Mammouth
Les facilités linguistiques de Bertrand Waucquez
Pierre Maeyens pour Mammouth Média
Il parle couramment six langues, dont le japonais, mais surtout le français et le néerlandais. Très utile quand on est bourgmestre d’une commune à facilités. Bertrand Waucquez a réussi à apaiser les tensions communautaires dans sa commune. Au prix d’un culte de la personnalité, comme le pense l’une des échevines ? Portrait de l’homme fort de Kraainem.
65 bougies décoraient son gâteau d’anniversaire le trois octobre dernier. Un âge à partir duquel beaucoup songeraient sérieusement à la retraite, mais pas lui. Marié et sans enfant, Bertrand Waucquez préfère investir toute son énergie dans sa commune : Kraainem. Il proclame être à la tête d’une famille d’un peu plus de 14 000 personnes. Membre fondateur du mouvement citoyen baptisé Kraainem-Unie, ce polyglotte en est à son second mandat à la tête de la commune à facilités située en périphérie bruxelloise. Son parcours n’a cependant rien de linéaire.
Bertrand Waucquez a grandi à Woluwe-Saint-Pierre, aux côtés de son frère et de sa sœur. Sa mère était très active dans des associations pour paralysés cérébraux, son père travaillait dans les ressources humaines. Diplômé comme ingénieur civil à l’Université Catholique de Louvain, il finira ses études et commencera sa carrière à Tokyo. Entre Louvain-la-Neuve et le Japon, il fera un crochet par Zeebrugge pour effectuer son service militaire.
De retour au plat pays, le futur bourgmestre travaillera durant une quinzaine d’années dans une entreprise portuaire anversoise, puis, se transformera en consultant indépendant dans le secteur énergétique pendant dix années.
De B-Plus au Parti Populaire aux côtés de Rudy Aernoudt« Je considère que les langues et les cultures sont des enrichissements et non des obstacles. On a cette richesse de pouvoir combiner deux cultures, deux héritages et de régler les tensions pacifiquement ». C’est l’une des raisons qui rend fier Bertrand Waucquez de la Belgique, lui qui maîtrise parfaitement plusieurs langues (français, néerlandais, anglais, allemand, japonais, espagnol). Il comprend les conversations en chinois et apprend l’ukrainien depuis le début de la guerre.
Le Crainhemois a toujours défendu la Belgique, au point de devenir, aux alentours de 2007 – 2008, Président du comité exécutif de B-Plus, une ASBL qui se bat contre la scission du pays. Aujourd’hui, il en est encore administrateur. Bertrand Waucquez y rencontrera une personne pour qui il a rapidement développé « une grande admiration » : Rudy Aernoudt, actuel chef de cabinet du Président du Mouvement Réformateur. Économiste, essayiste et haut fonctionnaire, Rudy Aernoudt est connu pour son positionnement en faveur d’un fédéralisme belge fort. Ancien précepteur du Prince Laurent, il a ensuite occupé plusieurs fonctions au sein de l’administration flamande, dont celle de secrétaire général du département de l’Économie, avant d’être licencié en 2007 pour avoir dénoncé publiquement des dérives politiques.
En juin 2010, la Belgique est marquée par une élection fédérale anticipée. Deux mois auparavant, le gouvernement Leterme II explosait en miettes sur base du conflit communautaire autour de l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde. À ce moment où resurgissent tensions entre Néerlandophones et Francophones – tout ce dont a horreur Bertrand Waucquez – Rudy Aernoudt vient le chercher pour une place sur la liste électorale du parti qu’il a cofondé avec un certain Mischaël Modrikamen : le Parti populaire (PP). Fait rare – et déterminant dans l’acceptation du futur bourgmestre de Kraainem – la liste ne se limite pas à une province, ni même à une région, mais elle s’étend en Wallonie, en Flandre et à Bruxelles.
« Ça a été ma première expérience politique », confie Bertrand Waucquez. « Je n’avais jamais pensé à m’engager en politique, et c’est par ce biais que j’ai commencé à m’y intéresser. Le PP, au départ, c’était un projet bilingue et fédéral. C’est ça qui m’intéressait. Comme partout, dans le programme, il y avait des choses qui me plaisaient et auxquelles j’adhérais à 100%, et puis, des choses qui me plaisaient moins ».
Peu après les élections, où le PP n’obtient qu’un seul siège, Rudy Aernoudt finit par quitter la formation. Ce départ entraîne, à terme, une autre démission : celle de Bertrand Waucquez. Polyglotte, convaincu que la plus grande richesse du pays réside dans la coexistence de ses deux cultures, il constate que le parti qu’il avait rejoint s’éloigne de cette vision. Là où il défendait un projet fédéral et bilingue, le PP glisse peu à peu vers une ligne confédérale et résolument francophone. Bertrand Waucquez finit alors par s’en aller.
Le PP sera qualifié par le Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP) de parti d’extrême droite en 2016. En 2019, le parti disparaît. « Je ne l’ai pas vue venir [NDLR : la qualification d’extrême droite par le CRISP], parce que quand j’y étais, ce n’était pas le cas. Je ne pouvais pas prédire en 2010 ce que le PP allait devenir en 2016 », clame aujourd’hui Bertrand Waucquez.
Kraainem-Unie : de Facebook à l’écharpe mayorale2012 est une année phare dans la vie de Bertrand Waucquez. Avec quatre personnes, il fonde un mouvement citoyen à Kraainem, nommé Kraainem-Unie, qui se base principalement sur le bilinguisme. Lors des élections communales du 14 octobre de la même année, il est élu pour la première fois de sa vie en tant que conseiller communal.
Les origines du mouvement remontent à un groupe Facebook, qui dénonçait le fait que la politique locale était davantage consacrée aux questions linguistiques qu’à la bonne gestion de la commune. Pour Bertrand Waucquez, si les aspects linguistiques demeurent importants, ils ne doivent pas être le centre de toutes les discussions politiques. « Le déclic, ça a été de se dire qu’il y avait d’autres choses que la langue des convocations électorales – car on ne parlait que de ça. C’est incohérent […], il y a tellement de choses importantes pour la vie d’une commune que les problèmes administratifs ».
Le conseiller communal mettra alors son propre bureau, annexé à son domicile, à disposition du mouvement, précise Vinciane Cardinael (Kraainem-Unie), troisième échevine en charge des Finances, de la Mobilité, de l’Enseignement néerlandophone et du Patrimoines et des Sépultures. « Entre nous, on appelle ça le QG. On y fait toutes nos réunions en présentiel. Il l’a vraiment aménagé pour le mouvement ».
En 2018, c’est le Graal. Kraainem-Unie progresse toujours et arrive en deuxième position, derrière la liste MR-Défi-Indépendants. Mais les tractations politiques permettent à Bertrand Waucquez de ceindre l’écharpe mayorale pour la première fois.
