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La rue face à l’Arizona

Mammouth - Tue, 21/10/2025 - 16:17

Entre 80.000 et 140.000 personnes ont manifesté, le 14 octobre dernier, contre les mesures budgétaires adoptées par le gouvernement Arizona. Les journalistes de Mammouth ont suivi dans la rue quelques-unes d’entre elles.

L’union fait la grève

par Zarvan Joudaki, Jules Schrooyen, Ema Sojeva et Anaïs Vanrossem

La colère des sages-femmes

par Marie Henrotte, Jade Regau, Zoé Daix et Margaux Trintignac

Réforme des retraites : une indignation intergénérationnelle

par Paul Dorthu, Christelle Ige Lasha, Yacine Dramé et Pauline Neuray.

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Chroniques d’un cordon sanitaire qui se desserre

Mammouth - Mon, 20/10/2025 - 13:04
Alors que l’extrême-droite progresse, son confinement médiatique en Belgique est en débat

Exception belge francophone, le cordon sanitaire a permis de contenir la montée de l’extrême-droite. Pourtant, il est aujourd’hui sous pression. Lors d’une semaine d’atelier dédié au traitement journalistique de l’extrême-droite, la rédaction de Mammouth s’est penchée sur différentes facettes d’une réalité politique mouvante.

Au 18e siècle, le cordon sanitaire désignait une ligne de contrôle mise en place pour empêcher la propagation d’une maladie contagieuse, comme la peste ou le choléra. Il pouvait s’agir de troupes ou de barrières physiques disposées autour d’une zone contaminée afin d’éviter que le mal ne se répande. L’expression est désormais surtout connue pour évoquer une stratégie d’isolement d’un parti ou d’un courant jugé “toxique” pour la démocratie. En Belgique, le cordon sanitaire est à la fois politique (pas d’accord de coalition avec des partis d’extrême-droite) et médiatique (dispositions pour éviter la prise de parole en direct). Aujourd’hui, cependant, alors que l’extrême-droite progresse, les rangs semblent moins serrés pour contenir la diffusion de ses idées.

Dans une interview au Soir, début octobre, le président du PS, Paul Magnette, faisait le constat que le cordon sanitaire était « vidé de son sens« . En ligne de mire, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, qui n’hésite pas à relayer fréquemment sur les réseaux sociaux des prises de position de membres de l’extrême-droite. L’intéressé n’avait pas encore répondu publiquement et nous l’avons sollicité. Il lance une attaque en règle contre le cordon sanitaire médiatique, en estimant que « nous empêcher de débattre contre le Vlaams Belang est un non-sens« . Voyez le reportage de Juliette Castiaux et Gloria Kamba.

Du côté néerlandophone, si le cordon sanitaire politique est sous pression, son volet médiatique n’existe tout simplement pas. Les représentants du Vlaams Belang sont donc invités à débattre sur les plateaux de télévision, comme ceux des autres partis. Comment les jeunes journalistes flamands apprennent-ils à couvrir l’extrême-droite ? Y a-t-il une précaution particulière face à des partis dangereux pour la démocratie ? Pierre Maeyens et Anne Mettlen ont traversé la frontière linguistique pour le savoir.

Les idées d’extrême-droite se répandent aussi en dehors de la scène politique au sens strict. Elles peuvent également progresser à travers des influences moins connues, comme la « guérilla juridique » qu’entend mener, depuis la Belgique, le milliardaire français Pierre-Edouard Stérin. Alexis Vercruysse l’explique dans cette vidéo.

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Les idées d’extrême-droite peuvent aussi se manifester de façon plus discrète, à travers des signaux compris par les seuls intéressés, les fameux « dog whistle », notamment dans le domaine de la mode. Marie Van Hertsen le montre dans son article sur ces marques qui sont plébiscitées par l’extrême-droite pour les messages codés qu’elles sont censées contenir.

Quand la haine se porte comme un vêtement

Le racisme décomplexé se donne à voir tous les jours sur les réseaux sociaux. Les groupes « nostalgiques » sur Facebook, notamment, sont emplis de commentaires visant des catégories de population. Marie Beeckmans a voulu savoir si, au café du coin, la parole s’était aussi libérée. Spoiler: oui. En promenant son micro ouvert dans des cafés pour évoquer le Bruxelles d’antan, il n’a pas fallu longtemps pour entendre des commentaires racistes, voire des injures. Après mûre réflexion, nous avons décidé de ne pas diffuser son reportage afin de ne pas donner de visibilité

Si l’extrême-droite fait l’objet d’un traitement médiatique part, ce n’est pas uniquement à cause du racisme et de la haine qu’elle véhicule. C’est aussi, voire surtout, en raison du risque qu’elle présente pour la démocratie, comme l’a montré l’histoire du XXe siècle. Pour cette raison, il est nécessaire de cultiver la mémoire des graves troubles politiques qui ont mené à à la prise du pouvoir des nazis, à la deuxième guerre mondiale à et l’Holocauste. C’est ce qu’on fait Émilie Mailleux et Loïc Bonte, en retraçant, dans un podcast, le parcours de Léon Degrelle et en proposant quelques points de comparaison avec la période actuelle.

Léon Degrelle : un Wallon au service du Führer

Tous ces contenus sont issus d’une semaine d’atelier de journalisme politique, sous la conduite d’Eric Walravens.

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Léon Degrelle : un Wallon au service du Führer

Mammouth - Mon, 20/10/2025 - 12:59
Que reste-t-il du rexisme aujourd’hui ?

1939, la seconde guerre mondiale éclate. Léon Degrelle, alors figure dirigeante du rexisme, se rapproche rapidement d’Adolf Hitler. Il en vient même à se considérer comme son fils spirituel. Que reste-t-il du mouvement rexiste à l’heure actuelle ? Dans ce podcast, nous retraçons le parcours de celui qui était surnommé le Volksführer de Wallonie, et dont le rhétorique semble faire son retour dans les débats politiques d’aujourd’hui.

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Quand la haine se porte comme un vêtement

Mammouth - Fri, 17/10/2025 - 21:07
De Fred Perry à Lonsdale: petit tour des marques plébiscitées par l’extrême-droite

Objet du quotidien, le vêtement dépasse parfois sa simple fonction esthétique pour devenir un signe identitaire et d’afficher une appartenance à une idéologie extrémiste. Les marque Fred Perry, Helly Hansen ou encore Lonsdale, plébiscitées par des courants d’extrême-droite, en sont l’illustration.

En apparence, ce n’est qu’un t-shirt noir décoré de symboles runiques et d’un nom tiré de la mythologie nordique. Mais pour derrière ses coupes sportives, la marque allemande Thor Steinar est devenue l’uniforme officieux de plusieurs groupuscules néonazis qui y lisent un message identitaire caché. C’est ce qu’on appelle le dog wishtle – sifflet à chien : un message, discret intégré dans un discours ou, dans ce cas, un vêtement, compris seulement par ceux qui connaissent le code. Ainsi, derrière une apparence neutre, le vêtement peut transmettre un message idéologique silencieux.

Des logos devenus symboles


Crée dans les 1960, la marque britannique Fred Perry symbolise pour certains l’élégance sportive. Mais dans les années 2010, sa célèbre polo noir à liserés jaunes, reconnaissable à sa couronne de laurier brodé, a été adopté par les Proud Boys, un groupuscule d’extrêmes droite américain qui prône la suprématie occidentale. Face à cette récupération, la marque a décidé de suspendre ce modèle en Amérique du Nord. « Fred était le fils d’un député socialiste de la classe ouvrière, devenu champion du monde de tennis à une époque où ce sport était réservé à l’élite. Non, nous ne soutenons en aucun cas ce groupe ou ses idéaux. Cela va à l’encontre de nos croyances et des personnes avec lesquelles nous travaillons« , John Flynn, président de Fred Perry, en 2017.

Clément Méric, militant antifasciste de 18 ans, perd la vie à la suite d’une violente rixe qui marque durablement les esprits. Le 5 juin 2013, il croise par hasard la route de plusieurs membres des Jeunesses nationalistes révolutionnaires lors d’une vente privée de vêtements Fred Perry à Paris. Ce qui devait être une simple sortie entre amis se transforme en confrontation idéologique. Des provocations éclatent autour d’un t-shirt arborant un slogan néonazi, et les tensions se déplacent à l’extérieur du magasin. Les deux groupes s’affrontent violemment devant une église. Au cours de la bagarre, Clément Méric est frappé à plusieurs reprises, notamment par Esteban Morillo, l’un des militants nationalistes. Il s’effondre, grièvement touché, et succombe à ses blessures le lendemain. Cette affaire provoque une vive émotion dans l’opinion publique et entraîne des conséquences politiques immédiates. Le gouvernement décide la dissolution du groupe d’extrême droite Troisième Voie, auquel appartenaient les skinheads impliqués, ainsi que celle de son service d’ordre, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Ce drame illustre comment les oppositions politiques peuvent se matérialiser jusque dans le choix des vêtements, où marques et styles se transforment parfois en signes visibles d’idéologies profondément opposées.

