgées qui vivent encore chez elles mais qui cherchent un espace pour créer du lien et rythmer leurs journées autrement. Le nom Atoll, inspiré des groupements d’îles, reflète cet esprit de solidarité : chaque senior conserve son indépendance, tout en s’intégrant à un ensemble.
Au centre de jour d’Etterbeek, une quinzaine de participants, âgés de plus de 60 ans, viennent participer à des activités variées, matin et après-midi. Une totale liberté leur est accordée quant à leur heure d’arrivée et de départ.
Ce projet photographique a pour but de montrer les liens de solidarité et les moments du quotidien qui se créent au sein du centre.  

Plusieurs fois par semaine Fredo se rend à Atoll : un centre de jour pour personnes de plus de 60 ans. Les participants sont libre d’arriver à l’heure qu’ils souhaitent entre 9h et 10h30. Chaque matin, chaque participant du centre de jour est accueilli avec un café ou un thé fraîchement préparé. Le menu du jour est également annoncé. Chacun occupe son temps différemment avant le début des activités. Fredo utilise l’ordinateur et la tablette du centre pour se connecter à Instagram et échanger avec des personnes de son entourage qui lui sont chères pendant que d’autres lisent le journal. L’objectif des activités prévues par le centre, au-delà du divertissement, est de stimuler la mémoire et de maintenir l’esprit actif. Chaque semaine, des enfants rendent visite au centre de jour. Ce mélange intergénérationnel offre aux seniors l’occasion d’échanger avec les accompagnateurs et de partager des moments de jeu avec les enfants. L’ambiance est chaleureuse durant les activités, et les blagues fusent au sein du groupe. Nicolas travaille à Atoll depuis plusieurs années déjà. Il s’occupe principalement de la préparation des repas et de l’organisation des activités. Dès que l’heure de la fin du repas approche, Edith accourt à la cuisine pour faire la vaisselle. Elle raconte qu’on a voulu installer un lave-vaisselle chez elle, mais qu’elle a catégoriquement refusé. Faire la vaisselle est un vrai passe-temps, un moment important pour elle. Emmanuel est arrivé en Belgique en 1974. Sa vie a été marquée par le travail et, aujourd’hui, il profite enfin de son repos. Il vient à Atoll deux fois par semaine, chante en italien, danse et respire la joie de vivre. Sur cette photo, on le voit désigner une image de lui à 20 ans. Suzanne est la doyenne d’Atoll. Elle y est depuis sa création en 2012. Elle est arrivée en même temps que Misty, le chat qui occupe les lieux depuis le premier jour. Souvent, les animateurs ou les participants se réfèrent à elle lorsqu’ils se remémorent un moment passé au centre. La présence des stagiaires apporte toujours de la bonne humeur au sein d’Atoll. Les participants les sollicitent souvent pour jouer à toutes sortes de jeux de société. Ici, Laura et Clara ont passé trois jours dans le cadre de leur stage de rhéto. Chacune des personnes âgées s’adapte différemment au centre de jour. Françoise ne parle pas beaucoup avec les autres et reste souvent dans son coin, mais elle participe activement à chaque activité. Ce jour-là elle était fixée sur ses feuilles d’anglais. Le thème du cours était « crime ». Au fil du temps passé à Atoll, des liens se créent. C’est le cas pour Jean-Louis et Suzanne, inséparables sur le canapé, toujours assis côte à côte. Atoll est devenu une part essentielle de leur quotidien, un lieu où ils ont fait des rencontres précieuses.

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L’art de censurer

Thu, 10/04/2025 - 15:24
La censure de la création artistique fait-elle son retour ?

Durant l’Histoire, la création artistique a souvent dû faire face à la censure. Au 20e siècle, le régime nazi forgea le terme d’art dégénéré pour interdire les formes d’expression liées à l’art moderne et les différentes avants-gardes, dans les domaines des arts plastiques, de la musique, de la littérature, de la danse, du théâtre ou du cinéma. Cela semble appartenir au passé, et pourtant, l’Histoire bégaie. Aujourd’hui, la censure réapparait, et particulièrement aux États-Unis depuis la réélection de Donald Trump. Est-ce que l’on risque de voir des œuvres bannies comme au temps du Troisième Reich ? N’y-t-il pas aussi un risque d’auto-censure ? Éléments de réponses dans notre podcast.