Cependant, au collège communal, le nouveau bourgmestre est contraint de cohabiter avec trois membres de la liste MR-Défi-Indépendants, reléguée dans l’opposition. Cela peut sembler surprenant, mais il s’agit d’une particularité propre aux communes à facilités : les échevins sont élus au suffrage direct. « Ce n’est pas un problème », commente d’emblée le bourgmestre. « S’il n’y a pas de consensus au Collège, on passe par le Conseil communal où nous avons la majorité. L’entente au Collège est cordiale et professionnelle. Nous ne sommes pas toujours d’accord, mais globalement, il n’y a pas de souci ». La première échevine, Elisabeth de Foestraets, (MR-Défi-Indépendants), responsable de l’urbanisme, de l’Enseignement francophone, des Cultes, de la petite enfance et de l’accueil extra-scolaire, confirme.
Néanmoins, à l’écouter, Kraainem-Unie et Bertrand Waucquez ont « l’art de récupérer les dossiers comme s’ils étaient les seuls acteurs décisionnels à Kraainem. Ils présentent les choses comme s’ils avaient décidé seuls. C’est un manque de correction, je trouve. Sans nous, au collège, ils ne pourraient pas décider. »
2024 : second mandat et le culte de la personnalitéEn octobre 2024, Kraainem-Unie frôle avec la moitié des voix obtenues (48.8%). La réalité mathématique fera que sur les 23 sièges du Conseil communal, le mouvement en récoltera douze, lui octroyant la majorité absolue. « Ce n’est certainement pas une fierté personnelle. Il n’y avait pas beaucoup d’autres candidats au poste de bourgmestre, donc, je le suis resté ».
Elisabeth de Foestraets, elle aussi candidate au poste de bourgmestre en octobre 2024, a du mal à cacher son exaspération quant à cette dernière phrase. Lors de la campagne, Bertrand Waucquez n’aura pas chômé. « J’étais étonnée de voir beaucoup de drapeaux aux motifs de Kraainem-Unie aux fenêtres. Quand j’interrogeais les gens à ce sujet, ils répondaient que Bertrand Waucquez leur avait rendu un service. À ce moment, je me suis dit : ‘non, ça ne va pas. Ça ne m’intéresse pas de faire de la politique de cette manière’ ».
Elle en profite pour pointer ce qui, selon elle, est le plus grand défaut du bourgmestre : le culte de sa personnalité. Lorsqu’il doit défendre la position du Collège face à une instance externe, comme la députation permanente, il devrait, proclame-t-elle, parler au nom du Collège et non pas au nom de Kraainem-Unie. « Quand il me dit, ‘wij denken’, je lui dis : ‘wij, c’est qui ? Kraainem-Unie ou le Collège’ ? ». L’échevine donne un autre exemple : la veste fluorescente du Bourgmestre où est écrit : « Bertrand Waucquez BGM (NDLR : BGM pour bourgmestre) ». « Je n’ai jamais vu ça dans une autre commune. D’autres bourgmestres n’avaient pas un culte de la personnalité comme celui-ci, à se promener partout avec sa veste fluo ».
Malgré les nombreux défauts qu’elle lui dénombre, Elisabeth de Foestraets s’accorde avec Vinciane Cardinael : Bertrand Waucquez est disponible pour les citoyens, que ce soit au sujet d’un chien qui aboie trop fort ou parce qu’un célèbre opérateur d’Internet souffre d’une panne soudaine. « Il n’a pas de secrétaire. Je pense que c’est un choix : il ne veut pas quelqu’un qui fasse barrière entre les citoyens et lui, même si parfois, il se plaint de la charge de travail qui en découle », poursuit Vinciane Cardinael.
« Ma vie politique, elle est passionnante. », explique Bertrand Waucquez. Passionnante, parce qu’elle lui donne, dit-il, « avec beaucoup d’humilité et de modestie, on a l’impression de pouvoir faire quelque chose pour le bien commun ».
Pas certain qu’Elisabeth de Foestraets sera d’accord avec la première partie de cette affirmation.
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La Bolivie en colère
Un nouveau président contesté, des manifestations, des soupçons de fraude… La Bolivie s’enfonce à nouveau dans la tourmente politique.
Le 20 octobre 2025, Rodrigo Paz met fin à vingt ans de domination du parti d’Evo Morales, le MAS. Mais loin d’apporter la stabilité, son élection rouvre les fractures d’un pays épuisé par la crise économique, la corruption et la perte de confiance envers la classe politique.
Pour décrypter cette situation, nous avons interrogé Xavier Dupret, économiste au sein de l’Association Culturelle Joseph Jacquemotte et Sebastian Urioste, maître de conférences à La Rochelle Université et membre de l’Institut des Amériques, de l’équipe de recherche PoliCEMIES et de l’Observatoire Politique de l’Amérique latine et de la Caraïbe.
Un podcast réalisé par Maxime Copienne et Charlotte Simon.
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Les 24h-vélo, autrement !
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Camille et Alex se sont rendus au 24h vélo de Louvain-la-Neuve avec un seul objectif : vous montrer ce que vous ne savez pas encore du plus grand événement estudiantin de Belgique. Du village des enfants au dispositif de sécurité, en passant par le plan Sacha, les 24h vélo de Louvain-la-Neuve sont bien plus qu’une simple course vélo.
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Rap et homophobie, c’est fini ?
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Pendant des décennies, l’homophobie a été normalisée dans certains textes de rap, et parfois associée à l’expression d’une masculinité virile. Aujourd’hui, la nouvelle génération rompt avec ces codes. Entre coming-out publics d’artistes et condamnation des propos homophobes, les mentalités évoluent. On retrace ensemble ce tournant majeur emprunté par le rap.
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Dons de sang : sensibiliser les jeunes
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Depuis le Covid, la Croix-Rouge constate une diminution du nombre de donneurs de sang. Celle-ci concerne particulièrement les personnes de 18 à 35 ans. Cette tranche d’âge est cruciale pour la Croix-Rouge parce qu’elle comprend les potentiels donneurs et donneuses fidèles de demain. Une série de campagnes tentent de sensibiliser la jeunesse à donner son sang.
Reportage réalisé par Rodrigue Sekone, Lisa De Groote et Tom Stiernet
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Brutalisme constitutionnel
Le brutalisme constitutionnel est un concept utilisé pour désigner un gouvernement qui se sert de la Constitution pour imposer sa volonté coûte que coûte. Introduit par les politologues d’Harvard Daniel Ziblatt et Steven Levitsky, ce phénomène a été repris par Clément Viktorovitch pour analyser la politique de Macron. Entre recours répété au 49.3 et nominations des Premiers ministres, on vous explique pourquoi le brutalisme constitutionnel menace nos démocraties.
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De Katmandou à Rabat : les révoltes de la GenZ
Photo : AUTEUR (Unsplash)
Ces derniers mois ont été marqués par une vague de soulèvements des jeunes qui entendent faire changer les choses au Népal, au Maroc ou encore à Madagascar. Quels sont les points communs et les différences entre ces mouvements ?
Chacun de ces mouvements a été initié par la Gen Z, soit des jeunes nés entre la fin des années 1990 et le début des années 2010. Tous sont l’expression d’une colère sociale face à l’action politique d’un gouvernement. Mais les éléments déclencheurs ne sont pas forcément les mêmes en fonction des pays où se déroulent les émeutes.