Marque norvégienne emblématique pour ses vestes d’hiver, Helly Hansen veut incarner la robustesse nordique. En 2019, des militants d’extrême droite s’approprient son logo : les initiales « HH », interprétées par certains comme une abréviation de « Heil Hitler ». La marque a fermement condamné ces détournements et réaffirmé son refus de toute association politique.

En septembre 2024, le député du Rassemblement National Julien Odoul est apparu à l’Assemblée nationale vêtu d’une parka Helly Hansen. Le député Antoine Léaument (LFI) a publiquement dénoncé ce choix, provoquant un vif échange entre les deux élus. Le député socialiste a ensuite publié sur son compte X : « Julien Odoul arbore ici un classique des militants de l’ultra droite pour faire référence au « Heil Hitler ».« 

Aux couleurs sombres, la marque Lonsdale s’impose comme une marque emblématique du monde de la boxe, populaire parmi les sportifs et jeunes quartiers ouvriers. Dans les années 2000, en Allemagne, des groupes néonazis s’emparent du logo dont une partie des lettres (NSDA) fait référence au parti national-socialiste des travailleurs allemands , le « National Sozialistische Deutche Arbeiter Partei », autrement dit le parti nazi. Les sweats, t-shirts et blousons deviennent des uniformes non officiels portés lors des rassemblements, stades et manifestations de ces groupes. Afin de redorer son image, le géant sportif textile créée différentes campagnes pour réaffirmer ses valeurs d’exclusivité et de diversité. En 2003, la marque crée « Lonsdale Loves all colors », qui valorise la diversité ethnique de ses mannequins, soulignant ainsi son refus du racisme.

En Belgique, la marque ne suscite pas la même effervescence qu’ailleurs. Simon, vendeur chez Direct Sport à Bruxelles, n’est pas surpris de l’association de vêtements des idéologies extrémistes. « C’est une forme d’appropriation culturelle explique il. En Angleterre, l’identité culturelle est très forte. Il y a une vraie culture de la boxe, de la rue. De plus la boxe est un sport très violent. Ainsi, cela ne m’étonne pas que la marque a été associée aux mouvements extrémistes. ». Selon lui, la marque n’a pas la même réputation qu’en Belgique où elle reste plus discrète. « On la voit moins ici. » précise-t-il.

Chez nous : Schild en Vrienden

Le t-shirt bleu clair du mouvement de jeunesse d’extrême droite flamand Schild en Vrienden avec comme inscription « 1302 » dans le dos n’est pas anodin. Utilisé comme « dog wishtle », le chiffre fait référence la date de la Bataille des Éperons d’Or, en 1302, où les milices flamandes ont écrasées l’armée du roi de France Philippe IV, près de Courtrai. Le fondateur de Schild en Vrienden, Dries Van Langenove, a été condamné en mars 2025 à un an de prison ferme pour infraction à la loi sur le racisme et le négationnisme, à la suite de la diffusion d’un reportage dans l’émission Pano montrant les coulisses du mouvement.

La boutique en ligne de Schild & Vrienden propose une gamme de produits dérivés, destinés à afficher l’identité visuelle et les slogans du groupe. On y trouve notamment des vêtements comme un polo bleu marine en coton biologique ou encore un sweat-shirt fabriqué en Flandre, tous deux ornés du logo S&V. La section accessoires met en vente des objets plus symboliques, tels que des gourdes avec inscrit « Linkse Traantjes » ( « larmes de gauche » ) ou des lots d’autocollants reprenant le logo complet du collectif. Enfin, la boutique propose également des cartes et affiches au ton revendicatif, comme des cartes de vœux aux messages politiques ou des posters portant le slogan « Vlaamse Jeugd, word Weerbaar ! (« Jeunesse flamande, sois résiliente ! »), invitant à la mobilisation identitaire.

La mode agit parfois comme un miroir des tensions sociales et idéologiques, et les vêtements peuvent être porteur de sens. Quand il s’agit de l’extrême-droite, cela n’a rien d’anodin.

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Explique-moi les raisons du blocage politique à Bruxelles

Mammouth - Fri, 17/10/2025 - 10:44

© Pierre Maeyens

On entend beaucoup parler de la crise politique à Bruxelles, mais c’est difficile d’en comprendre les causes. Anne et Juliette ont mené l’enquête, avec l’aide du politologue Baptiste Buidin, pour démêler les enjeux et saisir ce qui bloque réellement dans la formation du gouvernement bruxellois.

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Adoptions en Corée du Sud : les enfants de la honte

Mammouth - Thu, 16/10/2025 - 17:22

Lou-ann, Luna, Camille Korea 2023

Depuis 1953, plus de deux cent mille enfants coréens ont été envoyés à l’adoption internationale, faisant de la Corée du Sud le premier pays exportateur d’enfants au monde et le modèle d’un système qui s’est ensuite répandu ailleurs.
Derrière ces chiffres se cachent des vies, des séparations, des identités en quête de sens. Car si ce système a longtemps été présenté comme une réussite humanitaire, il soulève aujourd’hui de profondes questions éthiques, légales et humaines.

À travers ce documentaire, nous avons voulu dépasser les apparences et explorer l’envers d’un phénomène souvent méconnu du grand public. Nous donnons la parole à celles et ceux qui en sont directement concernés : les personnes adoptées.
Leur regard, leurs récits, leurs émotions nous plongent au cœur d’une histoire collective marquée par les silences, les blessures et la résilience.

Un documentaire proposé par l’équipe de Vicesdadoption, Lou-Ann Ancion, Hélène Loffet, Géraldine Ngono Nkoumba, Lara Pino Lerro, Camille Remacle et Luna Van den Hauwe .

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Au Festival des Libertés, réapprendre à dialoguer dans un monde polarisé

Mammouth - Wed, 15/10/2025 - 12:01
Immersion au Festival des Libertés 2025 avec les étudiants de l’IHECS et de la HELB

Dans un monde où les opinions se polarisent et où le débat se transforme en affrontement, le Festival des Libertés 2025 invite à réfléchir à la perte du dialogue et de la nuance. Face à la montée des tensions et à la simplification des discours, cette édition propose de revaloriser l’écoute, la confrontation constructive et la pluralité des voix comme fondements indispensables de la démocratie.

Pour la troisième année consécutive, les étudiants et étudiantes en journalisme en Master 2 à l’IHECS s’associent aux étudiants de la HELB. Ensemble, ils ont réalisé 8 magazines culturels pour vous faire vivre le Festival des Libertés 2025. Découvrez leurs créations ci-dessous ! 

Mag #1

Pour ce premier Mag des Libertés, c’est au Théâtre National que Charlotte et Maxime vous donnent rendez-vous. Au menu de cette émission, retour sur la soirée d’ouverture du festival, interview de Cédric Herrou et de Clément Papachristou. On vous propose également un entretien avec Chrissy Luypaert, la directrice adjointe de Bruxelles Laïque. On terminera en musique avec Oxmo Puccino. Un programme bien chargé, et ce n’est que le début ! »

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Apprendre à couvrir l’extrême droite en Flandre

Mammouth - Wed, 15/10/2025 - 10:11
Comment les futurs journalistes flamands apprennent à traiter l’extrême droite ?

© Pierre Maeyens

Ces derniers temps, le cordon sanitaire médiatique est souvent évoqué. Vivement critiqué par certains et ardemment défendu par d’autres, de quoi s’agit-il, tout compte fait ? Le cordon sanitaire médiatique consiste à empêcher l’extrême droite et ses représentants de s’exprimer en direct dans les médias francophones. Par exemple, selon cette règle, inviter un politique d’extrême droite sur un journal télévisé francophone, en direct, n’est pas autorisé.

Ce mécanisme n’existe pas en Flandre, et nous nous sommes donc demandés comment les étudiants néerlandophones en journalisme étaient formés pour apprendre à couvrir l’extrême droite. Professeurs et étudiants livrent leurs avis, leurs méthodes et évoquent le cordon sanitaire médiatique en tant que tel. Les avis sont partagés.

