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Informer n’est pas un crime

lun, 22/01/2024 - 12:00
Le combat du comité Free Assange continue

Photos : M’Mah Bangoura

Cela fait quatre ans et demi que le Comité Free Assange se donne rendez-vous chaque lundi à la Place de la Monnaie à Bruxelles. Son but : faire libérer Julian Assange.

Lundi 23 octobre, 16h50. La Place de la Monnaie est vide. Pour cause, il pleut. Pour l’instant, un seul bénévole du Comité Assange répond à l’appel : Thierry Delforge, instituteur retraité. Il est à l’avance. Vêtu d’un K-Way jaune complètement trempé, il brandit deux pancartes. Sur la première, on peut lire “#FreeSpeech”, “#Liberté d’Expression” et « Hands Off Assange », « Ne touchez pas à Assange ». Celle qu’il tient sous son bras laisse entrevoir : “UK Don’t Extradite”, “Royaume-Uni, ne l’extradez pas”.

Depuis son arrestation en 2019 par les autorités britanniques pour n’avoir pas respecté les conditions de sa liberté provisoire, le lanceur d’alerte australien Julian Assange est détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh au Royaume-Uni dans des conditions telles qu’il ne serait plus que l’ombre de lui-même, selon Amnesty International. Les États-Unis ont émis une demande d’extradition à l’encontre du fondateur de Wikileaks pour un ensemble de chefs d’accusation dont, notamment, le piratage informatique et l’espionnage. En effet, Wikileaks est responsable d’avoir divulgué des centaines de milliers de documents confidentiels de l’armée américaine, mettant en exergue les vices de l’une des plus vieilles démocraties au monde. Si le Royaume-Uni venait à livrer Assange aux États-Unis, ce dernier écoperait d’une peine d’au moins 180 ans de prison.

Dire la vérité c’est pas un crime !

17h04. On aperçoit une dizaine de bénévoles au loin, à l’abri de la pluie. Ils viennent et partent au compte de goutte. “Il y en a qui n’ont pas encore fini le boulot. C’est pour ça qu’on n’est pas encore tous là”, réplique un des bénévoles. Ils sont une majorité de femmes, pour la plupart des retraité.e.s, un ancien professeur d’histoire, une ancienne infirmière, etc. Certains sont encore dans la vie active, parmi lesquels un sociologue, une traductrice et une infirmière.

Aujourd’hui, en raison des intempéries, ils ont choisi la bouche de métro De Brouckère pour leur rassemblement. C’est l’heure de pointe et celle-ci est bondée. Ils se passent les pancartes, portent leur K-WAY jaune et c’est parti : “Free Julian Assange. Liberté pour Julian Assange. Dire la vérité c’est pas un crime. Dire la vérité c’est pas un crime”, crie Enrique, le sociologue. Pendant ce temps, entre les rapides va-et-vient des passants, ses compères se placent devant les escalators et tendent des tracts aux usagés. Certains sont interpellés pour une brève discussion sur la situation d’Assange, d’autres prennent le temps de signer la pétition. D’autres encore, trop pressés ou simplement par manque d’intérêt, choisissent d’esquiver les bénévoles.

Une bénévole est à terre sur ses genoux. Entourée de ses confrères, elle brandit trois pancartes. Une accrochée au cou qui dit : “Drop the charges”, “Abandonnez les charges” et une autre : “Bring Assange Home”, “Ramenez Assange à la maison”. À de multiples reprises, elle scande : “Free, Free, Free Assange ; Libérez, libérez, Libérez Assange”. Les bénévoles répètent après elle, en chœur.

Pourquoi la situation d’Assange inquiète ?

Quand on leur demande pourquoi ils s’insurgent contre la potentielle extradition d’Assange vers les États-Unis et en quoi cette cause leur tient autant à cœur, les bénévoles répondent : “La situation d’Assange est une menace pour la liberté d’informer et une menace pour notre droit à nous, citoyens, d’être informés correctement.”

Cela fait maintenant quatre ans et demi que le Comité Free Assange Belgium se donne rendez-vous tous les lundis à 17 heures, à la Place de la Monnaie et tous les premiers lundis du mois devant l’ambassade du Royaume-Uni.