Trois pays, trois sources de révolte
Au Maroc, la mobilisation fait suite à la mort de huit femmes en une semaine dans un hôpital d’Agadir. Mais ces événements n’ont été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Un mouvement de colère grondait depuis plus longtemps face au gouvernement jugé corrompu, clientéliste et népotiste. La GenZ s’est levée face aux inégalités sociales et territoriales qu’elle subit, comme le manque d’investissements dans les infrastructures publiques ou le manque d’opportunités. Ainsi, les manifestants marocains se plaignent notamment de la qualité médiocre des hôpitaux et écoles publiques alors que le gouvernement concentre ses investissements dans la construction de nouveaux stades de foot pour la Coupe du Monde 2030.
À Madagascar, la jeunesse a d’abord protesté contre l’effondrement des services de base suite aux coupures d’électricité récurrentes, aux pénuries d’eau et à la pauvreté extrême pour continuer ensuite face à la perception d’un pouvoir corrompu. Comme le souligne Jean-Michel Wachsberger, expert en sociologie urbaine et politique malgache : “ Madagascar est un des pays les plus pauvres au monde, ce pays a une trajectoire économique très particulière puisque depuis l’indépendance, le PIB ne cesse de baisser. Ce qui a déclenché les mobilisations, c’est en fait les coupures d’électricité qui sont récurrentes et qui durent 10 à 12 heures par jour. ”
Au Népal, c’est le train de vie démesuré des élites qui a fait jaser un des peuples les plus pauvres au monde. Les enfants des élites vantaient leur vie de luxe sur les réseaux sociaux, les esprits des jeunes défavorisés ont commencé à chauffer et le gouvernement a tenté de restreindre drastiquement l’accès du peuple aux réseaux sociaux, en vain. Cette tentative de restriction a débouché sur des émeutes durant lesquelles des bâtiments gouvernementaux ont été brûlés. Les confrontations entre des manifestants et les forces de l’ordre qui ont fait plusieurs morts.
Les réseaux sociaux comme outil de contre-pouvoir
L’usage central du numérique constitue un point commun majeur entre ces mouvements : au Maroc comme à Madagascar, les plateformes comme Discord, Tiktok, Instagram et Facebook ont permis aux jeunes de faire passer des messages forts, de créer une communauté et de préparer leur descente dans les rues. Par ailleurs, ces plateformes constituent de canaux majeurs de diffusion, permettant de relayer non seulement les mobilisations et les répressions, mais aussi les messages et revendications que les jeunes souhaitent faire passer.
Les jeunes Malgaches et Marocains ont été encouragés par la vague népalaise pour lancer leur propre révolution. “Je pense que l’inspiration du Népal a été très forte. Ils sont très connectés, beaucoup plus que leurs aînés. Ils ont repris les mêmes slogans, les mêmes façons de faire, les mêmes modes d’organisation. Les réseaux sociaux ont permis une forme de mobilisation qui n’était pas possible auparavant ”, confirme Jean-Michel Wachsberger. Si les éléments déclencheurs sont différents, ce n’est pas un hasard que les 15 – 35 ans de ces pays, pourtant éloignés, se soient rebellés les uns après les autres contre les inégalités auxquelles ils font face. Ces émeutes sont la preuve qu’à notre époque, les réseaux sociaux ont aussi le pouvoir d’agir à grande échelle et de renverser des politiques en très peu de temps.
Un même symbole et des slogans pour fédérer la colère
Les problèmes varient d’un pays à l’autre, mais partout les jeunes brandissent le même drapeau pirate de One Piece, un animé qui met en scène la bande du Chapeau de Paille défiant les dirigeants corrompus. Ce symbole est devenu leur étendard commun. Sur les réseaux comme dans les rues, il incarne la solidarité, la révolte et la détermination : un message clair pour les puissants et un signal pour tous ceux qui veulent se joindre au mouvement.
Comme l’explique Suzan Gibril, experte du Monde arabe et Moyen Orient et des régimes autoritaires : “ Ce sont des mouvements qui apprennent les uns des autres, et qui essayent d’implémenter ce qui a bien fonctionné ailleurs. C’est toute une symbolique. Ils se rassemblent autour d’un slogan qui est fort, d’une figure politique.”
Des slogans forts sont également devenus symboles d’une révolte mondiale. Au Maroc, les jeunes ont dénoncé la corruption et les inégalités avec des cris comme « Nous voulons des hôpitaux, pas des stades » ou encore « Liberté, dignité et justice sociale ». Au Népal, la contestation a pris une dimension numérique, avec des mots d’ordre tels que « No More Nepo Babies » ou « Stop corruption, not social media », exprimant le refus du népotisme et de la censure. À Madagascar, le slogan « We want to live, not survive » a résumé le désespoir d’une jeunesse en quête de meilleures conditions de vie. Tous ces slogans traduisent une même volonté de rupture, mais chacun porte la marque des luttes et des urgences propres à son contexte national.
Des soulèvements lourds de conséquences
En ce 23 octobre 2025, la situation au Népal a déclenché une grave crise politique, marquée par un lourd bilan humain de 74 morts et près de 2 113 blessés. L’armée, qui dirigeait temporairement le pays, a demandé aux manifestants de choisir une représentante ; ils ont alors nommé Sushila Karki à la tête du gouvernement de transition.
Au Maroc, les manifestations persistent par vagues, des centaines d’arrestations ont été rapportées et les appels à des rassemblements continuent malgré la répression policière. Suite aux mobilisations, le gouvernement a adopté un projet de loi de finances 2026, allouant 140 milliards de dirhams (environ 13 milliards de dollars) à la santé et à l’éducation, soit une augmentation de 23 % par rapport à l’année dernière. 27 000 nouveaux emplois dans le secteur public vont également être créés, une réforme nécessaire puisque, comme l’explique Suzan Gibril : “cette jeunesse est très bien éduquée, mais elle est forcée de rester vivre chez ses parents car elle fait face à un manque criant d’opportunités”. Enfin, le gouvernement prévoit aussi des réformes électorales visant à réduire les obstacles pour les jeunes candidats et à renforcer la représentation des femmes.
À Madagascar, la crise a pris un tournant décisif avec l’effacement progressif du président, fragilisé par une popularité en chute libre et une opposition parlementaire de plus en plus virulente. Dans ce climat d’incertitude, l’armée a saisi l’occasion pour imposer son autorité, entraînant la destitution d’Andry Rajoelina et son exil en France. Cette destitution ouvre une période d’incertitude, mais aussi de possibles renouveaux politiques.
Une jeunesse qui fait bouger les choses
Les soulèvements de la génération Z au Népal, à Madagascar et au Maroc montrent que cette jeunesse peut provoquer des changements politiques et sociaux concrets. Au Népal, le mouvement a conduit à la chute du gouvernement, à Madagascar il a forcé le limogeage du cabinet, et au Maroc il a entraîné des réformes importantes dans la santé et l’éducation.
Comme le souligne Suzan Gibril, ces mouvements représentent une « graine qui va devoir germer ». Néanmoins, leur ampleur et leur rapidité illustrent que la GenZ peut remettre en question des structures de pouvoirs établies, influencer l’agenda politique et attirer l’attention sur des injustices longtemps ignorées. Ces trois exemples démontrent l’impact considérable qu’une jeunesse mobilisée et connectée peut avoir sur la scène politique et sociale mondiale.