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Par les liens forcés du mariage

Mammouth - Mon, 13/10/2025 - 09:14
Un documentaire sur les mariages forcés qui met en lumière une réalité taboue en Belgique

Trois femmes, trois parcours différents, une même réalité : le mariage forcé. Dans ce documentaire, Najlae, Malika et Fatiha livrent leurs récits, accompagnés des voix de leurs proches. À travers leurs témoignages intimes et rares, le film met en lumière une réalité taboue en Belgique et interroge la responsabilité collective face à une problématique qui demeure, malheureusement, d’actualité. Un documentaire de Tania Korwin-Zmijowski, Camille Huyskens, Célia Petre, Louise Michel Van Zuylen et Marine Loute.

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À Lincent, des cabinets sans médecins

Mammouth - Mon, 13/10/2025 - 08:55
Malgré ses efforts, la commune de Lincent peine à attirer des généralistes

©Loïc Bonte

Des cabinets flambant neufs, mais pas de médecin pour y exercer. À Lincent, les habitants attendent depuis deux ans un généraliste qui ne vient pas. Symbole criant du malaise qui touche la médecine de proximité en Wallonie, où certaines communes rurales peinent à attirer le moindre praticien.

Idéalement située entre Bruxelles et Liège, le long de l’E40, Lincent compte plus de 3300 habitants mais aucun médecin généraliste. Une situation qui perdure et devient préoccupante. Avec l’augmentation de la population locale, le manque de médecin se fait de plus en plus sentir.

Les citoyens de Lincent doivent parfois parcourir entre 15 à 20 kilomètres pour obtenir une consultation médicale. C’est le cas de Sandrine qui a décidé de passer la frontière linguistique pour avoir un rendez-vous médical: “comme nous n’avons pas de médecin traitant  à proximité, je dois aller chez un médecin néerlandophone pour être soignée. Pour certaines personnes, la barrière de la langue, c’est vrai, peut être un problème”.

Des bâtiments neufs… mais à quel prix ? 

Depuis 2023, année de retraite du dernier médecin lincentois, la commune espère retrouver une nouvelle personne pour le remplacer. Or, il n’y a pas de candidat. Le CPAS de la commune a fait appel aux services du Centre hospitalier chrétien (CHC) pour pourvoir Lincent de deux nouveaux cabinets.

C’est dans ces infrastructures que sont abrités les deux nouveaux cabinets financés par le Centre hospitalier chrétien (CHC). ©Loïc Bonte

Pour ce faire, l’hôpital a avancé la somme de 90 000 euros que les autorités locales se sont engagées à rembourser sur les sept prochaines années. 

“Nous avons une population qui augmente, il faut pouvoir offrir une médecine de proximité à tout le monde”

Marie-Anne Paque présidente du CPAS de Lincent

Selon Marie-Anne Paque, présidente du CPAS (Les Engagés), la difficulté réside aussi dans la communication et dans la manière de faire connaître le projet. La commune n’a pourtant économisé ni son temps ni ses peines pour faire circuler l’information : communiqués et articles de presse, petites annonces sur les sites immobiliers et même un appel relayé par l’Université de Liège (ULiège), transmis aux étudiants fraîchement diplômés de la faculté de médecine. Un professeur de l’Université n’aura pas manqué de souhaiter  ironiquement à la présidente du CPAS, bon courage à la commune de Lincent, étant parfaitement conscient de la difficulté de trouver de nouveaux médecins. 

Marie-Anne Paque ne cache pas sa satisfaction quant à la qualité des infrastructures médicales. ©Loïc Bonte Comment expliquer le désert médical ?

Selon l’Agence wallonne pour une Vie de Qualité (AVIQ), un désert médical consiste à avoir moins de 90 médecins pour 100 000 habitants, ce qui fait un médecin pour 1111 patients. 

Une réalité qui inquiète aussi bien les patients que les professionnels de santé.

Le docteur Xavier Bleser, président de la Société de Médecine de Waremme (ville située à 22 kilomètres à l’Est de Lincent) et Environs, explique que pour résoudre cette problématique, il faudrait rendre le métier plus attrayant, notamment en privilégiant la formation de médecins généralistes par rapport aux spécialistes.

Pour Xavier Bleser, les médecins retraités devraient arrêter de conserver leur numéro INAMI, ce qui bloque les jeunes diplômés d’en avoir un et d’accéder à la profession. ©Loïc Bonte

De plus, les médecins craignent les déserts médicaux : pour un jeune diplômé, se lancer seul dans ce désert (que ce soit à Lincent ou ailleurs) se traduirait par une surcharge de travail. C’est ce que veut dire le Docteur Bleser lorsqu’il affirme qu’arriver seul à Lincent, pour un médecin, revient à “mourir”. Pour éviter cette situation, il faudrait s’y installer à plusieurs en vue de diviser la charge de travail. C’est ce qui a été le cas à Berloz.

“Pour un médecin, aller à Lincent tout seul, c’est pour aller mourir”

Docteur Xavier Bleser Une voie sans issue ?

En effet, non loin de Lincent, une autre commune a été confrontée à un manque de médecins avant de sortir de l’impasse. Berloz, en quelques mois, en a vu débarquer quatre. En arrivant environ au même moment, ces généralistes ont pu éviter le surplus de patients et se les répartir plus ou moins équitablement. Le Bourgmestre Alain Happaerts (Les Engagés) parle d’un coup de chance d’avoir vu arriver ces médecins simultanément.

La commune lincentoise a, de son côté, pu intéresser un kiné ainsi qu’un psychothérapeute. Marie-Anne Paque précise que “les priorités de Lincent, voire l’urgence, sont bien dans la recherche d’un généraliste sans pour autant fermer la porte à ces autres domaines dans le futur. Mais, ce que l’on n’a plus chez nous, ce sont des médecins généralistes”. 

Reste maintenant à savoir si des locaux et du matériel tout récent feront pencher la balance et sauront convaincre. 

L’inauguration des cabinets médicaux prévue le 17 octobre prochain permettra-t-elle d’entrevoir une lueur d’espoir et voir enfin arriver les généralistes tant attendus à Lincent ? Ce qui est sûr c’est que pour l’instant les cabinets ouvriront à vide pour une salle d’attente qui n’attend qu’à être remplie.

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un atelier de journalisme politique, en partenariat avec le quotidien L’Avenir. Il a été également publié sur le site de L’Avenir.

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Bruxelles : dette en hausse, gouvernement en panne

Mammouth - Tue, 30/09/2025 - 16:41

©️Loïc Bonte

Un nouveau cap a été franchi pour la Région bruxelloise en 2024 : celui des 14,5 milliards d’euros de dette. Selon le Centre de recherche en économie régionale et politique économique de l’Université de Namur, elle pourrait même atteindre les 22 milliards en 2029 si aucune mesure n’est prise.

La région bruxelloise est plongée dans une crise politique sans précédent avec quinze mois sans gouvernement. Sans gouvernement, pas de budget, ce qui n’arrange en rien son problème financier. Comment en est-on arrivé là ? Sa situation économique va-t-elle impliquer des mesures drastiques ? Quelles sont les mesures proposées par les divers partis politiques belges pour essayer de combler ce gouffre financier ? Pour y répondre, nous avons rencontré plusieurs mandataires politiques du Parlement bruxellois : Clémentine Barzin (MR), Martin Casier (PS), Gilles Verstraeten (N-VA) et Stijn Bex (Groen).

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Ceux qui restent

Mammouth - Tue, 30/09/2025 - 15:53
Les proches et les familles face au choix difficile de l’euthanasie

Ceux qui restent

33 615. C’est le nombre de personnes qui ont eu recours à l’euthanasie depuis sa dépénalisation en 2002.

33 615, c’est aussi le nombre de familles qui ont été touchées par cette thématique. Les familles et les proches sont les « oubliés » de l’exploitation médiatique.

On s’est donc posé une question : Comment réagissent les proches face à ce deuil particulier ?

Nous avons été à la rencontre des familles et des proches et ils nous ont racontés leur histoire. Nous avons aussi posé des questions à des experts pour comprendre les accompagnements mis en place. 

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Duel PS/N-VA sur le blocage bruxellois

Mammouth - Sat, 27/09/2025 - 14:44
Au micro de Fluid, Martin Casier (PS) et Gilles Verstraeten (N-VA) reviennent sur le blocage politique à Bruxelles

@unsplash

475 jours. Soit un an, trois mois et dix-huit jours écoulés depuis les dernières élections. Et à Bruxelles, rien : toujours pas d’exécutif en place. Sur les ondes de Fluid, la radio étudiante de l’IHECS, les députés bruxellois Martin Casier (PS) et Gilles Verstraeten (N-VA) sont revenus sur la situation de la Région.