Leur initiative commence un 10 janvier 2019, lors de la projection du reportage ARTE, “Les Vérités de Julian Assange” pendant le festival du Cinéma d’ATTAC. Les rassemblements ont d’abord lieu devant l’ambassade du Royaume-Uni, ensuite devant celle des États-Unis puis finalement à la Place de la Monnaie, jugée plus propice à la sensibilisation à la cause car plus fréquentée. “Je ne pense pas que ça leur fait vraiment quelque chose aux gens de l’ambassade de voir quelques personnes devant leur bâtiment, mais à la Place de la Monnaie, à 20 personnes, on distribue entre 600 à 1000 tracts chaque lundi et on discute avec des personnes qui ne connaissaient pas l’histoire d’Assange”, détaille Marie-France Deprez, porte-parole du comité.

L’information doit être dérangeante

Sur les tracts distribués aux passants, on peut lire les phrases suivantes : “Julian Assange ne doit pas être extradé !”, “Julian Assange doit être libéré !”. Ces propos sont accompagnés de plusieurs hyperliens qui permettent de signer les pétitions en ligne. “L’information doit être dérangeante, c’est comme ça que les gens peuvent comprendre et réfléchir par eux-même. Assange a fait ce travail, explique Annie, ancienne réalisatrice à la RTBF. Les bénévoles insistent : Assange n’a rien fait de mal. Il ne devrait pas être détenu.

19h20, les passants se font de plus en plus rares devant la bouche de métro et les exclamations diminuent. Petit à petit, les bénévoles remballent leurs installations. Bilan de la soirée : 500 tracts distribués et 33 signatures pour les pétitions. C’est un peu moins que la moyenne, mais une victoire malgré tout, au vu du mauvais temps.

Lundi prochain, quelle que soit la météo, ils seront là. Même heure, même place, mêmes revendications.

Enrique, sociologue et bénévole pour le Comité Free Assange.

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Tennis de table : la naissance d’un jeune talent

dim, 21/01/2024 - 10:00
Chloé, 12 ans, constitue un sérieux espoir belge en tennis de table. Elle jongle entre ses entrainements, ses compétitions, les trajets et l’école. Une vie peu banale pour une enfant de son âge. Le tennis de table est plus qu’un sport, c’est une passion et parfois de grosses concessions. 

Crédit photo : Delphine Grote

En décembre 2023, nous avons rencontré une jeune athlète, Chloé et l’avons suivie dans son quotidien. Depuis, la jeune pongiste a ajouté des médailles à son palmarès. En effet, les 6 et 7 janvier 2024, Chloé a gagné trois titres lors des championnats du Hainaut (médaillée d’or en double mixte et double dame et médaillée de bronze en simple). Ces nouvelles distinctions lui permettent d’être qualifiée pour les championnats de Belgique qui auront lieu le 2 mars 2024.

Un reportage réalisé par Delphine GROTE, Charlotte Lhoir et Jovial Kuete.

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Les coulisses du ciel

sam, 20/01/2024 - 09:00
Contrôleur aérien, un métier de l’ombre

Photo : Ben Koorengevel

Si prendre l’avion n’est pas toujours facile, en faire voler un l’est encore moins. Pour faire aller un avion d’un point A à un point B, toute une armée de métiers différents est nécessaire. Parmi ces métiers, beaucoup sont méconnus. C’est le cas du contrôleur aérien, sans qui le trafic au-dessus de nos têtes ne pourrait pas fonctionner. 

À travers ce podcast, Johan, 57 ans nous explique son quotidien de contrôleur aérien. Il travaille pour EUROCONTROL au centre de contrôle de l’espace aérien supérieur de Maastricht, l’organisation qui gère le trafic aérien au-dessus de 7,5 km dans le ciel du Bénélux et du nord-ouest de l’Allemagne. Parler aux avions n’est pas tous les jours facile, mais c’est un métier-passion que Johan exerce maintenant depuis plus de 30 ans.

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Les mineurs demandeurs d’asile : entre défis juridiques et quête d’identité

ven, 19/01/2024 - 12:00
Interrogatoires à répétitions, tests médicaux poussés, criminalisation et remise en question de la véracité de leur histoire, autant de difficultés auxquelles les mineurs étrangers non accompagnés (MENA) vont se heurter lors de leur arrivée en Belgique. Si la route a déjà été sinueuse pour ces jeunes, la demande d’asile va les déposséder du peu d’innocence qu’il leur reste.