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La génération sans tabac est-elle en marche ?

Tue, 08/04/2025 - 15:38
Depuis le 1er avril, les produits du tabac ne peuvent plus être disposés de façon visible dans les commerces

Depuis le 1er avril, les produits du tabac ne peuvent plus être disposés de façon visible dans les commerces. Les librairies, les stations-service ou encore les supermarchés d’au moins 400 m² sont concernés.
Ces mesures s’inscrivent dans le plan du gouvernement fédéral « Génération sans tabac », visant à ce qu’aucun jeune né après 2019 ne devienne fumeur.
On t’explique.

@mammouth.media

Depuis le 1er avril, les produits du tabac ne peuvent plus être disposés de façon visible dans les commerces. Les librairies, les stations-service ou encore les supermarchés d'au moins 400 m² sont concernés. Ces mesures s'inscrivent dans le plan du gouvernement fédéral "Génération sans tabac", visant à ce qu'aucun jeune né après 2019 ne devienne fumeur. On t'explique. #tabac #Belgique

♬ son original – Mammouth Media

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Résistance(s): série de podcasts

Tue, 08/04/2025 - 15:16
Quand lire l’actu fait froid dans le dos, comment résister ? Dossier sonore.

“ L’heure d’une nouvelle résistance est venue. Celle d’avant-hier était contre l’occupant nazi, celle d’hier contre le retour de la vieille barbarie de haine et de mépris liée à la nouvelle barbarie du calcul aveugle à l’humanité et du profit déchaîné. La nouvelle résistance est d’abord la résistance de l’esprit aux mensonges, aux illusions, aux hystéries collectives sur lesquelles surfe l’extrême droite en France et en Europe.”

Edgar Morin

 

Il suffit d’ouvrir un journal ou une page web pour constater que tout semble s’effilocher. Les acquis sociaux en Belgique. Les droits des migrants en Europe. Les libertés fondamentales des femmes en Afghanistan. Les initiatives en faveur des personnes LGBTQIA+ aux Etats-Unis. Mais aussi les postes des chercheurs et leurs projets en cours. Ou même l’ensemble du pouvoir judiciaire, toujours aux USA. Ce ne sont que quelques exemples parmi beaucoup d’autres.

Il y a le réchauffement climatique. La montée de l’extrême droite, de la censure et des fake news. La fracture transatlantique qui se dessine, avec l’Europe appelée à se réarmer pour se défendre et soutenir l’Ukraine face à un possible axe Trump-Poutine. Et puis l’effroi qui s’abat sur Gaza…

Innombrables sont les thèmes qui méritent aujourd’hui de se mobiliser. Certains se soulèvent explicitement, à coup de manif, de désobéissance civile, de médiatisation, de « on se lève et on se casse » ou d’association. D’autres résistent de manière plus discrète, patiente, en essayant simplement de tenir bon dans leurs secteurs fragilisés (Justice, soin, santé, éducation, information, culture…) 

Où sont les résistances ? Comment s’organisent-elles ? Jusqu’où vont-elles  ? Avec quels défis et quels résultats ? En fin de compte, c’est quoi résister en 2025 ?  Ces questions, nous les avons adressées aux étudiantes et étudiants en journalisme de l’IHECS et leur avons proposé de construire collectivement un dossier sonore dédié. Ci-dessous, retrouvez l’ensemble des podcasts produits pour questionner les résistance(s).

La rédaction

Réseaux, manifs, syndicats : les jeunes s’engagent-ils pour leurs droits ? « No pasarán » : l’histoire d’un slogan intemporel Les radios libres, porte-voix des résistances Mamie et la mémoire de la résistance Squatter, c’est résister ? Quand les célébrités s’engagent

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Comment recaser les anciens employés d’Audi Bruxelles ?

Mon, 07/04/2025 - 16:43
Au « job day », les anciens travailleurs oscillent entre espoir et désillusion

Photo: Noé Roeland et Léa Pissart

Après la fermeture de l’usine Audi Brussels, l’heure est à la reconversion pour les anciens travailleurs. Des mesures sont mises en place pour aider ces nombreux demandeurs d’emplois, notamment le job day organisé à Anderlecht ce jeudi 3 avril.  Pourtant, tout le monde n’y retrouve pas son bonheur. 