Doucement, égaler (voire dépasser) le tristement célèbre record des 541 jours sans gouvernement devient de plus en plus une possibilité concrète, à la suite de plusieurs tentatives infructueuses. Dernier effort en date: six partis (MR, PS, Engagés, Vooruit, Groen et l’OpenVLD) se réunissent à l’initiative de David Leisterh (MR), formateur bruxellois, pour négocier un budget pluriannuel. A ce sujet, Martin Casier (PS) a évoqué l’absence du CD&V à la table des négociation:

« (Négocier) sans le CD&V, ce n’est pas du tout notre choix. Nous [le Parti socialiste], d’ailleurs, nous nous sommes beaucoup inscrits dans un travail avec le CD&V ces dernières semaines. Toute la dynamique d’Yvan Vergoustraete [NDLR : Président des Engagés et « facilitateur » dans les négociations bruxelloises] mettait bien explicitement le CD&V autour de la table. Je pense qu’il s’agit de demander à la famille libérale pourquoi elle a voulu se passer du CD&V aujourd’hui. Ce n’est pas de notre responsabilité. Je rappelle que c’est David Leisterh qui est formateur de ce gouvernement depuis 18 mois [NDLR : 15 mois se sont déroulés depuis les élections]. On l’oublie, mais c’est bien le Mouvement Réformateur et David Leisterh en particulier qui ont la responsabilité de former un gouvernement ».

Gilles Verstraeten évoque la « rupture du compromis » à la belge

Lors de leur échange, les deux députés ont mentionné à plusieurs reprises le blocage institutionnel en cours à Bruxelles. Aux yeux de Gilles Verstraeten (N-VA), il y a une « rupture du compromis » :

«  On a bâti des institutions avec une logique qui devait respecter les deux communautés présentes dans la Région bruxelloise. Pour la première fois, on a laissé tomber cette logique qui consiste à former deux majorités, une du côté néerlandophone et une du côté francophone. [Dans cette logique], on respecte les choix des deux communautés lorsqu’elles se composent de partis démocratiques. Et ensemble, on fait le compromis de former un gouvernement bruxellois. On a fait exploser cette logique-là, ce qui fait que maintenant, nous sommes sans gouvernement depuis plus d’un an. C’était moins compliqué lorsque la logique était respectée, on ne le fait plus, on joue à des jeux de pouvoir et nous restons malheureusement bloqués. C’est l’échec de la logique du compromis, du respect envers les institutions et leur fonctionnement […]. C’est l’échec de la primauté de l’intérêt général de la Région bruxelloise et des Bruxellois […]. »

Les origines du blocage : un bras-de-fer entre le PS et la N-VA, mais pas que ?

Lors de l’été 2024, PS, MR et Les Engagés avaient annoncé former une majorité francophone. Quelques mois après, suite à des négociations plus périlleuses, c’était au tour des partis néerlandophones de sceller un accord, composé de Vooruit, Groen, l’OpenVLD et de la N-VA. Tout semblait donc prendre la bonne direction pour doter la capitale d’un gouvernement. A ce moment, le PS s’est retiré de la coalition francophone, la rendant minoritaire. La raison ? La présence de la N-VA dans un gouvernement bruxellois ne leur plaisait pas du tout. Pour Martin Casier, le refus de s’allier à la N-VA n’est pas propre au Parti socialiste :

« J’ai beaucoup de respect pour la N-VA, je le dis très honnêtement. Mais, il n’y avait pas de majorité au Parlement bruxellois pour installer un gouvernement avec la N-VA, pas plus de notre part, puisque nous ne le souhaitions pas. C’était également le cas de DéFI, d’Ecolo et évidemment du PTB. Donc, il n’y avait pas de majorité possible au Parlement bruxellois pour installer un gouvernement avec la N-VA ».

Trouver une coalition a par ailleurs été plus laborieux pour les partis néerlandophones que du côté francophones, explique Gilles Verstraeten, avant d’insister sur le fait que, selon lui, les partis francophones n’ont pas à influencer ce qu’il se passe dans l’autre groupe linguistique :

« En novembre 2024, on [NDLR : les partis néerlandophones] a formé une majorité. Ça a pris beaucoup de temps et ça a été très complexe. Il y avait un accord entre Groen, la N-VA, l’OpenVLD et Vooruit. Puis, le PS a dit ‘non, impossible’ ! On a fait exploser la logique des institutions bruxelloises. Ensuite, l’OpenVLD a juste dit : ‘nous n’acceptons pas que la majorité francophone dicte quelle coalition les néerlandophones doivent former’. Ces formations de chaque côté linguistique sont une protection de la minorité néerlandophone à Bruxelles, comme il existe des protections au fédéral pour la minorité francophone. Retirer cela, c’est jouer à des jeux très dangereux avec les équilibres de la Région Bruxelles-Capitale mais aussi avec ceux du pays entier ».

Vers une réforme institutionnelle à Bruxelles ?

La question de potentielles réformes institutionnelles à Bruxelles s’est également immiscée dans le débat. La Région bruxelloise étant régie par la loi spéciale du 12 janvier 1989, toute réforme institutionnelle se fera non pas à la Région, mais bien au fédéral.

Cela signifie que ce ne sont pas les députés et le gouvernement bruxellois qui mèneront les réformes institutionnelles propres à leur région, mais les élus de la Chambre des représentants. Néanmoins, Martin Casier et Gilles Verstraeten ont tout de même abordé le sujet. Le socialiste a notamment pointé du doigt la surreprésentation, selon lui, des partis néerlandophones à Bruxelles par rapport au nombre réel de Bruxellois néerlandophones, estimé entre 5 à 10% de la population :

« [Il y a] une surreprésentation, manifestement, c’est un état de fait. Après, l’intention du Parti socialiste n’est absolument pas de […] déséquilibrer ces éléments. Mais, je constate quand même qu’aujourd’hui – même si tout s’est toujours bien passé auparavant – des partis qui représentent de l’ordre de mille voix ont empêché la mise en place d’un gouvernement bruxellois. Et ça, ça pose question sur les intentions des uns et des autres. Je crois qu’en ça, il faut y [NDLR : les réformes institutionnelles] réfléchir ».

« Le modèle institutionnel » selon l’un, « l’intérêt partisan » selon l’autre

Suite à cette paralysie des négociations en vue de former un gouvernement à Bruxelles, la question de savoir si les intérêts des partis politiques ne priment pas sur l’intérêt général s’est posée.  Pour Martin Casier, il y a cependant une nuance à apporter, liée aux institutions :

« C’est la manière dont nous avons organisé nos institutions qui a pris le pas sur l’intérêt général bruxellois. On a depuis des années des institutions absolument illisibles pour les Bruxellois : une COCOF, une COCOM, une VGC, un Parlement, quatre Parlements dans le même Parlement, on change de drapeaux quand on change de séance, on parle à quatre reprises de la même chose dans des institutions différentes… En fait, tout cela n’a plus aucun sens. Sur ce point-là, je suis absolument convaincu que tout doit disparaître : tout doit revenir au Parlement bruxellois avec une majorité en son sein, comme il se doit pour faire fonctionner les choses. Et bien sûr, il y a une question démocratique plus profonde, qui est la place des partis dans notre démocratie. On voit bien aujourd’hui que les Présidents de partis ont pris énormément de place, par exemple. Cette question est au cœur du débat et n’est pas propre à Bruxelles. Elle concerne, à mon avis, l’ensemble de notre modèle démocratique ».

« Ce n’est pas ça », coupe Monsieur Verstraeten. « Oui,  effectivement, [l’intérêt partisan prend le dessus sur]  l’intérêt général. L’intérêt général, c’est aussi du respect pour notre Constitution, pour les règles du jeu, pour les règles du fondement, de l’État de droit, de la démocratie. […] On peut discuter, on peut se frustrer du fait que le modèle institutionnel bruxellois est complexe. Et maintenant, vous [NDLR : le PS] dites :  ‘on ne peut plus avancer parce que c’est trop complexe’. C’est faux, c’est archi-faux ! Pendant 35 ans, on a fait fonctionner ces institutions. Aujourd’hui, on dit qu’on n’a plus envie de les faire fonctionner et le problème provient des institutions. Non, ce sont les partis politiques qui ne veulent plus faire fonctionner les institutions comme prévu dans les lois, dans notre Constitution. Ces partis se disent ‘c’est trop complexe, il faut changer ça’ et bloquent tout le système ».