Illustrations: Freepik (cc) et Alekseev sur Pinterest (cc)

1,2 milliard d’enfants dans le monde sont menacés par la guerre, la grande pauvreté ou les discriminations de genre selon un rapport de l’ONG Save The Children. Cela signifie qu’un enfant sur deux est privé d’enfance à cause de situations de conflits, du mariage forcé, de la malnutrition, du manque d’accès à l’éducation, etc. Autant de causes qui mettent en péril le respect des droits de l’enfant à l’échelle mondiale. De nombreuses voix se sont fait entendre quant au non-respect de ceux-ci, à l’occasion de la Journée Internationale des droits de l’enfant. En effet, des représentants du monde politique occidental interpellent régulièrement les pays en situation de conflits ou sous-développés sur le respect sans condition des droits de l’enfant comme inscrit dans la Convention des droits de l’enfant adoptée par l’Assemblée des Nations Unies.

Dans l’impossibilité de vivre dans des conditions décentes ou même de survivre, des millions d’enfants prennent le chemin de l’exil. Certains entament le voyage accompagnés de leurs parents ou des derniers membres de leurs familles encore en vie, mais trop souvent, des mineurs prennent la route seuls. Fin 2022, l’UNICEF dénombrait 43,3 millions d’enfants déplacés dans le monde. Souvent, ils quittent le pays pour se protéger dans le pays frontalier le plus proche et le plus accueillant. Cependant, certains vont décider d’aller plus loin chercher des conditions de vie meilleures et une protection qu’ils ne peuvent pas trouver dans leur pays d’origine.

Pour les populations subsahariennes, du Moyen-Orient ainsi qu’eurasiatiques, l’Union européenne représente l’objectif à atteindre. Après avoir traversé déserts et mers et parcouru des milliers de kilomètres, souvent à pied, ils espèrent reconstruire leur vie en Europe en attendant de pouvoir rentrer chez eux. Toutes les histoires sont différentes, mais leurs trajets sont souvent semés des mêmes embûches. La Belgique reçoit plus que jamais des jeunes mineurs non accompagnés, environ 6 400 mineurs signalés en 2022 soit une augmentation de 30 % par rapport à 2021, principalement issus de zones d’instabilité politique comme l’Afghanistan ou la Corne de l’Afrique (Somalie, Éthiopie ou Erythrée).

Promis, je ne suis pas majeur

80 % des mineurs non accompagnés qui arrivent en Belgique sont afghans et 90 % sont des garçons. Leurs trajets se ressemblent, longs, épuisants, organisés par des passeurs grassement payés qui souvent leur mentent, les malmènent ou les maltraitent. Avoir un passeur, c’est endetter sa famille, c’est avoir une dette qu’ils doivent rembourser très vite à leur arrivée en Belgique. Les passeurs, c’est la première angoisse. La première d’une longue liste. Ces jeunes commencent par traverser l’Iran qui, selon Julie Demarez, la co-fondatrice de la Maison Babel, est la partie la plus “facile” du périple. Puis ils arrivent en Turquie où tout se complique. Beaucoup se font arrêter et emprisonner. Quand ces mineurs arrivent en Belgique, ils sont abîmés. Abîmés par le trajet à pied, abîmés par les adultes, abîmés par le déracinement.

5 h du matin, petit château : Ali vient d’Afghanistan, comme quasiment tous les jeunes autour de lui, et va être pris en charge par les services de FEDASIL (l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile) il ne le sait pas encore, mais il va passer plus d’un an à prouver qu’il est mineur. Ali est grand et a déjà de la barbe. Ce qu’il ne peut pas contrôler va déterminer la tournure de ses prochaines années. Pourtant, il n’a que 16 ans, mais seule sa famille en Afghanistan le sait et ici, personne ne va le croire.

 8 h du matin : on annonce à Ali qu’il va être transféré dans un Centre d’Orientation et d’Observation (COO). Il a de la chance, une place vient de se libérer. Parfois, les jeunes peuvent attendre plusieurs semaines au petit château.

9 h : on lui donne un thé chaud. Il n’en a pas bu depuis 1 an. La boisson chaude au citron le fait pleurer. La dernière fois qu’il a bu du thé, c’était celui préparé par sa mère.