Le monde afflue à la salle “The Egg” , près du centre d’Anderlecht, à deux pas de la gare du Midi. Pendant que certains font encore la file pour entrer, d’autres déambulent entre les stands, à la recherche de ce qui fera leur avenir. Une chose les rassemble : leur carrière passée chez Audi, brusquement interrompue par la fermeture de l’usine le 28 février 2025.

Aujourd’hui, Actiris, le VDAB et le Forem se sont concertés pour leur organiser un job day “sur mesure”. Parmi les invités, une septantaine d’entreprises qui cherchent à recruter des profils correspondant aux compétences des anciens travailleurs Audi. Selon Christina Amboldi, DG d’Actiris, les offres d’emploi disponibles sont suffisantes pour permettre aux anciens travailleurs de l’usine de Forest de rebondir : “Dès la fermeture de l’usine Audi, on a été rapidement interpellés par des fédérations d’employeurs. Elles nous ont signalé qu’elles étaient en recherche de profils comme les ex-employés d’Audi. D’où l’apparition de ce job day. Aujourd’hui, l’important, c’est de montrer aux travailleurs qu’il existe des opportunités et qu’ils ont les compétences requises. Mais surtout qu’ils ne doivent pas baisser les bras !”. 

Si le job day est ouvert à tous, la matinée est exclusivement réservée aux anciens travailleurs d’Audi, ce qui leur donne une place prioritaire chez les recruteurs présents aujourd’hui.  Durant cette journée, les demandeurs d’emplois pourront retrouver pas moins de 5.000 offres, selon Bieuc Janssens de Varebeke  manager chez Agoria Brussels. “2900 en flandre, 1200 en Wallonie et 1700 à Bruxelles. On s’est assuré que toutes les offres correspondent au profils des différents demandeurs”, explique-t-il. 

Nous venons de nous faire refuser une offre car nous ne parlions pas néerlandais. Je trouve que c’est de la discrimination.

– Marjorie, ancienne employée d’Audi Brussels

Les conditions semblent donc réunies pour assurer un avenir professionnel à toutes ces personnes qui se sont retrouvées sans emploi du jour au lendemain. Et pourtant, les réactions des participants sont mitigées, et le choc de la fermeture toujours présent dans les esprits.  Marjorie et Catherine ont respectivement travaillé 8 et 6 ans pour Audi Bruxelles. Elles témoignent : “Quand on rentre dans une multinationale, on se dit que notre avenir est tracé et que l’on va faire toute notre carrière ici.  Nous restons ambitieuses. On a trouvé deux ou trois stands intéressants. Mais lorsqu’on envoie un CV, on ne se fait pas toujours accepter”.  Catherine a 50 ans. Retrouver de l’emploi à cet âge, c’est compliqué.  De plus, certaines offres sont en néerlandais, une langue qu’elle ne maîtrise pas. “Nous venons de nous faire refuser une offre car nous ne parlions pas néerlandais. Je trouve que c’est de la discrimination. À l’usine, il y avait plusieurs langues, une sorte de multiculturalisme. Cela change beaucoup de choses pour nous. “

Marjorie n’est pas la seule à évoquer la question de l’âge. Marc (nom d’emprunt) a aussi perdu l’emploi avec lequel il se voyait achever sa carrière. A 50 ans lui aussi, il cherche avant tout de la stabilité dans son nouveau travail mais considère son âge comme un frein. A formation égale, il estime avoir moins de chance d’être engagé qu’un jeune travailleur de 25 ans. Pourtant, les recruteurs nous l’assurent, il n’y a aucune discrimination à l’embauche. Ils recherchent des profils diversifiés et les personnes plus âgées ont l’avantage d’avoir de l’expérience. Marc, pourtant, n’est pas convaincu. Un job lui a déjà été refusé car il était ”trop cher” à embaucher. 

Peu importe le nombre d’années passées au service d’Audi Bruxelles, l’expérience vécue et la fermeture brutale de l’usine a laissé chez les travailleurs une trace indélébile : la confiance dans le secteur automobile est définitivement rompue. Ils sont nombreux à considérer très prudemment les offres d’emploi disponibles dans le monde de l’industrie.