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La rue face à l’Arizona
Entre 80.000 et 140.000 personnes ont manifesté, le 14 octobre dernier, contre les mesures budgétaires adoptées par le gouvernement Arizona. Les journalistes de Mammouth ont suivi dans la rue quelques-unes d’entre elles.
L’union fait la grèvepar Zarvan Joudaki, Jules Schrooyen, Ema Sojeva et Anaïs Vanrossem
La colère des sages-femmespar Marie Henrotte, Jade Regau, Zoé Daix et Margaux Trintignac
Réforme des retraites : une indignation intergénérationnellepar Paul Dorthu, Christelle Ige Lasha, Yacine Dramé et Pauline Neuray.
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Chroniques d’un cordon sanitaire qui se desserre
Exception belge francophone, le cordon sanitaire a permis de contenir la montée de l’extrême-droite. Pourtant, il est aujourd’hui sous pression. Lors d’une semaine d’atelier dédié au traitement journalistique de l’extrême-droite, la rédaction de Mammouth s’est penchée sur différentes facettes d’une réalité politique mouvante.
Au 18e siècle, le cordon sanitaire désignait une ligne de contrôle mise en place pour empêcher la propagation d’une maladie contagieuse, comme la peste ou le choléra. Il pouvait s’agir de troupes ou de barrières physiques disposées autour d’une zone contaminée afin d’éviter que le mal ne se répande. L’expression est désormais surtout connue pour évoquer une stratégie d’isolement d’un parti ou d’un courant jugé “toxique” pour la démocratie. En Belgique, le cordon sanitaire est à la fois politique (pas d’accord de coalition avec des partis d’extrême-droite) et médiatique (dispositions pour éviter la prise de parole en direct). Aujourd’hui, cependant, alors que l’extrême-droite progresse, les rangs semblent moins serrés pour contenir la diffusion de ses idées.
Dans une interview au Soir, début octobre, le président du PS, Paul Magnette, faisait le constat que le cordon sanitaire était « vidé de son sens« . En ligne de mire, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, qui n’hésite pas à relayer fréquemment sur les réseaux sociaux des prises de position de membres de l’extrême-droite. L’intéressé n’avait pas encore répondu publiquement et nous l’avons sollicité. Il lance une attaque en règle contre le cordon sanitaire médiatique, en estimant que « nous empêcher de débattre contre le Vlaams Belang est un non-sens« . Voyez le reportage de Juliette Castiaux et Gloria Kamba.
Du côté néerlandophone, si le cordon sanitaire politique est sous pression, son volet médiatique n’existe tout simplement pas. Les représentants du Vlaams Belang sont donc invités à débattre sur les plateaux de télévision, comme ceux des autres partis. Comment les jeunes journalistes flamands apprennent-ils à couvrir l’extrême-droite ? Y a-t-il une précaution particulière face à des partis dangereux pour la démocratie ? Pierre Maeyens et Anne Mettlen ont traversé la frontière linguistique pour le savoir.
Les idées d’extrême-droite se répandent aussi en dehors de la scène politique au sens strict. Elles peuvent également progresser à travers des influences moins connues, comme la « guérilla juridique » qu’entend mener, depuis la Belgique, le milliardaire français Pierre-Edouard Stérin. Alexis Vercruysse l’explique dans cette vidéo.
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Les idées d’extrême-droite peuvent aussi se manifester de façon plus discrète, à travers des signaux compris par les seuls intéressés, les fameux « dog whistle », notamment dans le domaine de la mode. Marie Van Hertsen le montre dans son article sur ces marques qui sont plébiscitées par l’extrême-droite pour les messages codés qu’elles sont censées contenir.
Quand la haine se porte comme un vêtementLe racisme décomplexé se donne à voir tous les jours sur les réseaux sociaux. Les groupes « nostalgiques » sur Facebook, notamment, sont emplis de commentaires visant des catégories de population. Marie Beeckmans a voulu savoir si, au café du coin, la parole s’était aussi libérée. Spoiler: oui. En promenant son micro ouvert dans des cafés pour évoquer le Bruxelles d’antan, il n’a pas fallu longtemps pour entendre des commentaires racistes, voire des injures. Après mûre réflexion, nous avons décidé de ne pas diffuser son reportage afin de ne pas donner de visibilité
Si l’extrême-droite fait l’objet d’un traitement médiatique part, ce n’est pas uniquement à cause du racisme et de la haine qu’elle véhicule. C’est aussi, voire surtout, en raison du risque qu’elle présente pour la démocratie, comme l’a montré l’histoire du XXe siècle. Pour cette raison, il est nécessaire de cultiver la mémoire des graves troubles politiques qui ont mené à à la prise du pouvoir des nazis, à la deuxième guerre mondiale à et l’Holocauste. C’est ce qu’on fait Émilie Mailleux et Loïc Bonte, en retraçant, dans un podcast, le parcours de Léon Degrelle et en proposant quelques points de comparaison avec la période actuelle.
Léon Degrelle : un Wallon au service du FührerTous ces contenus sont issus d’une semaine d’atelier de journalisme politique, sous la conduite d’Eric Walravens.
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Léon Degrelle : un Wallon au service du Führer
1939, la seconde guerre mondiale éclate. Léon Degrelle, alors figure dirigeante du rexisme, se rapproche rapidement d’Adolf Hitler. Il en vient même à se considérer comme son fils spirituel. Que reste-t-il du mouvement rexiste à l’heure actuelle ? Dans ce podcast, nous retraçons le parcours de celui qui était surnommé le Volksführer de Wallonie, et dont le rhétorique semble faire son retour dans les débats politiques d’aujourd’hui.
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Quand la haine se porte comme un vêtement
Objet du quotidien, le vêtement dépasse parfois sa simple fonction esthétique pour devenir un signe identitaire et d’afficher une appartenance à une idéologie extrémiste. Les marque Fred Perry, Helly Hansen ou encore Lonsdale, plébiscitées par des courants d’extrême-droite, en sont l’illustration.
En apparence, ce n’est qu’un t-shirt noir décoré de symboles runiques et d’un nom tiré de la mythologie nordique. Mais pour derrière ses coupes sportives, la marque allemande Thor Steinar est devenue l’uniforme officieux de plusieurs groupuscules néonazis qui y lisent un message identitaire caché. C’est ce qu’on appelle le dog wishtle – sifflet à chien : un message, discret intégré dans un discours ou, dans ce cas, un vêtement, compris seulement par ceux qui connaissent le code. Ainsi, derrière une apparence neutre, le vêtement peut transmettre un message idéologique silencieux.
Des logos devenus symboles
Crée dans les 1960, la marque britannique Fred Perry symbolise pour certains l’élégance sportive. Mais dans les années 2010, sa célèbre polo noir à liserés jaunes, reconnaissable à sa couronne de laurier brodé, a été adopté par les Proud Boys, un groupuscule d’extrêmes droite américain qui prône la suprématie occidentale. Face à cette récupération, la marque a décidé de suspendre ce modèle en Amérique du Nord. « Fred était le fils d’un député socialiste de la classe ouvrière, devenu champion du monde de tennis à une époque où ce sport était réservé à l’élite. Non, nous ne soutenons en aucun cas ce groupe ou ses idéaux. Cela va à l’encontre de nos croyances et des personnes avec lesquelles nous travaillons« , John Flynn, président de Fred Perry, en 2017.