10 h : il prend le bus avec d’autres enfants qui ont l’air encore plus tristes que lui et arrive au COO. Le centre est immense, bruyant et si plein qu’on dirait qu’il va exploser. Il y a beaucoup d’Afghans et ça le rassure, mais les groupes sont déjà faits, certains sont là depuis 4 mois. Il va falloir s’intégrer pour avoir les bonnes places au dortoir, pour ne pas se faire embêter, pour partager des repas, pour ne pas se sentir trop seul, pour ne pas sombrer.

Un mois plus tard : on lui a trouvé une tutrice. Elle s’appelle Inès, elle est jeune et gentille avec lui, ça lui fait du bien. Elle lui a dit qu’elle allait l’aider pour tout. Pour lui expliquer les entretiens dans les moindres détails, pour signer tous les papiers, pour le rassurer. Elle a presque les mêmes yeux que sa grande sœur, ça le rassure. Grâce à elle, il va pouvoir commencer les entretiens.

Trois mois plus tard : on accorde enfin un rendez-vous à Ali. C’est une interview, et tous les jeunes qui sont au centre lui ont dit que s’il la « ratait », c’était foutu pour lui, que ça dépendait sur qui il tombait. Ce sont les officiers de protection du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) qui font passer les entretiens. On lui a expliqué que ces officiers vont vérifier la crédibilité et la véracité de ce qu’il raconte, sa famille, son trajet, son histoire, et que ça va durer des heures. Ce sont eux qui vont reconnaître sa qualité de réfugié ou bien la refuser, alors il ne faut pas rater. Ne pas se tromper, ne pas oublier un détail, ne pas confondre, ne pas paniquer, fouiller dans ses souvenirs. Combien mesurait sa mère ? Il ne sait pas, ses parents sont paysans et personne ne se mesure chez lui. Comment s’appellent les villages à côté de chez lui ? Il ne sait pas, il n’appelle jamais les villages par leurs vrais noms. Décris-nous la gare routière à Bucarest ? Il ne sait plus, il a voyagé pendant un an. Les agents lui ont posé des questions pendant des heures pour s’assurer qu’il ne mentait pas.

Un mois plus tard : il doit faire des tests médicaux maintenant. Sa tutrice l’avait prévenu que ce serait long, mais il ne s’attendait pas à ça. Elle lui a dit que c’était pour déterminer avec la plus grande précision son âge. C’est un test osseux, il va passer des radios du corps et de la mâchoire et on va mesurer tous les os pour déterminer s’il est bien mineur. Inès lui dit que ce n’est pas juste, que les recherches ont été effectuées sur des blancs dans les années 30. Son avocate, elle aussi, a l’air irritée. Les deux femmes lui disent de bien expliquer qu’il aide ses parents tous les jours dans les montagnes depuis qu’il est petit, qu’il passe ses journées dehors, qu’il n’a pas toujours mangé à sa faim. Il ne sait pas pourquoi il doit dire ça, mais il fait comme on lui dit. Mais ça fait beaucoup de choses à dire, beaucoup de choses à retenir et c’est de plus en plus dur. De toute façon, il n’a pas le choix, son avocate lui a dit que l’âge sera déterminé à deux ans près et que l’administration prendra en considération le nombre le plus élevé. Il a 16 ans, mais si le test dit autre chose, alors il est majeur et s’il est majeur, c’est fini pour lui.

Six mois plus tard : Ali est régularisé, on l’a cru, il est bien mineur. Ça a été tellement long, il s’est senti tellement seul. Maintenant, il a trois mois pour demander un regroupement familial. Ça fait deux ans qu’il n’a pas vu sa famille et tout le monde compte sur lui, ça, il ne l’a jamais oublié. C’est « des années d’économie » pour ses parents ce voyage, il entend encore son père lui dire. Il ne veut pas les décevoir. Ce regroupement, c’est lui qui va devoir le financer, avec ou sans contrat, avec ou sans formation, qu’importe, il doit trouver cet argent. Mais le plus dur est fait, il ne vit plus dans ces centres immenses où il doit tout partager avec des dizaines voire des centaines de jeunes, il a enfin son espace. Il a été placé dans une initiative locale d’accueil (ILA) où il bénéficie enfin d’indépendance et de liberté tout en profitant du soutien des services sociaux. Mais bientôt, il devra quitter le centre d’accueil dans lequel il vit. Bientôt, il n’aura plus Inès pour l’aider. Bientôt, il sera livré à lui-même. Bientôt, il sera majeur.