La gestion des fusillades : une superposition des niveaux de pouvoir


En 2025, Bruxelles est devenue la seconde ville avec le plus de fusillades en Europe, derrière Marseille. À de nombreuses reprises cette année, principalement aux mois de février et juillet, des fusillades liées au trafic de drogues ont marqué la capitale. Le tout dans un contexte où la Région bruxelloise n’a pas de gouvernement à sa tête. En revanche, d’autres échelons de pouvoir, comme le fédéral et le local, ont des compétences en la matière. Quoi qu’il en soit, la situation est trop grave pour Martin Casier, qui invite « chacun à prendre ses responsabilités, à chaque niveau de pouvoir » :

« Le constat est effectivement dramatique. Il est intéressant de parler de Marseille, puisque l’on sait que depuis les Jeux olympiques de Paris, la mafia marseillaise s’est installée à Bruxelles dans la gestion de la drogue. En 2024, on avait autant de fusillades à Bruxelles qu’il y en avait à Anvers – il y en avait même un petit peu plus à Anvers. On sait que le problème de la drogue […]  déferle partout sur notre pays. Elle rentre par le port d’Anvers, c’est un fait. Je ne dis pas qu’il y a une lacune à cet endroit en particulier, je  dis juste que nous sommes confrontés à une violence de plus en plus importante de ces groupes mafieux. Est-ce que l’absence de gouvernement bruxellois [NLDR : est handicapant dans cette situation] ? Oui et non. En termes concrets, non. Le gouvernement bruxellois et le ministre-Président ont des compétences qui n’ont rien à voir avec des compétences de police. Par contre, c’est aux communes ainsi qu’au fédéral très singulièrement de prendre ses responsabilités sur la question de la police fédérale, du renforcement de la police locale et de la police judiciaire. Je ne renvoie pas la balle au fédéral. Je pense que le sujet est suffisamment grave […]. Chacun doit prendre ses responsabilités, chacun, à chaque niveau de pouvoir ».

Gilles Verstraeten, lui, insiste plutôt sur la coordination des forces de l’ordre et mentionne, entre les lignes, le projet (au niveau fédéral) de fusion des six zones de police de la Région de Bruxelles-Capitale :

« Il faut une coordination des forces de l’ordre au niveau de la Région bruxelloise. Les communes ne sont plus 19 villages complètement séparés. Il y a une réalité partagée et on a besoin de solidarité entre les communes pour régler ce problème qui gangrène notre ville ».

À quand un gouvernement à Bruxelles ?

La question qui fâche et que beaucoup se posent est celle de la date de formation d’un gouvernement.  « Demain », répond d’emblée Martin Casier.« Nous avons demandé de commencer un conclave où on s’enfermait pendant une semaine pour y arriver. Je constate que malheureusement, le formateur et les autres partis n’ont pas souhaité s’inscrire dans cette dynamique. Je le regrette, parce que ça doit être demain ».

« Quel gouvernement ? », s’inquiète Gilles Verstraeten.« Le plus rapidement possible. Mais, [je veux] un gouvernement qui prend en charge ce qui doit être pris en charge. Je ne veux pas n’importe quel gouvernement pour Bruxelles. Je veux finalement un gouvernement qui prend les problèmes en main et qui fait les réformes nécessaires ».

En tout cas, la montre tourne, le temps presse de plus en plus, et le record des 541 jours sans gouvernement n’a jamais été aussi proche d’être battu.

L’entièreté du débat (50 minutes) est à écouter en haut de la page.

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T’as vu le Mammouth Mag ?

Mammouth - Thu, 25/09/2025 - 13:12
Le média des étudiant·es de l’IHECS se décline désormais aussi en papier

Le tout premier numéro du Mammouth Mag est sorti ! Ce nouveau magazine illustre la créativité des étudiantes et étudiants, valorise leurs productions et devient une vitrine annuelle des enseignements de l’IHECS.

Créé en 2019 au sein de l’IHECS, Mammouth Media accueille depuis les productions des étudiants en journalisme, qui se déclinent en texte, photo, vidéo et son, sur ce site et sur les réseaux sociaux. Il manquait une déclinaison papier. La première édition du Mammouth Mag, qui parait en cette rentrée académique 2025-2026, vient combler ce manque.

Le premier numéro rassemble principalement des articles produits lors des ateliers de presse et information. On y retrouve toute la diversité des travaux journalistiques – enquêtes, portraits, reportages de terrain ou photojournalisme.

Le magazine propose aussi de découvrir des projets originaux issus des masters en Communication culturelle et associative (Maccs) et en Education aux médias (EAM) – qu’il s’agisse d’un outil d’analyse des films d’animation ou d’un jeu vidéo éthique. Ses pages s’ouvrent aussi aux campagnes publicitaires conçues par les étudiantes et étudiants du master en publicité pour de véritables clients.

Une section consacrée à la vie IHECSienne vient compléter le magazine, reflétant l’énergie et le quotidien de l’école.

Mammouth Mag  permet aux étudiantes et étudiants de donner une visibilité concrète à leurs travaux et de mettre en avant la qualité des formations de l’IHECS. Il pourra également servir de vitrine auprès des enseignants, professionnels du secteur et partenaires de l’IHECS, en Belgique comme à l’international.

Envie de découvrir son contenu ? Le magazine est disponible à l’accueil de l’IHECS, où vous pouvez vous le procurer au tarif e 5 euros (réduit à 2 euros pour les étudiants). Il est également possible de le commander en adressant un mail au rédacteur en chef de Mammouth Media, Eric Walravens.

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Mains embellies, mains asservies

Mammouth - Thu, 18/09/2025 - 11:06
Enquête sur la traite des êtres humains dans les ongleries vietnamiennes à Bruxelles

Photos : Louise de Vuyst

Deux-trois coups sur la vitre, quelques mots approximatifs, sourire toujours accueillant: moins d’une minute suffit pour être abordé dans les boutiques de la Galerie du Centre, à deux pas de la Grand-Place. Une vingtaine de salons de manucure s’y entassent. Derrière les vitrines, les employés qui scrutent les passages à l’affût du moindre client sont tous d’origine vietnamienne.

Prix imbattables, service à la chaîne, hygiène relative… Depuis 2018, ces salons de manucure vietnamiens se multiplient dans plusieurs points centraux de Bruxelles: les galeries d’Ixelles, la Galerie Matonge et la Galerie Agora. Cette prolifération soudaine interroge les autorités, tant et si bien qu’un réseau de collaboration inédit a vu le jour, réunissant la police judiciaire fédérale (PJF) et sa Deuxième Division de Recherche (DR2), l’Office National de Sécurité Sociale (ONSS), l’auditorat du travail, la magistrature et plusieurs associations luttant contre la traite des êtres humains. Observations, contrôles, perquisitions et arrestations ont permis, peu à peu, d’assembler les pièces de ce puzzle de visages, de noms et d’adresses. Un schéma relationnel complexe.

Le vrai coût d’une manucure à petit prix

Bruno Devillé, l’un des inspecteurs chargés de la lutte contre les êtres humains, a supervisé de nombreuses inspections dans les salons de la Galerie du Centre. Les premiers coups de sonde ont révélé que les membres du personnel étaient des travailleurs clandestins, en séjour illégal en Belgique. Au fil du temps, les autorités ont assimilé leur manière de procéder. Mais pour les services d’inspection, « il ne faut pas stigmatiser toute la communauté. Certains décident de faire le boulot de manière plus ou moins légale ».

Cette organisation bien rodée repose en grande partie sur une façade commerciale efficace: des prix dérisoires pour attirer un maximum de clients. L’argent rentre, le commerce tourne, les gains servent à payer le loyer et à rémunérer les travailleurs, bien que certains ne possèdent pas de contrat de travail. Un autre arrangement leur est alors proposé: partager les bénéfices à parts égales (rarement respecté) ou leur offrir le gîte et le couvert en guise de rémunération. « Dans certaines ongleries où la manucure est à 25 euros, le travailleur gardera peut-être un ou deux euros », précise Bruno Devillé. À ces conditions précaires s’ajoute un service après-vente à la charge des employés: la réparation gratuite d’un ongle cassé, permettant au gérant de se targuer d’une offre qualitative pour fidéliser sa clientèle.