Clément Méric, militant antifasciste de 18 ans, perd la vie à la suite d’une violente rixe qui marque durablement les esprits. Le 5 juin 2013, il croise par hasard la route de plusieurs membres des Jeunesses nationalistes révolutionnaires lors d’une vente privée de vêtements Fred Perry à Paris. Ce qui devait être une simple sortie entre amis se transforme en confrontation idéologique. Des provocations éclatent autour d’un t-shirt arborant un slogan néonazi, et les tensions se déplacent à l’extérieur du magasin. Les deux groupes s’affrontent violemment devant une église. Au cours de la bagarre, Clément Méric est frappé à plusieurs reprises, notamment par Esteban Morillo, l’un des militants nationalistes. Il s’effondre, grièvement touché, et succombe à ses blessures le lendemain. Cette affaire provoque une vive émotion dans l’opinion publique et entraîne des conséquences politiques immédiates. Le gouvernement décide la dissolution du groupe d’extrême droite Troisième Voie, auquel appartenaient les skinheads impliqués, ainsi que celle de son service d’ordre, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Ce drame illustre comment les oppositions politiques peuvent se matérialiser jusque dans le choix des vêtements, où marques et styles se transforment parfois en signes visibles d’idéologies profondément opposées.
Marque norvégienne emblématique pour ses vestes d’hiver, Helly Hansen veut incarner la robustesse nordique. En 2019, des militants d’extrême droite s’approprient son logo : les initiales « HH », interprétées par certains comme une abréviation de « Heil Hitler ». La marque a fermement condamné ces détournements et réaffirmé son refus de toute association politique.
En septembre 2024, le député du Rassemblement National Julien Odoul est apparu à l’Assemblée nationale vêtu d’une parka Helly Hansen. Le député Antoine Léaument (LFI) a publiquement dénoncé ce choix, provoquant un vif échange entre les deux élus. Le député socialiste a ensuite publié sur son compte X : « Julien Odoul arbore ici un classique des militants de l’ultra droite pour faire référence au « Heil Hitler ».«
Aux couleurs sombres, la marque Lonsdale s’impose comme une marque emblématique du monde de la boxe, populaire parmi les sportifs et jeunes quartiers ouvriers. Dans les années 2000, en Allemagne, des groupes néonazis s’emparent du logo dont une partie des lettres (NSDA) fait référence au parti national-socialiste des travailleurs allemands , le « National Sozialistische Deutche Arbeiter Partei », autrement dit le parti nazi. Les sweats, t-shirts et blousons deviennent des uniformes non officiels portés lors des rassemblements, stades et manifestations de ces groupes. Afin de redorer son image, le géant sportif textile créée différentes campagnes pour réaffirmer ses valeurs d’exclusivité et de diversité. En 2003, la marque crée « Lonsdale Loves all colors », qui valorise la diversité ethnique de ses mannequins, soulignant ainsi son refus du racisme.
En Belgique, la marque ne suscite pas la même effervescence qu’ailleurs. Simon, vendeur chez Direct Sport à Bruxelles, n’est pas surpris de l’association de vêtements des idéologies extrémistes. « C’est une forme d’appropriation culturelle explique il. En Angleterre, l’identité culturelle est très forte. Il y a une vraie culture de la boxe, de la rue. De plus la boxe est un sport très violent. Ainsi, cela ne m’étonne pas que la marque a été associée aux mouvements extrémistes. ». Selon lui, la marque n’a pas la même réputation qu’en Belgique où elle reste plus discrète. « On la voit moins ici. » précise-t-il.
Chez nous : Schild en VriendenLe t-shirt bleu clair du mouvement de jeunesse d’extrême droite flamand Schild en Vrienden avec comme inscription « 1302 » dans le dos n’est pas anodin. Utilisé comme « dog wishtle », le chiffre fait référence la date de la Bataille des Éperons d’Or, en 1302, où les milices flamandes ont écrasées l’armée du roi de France Philippe IV, près de Courtrai. Le fondateur de Schild en Vrienden, Dries Van Langenove, a été condamné en mars 2025 à un an de prison ferme pour infraction à la loi sur le racisme et le négationnisme, à la suite de la diffusion d’un reportage dans l’émission Pano montrant les coulisses du mouvement.
La boutique en ligne de Schild & Vrienden propose une gamme de produits dérivés, destinés à afficher l’identité visuelle et les slogans du groupe. On y trouve notamment des vêtements comme un polo bleu marine en coton biologique ou encore un sweat-shirt fabriqué en Flandre, tous deux ornés du logo S&V. La section accessoires met en vente des objets plus symboliques, tels que des gourdes avec inscrit « Linkse Traantjes » ( « larmes de gauche » ) ou des lots d’autocollants reprenant le logo complet du collectif. Enfin, la boutique propose également des cartes et affiches au ton revendicatif, comme des cartes de vœux aux messages politiques ou des posters portant le slogan « Vlaamse Jeugd, word Weerbaar ! (« Jeunesse flamande, sois résiliente ! »), invitant à la mobilisation identitaire.
La mode agit parfois comme un miroir des tensions sociales et idéologiques, et les vêtements peuvent être porteur de sens. Quand il s’agit de l’extrême-droite, cela n’a rien d’anodin.
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Explique-moi les raisons du blocage politique à Bruxelles
© Pierre Maeyens
On entend beaucoup parler de la crise politique à Bruxelles, mais c’est difficile d’en comprendre les causes. Anne et Juliette ont mené l’enquête, avec l’aide du politologue Baptiste Buidin, pour démêler les enjeux et saisir ce qui bloque réellement dans la formation du gouvernement bruxellois.
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Adoptions en Corée du Sud : les enfants de la honte
Lou-ann, Luna, Camille Korea 2023
Depuis 1953, plus de deux cent mille enfants coréens ont été envoyés à l’adoption internationale, faisant de la Corée du Sud le premier pays exportateur d’enfants au monde et le modèle d’un système qui s’est ensuite répandu ailleurs.
Derrière ces chiffres se cachent des vies, des séparations, des identités en quête de sens. Car si ce système a longtemps été présenté comme une réussite humanitaire, il soulève aujourd’hui de profondes questions éthiques, légales et humaines.
À travers ce documentaire, nous avons voulu dépasser les apparences et explorer l’envers d’un phénomène souvent méconnu du grand public. Nous donnons la parole à celles et ceux qui en sont directement concernés : les personnes adoptées.
Leur regard, leurs récits, leurs émotions nous plongent au cœur d’une histoire collective marquée par les silences, les blessures et la résilience.
Un documentaire proposé par l’équipe de Vicesdadoption, Lou-Ann Ancion, Hélène Loffet, Géraldine Ngono Nkoumba, Lara Pino Lerro, Camille Remacle et Luna Van den Hauwe .
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Au Festival des Libertés, réapprendre à dialoguer dans un monde polarisé
Dans un monde où les opinions se polarisent et où le débat se transforme en affrontement, le Festival des Libertés 2025 invite à réfléchir à la perte du dialogue et de la nuance. Face à la montée des tensions et à la simplification des discours, cette édition propose de revaloriser l’écoute, la confrontation constructive et la pluralité des voix comme fondements indispensables de la démocratie.