Un régime d’asile européen qui patine

Ces parcours chaotiques s’enracinent dans une politique migratoire qui, jusqu’à présent, n’a pas fait ses preuves. En septembre 2020, quelques jours après l’incendie du plus grand camp de réfugiés d’Europe à Moria, sur l’île grecque de Lesbos, Ursula von der Leyen, la Présidente de la Commission européenne avait annoncé vouloir “abolir le règlement de Dublin”, qui détermine que le premier pays où des réfugiés arrivent, doit traiter les procédures relatives à la demande d’asile. La Commission entendait réformer un système considéré comme inefficace et qui polarise au sein de l’Union européenne, surtout depuis l’année 2015, le climax de la crise de l’accueil. Dès lors, la machine européenne s’est mise en route. Des réformes ont été entamées pour mieux faire face aux défis migratoires que ces femmes, ces hommes et ces enfants traversent aussi sur la route de l’exil.

Les députés européens ont pris la parole lors d’une session plénière au Parlement de Strasbourg le 20 novembre dernier, pour rappeler l’importance de renforcer le bien-être et la protection des enfants en Europe. Des ambitions qui ont été actées en 2021 dans le cadre de la garantie pour l’enfance qui invite tous les États membres à adopter des leviers d’action plus efficaces, notamment pour briser le cercle de la violence et de la pauvreté. Avec le regain du conflit au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, Saskia Bricmont (Verts/Ale) n’a pas manqué de rappeler que “les enfants n’ont ni à faire la guerre, ni à la subir”. À l’image de ces paroles, plusieurs eurodéputés se sont exprimés pour dénoncer les conditions précaires des enfants qui vivent la guerre, qui sont contraints de quitter leur pays, parfois sans leur famille.

En 2020, l’Agence européenne de garde-frontière et de garde-côtes Frontex recensait environ 125 000 franchissements irréguliers, dont 15 000 enfants au total. Un nombre qui est la conséquence directe de conflits armés qui ne cessent d’émerger aux quatre coins du globe, de l’Afghanistan à la Somalie et au cœur de l’Europe de l’Est, en Ukraine.

Déjà trois ans que l’épais dossier du “Pacte sur la migration et l’asile” est en cours de révision sur la table européenne. Toujours en discussion, le Pacte propose des réformes qui se veulent significatives pour remédier aux lacunes de la politique d’asile. Les deux gros objectifs : le renforcement des contrôles aux frontières pour dissuader les volontaires et la facilitation des accords de réadmission dans le pays d’origine. Plus globalement, l’UE a la volonté de garantir un “mécanisme de solidarité” en cas de pression migratoire et des règles plus homogènes pour l’ensemble des États membres. L’objectif est de faire en sorte que tous les demandeurs d’asile soient traités de la même manière partout en Europe. D’une part en leur donnant accès à des droits et d’autre part, en établissant des critères communs aux pays membres pour identifier les personnes prioritaires à la protection internationale.

Pour les ONG et associations qui luttent pour la protection des MENA, certains points de révision du Pacte bafouent des droits fondamentaux. Ils dénoncent la criminalisation des mineurs, essentiellement au travers du projet de réforme Eurodac, une base de données européenne regroupant les empreintes digitales, des images faciales et autres informations personnelles des demandeurs d’asile. Le champ d’application serait étendu aux personnes migrantes n’ayant pas demandé l’asile, et ce, dès l’âge de 6 ans.

Bien que le Pacte ait franchi plusieurs étapes d’approbation, des défis subsistent. Comme de coutume, entre le vote des textes et leur application, la route est encore longue. Les États membres peinent à se prononcer de manière unanime, mais devront pourtant trouver un terrain d ‘entente pour garantir une mise en œuvre réussie du Pacte. Cela dit, le succès de ce dernier ne doit pas uniquement dépendre de leur bon vouloir, il doit aussi résulter d’un élan d’humanité de la part de tous les acteurs du processus d’accueil des migrants. Dans les circonstances de l’exil, les mineurs sont traités comme des criminels. Ils devraient pourtant avoir le droit de jouir de leur statut d’enfant et de la protection par les adultes qui en découle.