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Quand la police et les enfants tissent des liens à Bruxelles

Fri, 04/04/2025 - 13:21

Photos : Léa Pissart & Ibrahim M.D

Parfois victime d’une mauvaise réputation auprès des jeunes, la police organise des rencontres dans les écoles pour améliorer la communication. Ces exercices, appelés « Team School », sont un moment de partage et d’immersion pour les jeunes. Reportage et podcast.

Un vent froid couplé à des soudaines et brèves averses règne sur le Parc de Saint-Josse. Malgré le temps rude, l’atmosphère est gaie. Des rires, cris et applaudissements des enfants résonnent. Ils sont bien encadrés par leurs enseignants. Ce sont les élèves de 6 écoles différentes qui sont rassemblés aujourd’hui pour faire connaissance avec la police. Des policiers de la brigade canine de la zone de police Bruxelles Nord sont venus leur faire une impressionnante démonstration.

L’événement s’inscrit dans le cadre du projet « Team School », le nouveau nom sous lequel sont rassemblées toutes les activités initiées depuis 24 ans par la police Bruxelles Nord dans le but de renforcer les relations de la police avec les écoles de la zone. « C’est un projet qui vise à établir la confiance entre les jeunes et la police. Vous conviendrez avec moi que la police est perçue négativement à travers les médias. C’est pourquoi elle essaye d’améliorer son image et redorer le blason de sa fonction. On sent un engouement des jeunes pour travailler comme policiers« , explique le Commissaire AdilAkhandaf, directeur des Opérations du Commissariat 4 de Saint-Josse-ten-Noode. « Cela fait depuis 25 ans que nous les faisons pour établir la confiance entre les jeunes et la police. Il ne s’agit pas uniquement d’améliorer la confiance avec les jeunes, mais aussi d’établir un contact avec la direction de l’école. Si jamais il y a des soucis, ils auront un lien direct », précise le commissaire.

« En prison! En prison! »

Dans la joie et l’allégresse, les élèves, leurs enseignants, et même des parents venus pour la circonstance assistent à des démonstrations. Celle de dressage de chiens policiers émerveillent les enfants. « Vous voyez, ils obéissent aux ordres des policiers. Ils comprennent les différentes langues« , remarque la petite Marie.

Ensuite, les enfants ont droit aux réactions de la police face aux fauteurs de troubles à l’ordre public. Un des policiers se déguise en citoyen fort peu exemplaire. Il attaque les passants. Il vole. Il casse tout. Et à chacune de ses mauvais comportements, des éléments de la police arrivent à le maîtriser. En chœur, les élèves crient « En prison ! En prison ! » et scandent « La Police ! La Police !« .

Plusieurs autres démonstrations s’enchaînent pour le plaisir des enfants. « Je comprends maintenant le beau travail de la police. J’ai hâte d’intégrer la police pour arrêter les voleurs« , dit l’un d’eux. « C’était chouette ! Franchement, j’ai beaucoup aimé ! J’ai été surpris quand il a sorti le pistolet et tiré mais c’est bien !« , s’exclame un autre. Chacun reçoit d’un policier une carte sur laquelle le sont inscrits son nom, son numéro et l’adresse de son service. Les élèves sont fiers d’avoir un ami policier. « Nous on connaît Agin, on connaît Suleymane, et une autre madame nommée Dikassa, ils sont tous des policiers, ce sont nos héros« , s’exclament les enfants.

Les exercices semblent porter leurs fruits. « Il y a déjà des zones de police qui prennent contact avec nous pour reproduire le même travail parce qu’il y a beaucoup d’avantages« , affirme avec fierté le commissaire Akhandaf. Du côté des écoles aussi, les exercices sont appréciés. « Si jamais il y a des soucis à l’école, la direction a les coordonnées de la police et prend plus rapidement attache avec elle« , remarque une enseignante.

Avec les 163 écoles et 93 crèches réparties entre Schaerbeek, Evere et Saint-Josse, les trois communes couvertes par la police Bruxelles Nord, les 90 policiers au service du projet « Team School  » ont encore du pain sur la planche. Il leur manque du personnel car la tâche est immense.