Pour la troisième année consécutive, les étudiants et étudiantes en journalisme en Master 2 à l’IHECS s’associent aux étudiants de la HELB. Ensemble, ils ont réalisé 8 magazines culturels pour vous faire vivre le Festival des Libertés 2025. Découvrez leurs créations ci-dessous !
Mag #1
Pour ce premier Mag des Libertés, c’est au Théâtre National que Charlotte et Maxime vous donnent rendez-vous. Au menu de cette émission, retour sur la soirée d’ouverture du festival, interview de Cédric Herrou et de Clément Papachristou. On vous propose également un entretien avec Chrissy Luypaert, la directrice adjointe de Bruxelles Laïque. On terminera en musique avec Oxmo Puccino. Un programme bien chargé, et ce n’est que le début ! »
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Apprendre à couvrir l’extrême droite en Flandre
© Pierre Maeyens
Ces derniers temps, le cordon sanitaire médiatique est souvent évoqué. Vivement critiqué par certains et ardemment défendu par d’autres, de quoi s’agit-il, tout compte fait ? Le cordon sanitaire médiatique consiste à empêcher l’extrême droite et ses représentants de s’exprimer en direct dans les médias francophones. Par exemple, selon cette règle, inviter un politique d’extrême droite sur un journal télévisé francophone, en direct, n’est pas autorisé.
Ce mécanisme n’existe pas en Flandre, et nous nous sommes donc demandés comment les étudiants néerlandophones en journalisme étaient formés pour apprendre à couvrir l’extrême droite. Professeurs et étudiants livrent leurs avis, leurs méthodes et évoquent le cordon sanitaire médiatique en tant que tel. Les avis sont partagés.
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Par les liens forcés du mariage
Trois femmes, trois parcours différents, une même réalité : le mariage forcé. Dans ce documentaire, Najlae, Malika et Fatiha livrent leurs récits, accompagnés des voix de leurs proches. À travers leurs témoignages intimes et rares, le film met en lumière une réalité taboue en Belgique et interroge la responsabilité collective face à une problématique qui demeure, malheureusement, d’actualité. Un documentaire de Tania Korwin-Zmijowski, Camille Huyskens, Célia Petre, Louise Michel Van Zuylen et Marine Loute.
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À Lincent, des cabinets sans médecins
©Loïc Bonte
Des cabinets flambant neufs, mais pas de médecin pour y exercer. À Lincent, les habitants attendent depuis deux ans un généraliste qui ne vient pas. Symbole criant du malaise qui touche la médecine de proximité en Wallonie, où certaines communes rurales peinent à attirer le moindre praticien.
Idéalement située entre Bruxelles et Liège, le long de l’E40, Lincent compte plus de 3300 habitants mais aucun médecin généraliste. Une situation qui perdure et devient préoccupante. Avec l’augmentation de la population locale, le manque de médecin se fait de plus en plus sentir.
Les citoyens de Lincent doivent parfois parcourir entre 15 à 20 kilomètres pour obtenir une consultation médicale. C’est le cas de Sandrine qui a décidé de passer la frontière linguistique pour avoir un rendez-vous médical: “comme nous n’avons pas de médecin traitant à proximité, je dois aller chez un médecin néerlandophone pour être soignée. Pour certaines personnes, la barrière de la langue, c’est vrai, peut être un problème”.
Des bâtiments neufs… mais à quel prix ?Depuis 2023, année de retraite du dernier médecin lincentois, la commune espère retrouver une nouvelle personne pour le remplacer. Or, il n’y a pas de candidat. Le CPAS de la commune a fait appel aux services du Centre hospitalier chrétien (CHC) pour pourvoir Lincent de deux nouveaux cabinets.
C’est dans ces infrastructures que sont abrités les deux nouveaux cabinets financés par le Centre hospitalier chrétien (CHC). ©Loïc BontePour ce faire, l’hôpital a avancé la somme de 90 000 euros que les autorités locales se sont engagées à rembourser sur les sept prochaines années.
“Nous avons une population qui augmente, il faut pouvoir offrir une médecine de proximité à tout le monde”
Marie-Anne Paque présidente du CPAS de LincentSelon Marie-Anne Paque, présidente du CPAS (Les Engagés), la difficulté réside aussi dans la communication et dans la manière de faire connaître le projet. La commune n’a pourtant économisé ni son temps ni ses peines pour faire circuler l’information : communiqués et articles de presse, petites annonces sur les sites immobiliers et même un appel relayé par l’Université de Liège (ULiège), transmis aux étudiants fraîchement diplômés de la faculté de médecine. Un professeur de l’Université n’aura pas manqué de souhaiter ironiquement à la présidente du CPAS, bon courage à la commune de Lincent, étant parfaitement conscient de la difficulté de trouver de nouveaux médecins.
Marie-Anne Paque ne cache pas sa satisfaction quant à la qualité des infrastructures médicales. ©Loïc Bonte Comment expliquer le désert médical ?Selon l’Agence wallonne pour une Vie de Qualité (AVIQ), un désert médical consiste à avoir moins de 90 médecins pour 100 000 habitants, ce qui fait un médecin pour 1111 patients.
Une réalité qui inquiète aussi bien les patients que les professionnels de santé.
Le docteur Xavier Bleser, président de la Société de Médecine de Waremme (ville située à 22 kilomètres à l’Est de Lincent) et Environs, explique que pour résoudre cette problématique, il faudrait rendre le métier plus attrayant, notamment en privilégiant la formation de médecins généralistes par rapport aux spécialistes.
Pour Xavier Bleser, les médecins retraités devraient arrêter de conserver leur numéro INAMI, ce qui bloque les jeunes diplômés d’en avoir un et d’accéder à la profession. ©Loïc BonteDe plus, les médecins craignent les déserts médicaux : pour un jeune diplômé, se lancer seul dans ce désert (que ce soit à Lincent ou ailleurs) se traduirait par une surcharge de travail. C’est ce que veut dire le Docteur Bleser lorsqu’il affirme qu’arriver seul à Lincent, pour un médecin, revient à “mourir”. Pour éviter cette situation, il faudrait s’y installer à plusieurs en vue de diviser la charge de travail. C’est ce qui a été le cas à Berloz.
“Pour un médecin, aller à Lincent tout seul, c’est pour aller mourir”
Docteur Xavier Bleser Une voie sans issue ?En effet, non loin de Lincent, une autre commune a été confrontée à un manque de médecins avant de sortir de l’impasse. Berloz, en quelques mois, en a vu débarquer quatre. En arrivant environ au même moment, ces généralistes ont pu éviter le surplus de patients et se les répartir plus ou moins équitablement. Le Bourgmestre Alain Happaerts (Les Engagés) parle d’un coup de chance d’avoir vu arriver ces médecins simultanément.
La commune lincentoise a, de son côté, pu intéresser un kiné ainsi qu’un psychothérapeute. Marie-Anne Paque précise que “les priorités de Lincent, voire l’urgence, sont bien dans la recherche d’un généraliste sans pour autant fermer la porte à ces autres domaines dans le futur. Mais, ce que l’on n’a plus chez nous, ce sont des médecins généralistes”.