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La colonisation de Mars

jeu, 18/01/2024 - 10:00
Habiter sur la planète rouge : entre rêve et réalité ?

Crédit photo : BolliviaInteligente sur Unsplash

Alors que l’urgence climatique est au cœur des conversations, certains envisagent une vie future sur Mars. La planète rouge suscite les convoitises depuis des années et est sujette à un vif intérêt. À l’heure actuelle, la possibilité de la coloniser soulève de nombreux défis. Entre la pression atmosphérique, les températures extrêmes et la question de l’eau, s’installer sur Mars s’annonce plus complexe que prévu…

Crédit photo : NASA (Unsplash)

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L’Europe est-elle en « échec scolaire » ?

mer, 17/01/2024 - 12:00
Les 27 prennent quelques remarques disciplinaires pour leurs systèmes scolaires. Mais l’Europe peut-elle vraiment améliorer l’éducation des jeunes européen·nes ? Comment cette réalité est-elle perçue dans nos écoles bruxelloises ? 

Si on connait bien les programmes Erasmus, permettant aux étudiant·es européen·nes de partir étudier dans tous les coins de l’Europe, on peut s’interroger sur la présence des drapeaux bleus étoilés accrochés à nos écoles. En matière d’enseignement, l’Union européenne n’a que peu, ou pas de compétence, celle-ci étant gardée au niveau national ou régional. À l’occasion de la journée des droits de l’enfant, les quelques courageux·ses député·es présent·es dans l’hémicycle de Strasbourg souhaitaient toutefois rappeler l’importance d’une meilleure inclusion et d’une réduction des inégalités dans nos systèmes éducatifs.

Car à en croire le dernier rapport PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves), sorti début décembre 2023, les 27 sont loin de montrer l’exemple. Celui-ci révèle en effet « qu’un·e jeune sur quatre âgé·e de 15 ans est peu performant·e en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences, en moyenne dans les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).” Des pays européens traditionnellement performants et réputés pour leur stabilité, comme les Pays-Bas, la Finlande ou l’Islande, ont vu leur score chuter de manière drastique. La Belgique est elle aussi concernée : depuis le rapport 2018, on compte 5% d’élèves considéré·es « faibles » en plus, c’est autant d’élèves considéré·es « fort·es » qui ont diminué dans le même temps.

Ce chiffre est loin de choquer Serge Milinkovitch, directeur de l’École fondamentale de Messidor à Uccle. Car même si l’UE tente de promouvoir ses systèmes éducatifs, son Fond Social (FSE) ne suffit pas à combler les échecs de cette compétence qu’elle ne maîtrise pas. C’est non seulement un manque de moyens financiers dont il est question mais surtout d’un manque de moyens humains.

Les écoles ne disposent pas des bras nécessaires pour offrir à tous·tes un enseignement de qualité : pénurie des professeur·es, surcharge des classes, infrastructures insuffisantes… Ces lacunes influencent directement la qualité de l’enseignement fourni, et les personnes présentent au premier rang : les élèves.

Celles et ceux-ci peuvent éprouver des difficultés d’apprentissage dans différentes matières et les causes en sont multiples. L’enfant peut présenter un trouble psychologique ou comportemental : un handicap, un trouble « Dys », c’est-à-dire un trouble spécifique durable lié à un dysfonctionnement cognitif du cerveau, tels que la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, un trouble de l’attention, un trouble mnésique…

Le milieu culturel dans lequel il a évolué et sa situation socio-économique sont également à prendre en compte. Le rapport PISA souligne en effet que “dans les pays de l’OCDE, les élèves issus de milieux défavorisés ont, en moyenne, sept fois plus de chances de ne pas maîtriser les bases des mathématiques que les élèves issus de milieux favorisés”. In fine, les résultats sont moins bons, l’accès aux études supérieures est compliqué, et le futur professionnel, donc économique, est plus limité. À cet avenir tracé par les critères d’un système scolaire valorisant une certaine « intelligence », s’ajoute des failles matérielles qui ne font qu’augmenter les difficultés chez l’enfant. 