Une partie de ces Vietnamiens vit dans une proximité immédiate avec leur lieu de travail: des appartements situés au-dessus de la Galerie du Centre. Un « tout-en-un » qui peut aussi servir de base de repli en cas de contrôle de l’inspection. Ces logements privés, protégés par leur statut de domicile, limitent l’accès aux autorités. Plusieurs autres adresses à Bruxelles ont été identifiées et sont maintenant connues des autorités: les « safe houses ». Ces lieux sont habités par une majorité de résidents sans papiers, sous la supervision de Vietnamiens en règle.

S’adapter pour mieux continuer

Plusieurs fermetures ont eu lieu, la première remontant à février 2023. Des spectateurs du cinéma de la Galerie se sont plaints de fortes odeurs de produits chimiques, causant des irritations oculaires et des difficultés respiratoires. Les inspections ont alors révélé l’absence de ventilation, un stockage excessif et non autorisé de solvants, ainsi qu’une absence de contrat pour l’élimination de déchets spécifiques. Une conscientisation a été menée au niveau de la Ville, la santé publique étant souvent l’un des seuls arguments pour décider d’une fermeture. Charles-Éric Clesse, directeur adjoint de l’Institut de Formation Judiciaire (IFJ) et expert pour le Conseil de l’Europe en matière de traite des êtres humains, explique: « Le législateur réagit souvent par rapport à ce qui se passe dans la rue. Là, il ne s’y passe rien. Comme ça ne rapporte rien à l’État et que ça ne touche pas gravement à l’ordre public, peu de personnes vont se pencher sur le sujet. »

Comme ça ne rapporte rien à l’État et que ça ne touche pas gravement à l’ordre public, peu de personnes vont se pencher sur le sujet.


Charles-Eric Clesse, expert pour le Conseil de l’Europe en matière de traite des êtres humains.

Août 2024. Six ongleries sont contraintes de fermer leurs portes pour six mois sur décision de la Ville de Bruxelles. Manuel Fasoli, copropriétaire de la galerie, « sait que des personnes ont été arrêtées », mais affirme qu’il « n’a aucune preuve de faits de traite d’êtres humains. » Placardés sur les vitrines, les arrêtés du bourgmestre indiquent que les perquisitions révèlent « plusieurs indicateurs de l’existence d’une situation de traite d’êtres humain »: des salaires avoisinant les 400 euros par mois, remis en espèces, ou encore des heures de travail prestées non couvertes par un contrat. Mais Manuel Fasoli insiste: il ne cautionnerait jamais des faits de traite d’êtres humains. Selon lui, « tout est fait pour salir l’image de la Galerie du Centre et celle des Vietnamiens. »

Février 2025, nouvel avis placardé sur les vitrines de deux salons, mêmes motifs, même sanction. Une perte sèche pour les exploitants, qui adaptent leurs pratiques pour mieux continuer, souvent avec un coup d’avance. « On est passé d’une situation où le personnel n’avait aucun document à une adaptation des gérants », constate la PJF. Verser une caution, déclarer leur personnel, ou encore changer le nom du bailleur: ce jeu de dupes permet de rouvrir leurs commerces sous un nouveau jour… jusqu’au prochain contrôle.

Difficulté de collaborer

Dans leur lutte contre ces réseaux, les autorités rencontrent une difficulté majeure: la non-collaboration. « J’ai demandé à aller aux toilettes, j’ai vu que c’étaient des Vietnamiens et puis voilà, ils m’ont pris », une excuse classique selon Bruno Devillé. Par peur, par ignorance ou par loyauté envers leur communauté, les Vietnamiens parlent peu, contrairement à d’autres groupes ethniques. Toutes nos tentatives d’approche avec ces travailleurs ont échoué. Leur récit reste pourtant primordial, les signes d’exploitation dans ces ongleries étant rarement visibles. Une déclaration a plus d’impact quand elle est appuyée par un témoignage. La législation belge se révèle néanmoins moins sévère quant à la qualification d’un cas de traite par un magistrat. « Il suffit d’avoir recruté, hébergé, transporté quelqu’un à des fins d’exploitation », explique Charles-Eric Clesse.

Des victimes, travailleurs clandestins lors des premières inspections, sont ensuite devenues patrons.

Bruno Devillé, inspecteur de police chargé de la lutte contre les êtres humains

Pour obtenir un statut de protection, la victime doit répondre à deux conditions: signaler sa situation d’exploitation et rompre tout lien avec le réseau. Mais beaucoup de victimes vietnamiennes ne se considèrent pas comme telles, percevant cette situation comme une opportunité. D’ailleurs, la frontière entre exploité et exploitant est fine. Les contrôles de l’ONSS ont révélé un phénomène troublant: des victimes, travailleurs clandestins lors des premières inspections, sont ensuite devenues patrons. Comme si elles avaient gravi les échelons, telle une hiérarchie. Un « double statut » reconnu dans ces ongleries.

La barrière linguistique creuse un fossé encore plus grand entre autorités et Vietnamiens. Les services de police, l’ONSS et l’association PAG-ASA –active dans la lutte contre la traite des êtres humains à Bruxelles– collaborent donc avec des interprètes de confiance. « Il s’agit de personnes formées spécialement pour travailler avec des organisations sociales. Ainsi, nous évitons tout danger de lien avec les victimes, au vu de la proximité au sein de la communauté », explique Sarah De Hovre.

Une communauté soudée

Cette proximité s’explique par leurs origines communes. La majorité des employés des salons de la Galerie sont originaires de deux provinces nichées au nord du Vietnam: Nghe An et Hà Tinh, points centraux d’un vaste réseau de migration irrégulière. Ce sont des régions pauvres, où beaucoup de jeunes, majoritairement des hommes célibataires et ayant un faible niveau d’éducation, sont démunis face à un manque de perspectives professionnelles.

Un autre facteur les lie d’autant plus fort, accentuant le contrôle social: la religion catholique, pratiquée par une minorité du peuple vietnamien. À Bruxelles, près de 300 fidèles se réunissent généralement lors de la messe au Couvent des Pères Carmes. Ici, tout se déroule en vietnamien et tous semblent se connaître. « L’église, c’est un peu une bourse au travail. Patrons et demandeurs d’emploi s’y retrouvent », appuie Bruno Devillé. Sarah De Hovre, directrice de PAG-ASA, explique que les Vietnamiens « fonctionnent via la confiance, en se serrant la main et en se mettant d’accord sur un bail ou un emploi oralement ». Ils méconnaissent souvent l’importance du contrat écrit en Belgique, un élément essentiel à la protection de leurs droits. Ils ne sollicitent pas non plus les services d’aide, faute d’information ou par crainte des autorités. Au-delà de l’église, ils partagent d’autres lieux communs à Bruxelles. Installés dans la ville depuis les années 1980, deux endroits principaux les rassemblent : l’un à Ixelles, l’autre près de la Bourse.

Des exploitants préparés

Empruntant une route migratoire, tantôt légale, tantôt illégale, ces Vietnamiens ont un objectif: rejoindre le Royaume-Uni, en quête d’un avenir meilleur, où la vie en séjour illégal serait plus aisé. La Belgique devient dès lors l’une des dernières étapes. « Ils savent que c’est un point d’accroche et que des gens pourront les aider. Toutes les ongleries ne sont pas mêlées à du trafic. Elles sont là pour offrir du travail à des migrants et leur permettre de se refaire un petit pécule pour continuer la route ou s’installer ici », explique Bruno Devillé.

Les exploitants, parfois aussi bien gérants que locataires, n’accueillent évidemment pas les services d’inspection à bras ouverts. « Moi je suis le sale cochon et mon collègue, c’est le sale petit rat. C’est comme ça qu’ils nous appellent en vietnamien », raconte Bruno Devillé. Des guetteurs sont postés aux alentours de la Galerie et donnent l’alerte en cas d’arrivée non prévue. Les gérants nient souvent tout en bloc. Une dame affirme ne pas connaître les autres employeurs et employés: « Entre patrons, on ne se parle jamais ». Xavier (nom d’emprunt), inspecteur de police au sein de la deuxième Division de Recherche de la PJF, n’en croit rien: « Ils se connaissent et se fréquentent tous. Quand on regarde les devantures, il est mentionné que l’employé travaille toujours, mais dans le salon d’à côté », ajoute-t-il. Des numéros de téléphone sont placardés sur les vitrines pour pouvoir contacter les travailleurs. Cette dame, l’ONSS la connaît bien aussi. « Elle vous suit pour voir où vous allez, raconte Bruno Devillé. Pour faire passer un discours qui va plaire, pour que vous n’alliez pas fouiller plus loin. »

Ce phénomène s’étend au-delà de la capitale européenne: Namur, Liège, Anvers, Charleroi, Vilvorde ou encore Gand. Il se propage aussi en ligne, sur le réseau social Tik Tok, où 36 vidéos cumulent plus de deux millions de vues. Bruno Devillé souligne l’importance de sensibiliser les clients: « Une manucure à 25 euros, un employé ne parlant pas français, restant douze heures à limer les ongles … Il faut se poser les bonnes questions. » Des réseaux grandissants et une lutte sans fin. Manque de temps, de moyens, peut-être de volonté? Pour l’inspecteur de l’ONSS, « si on ne va pas chercher plus loin, on peut dire que c’est de la bête fraude sociale, du travail en noir. C’est en prenant en compte tous les aspects –trafic, passage, produits et développement– que l’on réalise qu’on est vraiment dans le cadre de la criminalité crasse. »

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Trouble-têtes

Mammouth - Tue, 26/08/2025 - 10:05
Comment travailler quand on vit avec un handicap invisible ?