Reste maintenant à savoir si des locaux et du matériel tout récent feront pencher la balance et sauront convaincre.
L’inauguration des cabinets médicaux prévue le 17 octobre prochain permettra-t-elle d’entrevoir une lueur d’espoir et voir enfin arriver les généralistes tant attendus à Lincent ? Ce qui est sûr c’est que pour l’instant les cabinets ouvriront à vide pour une salle d’attente qui n’attend qu’à être remplie.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un atelier de journalisme politique, en partenariat avec le quotidien L’Avenir. Il a été également publié sur le site de L’Avenir.
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Bruxelles : dette en hausse, gouvernement en panne
©️Loïc Bonte
Un nouveau cap a été franchi pour la Région bruxelloise en 2024 : celui des 14,5 milliards d’euros de dette. Selon le Centre de recherche en économie régionale et politique économique de l’Université de Namur, elle pourrait même atteindre les 22 milliards en 2029 si aucune mesure n’est prise.
La région bruxelloise est plongée dans une crise politique sans précédent avec quinze mois sans gouvernement. Sans gouvernement, pas de budget, ce qui n’arrange en rien son problème financier. Comment en est-on arrivé là ? Sa situation économique va-t-elle impliquer des mesures drastiques ? Quelles sont les mesures proposées par les divers partis politiques belges pour essayer de combler ce gouffre financier ? Pour y répondre, nous avons rencontré plusieurs mandataires politiques du Parlement bruxellois : Clémentine Barzin (MR), Martin Casier (PS), Gilles Verstraeten (N-VA) et Stijn Bex (Groen).
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Ceux qui restent
Ceux qui restent
33 615. C’est le nombre de personnes qui ont eu recours à l’euthanasie depuis sa dépénalisation en 2002.
33 615, c’est aussi le nombre de familles qui ont été touchées par cette thématique. Les familles et les proches sont les « oubliés » de l’exploitation médiatique.
On s’est donc posé une question : Comment réagissent les proches face à ce deuil particulier ?
Nous avons été à la rencontre des familles et des proches et ils nous ont racontés leur histoire. Nous avons aussi posé des questions à des experts pour comprendre les accompagnements mis en place.
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Duel PS/N-VA sur le blocage bruxellois
@unsplash
475 jours. Soit un an, trois mois et dix-huit jours écoulés depuis les dernières élections. Et à Bruxelles, rien : toujours pas d’exécutif en place. Sur les ondes de Fluid, la radio étudiante de l’IHECS, les députés bruxellois Martin Casier (PS) et Gilles Verstraeten (N-VA) sont revenus sur la situation de la Région.
Doucement, égaler (voire dépasser) le tristement célèbre record des 541 jours sans gouvernement devient de plus en plus une possibilité concrète, à la suite de plusieurs tentatives infructueuses. Dernier effort en date: six partis (MR, PS, Engagés, Vooruit, Groen et l’OpenVLD) se réunissent à l’initiative de David Leisterh (MR), formateur bruxellois, pour négocier un budget pluriannuel. A ce sujet, Martin Casier (PS) a évoqué l’absence du CD&V à la table des négociation:
« (Négocier) sans le CD&V, ce n’est pas du tout notre choix. Nous [le Parti socialiste], d’ailleurs, nous nous sommes beaucoup inscrits dans un travail avec le CD&V ces dernières semaines. Toute la dynamique d’Yvan Vergoustraete [NDLR : Président des Engagés et « facilitateur » dans les négociations bruxelloises] mettait bien explicitement le CD&V autour de la table. Je pense qu’il s’agit de demander à la famille libérale pourquoi elle a voulu se passer du CD&V aujourd’hui. Ce n’est pas de notre responsabilité. Je rappelle que c’est David Leisterh qui est formateur de ce gouvernement depuis 18 mois [NDLR : 15 mois se sont déroulés depuis les élections]. On l’oublie, mais c’est bien le Mouvement Réformateur et David Leisterh en particulier qui ont la responsabilité de former un gouvernement ».
Gilles Verstraeten évoque la « rupture du compromis » à la belgeLors de leur échange, les deux députés ont mentionné à plusieurs reprises le blocage institutionnel en cours à Bruxelles. Aux yeux de Gilles Verstraeten (N-VA), il y a une « rupture du compromis » :
« On a bâti des institutions avec une logique qui devait respecter les deux communautés présentes dans la Région bruxelloise. Pour la première fois, on a laissé tomber cette logique qui consiste à former deux majorités, une du côté néerlandophone et une du côté francophone. [Dans cette logique], on respecte les choix des deux communautés lorsqu’elles se composent de partis démocratiques. Et ensemble, on fait le compromis de former un gouvernement bruxellois. On a fait exploser cette logique-là, ce qui fait que maintenant, nous sommes sans gouvernement depuis plus d’un an. C’était moins compliqué lorsque la logique était respectée, on ne le fait plus, on joue à des jeux de pouvoir et nous restons malheureusement bloqués. C’est l’échec de la logique du compromis, du respect envers les institutions et leur fonctionnement […]. C’est l’échec de la primauté de l’intérêt général de la Région bruxelloise et des Bruxellois […]. »
Les origines du blocage : un bras-de-fer entre le PS et la N-VA, mais pas que ?Lors de l’été 2024, PS, MR et Les Engagés avaient annoncé former une majorité francophone. Quelques mois après, suite à des négociations plus périlleuses, c’était au tour des partis néerlandophones de sceller un accord, composé de Vooruit, Groen, l’OpenVLD et de la N-VA. Tout semblait donc prendre la bonne direction pour doter la capitale d’un gouvernement. A ce moment, le PS s’est retiré de la coalition francophone, la rendant minoritaire. La raison ? La présence de la N-VA dans un gouvernement bruxellois ne leur plaisait pas du tout. Pour Martin Casier, le refus de s’allier à la N-VA n’est pas propre au Parti socialiste :
« J’ai beaucoup de respect pour la N-VA, je le dis très honnêtement. Mais, il n’y avait pas de majorité au Parlement bruxellois pour installer un gouvernement avec la N-VA, pas plus de notre part, puisque nous ne le souhaitions pas. C’était également le cas de DéFI, d’Ecolo et évidemment du PTB. Donc, il n’y avait pas de majorité possible au Parlement bruxellois pour installer un gouvernement avec la N-VA ».
Trouver une coalition a par ailleurs été plus laborieux pour les partis néerlandophones que du côté francophones, explique Gilles Verstraeten, avant d’insister sur le fait que, selon lui, les partis francophones n’ont pas à influencer ce qu’il se passe dans l’autre groupe linguistique :
« En novembre 2024, on [NDLR : les partis néerlandophones] a formé une majorité. Ça a pris beaucoup de temps et ça a été très complexe. Il y avait un accord entre Groen, la N-VA, l’OpenVLD et Vooruit. Puis, le PS a dit ‘non, impossible’ ! On a fait exploser la logique des institutions bruxelloises. Ensuite, l’OpenVLD a juste dit : ‘nous n’acceptons pas que la majorité francophone dicte quelle coalition les néerlandophones doivent former’. Ces formations de chaque côté linguistique sont une protection de la minorité néerlandophone à Bruxelles, comme il existe des protections au fédéral pour la minorité francophone. Retirer cela, c’est jouer à des jeux très dangereux avec les équilibres de la Région Bruxelles-Capitale mais aussi avec ceux du pays entier ».