Le corps professoral est fatigué et démuni. Les enseignant·es tentent au mieux d’offrir une éducation suffisante et qualitative à leurs élèves, mais cela reste parfois compliqué. Pour Manon Leloux, professeure de primaire aux Écoles Libres de Saint-Roch à Bruxelles, et Pauline Mersh, logopède, la réalité et les possibles ne sont pas les mêmes selon la commune et l’école dans lesquelles on exerce.

Certain·es se demandent alors si notre système scolaire n’entretient pas une forme de conformisme et d’élitisme reléguant toujours les mêmes au fond de la classe ? L’enseignement général est promu à la grande défaveur des filières dites « techniques » ou « manuelles », mais pour quels résultats en fin d’année ? Les particularités et l’individualité de chaque élève ne sont que rarement prises en compte, et ce, pas toujours par manque de volonté, mais surtout par manque de moyens de toutes parts.

Quand la cloche sonnera la fin de la leçon, on ne retiendra qu’un pourcentage ou une cote sur 10 sur chaque copie. Mais derrière celle-ci, existe un·e élève qui peut être victime de troubles du langage et de l’apprentissage comme la dyslexie, la dysorthographie ou la dyscalculie. Cet·te enfant peut aussi être la cible du harcèlement et du rejet des autres entraînant un manque de confiance en ses capacités. Tant de facteurs extérieurs qui font varier la côte finale sur les copies. 

Les parents ramènent aussi à domicile leur lot de devoirs. La charge que la société impose aux parents quant à la réussite de leurs enfants est une démonstration claire des inégalités socio-économiques. Elisabeth Heniqui est maman d’un enfant de seize ans et avec son mari, il et elle ont tenté rendez-vous après rendez-vous d’aider leur fils dans son parcours scolaire.

« En général, dans les systèmes d’éducation dans lesquels on observe une tendance au renforcement de la participation des parents dans l’apprentissage des élèves entre 2018 et 2022, le niveau en mathématiques s’est davantage stabilisé ou a progressé. »

Rapport PISA 2022

Si leur fils est aujourd’hui déscolarisé, signe d’un refus de communiquer de la part des institutions éducatives et d’un traumatisme de “l’échec scolaire” pour l’élève, Elisabeth souligne l’inégalité flagrante pour les parents : “Il faut un quart-temps pour s’investir dans la scolarité de son enfant. Pour une femme seule, qui doit travailler, et qui a plusieurs enfants, c’est impossible.”

Les parents ne sont pas professeur·es, les professeur·es ne sont pas parents, les logopèdes ne sont pas psychologues et les psychologues ne sont pas assez nombreux·ses. À qui revient donc le devoir d’assurer l’éducation de nos enfants si elle n’incombe pas à tous·tes ?

· Le service d’action en milieu ouvert (AMO), une aide sociale, juridique et éducative pour tous les jeunes âgé·es de 0 à 22 ans : https://amobxl.be

· L’association d’« Aide à la réussite scolaire », une école des devoirs qui fournit un soutien scolaire et un suivi quotidien des leçons que l’élève doit apprendre.

· L’ASBL “enseignons.be”, une association offrant un appui scolaire toute l’année et des cours en mathématiques, en langues et en cours de sciences : https://soutien-scolaire.enseignons.be/

Toutes ces possibilités peuvent être des moyens d’accompagner au mieux les élèves afin de, peut être, transformer l’éducation de nos états européens en des systèmes performants, inclusifs et encourageants.

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Jeu, set et match : l’avènement du Padel

mar, 16/01/2024 - 16:00
En quelques années, le Padel est devenu un sport incontournable en Belgique.

Photo : Océane Vermeiren, Uma Kaiser et Lilian Lefebvre

Connaissez-vous le Padel ? Ce sport, tout droit venu d’Espagne où il est très populaire, est de plus en plus pratiqué chez nous. Plus qu’une tendance, il s’est imposé dans le paysage sportif belge.

Aujourd’hui, de nombreux clubs ouvrent leurs portes et le nombre de pratiquants ne cesse d’augmenter. Mais pourquoi ce sport plait-il tant aux Belges ?

Un reportage réalisé par Uma Kaiser, Océane Vermeiren et Lilian Lefebvre

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