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Percer les mystères de la Dark Zone du Groenland

Fri, 04/04/2025 - 13:12
Une expédition pionnière belge fait collaborer scientifiques et aventuriers de l’extrême

Photos: IMAQA_Expeditions

IMAQA est une jeune organisation belge qui réalise des expéditions scientifiques dans des environnements extrêmes, notamment les régions polaires. Son équipe présentait début avril son nouveau documentaire “Expédition pionnière en Dark Zone”, qui montre les recherches scientifiques, menées en collaboration avec des institutions académiques dans des conditions extrême au Groenland.

En 2022, l’expédition Nanok a permis à deux aventuriers belges de traverser le Groenland en ski, kayak et escalade, sans assistance. Au-delà de l’exploit sportif, l’aventure avait un objectif scientifique et a permis de collecter des données pour la recherche climatique.  L’été dernier, après 6 mois de préparation, les aventuriers sont repartis pour une expédition scientifique à travers la Dark Zone du Groenland. Située dans le sud-ouest du territoire groenlandais, à des altitudes qui varient entre 400 et 1700 mètres, cette zone de glacier sombre est particulièrement intéressante pour les scientifiques. La poussière, les algues et la pollution y rendent en effet la fonte des glaces plus rapide. 

Comprendre le changement climatique en région polaire

Trois explorateurs sont à la base de ce projet. Gilles, Kyril et Alexandre, sont respectivement physicien, chimiste/entrepreneur et ingénieur spécialiste des médias. En partant à l’aventure dans une région extrême, ils veulent faire avancer la science et la recherche. Pour l’anecdote, le nom d’IMAQA est né lors de l’expédition Nanok. C’est le nom d’une voie d’escalade du Groenland qui signifie « Si la nature le veut », ce qui reflète bien la manière de penser de l’équipe.

L’objectif d’IMAQA est de prélever des échantillons d’eau provenant de terminus glaciaires, marins et terrestres pour les recherches de l’Université Catholique de Louvain (UCL), et l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Grâce à ces prélèvements, il est possible d’étudier l’impact sur les écosystèmes et sur la biodiversité. Un des objectifs est d’étudier la poussière présente dans la Dark Zone. Celle-ci provoque un changement de couleur des glaciers qui passent donc de blanc à noir. Une fois recouverte de cette poussière ou de particules sombres, la neige absorbe plus de chaleur, accélérant ainsi la fonte des glaces. Comprendre ce phénomène permet aux scientifiques d’obtenir des informations sur les changements de niveau d’eau et de mieux comprendre le changement climatique en région polaire. 

L’équipe, forte de sa connaissance des milieux hostiles, agit comme un guide dans ces régions qui ne sont pas connues, explique Frank Pattyn, professeur en géosciences à l’ULB. Un des points très importants dans ces expéditions est qu’il y a une préparation au terrain extrême à l’avance, ce qui permet de désamorcer les situations au préalable. La préparation permet de repousser les limites du matériel à l’extrême et de créer une symbiose entre le côté aventurier et le côté scientifique. 

Un modèle de financement diversifié

Au niveau du financement, IMAQA s’appuie sur quatre piliers : sponsoring, mécénat, subsides et paiements des scientifiques. Le partenaire principal est Sysenqo, un centre de recherche et d’innovation basé à Bruxelles. Le projet perçoit aussi des subsides de la Région bruxelloise pour donner des ateliers dans les écoles. Pauline Querella du pôle pédagogique, explique qu’il y a trois objectifs principaux à ces ateliers : susciter l’intérêt au STEM (un américanisme désignant quatre disciplines : science, technologie, ingénierie et mathématiques), sensibiliser à la beauté et la fragilité de la nature et enfin motiver les jeunes de croire en leurs rêves. En 2024-2025, 50 ateliers ont été menés avec un total de 1.500 élèves concernés. Selon le type d’enseignement, le contenu des ateliers varie : en maternelle, ils portent sur l’éveil scientifique, tandis qu’au niveau secondaire, ils abordent les effets du changement climatique avec une approche plus scientifique. De quoi susciter les vocations des scientifiques et des aventuriers de demain. 

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