Vers une réforme institutionnelle à Bruxelles ?La question de potentielles réformes institutionnelles à Bruxelles s’est également immiscée dans le débat. La Région bruxelloise étant régie par la loi spéciale du 12 janvier 1989, toute réforme institutionnelle se fera non pas à la Région, mais bien au fédéral.
Cela signifie que ce ne sont pas les députés et le gouvernement bruxellois qui mèneront les réformes institutionnelles propres à leur région, mais les élus de la Chambre des représentants. Néanmoins, Martin Casier et Gilles Verstraeten ont tout de même abordé le sujet. Le socialiste a notamment pointé du doigt la surreprésentation, selon lui, des partis néerlandophones à Bruxelles par rapport au nombre réel de Bruxellois néerlandophones, estimé entre 5 à 10% de la population :
« [Il y a] une surreprésentation, manifestement, c’est un état de fait. Après, l’intention du Parti socialiste n’est absolument pas de […] déséquilibrer ces éléments. Mais, je constate quand même qu’aujourd’hui – même si tout s’est toujours bien passé auparavant – des partis qui représentent de l’ordre de mille voix ont empêché la mise en place d’un gouvernement bruxellois. Et ça, ça pose question sur les intentions des uns et des autres. Je crois qu’en ça, il faut y [NDLR : les réformes institutionnelles] réfléchir ».
« Le modèle institutionnel » selon l’un, « l’intérêt partisan » selon l’autreSuite à cette paralysie des négociations en vue de former un gouvernement à Bruxelles, la question de savoir si les intérêts des partis politiques ne priment pas sur l’intérêt général s’est posée. Pour Martin Casier, il y a cependant une nuance à apporter, liée aux institutions :
« C’est la manière dont nous avons organisé nos institutions qui a pris le pas sur l’intérêt général bruxellois. On a depuis des années des institutions absolument illisibles pour les Bruxellois : une COCOF, une COCOM, une VGC, un Parlement, quatre Parlements dans le même Parlement, on change de drapeaux quand on change de séance, on parle à quatre reprises de la même chose dans des institutions différentes… En fait, tout cela n’a plus aucun sens. Sur ce point-là, je suis absolument convaincu que tout doit disparaître : tout doit revenir au Parlement bruxellois avec une majorité en son sein, comme il se doit pour faire fonctionner les choses. Et bien sûr, il y a une question démocratique plus profonde, qui est la place des partis dans notre démocratie. On voit bien aujourd’hui que les Présidents de partis ont pris énormément de place, par exemple. Cette question est au cœur du débat et n’est pas propre à Bruxelles. Elle concerne, à mon avis, l’ensemble de notre modèle démocratique ».
« Ce n’est pas ça », coupe Monsieur Verstraeten. « Oui, effectivement, [l’intérêt partisan prend le dessus sur] l’intérêt général. L’intérêt général, c’est aussi du respect pour notre Constitution, pour les règles du jeu, pour les règles du fondement, de l’État de droit, de la démocratie. […] On peut discuter, on peut se frustrer du fait que le modèle institutionnel bruxellois est complexe. Et maintenant, vous [NDLR : le PS] dites : ‘on ne peut plus avancer parce que c’est trop complexe’. C’est faux, c’est archi-faux ! Pendant 35 ans, on a fait fonctionner ces institutions. Aujourd’hui, on dit qu’on n’a plus envie de les faire fonctionner et le problème provient des institutions. Non, ce sont les partis politiques qui ne veulent plus faire fonctionner les institutions comme prévu dans les lois, dans notre Constitution. Ces partis se disent ‘c’est trop complexe, il faut changer ça’ et bloquent tout le système ».
La gestion des fusillades : une superposition des niveaux de pouvoir
En 2025, Bruxelles est devenue la seconde ville avec le plus de fusillades en Europe, derrière Marseille. À de nombreuses reprises cette année, principalement aux mois de février et juillet, des fusillades liées au trafic de drogues ont marqué la capitale. Le tout dans un contexte où la Région bruxelloise n’a pas de gouvernement à sa tête. En revanche, d’autres échelons de pouvoir, comme le fédéral et le local, ont des compétences en la matière. Quoi qu’il en soit, la situation est trop grave pour Martin Casier, qui invite « chacun à prendre ses responsabilités, à chaque niveau de pouvoir » :
« Le constat est effectivement dramatique. Il est intéressant de parler de Marseille, puisque l’on sait que depuis les Jeux olympiques de Paris, la mafia marseillaise s’est installée à Bruxelles dans la gestion de la drogue. En 2024, on avait autant de fusillades à Bruxelles qu’il y en avait à Anvers – il y en avait même un petit peu plus à Anvers. On sait que le problème de la drogue […] déferle partout sur notre pays. Elle rentre par le port d’Anvers, c’est un fait. Je ne dis pas qu’il y a une lacune à cet endroit en particulier, je dis juste que nous sommes confrontés à une violence de plus en plus importante de ces groupes mafieux. Est-ce que l’absence de gouvernement bruxellois [NLDR : est handicapant dans cette situation] ? Oui et non. En termes concrets, non. Le gouvernement bruxellois et le ministre-Président ont des compétences qui n’ont rien à voir avec des compétences de police. Par contre, c’est aux communes ainsi qu’au fédéral très singulièrement de prendre ses responsabilités sur la question de la police fédérale, du renforcement de la police locale et de la police judiciaire. Je ne renvoie pas la balle au fédéral. Je pense que le sujet est suffisamment grave […]. Chacun doit prendre ses responsabilités, chacun, à chaque niveau de pouvoir ».
Gilles Verstraeten, lui, insiste plutôt sur la coordination des forces de l’ordre et mentionne, entre les lignes, le projet (au niveau fédéral) de fusion des six zones de police de la Région de Bruxelles-Capitale :
« Il faut une coordination des forces de l’ordre au niveau de la Région bruxelloise. Les communes ne sont plus 19 villages complètement séparés. Il y a une réalité partagée et on a besoin de solidarité entre les communes pour régler ce problème qui gangrène notre ville ».
À quand un gouvernement à Bruxelles ?La question qui fâche et que beaucoup se posent est celle de la date de formation d’un gouvernement. « Demain », répond d’emblée Martin Casier.« Nous avons demandé de commencer un conclave où on s’enfermait pendant une semaine pour y arriver. Je constate que malheureusement, le formateur et les autres partis n’ont pas souhaité s’inscrire dans cette dynamique. Je le regrette, parce que ça doit être demain ».
« Quel gouvernement ? », s’inquiète Gilles Verstraeten.« Le plus rapidement possible. Mais, [je veux] un gouvernement qui prend en charge ce qui doit être pris en charge. Je ne veux pas n’importe quel gouvernement pour Bruxelles. Je veux finalement un gouvernement qui prend les problèmes en main et qui fait les réformes nécessaires ».
En tout cas, la montre tourne, le temps presse de plus en plus, et le record des 541 jours sans gouvernement n’a jamais été aussi proche d’être battu.
L’entièreté du débat (50 minutes) est à écouter en haut de la page.
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