Trouver un emploi est plus difficile pour certain·es que pour d’autres. Les personnes en situation de handicap cognitif, mental ou psychique affrontent de nombreuses embûches. Les obstacles peuvent être invisibles, mais ils n’en sont pas moins réels : incompréhensions, préjugés, manque d’aménagements adaptés.

En Belgique, près de 600 000 personnes vivent avec un handicap. Derrière ce chiffre se cachent des parcours faits d’espoirs et de difficultés. Le documentaire « Trouble-têtes » raconte ceux de Dylan, Nina, Cathy et Olivier, à travers leurs expériences, leurs doutes et leurs réussites.

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Blessé de la presse

Mammouth - Tue, 26/08/2025 - 09:39
Quelle responsabilité des médias face aux erreurs judiciaires ?

Le 22 mars 2016, Bruxelles est secouée par un attentat terroriste qui plonge la ville dans un état de stress intense. Tous les services de police et de secours sont sur le qui-vive. Dans l’urgence de la situation, les journalistes font face face à une avalanche d’informations à traiter. Les médias se mobilisent pour informer au plus vite mais, dans l’urgence, comment éviter les erreurs ? Comment vérifier les informations ?

Pris à tort pour « l’homme au chapeau », un des terroristes identifiés sur des caméras de surveillance, Fayçal Cheffou voit sa vie basculer quand son visage et son nom sont relayés dans tous les médias. Pendant des jours, il est présenté comme suspect, alors qu’il est innocent. Si la justice a commis une erreur, les médias ont également joué un rôle, en affichant son visage et son nom, qui seront relayés dans le monde entier.

Le cas de Fayçal Cheffou n’est pas un cas isolé. Partout dans le monde, des erreurs judiciaires sont médiatisées et continuent de briser des vies. Dès lors, quelle est la responsabilité des médias face à de telles erreurs ? C’est la question qui est à l’origine du documentaire réalisé par Innocence en sursis, dans le cadre d’un mémoire médiatique.

Parmi les personnes interrogées dans le documentaire: maitre Olivier Martins, avocat de Fayçal Cheffou au moment des faits ; Arthur Sente, journaliste au journal Le Soir ; Tony Chalot, journaliste à la Dernière Heure ; Muriel Hanot, secrétaire générale du conseil de déontologie journalistique ; Michaël Dantinne, criminologue à l’ULiège et Jean-Marie Charon, sociologue à Rouen.

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#CANCELLERS : La justice 2.0

Mammouth - Sat, 02/08/2025 - 12:12
La cancel culture, un combat permanent pour les cancellers

Crédit vidéo : Marine Thienpont, Zoé Istasse, Edwin de Hertogh

La cancel culture, ça vous dit quelque chose ? Si vous avez sûrement déjà été confronté·es à ce mouvement de boycott des personnalités et marques jugées problématiques, vous ne connaissez probablement pas les cancellers : ce sont les acteur·ices qui prennent part au phénomène d’annulation en ligne ou hors de la sphère médiatique. À l’ère de #MeToo et autres mouvements militants, le phénomène de la cancel culture est omniprésent dans notre société. Mais qui sont les cancellers, et quelles conséquences ont leurs actes ? Découvrez-le dans ce documentaire de 26 minutes, réalisé par Marine Thienpont, Zoé Istasse, et Edwin de Hertogh.

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Africa Museum : un musée face à son passé colonial

Mammouth - Wed, 23/07/2025 - 11:07

Crédit photo : Bastien Hanot

Le « dernier musée colonial au monde ». Voici comment était encore décrit le Musée royal d’Afrique centrale, il y a peine plus de dix ans. Depuis le musée a été « décolonisé », ses expositions rénovées et son nom rebaptisé en Africa Museum. Mais est-il réellement possible de décoloniser un musée colonial ?

En passant la grille d’entrée, on découvre à gauche l’impressionnante bâtisse néoclassique dominant le parc de Tervuren. À droite, le pavillon du directeur, où Bart Ouvry nous attend. Avant de prendre le tête du musée en mai 2023, ce diplomate de carrière avait passé dix ans en Afrique en tant qu’ambassadeur au Kenya et représentant de l’Union européenne en RDC, puis au Mali. Pour lui, le plus grand succès du musée est qu’il attire maintenant un public afro-descendant et africain, un public largement absent auparavant. Ce manque de public diversifié par le passé s’expliquerait en partie par l’absence de modernisation du musée au siècle dernier. « Même si officiellement, le processus de décolonisation a commencé en 1960, rien n’a changé avant le début des années 2000 », analyse le directeur. Le musée présentait le colonialisme comme un élément essentiel de développement pour un pays africain. Or, le musée de Tervuren est l’une des portes d’entrée des Belges vers l’Afrique, façonnant les conceptions du continent.

Lorsque Guido Gryseels prend la direction du musée en 2001, il constate cette absence de changement dans les différentes expositions permanentes, et fait de la rénovation du musée une priorité absolue. « Il y a 25 ans, 95 % des Belges étaient convaincus que la colonisation du Congo par la Belgique constituait une bonne chose. Puis petit à petit, un débat s’est formé au niveau sociétal et la vision de la population a progressivement changé ». En 2013, les choses bougent enfin, le musée ferme pour des travaux de rénovation d’une durée de cinq ans.

King Kasaï

Après avoir traversé le tunnel blanc qui mène du nouveau bâtiment d’accueil à l’entrée des collections du musée, on traverse la première partie musique et langue où l’on entend de multiples sons de tambours et autres instruments traditionnels. Quelques centaines de pas plus loin, une famille d’Okapi, giraffidé aux allures de zèbre, accueillent les visiteurs dans la partie paysage et biodiversité. Le musée possède une collection de 10 millions de spécimens, qui s’apparente pour la plupart à des trophées, la chasse étant étroitement liée au projet colonial. Au bout du couloir, se trouve le plus célèbre d’entre eux : King Kasaï. L’imposant éléphant est l’exemple parfait du trophée colonial, abattu en 1956 lors d’une mission, il sert de pièce maîtresse pour l’exposition universelle de Bruxelles en 1958. 

Sous les yeux de Kasaï, se trouve la rotonde, grande coupole ornée de marbre et de dorures. Voici sans aucun doute la pièce la plus problématique du musée, un temple dédié à Léopold II, rappelant les heures les plus sombres du colonialisme. Aux quatre coins de la salle, de grandes statues en bronze doré véhiculent des stéréotypes racistes comme l’absence de civilisation avant l’arrivée des colons ou la sexualisation des femmes africaines. Le monument étant classé, le musée se trouve dans l’impossibilité de les enlever. Pour réinventer la pièce, le musée a invité l’artiste congolais Aimé Mpane à concevoir deux statues en bois se faisant face, le crâne de Lusinga se référant aux horreurs du passé et Nouveau souffle se référant aux promesses de l’avenir. Mpane a ensuite travaillé avec l’artiste bruxellois Jean-Pierre Müller pour réaliser un ensemble de seize voiles, superposés aux statues, proposant ainsi une nouvelle lecture de la pièce. Ne faisant pas partie intégrante du bâtiment, le buste de Léopold II qui trônait au milieu de la rotonde a, lui, pu être enlevé. Cependant, une enquête du musée a démontré que beaucoup de gens ne comprennent pas la signification de ces nouvelles installations. Le message de déconstruction véhiculé à travers ces œuvres est nettement plus efficace avec les explications d’un guide.

Collaborations difficiles

Comme dans la rénovation de la rotonde, les liens avec la diaspora sont essentiels pour redéfinir les objectifs du musée. Dans cette optique, l’ancien directeur Guido Gryseels et les différentes associations de la diaspora mettent en place le Comraf (comité de concertation du musée avec les associations africaines) au début des années 2000, une structure associant douze membres africains issus d’associations et cinq membres du musée. La consultation mise en place par le musée pendant les travaux de rénovation s’est articulée autour de six experts élus au sein de la diaspora. Mais la structure a cessé de fonctionner avant la réouverture du musée, « je pensais que nous allions élaborer des choses ensemble mais j’ai vite déchanté ; le musée n’attendait que des validations de notre part. Il a fallu négocier fermement pour apporter du contenu » s’exprimait Anne Wetsi Mpoma, membre des six experts de la diaspora, dans Médor quelques mois avant la réouverture du musée en 2018. Guido Gryseels explique : « suite au mouvement black lives matter, une différence de vue s’est formée entre les attentes de la diaspora et les possibilités du musée. Le rôle de conseiller ne leur suffisait plus, le Comraf voulait de la cocréation ». Pour les associations africaines, le musée ne peut pas réellement rompre avec l’optique coloniale sans s’appuyer sur la collaboration avec la diaspora. Le président du dernier Comraf, Billy Kalonji, déclarait dans un entretien pour la revue Ensemble : « Tout ce qui se fait pour nous sans nous, se fait contre nous ».

Décision politique

Certaines exigences de la diaspora ne peuvent pas être réalisées par le musée. « Le musée est une administration fédérale et possède trop peu d’autonomie, ce statut devrait évoluer pour pouvoir permettre plus de dynamique dans le fonctionnement de l’Africa Museum », glisse l’actuel directeur. Cette autonomie souhaitée semble encore lointaine, le budget de BELSPO (l’organisme responsable des politiques scientifiques au niveau fédéral) décline d’année en année avec notamment une réduction de 25 % de ses crédits suite aux efforts d’assainissement budgétaire. « Il y a un manque d’ambition énorme au niveau politique, faisant écho à des ambitions politiques, notamment au niveau de la N-VA visant à démanteler les collections fédérales et de les renvoyer aux entités fédérées », explique Martin Hullebroeck, chercheur postdoctorant à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et collaborateur à l’ULB.

Malgré les complications financières, le musée a des ambitions. Le travail de décolonisation est un travail sans fin, « Ce qui peut sembler décolonial et équitable aujourd’hui, peut ne plus l’être dans 10 ans, c’est une question sociale. L’important est d’évoluer afin de ne pas se retrouver à la traîne de la société », conclut Bart Ouvry.

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Le catch à l’heure belge

Mammouth - Mon, 21/07/2025 - 12:58
Renaissance du show-spectacle à la sauce bruxelloise

Photos : WWE

Du Claridge à Forest National, les 16 et 17 mars derniers ont marqué un tournant pour le catch en Belgique. À 24 heures d’intervalle, une fédération indépendante locale et la puissante WWE ont attiré un public nombreux et passionné. Un contraste de formats, mais un même engouement.

Bruxelles, mi-mars. Deux événements ont placé la Belgique au cœur du monde du catch. Dimanche 16, la Banger Zone Wrestling (BZW) remplissait le Claridge de Saint-Josse avec son show Road to Glory. Le lendemain, c’est Forest National qui accueillait un épisode en direct de Monday Night RAW, première du genre sur le territoire belge.

À première vue, tout oppose ces deux rendez-vous : d’un côté, la BZW, petite fédération née en 2022, portée par des bénévoles passionnés ; de l’autre, la WWE, géant américain valorisé à plusieurs milliards de dollars. Mais sur place, une évidence s’impose : le catch suscite en Belgique un engouement réel, longtemps sous-estimé.

Au Claridge, le catch local joue à guichets fermés ©BZW

Il est 18 h 30 ce dimanche, et déjà une file compacte s’étire devant le Claridge, petite salle de 600 places située près de la station de métro Madou. L’événement n’est censé commencer qu’à 20 h, mais fans et familles ont pris de l’avance. À l’intérieur, un ring a été installé sous des projecteurs amateurs mais efficaces. Des drapeaux flottent. Une buvette, quelques stands de merchandising, un photocall avec des catcheurs.

Dans la file, Ludo, bénévole, distribue les derniers bracelets d’entrée. Sur scène, Max vérifie les micros. Tous deux font partie de l’équipe fondatrice de BZW. « On n’avait pas imaginé remplir la salle aussi vite. Il y a deux ans, on jouait devant 80 personnes à Namur. Là, c’est complet une semaine à l’avance. »

Le public est varié. Des enfants avec leurs parents. Des trentenaires passionnés. Des curieux. Dans la salle, l’influenceur Sturry, figure francophone du catch sur YouTube, discute avec des abonnés. « Je vois un public nouveau, moins masculin, plus familial, note-t-il. Ça change. »

Une soirée entre hurlements, chaises cassées et émotions vraies

À 20 h tapantes, l’annonceur entre en scène. Les premiers combats s’enchaînent rapidement, portés par des catcheurs locaux ou européens. Joseph Fenek, favori du public, conserve son titre après un match tendu contre Psycho Clown, vétéran mexicain. À la pause, les enfants courent vers le bar à bonbons ; les adultes vers le stand de bières.

L’ambiance prend une tournure plus grave lors d’un moment inattendu. L’un des catcheurs interrompt le spectacle pour évoquer un deuil familial. Silence total. Puis, la reprise est brutale : tables éclatées, chaises tordues, cris du public. Le match principal, entre Trent Seven et Axel Tischer, anciens de la WWE, donne lieu à une demi-heure de combat technique. À la fin, Jacob Vadock, figure locale, surgit pour défier le vainqueur. Les fans crient, filment, applaudissent.

À 23 h passées, la foule sort calmement. Sur le trottoir, Pauline, 24 ans, résume la soirée : « J’ai rigolé, j’ai eu des frissons, j’ai même pleuré. Je ne m’attendais pas à autant d’émotions dans un show belge. »

À Forest National, la WWE impose sa grandeur

Le lendemain soir, Forest National est en effervescence. Près de 8 000 spectateurs prennent place dans les gradins pour assister à un événement historique : l’enregistrement en direct de Monday Night RAW, désormais diffusé sur Netflix depuis le début de l’année. Jamais une émission hebdomadaire de la WWE n’avait été captée en Belgique.

Des fans affluent de toute l’Europe. Jonas, 31 ans, a fait le trajet depuis Marseille : « Quand j’ai vu que RAW venait à Bruxelles, j’ai tout de suite réservé. C’est une première, je voulais être là. » Aux abords du bâtiment, les drapeaux belges côtoient les banderoles pro-Cody Rhodes ou anti-John Cena.

Dans la salle, la mise en scène est millimétrée. Des écrans géants, des effets pyrotechniques, une régie de plusieurs dizaines de techniciens. L’arrivée de John Cena provoque une clameur de plusieurs minutes. Les fans chantent, hurlent, huent, brandissent des ceintures en plastique.

Cody Rhodes face au public belge en feu

Le spectacle alterne combats scénarisés, interviews et rebondissements. Penta, le nouveau luchador de la WWE, affronte Ludwig Kaiser dans un match solide. Jey Uso, Rey Mysterio et Rhea Ripley apparaissent à leur tour. Les caméras filment tout. À la fin du show, le champion Cody Rhodes prend la parole et salue « l’énergie unique du public belge ».

Barclay, 29 ans, venu de Paris, est encore sous le choc : « Je suis allé à RAW à Londres et Berlin, mais ici l’ambiance était plus brute, plus spontanée. On sentait que les gens attendaient ça depuis longtemps. »

Vers une reconnaissance durable ?

Ce double événement marque peut-être un tournant pour le catch en Belgique. Longtemps cantonné à des salles modestes et des retransmissions confidentielles, il bénéficie désormais d’une visibilité inédite. La WWE, en choisissant Bruxelles pour un épisode de RAW, valide l’intérêt commercial de cette région. La BZW, en attirant 600 personnes et en vendant ses billets en quelques jours, prouve que la scène locale peut répondre à cette demande.

Pour Ludo, de la BZW, cette montée en puissance ne doit pas faire perdre le nord : « On veut garder notre ADN. Oui, on rêve d’une tournée francophone. Mais on ne veut pas devenir une caricature. Le catch, c’est aussi une école de respect. »

Le catch belge n’a sans doute pas encore atteint son apogée. Mais en ce week-end de mars, il a franchi un cap symbolique : celui d’un divertissement de niche devenu une culture à part entière.

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